Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le FMI s’inquiète de l’endettement public nigérian ; Les Emirats arabes unis promettent un investissement de 2 Mds USD dans le secteur minier nigérian; Ouverture d’un Datacenter de 10 MW à Lagos ; Le Nigéria parmi les leaders du commerce mondial en 2030 ?

 - Ghana : Budget 2022 : la taxe sur les transactions électroniques concentre les désaccords au sein du Parlement ghanéen ; L'aéroport de Ho, dans la région de Volta au Ghana, accueille son premier vol intérieur.

 

 

Le chiffre à retenir:

70% : C’est, d’après le Pew Research Center, le taux d’opinions favorables des Nigérians vis-à-vis de la Chine en 2019. Ce chiffre est en baisse de 6 points de pourcentage par rapport à 2013.

 

Nigéria

Le FMI s’inquiète de l’endettement public nigérian

Le FMI a fait part de ses préoccupations quant à la composition de l’endettement des pays émergents et en développement, parmi lesquels le Nigéria. En effet, entre 2000 et 2020, la part de d’endettement public dans la dette totale des agents des pays émergents et en développement a augmenté de 15 points de pourcentage, et s’établit désormais à 46%. Dans le cas du Nigéria, l’inquiétude vient du poids de l’endettement public sur le système bancaire.

Le stock de dette publique détenu par les banques commerciales nigérianes atteignait, en 2020, 1 770 Mds NGN (4,3 Mds USD), soit une augmentation de 18% en un an. L’importance de la dette publique dans le bilan des banques est d’autant plus inquiétante qu’il existe, selon la Commission de responsabilité fiscale (FRC), un risque juriduque non-résolu : d’après elle, il semblerait que certaines banques n’aient pas obtenu toutes les autorisations nécessaires pour prêter au secteur public.

Cette publication du FMI intervient après que le gouvernement nigérian a publié cette semaine les derniers chiffres du déficit public. Entre janvier et juillet de cette année, il atteignait à 5 100 Mds NGN, soit plus de 90% du montant initialement prévu pour l’ensemble de l’année 2021. Selon l’agence Fitch Ratings, le déficit public nigérian devrait atteindre 4,8% du PIB en 2021, bien au-delà des 3,9% initialement prévus par le gouvernement. Le FMI table, quant à lui, sur un déficit public de 6,3% du PIB et une dette publique qui devrait atteindre 43% du PIB en 2026.

Les Emirats arabes unis promettent un investissement de 2 Mds USD dans le secteur minier nigérian

L’exposition universelle, qui se tient depuis le 1er octobre à Dubaï, fut l’occasion pour le ministre délégué aux Mines et au Développement de l’Acier, Dr. Uchechukwu Ogah, d’annoncer une promesse d’investissement de 2 Mds USD de la part des Emirats arabes unis dans le secteur minier au Nigéria. La décision a été prise en novembre lors d’un forum d’investissement Afrique–EAU. Cet investissement devrait se concentrer sur l’extraction d’or, auquel le gouvernement nigérian accorde une importance particulière dans le cadre de sa stratégie de diversification de l’économie.

A l’été 2020, l’achat par la Banque centrale du Nigéria du premier lingot d’or nigérian et le lancement de la « Dukia Gold & Precious Metals Refining Company» témoignaient déjà de cet intérêt. Le Président Buhari avait alors déclaré que les réformes du secteur aurifère pourraient permettre de dégager 500 M USD par an de revenus, avec notamment la lutte contre l’exploitation illégale d’or, qui a entraîné des pertes cumulées atteignant près de 3 Mds USD entre 2012 et 2018.

De manière générale, le secteur minier a connu un mouvement de réformes et d’incitations, notamment fiscales, qui visent à porter sa contribution au PIB à 5 % à horizon 2025. Dominé par les exploitations de petite taille et un artisanat peu formalisé, le secteur minier ne représente aujourd’hui pas plus de 1 % du PIB nigérian. 

Ouverture d’un Datacenter de 10 MW à Lagos

Le groupe Africa Data Centres ouvre à Lagos un centre de données d’une puissance de 10 MW. Selon le PDG Stéphane Duproz, ce centre doit servir de base arrière pour pénétrer le continent, attirer les grands acteurs numériques au Nigéria et réduire la fracture numérique.

