Nouvelles économiques du Japon et de la Corée du Sud

 

 Lettre AGRO Japon – Corée

N° 60 - février - mars 2022

 

  drapeau Japon

Sommaire

IMAGE DU MOIS :  Une rizière de la province de Gyeongsang en Corée du Sud

Une rizière de la province de Gyeongsang en Corée du Sud

 
Japon
  • Covid-19 : Assouplissement des restrictions d’entrée au Japon à partir de début mars
  • En dépit d’échanges commerciaux limités avec l’Ukraine et la Russie, le secteur agricole et alimentaire japonais sera affecté par les hausses des cours des aliments et de l’énergie
  • Kirin Holdings se désengage du Myanmar et de la Chine
  • Une commission parlementaire sur la sécurité alimentaire créée à l’initiative du Parti Libéral-démocrate (PLD)
  • Un nouveau foyer d’influenza aviaire déclaré en préfecture de Iwate

 

Corée
  •  Poursuite des assouplissements des mesures sanitaires en dépit de niveaux record de contaminations
  • La Corée du Sud cherche à sécuriser son approvisionnement en denrées agroalimentaires dans le contexte de la crise ukrainienne
  • Hausse de 29% des exportations françaises agricoles et agroalimentaires en Corée
  • Menace de grève des éleveurs laitiers face au projet du gouvernement de baisser les prix du lait aux producteurs
  • La consommation de riz atteint son niveau le plus faible en 2021
  • Les exportations de tracteurs coréens en forte hausse en 2021, tirées par les agriculteurs amateurs
  • La Corée confirme un 44ème foyer d'influenza aviaire et fair face à une recrudescence des cas de peste porcine africaine dans la faune sauvage

 

Le chiffre du mois : +29%

Augmentation des exportations agroalimentaires en Corée en 2021

 

Japon

a)Covid-19

Assouplissement des restrictions d’entrée au Japon à partir de début mars

Le pic de la 6e vague due au variant omicron étant dépassé selon le ministère de la santé, le Premier Ministre F. Kishida a annoncé la réouverture progressive du pays aux voyageurs entrant au Japon pour toute raison autre que le tourisme à partir du 1er mars. Le plafond quotidien d’entrées au Japon est relevé à 5000 voyageurs, puis 7000 à compter du 14 mars (3 500 auparavant) et la quarantaine réduite à 7 jours (potentiellement 3 en cas de test négatif à l’issue), voire supprimée pour les passagers présentant un schéma vaccinal complet (3 doses).  Le quasi-état d’urgence, encore en vigueur dans 31 préfectures, sera prolongé après le 14 mars pour 18 d’entre elles. Cet allègement des mesures aux frontières bénéficiera aux secteurs les plus dépendants de la main d’œuvre étrangère, comme l’agriculture. Sources : Japan Times, Nikkei

 

 b) Actualité politique et économique

En dépit d’échanges commerciaux limités avec l’Ukraine et la Russie, le secteur agricole et alimentaire japonais sera affecté par les hausses des cours des aliments et de l’énergie

Le ministre de l’agriculture Genjiro Kaneko a annoncé que les effets de la crise ukrainienne sur le secteur agricole japonais seraient minimes, le Japon étant peu exposé en raison de ses échanges avec la Russie. Les exportations de denrées agroalimentaires russes représentaient 1,1Mds€ en 2021 (1,9% des parts de marché), essentiellement constituées de produits de la pêche (96%). La Russie est par ailleurs un marché très limité pour les productions agroalimentaires japonaises (47M€ en 2021). Les échanges agroalimentaires avec l’Ukraine (29e fournisseur du Japon avec 0,6% de parts de marché) sont encore plus réduits.

Au-delà des échanges directs avec la Russie et l’Ukraine, l’agriculture japonaise subira  vraisemblablement un impact majeur au regard des effets de la crise actuelle sur les cours des intrants. Les approvisionnements en hydrocarbures ne paraissent pas menacés par d’éventuelles mesures de rétorsion russes mais la hausse des cours mondiaux se répercutera à la fois sur les coûts de l’énergie et des engrais pour les producteurs. S’agissant des importations de céréales, dont le Japon dépend à la fois pour l’alimentation humaine et animale, les perturbations liées au conflit en cours devraient également avoir des effets sur les cours mondiaux et, par conséquent, sur les coûts de production.

