Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le Président Muhammadu BUHARI a signé le dernier budget en année pleine de son dernier mandat ; Peu d’améliorations en vue sur le marché des changes en 2022 ; Le Nigéria maintient ses prévisions de production pétrolière pour 2022 malgré des signaux contraires ; La production illégale d’or a coûté 5 Mds USD en seulement 6 ans au Nigéria

 

 

 

Le chiffre à retenir:

1,73 Md USD : C’est le montant de capitaux entrés au Nigéria au troisième trimestre 2021, soit 98% de plus qu’au trimestre précédent. Ce montant est toutefois en chute de 36,5% par rapport au troisième trimestre 2020.

 

Nigéria

Le Président Muhammadu BUHARI a signé le dernier budget en année pleine de son dernier mandat.

La Ministre des Finances, Mme Zainab Ahmed a présenté, ce mercredi 5 janvier, le budget fédéral pour 2022. Ce document, signé par le Président Buhari le 31 décembre 2021 suite au vote de l’Assemblée Nationale, fixe le cadre budgétaire pour sa dernière année de mandat.

Le gouvernement a proposé, pour une nouvelle année consécutive, un budget déficitaire, à hauteur de 3,4% du PIB, financé par la dette. La Ministre des Finances a souligné, afin de justifier l’accroissement de l’endettement public, que la soutenabilité de la dette nigériane restait entière, le taux d’endettement étant un des plus bas d’Afrique (environ 30% du PIB). La principale préoccupation des pouvoirs publics tient à la faiblesse des recettes. La Ministre a donc profité de cette conférence pour annoncer la création d’une série de nouvelles taxes et rappeler l’engagement du gouvernement à supprimer les subventions sur le carburant, dont le maintien des prix à un niveau artificiellement bas pourrait couter 3 000 Md NGN (soit environ 7 Mds USD) en 2022, selon la Banque Mondiale.

S’appuyant sur des prévisions de croissance et de production pétrolière optimistes, Le budget prévoit que 36% des recettes publiques seront consacrées au paiement du service de la dette. Un chiffre qui semble sous-évalué, comme en témoigne les inquiétudes de la Banque Mondiale, qui qualifie la dette publique nigériane de vulnérable et coûteuse. De plus, si la loi de finance de 2021 consacrait initialement 41% des recettes publiques au service de la dette, il représentait en Novembre 2021, 76% des recettes.

Peu d’améliorations en vue sur le marché des changes en 2022.

Le Nigéria n’est plus le premier port d’Afrique de l’Ouest depuis 2020. Le Togo a en effet accueilli un volume de marchandises supérieur de 30% dans ses ports commerciaux. Le manque d’investissement dans les industries portuaires du pays et les restrictions à l’import de marchandises, décidées par le gouvernement fédéral à partir de 2019, permettent d’expliquer ce recul du Nigéria dans la région. Mais cette perte d’influence provient également de la crise de change que connait le Nigéria depuis quelques mois.

L’accélération de l’inflation, en raison notamment de la hausse des prix alimentaires, a conduit à une dépréciation de la Naira sur les marchés internationaux. Or la Banque Centrale du Nigéria n’a pu y répondre que partiellement, en raison de la faiblesse de ses réserves de change. Depuis, l’accès aux devises étrangères a été extrêmement réduit, limitant les échanges commerciaux et les investissements provenant de l’étranger.

Malgré des signaux positifs pour l’année 2022 - augmentation des réserves de devises de 7,3 Mds USD et de l’émission de dettes sur les marchés internationaux par les banques commerciales nigérianes - cette crise de liquidité de la Naira devrait se poursuivre, d’après le rapport publié par la banque égyptienne EFG Hermes. La hausse du prix du pétrole en 2021 n’a que marginalement profité à l’augmentation des réserves de changes en raison de la baisse des volumes et des interventions pour soutenir la monnaie. Les difficultés de la Naira en 2022 devraient donc continuer à peser sur la croissance du Nigéria et sur sa balance commerciale.

Le Nigéria maintient ses prévisions de production pétrolière pour 2022 malgré des signaux contraires

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a annoncé, ce 4 janvier, ses objectifs de production pétrolière pour le mois de février 2022. Pour le Nigéria, les quotas de 1,7 millions de barils/jour correspondent aux hypothèses retenues pour le budget 2022..

Sur les 11 premiers mois de l’année 2021, le Nigéria a enregistré un déficit de 200 millions de barils par rapport aux prévisions de production, de 1,86 millions de barils/jour.

En outre, le Nigéria fait face à une augmentation du nombre de vols de pétrole dans le Golfe de Guinée qui impacte lourdement sa production, s’ajoutant au vieillissement des infrastructures et aux relations parfois difficiles avec les communautés sur place.

La production illégale d’or a coûté 5 Mds USD en seulement 6 ans au Nigéria

Entre 2012 et 2018, la production illégale d’or aurait couté 5 Mds USD au Nigéria. C’est ce qu’a révélé le Ministre des Mines, le Docteur Uche OGAR, lors d’une conférence de presse fin décembre 2021. Cette perte a entrainé la création et le lancement de l’Initiative présidentielle de développement des mines aurifères artisanales qui a pour objectif d’attirer de nouveaux investisseurs. Ce plan doit permettre de limiter l’extraction illégale d’or et de développer un secteur encore très artisanal. La régularisation de cette activité doit également entrainer la réduction de la criminalité, du travail infantile ou encore de démanteler certains réseaux de financement du terrorisme.

La production d’or au Nigéria a été officiellement de 1 288 407 grammes en 2020, soit environ 75 M USD. Il semble donc que le Nigéria ait perdu presque 70 fois le montant de sa production annuelle officielle en raison des trafics illégaux.