Le choix de Lagos est une réponse à la demande croissante de ces services, notamment due à la transformation numérique des entreprises et institutions (services fintech, applications, cloud, haut débit, etc.). Cette infrastructure sera la plaque tournante de la stratégie de l’entreprise, première étape d’un plan de 500 M USD sur le continent, visant notamment à atteindre 50 MW au Nigéria à l’horizon 2025, avec l’ouverture d’un autre centre à Lagos et de deux nouveaux à Abuja et Port Harcourt. Nommé LOS1, ce centre de données doit aussi servir de hub régional. Le groupe est également présent dans quatre autres pays : Kenya, Afrique du Sud, Rwanda et Zimbabwe.

D’après l’Association africaine des data centers (ADCA) et Xalam Analytics, l’Afrique aurait besoin de 1000 MW au total pour satisfaire ses besoins internes. Aujourd’hui, le continent dispose de moins de 1 % des centres de données mondiaux.

Le Nigéria parmi les leaders du commerce mondial en 2030 ?

Selon le rapport Future of Trade 2030 de la banque britannique Standard Chartered, le commerce mondial devrait atteindre d’ici cette date 29 700 Mds USD, soit une augmentation de 71% en une décennie.

Le rapport met en avant 13 pays qui pourraient devenir les principaux acteurs de cette croissance, parmi lesquels le Nigéria et le Kenya, les deux seuls pays d’Afrique parmi les 13 cités par l’étude. D’après elle, les exportations nigérianes devraient atteindre 112 Mds USD annuellement, soit une croissance de près de 10% par an pendant 10 ans, rendue possible grâce à certains couloirs d’exportations que le Nigéria entend développer, notamment vers l’Inde, l’Indonésie et la Chine.

Selon cette étude, le futur du commerce mondial se construira autour de 5 grandes tendances que sont la mise en place d’échanges équitables et écologiques, un accès plus inclusif au marché mondial, de la digitalisation, de la diversification des risques et d’une réorientation des flux vers l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient. Pour la banque, le Nigéria, dont l’essentiel des exportations est le pétrole, devra poursuivre ses efforts en matière de digitalisation et d’infrastructures s’il entend devenir un des leaders du commerce mondial.

 

Ghana

Budget 2022 : la taxe sur les transactions électroniques concentre les désaccords au sein du Parlement ghanéen

Le Parlement ghanéen a approuvé mardi le projet de budget 2022, malgré le boycott de l’opposition, qui s’oppose à la mise en place de l’impôt sur les transactions électroniques. Le parti au pouvoir souhaite en effet introduire un prélèvement de 1,75% (qui pourrait être revu à la baisse) sur toutes les transactions électroniques de plus de 100 GH (soit environ 14 EUR). Cet impôt s’appliquera également aux paiements par mobile money, alors que le nombre d’utilisateurs actifs ne cesse d’augmenter au Ghana : +16% par an entre 2016 et 2019.

L’objectif annoncé de cette mesure est d’élargir la base fiscale de l’État, notamment en captant les revenus du secteur informel, qui représente 89% de l’emploi national. L’opposition, quant à elle, dénonce les effets potentiellement néfastes sur les populations les plus démunies. La semaine dernière, le projet de budget avait été rejeté par le parlement, alors que les membres de la majorité étaient absents.

L'aéroport de Ho, dans la région de Volta au Ghana, accueille son premier vol intérieur

Le vol Accra-Ho, opéré par Passion Air, a atterri le 1er décembre : il s’agit du premier vol  à destination de cet aéroport, avant le début des opérations de vols intérieurs ce 4 décembre.

La construction de l’aéroport de Ho, dont le coût est estimé à 25 M USD, s’est achevée en 2018. Le gouvernement place de grands espoirs dans cette nouvelle infrastructure, dont l’objectif est de stimuler le secteur du tourisme et de développer l’investissement.

Lors de l’inauguration, les autorités ont rappelé l’ambition du Ghana de devenir un hub aérien pour l’Afrique de l’Ouest. Cette politique passe d’une part par les vols internationaux, mais également par la multiplication des vols intérieurs, tels cette liaison aérienne entre la ville de Ho et la capitale. La construction des nouveaux aéroports régionaux de Ho et Wa, le développement du terminal 3 de l’aéroport international de Kotoka à Accra et la réhabilitation des aéroports de Tamale et de Kumasi témoignent de cette ambition.