Afin de limiter ces effets, le ministère se dit également prêt à utiliser son système de subventions pour contrer la hausse du prix du pétrole brut pour les agriculteurs et les pêcheurs. Le Japon met notamment en œuvre des dispositifs de compensation des hausses des coûts de production pour les différentes filières d’élevage, dont le financement est partagé entre filières professionnelles et Etat et qui permettent la prise en charge de 90% du différentiel entre coûts moyens de production et de vente.

La crise ukrainienne intervient dans un contexte de reprise de l’inflation et devrait contribuer à soutenir ce mouvement: l’indice des prix à la consommation (IPC) pour janvier a augmenté de 0,5%,  la plus grosse part de cette poussée étant due à la nourriture (0,3%). Ainsi, certains articles alimentaires connaissent une hausse marquée sur l’année en cours (16,5% pour le thon, 22,5% pour le poulpe, 10% pour le bœuf), tirée par les prix de l’énergie et des consommations intermédiaires, la faiblesse du Yen contre dollar et les difficultés d’approvisionnement. Dans un contexte de stagnation du pouvoir d’achat depuis plusieurs années, de telles hausses étaient jusqu’ici inenvisageables pour les producteurs et distributeurs. Sources : Reuters, MAFF, Nikkei Asia, Japan Times

 

Kirin Holdings se désengage du Myanmar et de la Chine

Sous pression pour avoir initialement maintenu sa présence au Myanmar via une joint-venture avec une entreprise détenue par la junte militaire, le géant japonais des boissons (14 Md€ de CA en 2021) exprime « ses regrets » à propos du coup d’Etat de février 2021 et annonce entamer les procédures de fermeture de son activité dans le pays et de vente de ses unités commerciales. Cette décision survient malgré une volonté initiale formulée par l’entreprise d’y poursuivre son activité. Le frabricant japonais sera donc contraint de se retirer en vendant ses unités commerciales au Myanmar.

Kirin a également annoncé la vente de sa participation de 40% dans la joint-venture qu’il détient avec China Resources Enterprise Ltd. pour environ 880 M€. Selon Kirin, cette vente s’inscrit dans la révision de son portefeuille d’activités mais son partenariat avec China Resources Enterprise sera maintenu. Sources : Nikkei, Japan Times, Morningstar

 

Une commission parlementaire sur la sécurité alimentaire créée à l’initiative du Parti Libéral-Démocrate (PLD)

Le parti majoritaire depuis 2012 a annoncé la création de cette commission parlementaire pour répondre aux faiblesses japonaises dans le domaine de la sécurité alimentaire. Présidée par l'ancien ministre de l'agriculture Hiroshi Moriyama, elle examinera les mesures visant à améliorer l'autosuffisance alimentaire et à garantir un approvisionnement stable en denrées, dans un contexte de hausse des prix des matières premières (alimentation animale et engrais en particulier) et de la demande croissante de denrées alimentaires à l'étranger. Le secteur de l’alimentation ne figurant pas dans le projet de loi sur la promotion de la sécurité économique en cours d’élaboration, le président Moriyama souhaite élaborer une proposition spécifique pour ce secteur et l'intégrer dans la «  politique de base pour la gestion et la réforme économique et fiscale ». La commission rendra ses recommandations d'ici mai.

Le Japon, qui possède un taux d’approvisionnement alimentaire parmi les plus faibles du monde (37% en apports caloriques en 2020, en baisse d’un point par rapport à 2019), a fixé comme priorité la réduction de sa dépendance aux importations dans sa stratégie fondamentale en matière agricole et alimentaire (objectif de taux d’approvisionnement de 45% en 2030) mais n’a pas enregistré à ce jour d’amélioration notable de ce ratio. Source : Agrinews

 

c) Actualité sanitaire et phytosanitaire

Un nouveau foyer d’influenza aviaire déclaré en préfecture d’Iwate

Avec la découverte de ce nouveau foyer, situé au nord de l’île principale de Honshu, 45 000 poulets ont été abattus, portant le total à plus de 1 million. Il s’agit du 16ème foyer déclaré en élevage de volaille depuis le début de l’épizootie en novembre 2021 et lié au virus H5N1. L’an dernier, le Japon avait fait face à un nombre de contaminations par l’influenza aviaire hautement pathogène bien plus important, avec l’élimination de près de 10 millions de volailles, entraînant des effets importants sur les prix de vente et sur les importations (+11,18% en volume en 2021) pour subvenir à une demande structurellement en hausse (+24,48% depuis 2010). Pour ce nouvel épisode d’influenza aviaire, la filière volaille japonaise semble avoir évité ce scénario, tout du moins à ce stade. Source : douanes japonaises

  

Corée du Sud

a)Covid-19

Poursuite des assouplissements des mesures sanitaires en dépit de niveaux records de contaminations.

