Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le Nigéria a été le premier exportateur africain de gaz naturel liquéfié en 2021 ; L’inflation repart à la hausse au mois de décembre, après 8 mois consécutifs en baisse ; La raffinerie Dangote pourrait entraîner une diminution 36% des importations de produits pétroliers ; L'autorité d'investissement souverain du Nigéria consacre 24 M USD à l'électrification par énergie solaire.

 - Ghana :Le gouvernement ghanéen suspend 20% des dépenses prévues dans le budget 2022 ; Le Ghana autorise les obligations étrangères comme garantie bancaire pour attirer les investisseurs.

 

 

Le chiffre à retenir:

45 890,52 Points : l’indice boursier Nigerian All share Index a atteint un nouveau score record sur les 13 dernières années, ce jeudi, après une hausse de 1,1%. Cet indice n’avait plus passé la barre des 45 000 points depuis septembre 2008.

 

 

Nigéria

Le Nigéria a été le premier exportateur africain de gaz naturel liquéfié en 2021

Selon un rapport de l'agence britannique IHS Markit, le Nigéria a exporté 17,9 M de mégatonnes (MT) de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2021. Cela le place en tête des pays exportateurs de GNL d'Afrique cette année, devant l'Algérie (12,3 M MT) et l'Egypte (6,9 M MT). Au niveau mondial, le Nigéria demeure cependant loin derrière le Qatar (premier exportateur avec 81,3 M MT), l'Australie (83 M MT) et les Etats-Unis (73,6 M MT). La Chine reste quant à elle le premier importateur mondial.

Par ailleurs, le contexte intérieur nigérian semble pousser le pays à réorienter sa production vers son marché domestique afin de répondre à la hausse des prix, qui ont plus que doublé en un an, et de la demande. Cette dernière devrait être tirée notamment par le recours croissant au gaz prévu par le National Gas Expansion Programme. En avril 2021, l'Etat de Lagos avait d'ailleurs publié un plan pour la conversion de 25 % des véhicules de la ville au gaz naturel d'ici 2025. La compagnie publique Nigeria LNG (NLNG) a ainsi annoncé qu'elle redirigerait la totalité de sa production de GPL vers le marché intérieur.

Pour rappel, le Nigéria a des réserves prouvées d'environ 5,3 Mds de mètres cubes, ce qui le classe au 10ème rang mondial et au premier rang d’Afrique devant l'Algérie et l'Egypte.

L’inflation repart à la hausse au mois de décembre, après 8 mois consécutifs en baisse

Le taux d’inflation au Nigéria était en baisse lors des 8 derniers mois, passant de 18,2% en glissement annuel en mars 2021 à 15,4% en novembre. Il est cependant reparti à la hausse en cette fin d’année, avec +15,6% en décembre. En seulement un mois, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,8%, un pourcentage en hausse de 0,74 points par rapport au mois précédent. Selon Simon Harry, statisticien général de l’Etat fédéral, cette hausse de l’inflation serait passagère, car due à une hausse de la demande et donc des prix, liée aux fêtes de fin d’année.

Cette inflation est, une nouvelle fois, particulièrement marquée pour les produits alimentaires. En effet, le prix de ces derniers a augmenté de 17,4% en glissement annuel et de 2,2% sur un mois. Ce pourcentage mensuel est en hausse de 1,1 points par rapport au mois de novembre (+1,1%), accroissant ainsi la pression sur le revenu des ménages, notamment des plus pauvres.

Cette remontée inattendue du taux d’inflation arrive à seulement une semaine du premier comité de politique monétaire de 2022 de la Banque Centrale. Alors que la FED devrait augmenter son taux d’intérêt directeur, le Nigéria maintient pour l’instant son propre taux directeur à 11,5%, soit un taux réel négatif, afin de soutenir une croissance économique encore fragile. Cette accélération de l’inflation pourrait ne pas suffire à convaincre les autorités d’adopter une politique moins inflationniste en raison de l’aspect transitoire mis en avant. 

