Intelligence artificielle au service de la culture des raisins

 

 Lettre AGRO Japon – Corée

N° 57 - novembre 2021

 

  drapeau Japon

Sommaire

IMAGE DU MOIS :  Intelligence artificielle au service de la culture des raisins

smart glasses

Source : Kyodo
Japon
  • Retour des restrictions d’accès au territoire suite à l’apparition du variant omicron
  • Rebond des exportations agro-alimentaires françaises vers le Japon de +3,6% sur les 3 premiers trimestres 2021, après 12,4% de baisse en 2020
  • Tensions multiples sur les approvisionnements alimentaires
  • Hausse du coût des intrants tirée par les cours du pétrole et du transport international
  • Expansion en Inde du fabricant de machines agricoles Kubota et partenariats dans le domaine de la « smart agriculture »
  • Face au manque de main d’œuvre agricole, multiplication de projets de véhicules autonomes et de recours à l’intelligence artificielle
  • Retour de l’influenza aviaire au Japon
  • Nouveau foyer de peste porcine classique

 

Corée
  • Remise en cause de la stratégie de « vie avec le virus », suite à la hausse des contaminations et l’apparition du variant omicron
  • Hausse record des exportations agricoles et agroalimentaires en 2021
  • Le secteur agricole et alimentaire également affecté par la pénurie de solution d’urée
  • Interdiction des produits jetables dans la restauration à partir de janvier 2022
  • Retour de l’influenza aviaire en Corée du Sud

 

 

Japon

a)Covid -19

Retour des restrictions d’accès au territoire suite à l’apparition du variant omicron

Alors qu’un assouplissement des conditions d’entrée sur le territoire et des règles de quarantaine avait été mis en œuvre depuis le 8 novembre, les craintes autour du nouveau variant omicron poussent le 1er ministre F. Kishida à refermer l’accès au territoire japonais pour une durée d’un mois. En dehors des ressortissants japonais et de voyageurs relevant de circonstances exceptionnelles, l’entrée au Japon est à nouveau interdite au moins jusqu’à fin décembre. Le plafond d’entrées quotidiennes est abaissé à 3500 et une quarantaine de 14 jours est désormais requise, même pour les voyageurs vaccinés. Certains pays se voient en outre imposer une période en début de quarantaine dans un lieu désigné par le gouvernement et surveillé : 3 jours pour la France, l’Australie, la République tchèque et Hong Kong ; 6 pour l’Allemagne, la Suède, Israel, le Royaume uni, l’Italie, les Pays Bas, le Portugal et la Corée.  En dépit de ces mesures, le Japon faisait état, le 8 décembre, de 4 cas confirmés d’infection au variant omicron sur son territoire. Le nombre de nouvelles infections reste à un niveau faible (moins de 300 par jour depuis fin octobre).

Enfin, la campagne d’administration de vaccinations de doses de rappel a débuté pour les personnels soignants et sera étendue aux plus de 65 ans à compter du mois de janvier, avec un délai de 8 mois entre la 2e et la 3e dose : le gouvernement étudie toutefois la possibilité de passer à un délai de 6 mois entre les 2ème et 3ème dose.

Le 30 novembre, le ministre de l’agriculture a rappelé en conférence de presse que ces restrictions temporaires ne remettaient pas en cause les mesures déjà prises pour sécuriser la main d’œuvre déjà sur place (prolongation des visas, embauche des personnes provenant d’autre secteurs et aides financières d'urgence). Source : Nikkei, NHK, MAFF

 

 b) Actualité politique et économique

Rebond des exportations agro-alimentaires françaises vers le Japon de 3,6% sur les 3 premiers trimestres 2021 (par rapport à la même période en 2020), après 12,4% de baisse en 2020.