La vague Omicron ne marque pas encore de recul et connait au contraire une reprise (nombre record de 260 000 contaminations atteint le 4 mars), après la levée de l’obligation de pass vaccinal dans la plupart des lieux publics (dont les cafés, restaurants et cinémas). Le nombre de décès et de patients en soins critiques reste toutefois mesuré, de l’avis du gouvernement, qui poursuit l’assouplissement des mesures engagé en février dans le cadre de la politique de «retour à la normale » énoncée par l’ancien président Moon. Le couvre-feu pour les cafés et restaurants est notamment assoupli d’une heure, afin de soutenir les petits commerçants qui subissent de plein fouet les retombées de la crise sanitaire. Sources : Yonhap, Korea Times

 

b)Actualité politique et économique

La Corée du Sud cherche à sécuriser son approvisionnement en denrées agroalimentaires dans le contexte de la crise ukrainienne

Le pays a annoncé qu’il prévoyait de suspendre les transactions financières avec sept grandes banques russes et leurs filiales afin de se joindre aux efforts mondiaux visant à imposer des sanctions financières à Moscou en raison de son attaque contre l’Ukraine. Cependant, le gouvernement a indiqué qu’il appliquerait les mêmes normes que les Etats-Unis pour les transactions autorisées à titre exceptionnel, maintenant notamment les échanges dans les domaines de l’assistance médicale Covid-19, de l’approvisionnement en énergie et de l’agriculture. En effet, la Russie est un partenaire agricole important de la Corée, principalement pour les produits de la pêche (24% de parts de marché en valeur en 2021).

Pour les céréales, la part importée depuis l’Ukraine varie selon les années mais avait atteint 13% de parts de marché en 2020. Pour la campagne en cours, le secteur de l’alimentation animale en Corée serait menacé de rupture d’approvisionnement en maïs : les données des ports ukrainiens indiquent que 309 000 t, à destination de la Corée, sont bloquées depuis fin février. Si des possibilités alternatives d’achat existent à échéance de mai ou juin, le marché à court terme est plus tendu et les producteurs d’alimentation animale pourraient connaitre des ruptures d’ici avril. Les importations coréennes de maïs en provenance d’Ukraine avaient atteint 1 900 000 t en 2020 (16% de parts de marché) avant de chuter à 176 000 t en 2021.

Avec la plupart des ports de la Mer noire actuellement inopérables, le cours des intrants est très probablement amené à augmenter, se répercutant sur les coûts de production des filières agricoles et animales coréennes et des produits alimentaires. Yonhap, ITC Trade Map, Agricensus

 

Hausse de 29% des exportations françaises agricoles et agroalimentaires françaises en Corée

Selon les douanes françaises, les exportations françaises de produits agroalimentaires vers la Corée atteignent 545M€ en 2021. Les vins de raisin constituent le 1er poste, à 159M€ (+66%), suivis des produits laitiers (116M€, +22%), de la viande et des produits à base de viande (44M€, +90%). Les produits de boulangerie / pâtisserie et biscuits atteignent 27M€ (+34%). Les boissons alcoolisées distillées se redressent, à 17M€ (+15%) mais restent loin de leur niveau d’avant COVID (32M€ en 2019). Source : douanes françaises

 

Menace de grève des éleveurs laitiers face au projet du gouvernement de baisser les prix du lait aux producteurs

Indexés sur les coûts de production, les prix du lait en Corée sont actuellement parmi les plus chers au monde (0,80€/L). Le système d’encadrement des prix, très protecteur pour les producteurs, rend la production domestique peu compétitive face aux produits importés. On observe de fait une chute du taux d’autosuffisance coréen pour le lait, passé de 77% en 2001 à 48% en 2020, ainsi que du nombre d’exploitations (moins 61%) et du cheptel (-625%) sur la période.

Dans l’objectif de re-dynamiser le marché domestique, le gouvernement précédent entendait baisser le prix du lait en divisant la production en deux catégories : celle destinée à la vente en gros et au détail, et celle dont les produits sont destinés à la transformation. Le projet prévoit que cette dernière catégorie voie son prix à la vente réduit à 0,44€/L, tout en bénéficiant d’une aide gouvernementale de 0,15€/L. Selon les agriculteurs opposés à ce plan, la baisse des prix n’est pas certaine de garantir une augmentation de la demande de lait cru par un plus grand nombre de fabricants de produits transformés.

