Après une récession historique de 6,7 % en 2020 et un net rebond en 2021, la croissance devrait se poursuivre en 2022 avant une décélération en 2023. Portée par la consommation des ménages soutenue par le recul du chômage, la progression dynamique des salaires et la baisse du taux d’épargne, l’investissement et les exportations, elle devrait rester inégale selon les secteurs. La reprise économique devrait permettre une consolidation budgétaire rapide et un reflux progressif de l’endettement public. L’évolution de la situation épidémique reste la principale source d’incertitude. Les autres risques pesant sur les prévisions sont liés au contexte international : conjoncture dans les pays voisins, approvisionnements en composants et matières premières, prix de l’énergie, ces deux derniers facteurs conduisant à un pic d’inflation en 2022.

 

Malgré l'incertitude sanitaire, la reprise se poursuit
 

La croissance du PIB devrait être supérieure à 4 % en 2022, après 4,1-4,9 % en 2021, et ralentir en 2023 à environ 2,5 %, voire 1,9 % selon la Commission européenne.

La consommation des ménages, l’investissement et les exportations seraient les principaux moteurs de la croissance

Si l’impact du confinement de novembre-décembre 2021 a été moindre que lors des épisodes précédents, les restrictions ont tout de même freiné la consommation des ménages. Celle-ci devrait reprendre fortement en 2022 (+5-6 %), en particulier pour les biens durables, puis se stabiliser à partir de 2023 (+2-3 %). Le taux d’épargne des ménages devrait descendre sous son niveau d’avant-crise dès 2022, soutenant ainsi la demande.

L’investissement des entreprises a connu en 2021 une croissance forte (environ 5,5-6,5 %), inférieure toutefois aux prévisions d’automne de la Commission (+8,3 %). Les difficultés d’approvisionnement en fin d’année ont limité les effets de la prime d’investissement instaurée au titre des mesures de relance. La FBCF devrait se stabiliser progressivement en 2022 et 2023 en raison notamment de l’expiration de la prime d’investissement.

Les exportateurs autrichiens ont bénéficié en 2021 de la reprise dans les pays clients et de la forte demande de biens d’équipements. Après 9 à 10 % en 2021, la croissance des exportations devrait ralentir en 2022 (7-8 %) et 2023 (4-5 %). A noter que la Commission prévoit un ralentissement plus progressif.

 La reprise devrait rester inégale entre les secteurs

La reprise devrait être soutenue dans l’industrie grâce au climat des affaires favorable et aux carnets de commandes pleins. Toutefois, le manque de main d’œuvre qualifiée sur le marché du travail pourrait obérer la reprise dans certains secteurs. La dynamique des exportations restera dépendante de la conjoncture dans les pays voisins, en particulier l’Allemagne.

La situation des secteurs les plus affectés par la pandémie devrait en revanche rester fragile en 2022. Le rattrapage dans les secteurs du tourisme et des loisirs (culture, évènementiel, hôtellerie-restauration) dépendra de l’évolution des mesures sanitaires, ainsi que de l’appréciation du risque épidémique par les pays voisins.

Les finances publiques devraient connaitre une consolidation rapide

Grâce au dynamisme des recettes fiscales, le solde maastrichtien devrait être inférieur à 3 % du PIB dès 2022. Le déficit budgétaire avoisinerait 2 % du PIB en 2022, contre 2,3 % prévus à l’automne par la Commission. La consolidation du budget se poursuivrait en 2023, avec un déficit inférieur à 1,5 % du PIB. En parallèle, l’endettement public devrait refluer vers 75 % du PIB, après un pic à 83 % du PIB en 2020-2021.

 

 La situation épidémique, principal risque sur le rythme de la reprise

Les incertitudes liées au marché du travail, aux chaines d’approvisionnement et à l’inflation ne devraient pas fragiliser significativement la reprise. Une dégradation de la situation sanitaire suivie de nouvelles restrictions pourrait en revanche remettre en cause certaines prévisions.

Les salaires devraient rester dynamiques dans un contexte de résorption rapide du chômage

Tout en ralentissant par rapport à 2021, la croissance de l’emploi salarié devrait se poursuivre en 2022 et 2023 au rythme de 1 à 2 % par an. Après un pic à 6,4 % en 2021, le chômage en données Eurostat devrait repasser sous son niveau d’avant-crise en 2022 et reculer à 5 % de la population active en 2023. L’économie s’approchant du plein emploi, les salaires devraient croître significativement, au rythme d’environ 3 % par an. Le risque de spirale prix-salaires devrait toutefois rester limité.

Les pénuries devraient s’atténuer à partir de 2022, et les poussées inflationnistes à partir de 2023

Au second semestre 2021, la croissance a été freinée par la hausse des prix des matières premières et par des pénuries de matériaux et de composants. Ces difficultés d’approvisionnement devraient se résoudre courant 2022.

Selon les instituts nationaux de prévision, la hausse des prix à la consommation pourrait accélérer en 2022 à environ 3 %, après 2,8 % en 2021. La Commission prévoit une inflation sensiblement moindre en 2022 à 2,5 %. L’inflation se rapprocherait de la cible de 2 % à partir de 2023. Les prix de l’énergie (électricité, gaz, pétrole) seraient le principal déterminant de l’évolution des prix à la consommation. Les mesures fiscales nationales (rétablissement programmé des taux de TVA, introduction d’une tarification du CO2 en juillet 2022) devraient également contribuer à la hausse des prix.

Le risque de ralentissement en cas de nouvelles restrictions devrait persister

L’évolution sanitaire reste le principal risque à la baisse en 2022. La vague « Omicron » n’a pour l’heure pas causé de désorganisation notable de la production. Une évolution similaire à celle du premier trimestre 2021 pourrait cependant remettre en cause les prévisions de croissance. De nouvelles restrictions des déplacements pèseraient sur la consommation. Le secteur du tourisme serait particulièrement touché en cas de classification de l’Autriche comme territoire à haut risque par les pays voisins.

Les autres sources d’incertitude sont liées au contexte régional et mondial : conjoncture dans les pays voisins, persistance possible des difficultés d’approvisionnement, évolution des prix de l’énergie et des matières premières.

 

Tableau_macro AT_2021-2023 

Sources