La raffinerie Dangote pourrait entraîner une diminution de 36% des importations de produits pétroliers

Selon l’organisation des pays africains producteurs de pétrole (APPO), la mise en service de la raffinerie Dangote en 2022, pourrait permettre de diminuer considérablement les importations continentales de produits pétroliers. En effet, alors que 57% des 4,3 millions de barils par jour que consomme le continent sont produits sur place, la mise en opération de cette dernière permettrait de faire progresser cette part pour atteindre 64%. Ainsi, les importations africaines de produits pétroliers pourraient diminuer de 36% grâce à la seule ouverture de la raffinerie Dangote.

Les capacités de production attendue de cette raffinerie très attendue – la plus importante d’Afrique – pourraient atteindre environ 650 000 barils de pétrole par jour, soit 12% de la demande continentale.

Son ouverture devrait donc permettre d’augmenter l’indépendance énergétique de l’Afrique, mais également, au Nigéria de renforcer sa monnaie et d’accroitre ses réserves de change en diminuant ses importations de produits pétroliers transformés.

L'autorité d'investissement souverain du Nigéria consacre 24 M USD à l'électrification par énergie solaire

Dix milliards de nairas (soit 24 M USD) ont été alloués au financement de la transition énergétique au Nigéria par la Nigeria Sovereign Investment Authority (NSIA). Cette dernière entité gère le fonds souverain du pays, et s’apprête à financer l'assemblage sur place et le déploiement de 200 000 systèmes solaires dans le pays, dans le cadre du programme Solar Power Naija, né d'un partenariat entre la NSIA et l'Agence nigériane pour l'électrification rurale (REA), rattachée au ministère de l'Energie et qui apporte un soutien technique. Ce programme vise à électrifier plus de 25 M de personnes dans les zones rurales et urbaines mal desservies.

Il devra permettre la création de 200 000 emplois pour créer 500 000 systèmes électriques solaires indépendants à horizon 2023. Ce financement s'inscrit plus globalement au sein du Plan de pérennité économique (Economic Sustainability Plan – ESP) lancé par le gouvernement en 2020. Pour rappel 66 % de la population rurale du pays n'a pas accès à l'électricité.

Ghana

Le gouvernement ghanéen suspend 20% des dépenses prévues dans le budget 2022

Alors que le budget 2022 a été voté par le Parlement en décembre 2021, le gouvernement a annoncé une réduction des dépenses initialement prévues de 20%. Cette décision a été prise dans le cadre de la loi de 2016 relative à la gestion des finances publiques qui autorise un ajustement à la baisse du budget approuvé, baisse pouvant aller jusqu’à 20% des plafonds de dépenses trimestriels.

Cette annonce souligne la volonté du Ghana de réduire son déficit fiscal alors que l’inquiétude augmente autour de son niveau d’endettement. Le Ghana a en effet vu ses spreads obligataires augmenter de 32% entre le T3 et le T4 2021, tandis que son taux d’endettement dépasse les 80% du PIB. La baisse des dépenses par rapport à ce qui était initialement prévu permettrait d’une part de rassurer les investisseurs et, d’autre part, de compenser la potentielle perte de recettes si la taxe controversée « e-levy » n’était pas mise en œuvre. Cette réduction des dépenses publiques va cependant à l’encontre des recommandations du FMI qui préconise une meilleure mobilisation de ses ressources fiscales, qui ne représentent que 13% du total mobilisable contre une moyenne de 20% dans la région.

Le Ghana autorise les obligations étrangères comme garantie bancaire pour attirer les investisseurs

Les titres de dettes étrangers peuvent désormais être utilisés comme garantie bancaire au Ghana. La Banque centrale a en effet annoncé que les titres de créance étrangers de gouvernements, d’entreprises et de banques de développement multilatérales seront acceptés comme collatéral lors de la souscription d’un prêt. Ces titres doivent toutefois être libellés soit en dollars, en livre, en euro ou en yen et être notés au minimum AA.

Cette mesure doit permettre de relancer la croissance du crédit au Ghana qui n’a augmenté que de 6,7 % au cours des 10 premiers mois de 2021, rythme le plus lent enregistré sur les trois dernières années. La demande a en effet fortement diminué en raison de la pandémie. En permettant de s’endetter grâce à des titres liquides et sur lesquels elles touchent une rémunération, la décision de la Banque Centrale vise tout particulièrement à attirer les entreprises étrangères au Ghana.

Pour rappel, le pays a enregistré une croissance de 6,6% au T3 2021 – soit le taux le plus élevé depuis le début de la pandémie de COVID-19.