Par ailleurs, la colère des agriculteurs est également dirigée vers une récente réforme du Comité coréen des produits laitiers, un groupe d’intérêt représentant les producteurs et créé pour contrôler l’offre de lait sur le marché. Conformément à cette réforme, la présence de deux-tiers des quinze membres du conseil n’est plus obligatoire pour qu’il se réunisse, éliminant toute possibilité de veto de la part des sept agriculteurs en faisant partie.  Source : Korea Times

 

La consommation de riz atteint son plus bas niveau historique en 2021

Les Sud-Coréens ont consommé en moyenne 56,9kg de riz l’année dernière (-1,4% sur un an). Cette diminution est moins marquée que les années précédentes, alors que la demande de « plats de remplacement à domicile » augmente dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Une grande partie de la population, composée par une part croissante de ménages d’une personne, a ainsi choisi ou été contrainte de cuisiner et de manger à domicile en raison de la fermeture des restaurants et des distanciations sociales mises en place par le gouvernement. La consommation de riz des industries agroalimentaires a progressé de 4,6% sur un an, dont 16% pour les repas préparés. Source : Yonhap

 

Les exportations de tracteurs coréens en forte hausse en 2021, tirées par les agriculteurs amateurs

À 1,1Md$ (+53% en glissement annuel), dont 800M$ pour le marché nord-américain, les exportations de trateurs coréens dépassent pour la première fois la barre du milliard de dollards sur un an. Les fabricants coréens Daedong et TYM ont notamment profité de l’augmentation du nombre d’ « agriculteurs amateurs » aux Etats-Unis depuis le début de l’épidémie de Covid, qui s’est accompagnée d’une demande forte de tracteurs légers, pour lesquels les constructeurs coréens proposent une offre large.

Le marché de l’entreprise Daedong connaît ainsi une augmentation marquée de 39% en Amérique du Nord et 55% en Europe. Les constructeurs coréens de matériel agricole sont toutefois encore peu compétitifs à l’échelle internationale sur le segment des produits innovants et de haute technologie.  Source : JoongAng


c) Actualité sanitaire et phytosanitaire 

La Corée confirme un 44e foyer supplémentaire d’influenza aviaire et fait face à une recrudescence des cas de peste porcine africaine dans la faune sauvage.

Ces nouveaux foyers d’influenza aviaire hautement pathogène, liés au virus H5N1, témoignent de la difficulté qu’éprouvent les autorités coréennes à endiguer l’épizootie. La situation reste toutefois moins problématique que celle de l’hiver précédent, au cours de laquelle la Corée a essuyé une perte d’environ 15% du cheptel avicole ainsi qu’une flambée du prix des œufs (+45% en comparaison au premier trimestre 2020) des suites de l’épizootie.

Sur le front de la peste porcine africaine, présente en Corée depuis septembre 2019, les autorités sanitaires déclarent une augmentation des cas dans la faune sauvage, qui s’étend vers le sud du pays : 292 sangliers ont été trouvés porteurs du virus depuis le début de l’année, dans le centre et l’est de la Corée. Le gouvernement a donc renforcé la chasse, la recherche active de cadavres de sangliers et l’installation de barrières pour arrêter la progression des sangliers. Au niveau des élevages, le ministère de l’agriculture insiste sur les mesures de biosécurité : opérations de désinfection et incitations financières à la construction de bâtiments de quarantaine à partir d’avril (12,5M$ budgétés pour soutenir cette construction). Sources : USDA, Yonhap (1 et 2)

 

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Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo et le Service économique de Séoul.

Contact : Jérôme PERDREAU, Conseiller agricole, jerome.perdreau@dgtresor.gouv.fr 

Gaël THEVENOT, Conseillère agricole adjointe, gael.thevenot@dgtresor.gouv.fr

Ryoko ISODA, Attachée sectorielle au pôle agriculture et alimentation, ryoko.isoda@dgtresor.gouv.fr

Enzo MONIQUE, Chargé de mission,  enzo.monique@dgtresor.gouv.fr

Jina AHN, Attachée économique en charge des questions agricoles au sein du SE de Séoul, jina.ahn@dgtresor.gouv.fr