La France fait notamment mieux que ses voisins pour les vins et spiritueux, qui se redressent de 6,6%, sans retrouver toutefois leur niveau de 2019, et progresse sur les préparations à base de céréales (+27,6%), les préparations de fruits et légumes (+14,1%) et les poissons et crustacés (+64,8%). Parmi les postes en baisse figurent les produits laitiers (-3,5%), les résidus des industries alimentaires (-5,9%) et la viande (-14,2%, après avoir diminué de 10% en 2020 par rapport à 2019). Ce recul concerne à la fois la viande de porc, dans un contexte de report des exportateurs vers la Chine, et la volaille, affectée par les restrictions d’importation depuis certains départements français, liées à l’épidémie d’influenza aviaire hautement pathogène. Source : FranceAgriMer, douanes japonaises

 

Tensions multiples sur les approvisionnements alimentaires

Le secteur de la restauration hors domicile (RHD) est affecté par des tensions et ruptures d’approvisionnement sur plusieurs produits alimentaires. Sont notamment en cause les perturbations des chaînes d’approvisionnement maritimes, dans le cas des crevettes importées depuis le Vietnam, ou le manque de main d’œuvre étrangère dans les pays voisins (volaille en Thaïlande – cf. Lettre agro de septembre). Dans le domaine de la viande de bœuf, la demande dynamique sur la zone Asie (Chine et Corée notamment) limite le pouvoir de marché des acheteurs japonais alors que les producteurs de bœuf américain peinent à répondre aux besoins. Si les plus grands groupes de restauration, qui contractualisent sur des volumes et des durées importantes, sont encore relativement épargnées par ces tensions, certaines enseignes spécialisées dans le bœuf ou la volaille sont contraintes de diversifier leur carte, alors que d’autres rationnent les portions.

L’approvisionnement en fraises connait également des tensions à l’approche des fêtes de fin d’année, en raison d’un recul de la production domestique (-10% en 10 ans) et du nombre d’exploitations cultivant les fraises (-30% depuis 2015). Les producteurs prévoient de réduire la quantité par barquette pour faire face à la demande. Source : Nikkei

 

Hausse du coût des intrants tirée par les cours du pétrole et du transport international

Les producteurs agricoles sont confrontés à une hausse globale du prix des intrants. Le prix des engrais est ainsi en hausse de 17% cet automne par rapport au printemps dernier et l’index des matériels agricoles augmente de 7% sur un an. Ces hausses sont d’autant plus pénalisantes pour les producteurs qu’elles ne sont pas répercutées sur les prix des légumes, à des niveaux particulièrement bas cet automne. Les prix des ingrédients importés pour l’alimentation animale sont également en hausse depuis le printemps 2021 et le fonds gouvernemental de stabilisation des prix des fourrages, quasiment épuisé (près de 39 MdY d’aides attribuées depuis mi-août), devrait être réabondé lors du budget supplémentaire de l’exercice 2021. Source : Agrinews

 

Expansion en Inde du fabricant de machines agricoles Kubota et partenariats dans le domaine de la « smart agriculture »

L’acquisition par Kubota du fabricant de machines agricoles indien Escort permet à Kubota de consolider sa position en Inde, principal marché en Asie pour les agroéquipements. Kubota annonce par ailleurs vouloir développer sa plateforme « smart agriculture », qui vise à améliorer l’efficience et la performance environnementale des exploitations agricoles (utilisation d’intrants, gestion des ressources en eau, réduction des émissions de gaz à effet de serre et du gaspillage alimentaire). Source : Nikkei

 

Face au manque de main d’œuvre agricole, multiplication de projets de véhicules autonomes et de recours à l’intelligence artificielle

Face à la pénurie de main d’œuvre agricole, que le vieillissement de la population japonaise devrait accentuer, le recours à l’intelligence artificielle (IA) fait l’objet de plusieurs expérimentations dans le secteur. Dans la préfecture de Chiba (sud de Tokyo), un projet associe ainsi le développement de moyens de transport autonomes des fruits et le recours à l’IA pour détecter, pour chaque fruit, la date optimale de cueillette. Un projet similaire a fait l’objet d’une expérimentation pour la culture du raisin dans la préfecture de Yamanashi (sud de Nagano).

Le fabricant japonais Kubota a de son côté annoncé en octobre dernier un partenariat avec le fabricant américain de cartes graphiques Nvidia, dans le domaine des tracteurs autonomes, qui s’appuira sur les processeurs graphiques de Nvidia et sur un recours à l’intelligence artificielle. Kubota développe déjà depuis 2017 la ligne de tracteurs Agrirobo, qui permet une conduite autonome mais requiert une supervision humaine. Nvidia collabore déjà avec plusieurs constructeurs automobiles dans le domaine des véhicules autonomes mais ce partenariat est une première en matière agricole. Source : Nikkei, Kyodo


c) Actualité sanitaire et phytosanitaire

Retour de l’influenza aviaire au Japon

Suite à la mise en évidence de cas d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en Corée du Sud, le ministère japonais en charge de l’Agriculture (MAFF) avait relevé début novembre le niveau de risque à 2 sur une échelle de 3. Toutefois, après une première suspicion – in fine infirmée- dans la préfecture de Nara (au centre de l’île principale de Honshu), le virus H5N8 a été mis en évidence le 11 novembre dans un élevage de poules pondeuses de la préfecture d’Akita (au nord de l’île principale de Honshu), entraînant l’abattage des 143 000 oiseaux de l’élevage. Deux autres foyers ont ensuite été détectés dans la préfecture de Kagoshima (île de Kyushu, au sud du Japon), le premier avec la souche virale H5N1 (39 000 poules pondeuses), le second avec la souche virale H5N8 (11 000 volailles). Un quatrième foyer, lié à la souche virale H5N1, a été confirmé une semaine après dans la préfecture de Hyogo (au centre de l’île principale de Honshu), entraînant l’abattage des 155 000 poules pondeuses de l’élevage. Un oiseau sauvage porteur du virus H5N8 a par la suite été retrouvé mort dans la préfecture de Kagoshima (sud Kyushu). La propagation du virus continue début décembre, avec 4 nouveaux foyers confirmés, dans des localisations très différentes : le premier à Kumamoto (67 000 volailles abattues, souche virale H5N1), le deuxième à Chiba (340 canards), le troisième à Saitama (17 000 volailles) et le quatrième à Hiroshima (30 000 volailles). Source : OIE, Agrinews, MAFF

 

Nouveau foyer de peste porcine classique

Ce nouveau foyer, le 74ème depuis le début de l’épizootie en septembre 2018, a été confirmé le 27 novembre dans un élevage de 2400 porcs de la préfecture de Gunma, localisée au centre de l’île principale de Honshu. Tous les porcs de la préfecture ayant déjà été vaccinés, aucune zone de restriction n’a été mise en place autour du foyer. Source : MAFF

 

Corée du Sud

a)Covid-19

Remise en cause de la stratégie de « vie avec le virus » suite à la hausse des contaminations et l’apparition du variant omicron

La hausse des contaminations, qui ont atteint le niveau inédit de 7000 cas quotidiens le 8 décembre, remet en cause la stratégie du gouvernement de « vie avec le virus ». Cette stratégie devait comporter plusieurs phases successives d’allègement des restrictions, dont la 1ère a été mise en œuvre le 1er novembre dernier (rassemblements autorisés jusqu’à 10 personnes,  restrictions levées dans les restaurants, cafés et cinémas). La hausse des cas s’accompagne d’un niveau record de cas sévères ou critiques  (723 le 1er décembre), mettant sous pression le système hospitalier. L’hospitalisation à domicile est ainsi désormais privilégiée, faute de capacités d’hospitalisation suffisantes. Face au risque nouveau lié au variant omicron (38 cas confirmés au 8 décembre), un renforcement des règles de quarantaine a par ailleurs été annoncé et les limitations aux rassemblements en intérieur rétablies. Source : Korea herald

b)Actualité politique et économique

Hausse record des exportations agricoles et agroalimentaires en 2021

Portées par le succès actuel des productions culturelles coréennes (culture « Hallyu » ou « K wave »), les exportations de produits de l’agriculture et de la pêche dépassent pour la 1ère fois la barre des 10 Md$ (10,1 Md$ entre janvier et novembre, en hausse de 16,1% par rapport à la même période en 2020). Le principal poste est celui des algues, à 600 M$. Les exportations de framboises, raisins et produits traditionnels (kimchi, ginseng) sont également dynamiques. Source : Yonhap

 

Le secteur agricole et alimentaire également affecté par la pénurie de solution d’urée

La Corée du sud est confrontée depuis début novembre à une pénurie de solution d’urée en raison de la suspension des exportations chinoises, qui représentaient 97% des approvisionnements en Corée sur les 10 derniers mois. Le processus de production de l’urée, très énergivore, est en effet affecté par les tensions d’approvisionnement de la Chine suite à l’embargo qu’elle a imposé au charbon australien.

 

Le secteur agroalimentaire est affecté par la perturbation des chaînes logistiques qu’entraîne cette pénurie : la solution azotée est en effet nécessaire au fonctionnement des filtres antipollution diesel des véhicules de transport routier, rendus obligatoires par une réglementation introduite en 2015 afin de limiter leurs émissions d’oxyde d’azote. La production agricole est également affectée directement, la solution étant nécessaire à la fabrication domestique d’engrais azotés et au fonctionnement des dispositifs antipollution des engins agricoles. Source : Yonhap

 

Interdiction des produits jetables dans la restauration à partir de janvier 2022

L’usage du plastique jetable avait déjà été interdit par une loi de 2018 mais son application avait été suspendue pendant la pandémie de COVID. Plusieurs chaines de restauration conduisent déjà des expérimentations en ce sens. Ainsi, la Ville de Séoul a mis en place un dispositif de location de gobelets réutilisables à destination des cafés volontaires. Les distributeurs, mis à disposition de cafés, permettent également le retour en consigne des gobelets. La chaine Starbucks, qui figure parmi les participants, s’était engagée en octobre à supprimer totalement de ses magasins à Séoul les gobelets jetables. Source : Yonhap, Korea Herald

 


c) Actualité sanitaire et phytosanitaire 

 

Retour de l’influenza aviaire en Corée du Sud

Le 2 novembre, le premier cas depuis 7 mois d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) a été confirmé chez un oiseau sauvage, entraînant le relèvement du risque au niveau rouge, le plus élevé. Ce renforcement des mesures de biosécurité n’a malheureusement pas permis d’éviter la contamination des élevages de volaille puisqu’une première suspicion a été annoncée le 9 novembre dans un élevage de cailles, entraînant l’abattage préventif des 774 405 oiseaux de l’élevage. Depuis, 9 nouveaux foyers ont été notifiés dans des élevages de volailles (canards essentiellement mais aussi volailles de chair), entraînant l’abattage de plus d’1 M d’oiseaux. La souche H5N1 a été mise en évidence dans les premiers foyers (typage encore en cours pour les derniers). C’est un nouveau coup dur pour la filière volaille sud-coréenne après l’épisode d’IAHP de 2020-2021, dû à la souche H5N8, qui avait entraîné l’abattage de plus de 30 M de volailles et la flambée des prix des produits alimentaires de cette filière, en particulier des œufs. Source : Yonhap, Yonhap, OIE. 

 

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Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo.

Contact : Jérôme Perdreau, Conseiller agricole, jerome.perdreau@dgtresor.gouv.fr 

Gaël Thévenot, Conseillère agricole adjointe, gael.thevenot@dgtresor.gouv.fr

Ryoko ISODA, Attachée sectorielle au pôle agriculture et alimentation, ryoko.isoda@dgtresor.gouv.fr