Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : La suppression de la subvention à l’essence prévue pour février 2022 ; Le Nigéria voit le déficit de sa balance courante diminuer au troisième trimestre 2021 ; Ibom Air commande 10 Airbus lors du salon aéronautique de Dubaï ; Investissement de 41,2 Mds NGN pour la « Révolution Brune ».

 - Ghana : La banque centrale du Ghana relève son taux d'intérêt directeur pour la première fois depuis 2015 ; Selon PwC, le financement du déficit budgétaire par des emprunts nationaux pourrait nuire à la croissance du secteur privé.

 

 

Le chiffre à retenir:

0,1%C’est le taux de croissance du PIB par habitant au Nigéria en 2021 selon les dernières estimations de la Banque Mondiale. A ce rythme il faudra 50 ans pour atteindre le niveau de 2019.

 

Nigéria

La suppression de la subvention à l’essence prévue pour février 2022

La Ministre des finances, du budget et de la planification, Mme Zainab AHMED, a annoncé le 23 novembre, lors d’un événement organisé par la Banque Mondiale, la suppression de la subvention sur le prix de l’essence. Cette subvention, critiquée depuis plusieurs années par les bailleurs multilatéraux, avait déjà été retrirée du budget 2021, mais réinstituée en cours d’année, face à l’augmentation des prix du pétrole.

Cette subvention, qui permet de maintenir artificiellement le prix de l’essence autour de 160 NGN (0,35 EUR) le litre, pèse considérablement sur les finances publiques du pays. Lors de cette même conférence, le gouverneur de Kaduna, M Nasir EL-RUFAI, a mis en garde le gouvernement sur ce sujet.

La Ministre des finances a également annoncé lors de cette conférence, la transformation de cette subvention en une allocation aux transports, destinée aux ménages les plus pauvres. Celle-ci devrait prendre la forme d’un transfert digitalisé, pour un montant de 5000 NGN (10,8 EUR) par mois. Cette subvention devrait permettre de distribuer 2 400 Mds NGN (5 Mds EUR) à 30 à 40 millions de Nigérians.

De nombreuses craintes pèsent toutefois sur la faisabilité de ce projet d’ici 2022. L’abandon de la subvention à l’essence pourrait  avoir un effet inflationniste. De plus, le transfert de l’allocation aux transports de manière digitale risque de na pas atteindre les foyers concernés, quand on sait que 36% des Nigérians n’ont pas de compte bancaire.

Le Nigéria voit le déficit de sa balance courante diminuer au troisième trimestre 2021

La Banque Centrale du Nigéria a annoncé la réduction du déficit de sa balance courante pour le second trimestre 2021 à 424 M USD, son niveau le plus bas depuis 2 ans. Ce déficit, de 2,1 Mds USD au premier trimestre, a été réduit de -79,8%. Par rapport à octobre 2020, ce dernier a diminué de 87%.  

Cette réduction du déficit est en grande partie due à la hausse du prix du pétrole. Les exportations ont ainsi vu leur valeur augmenter de 73% en seulement un trimestre, pour s’établir à 11,2 Mds USD. Ce chiffre est en hausse de +116,7% par rapport au second trimestre 2020.

Cependant malgré cette amélioration conjoncturelle de la balance courante, elle reste un sujet de préoccupation majeur au Nigéria. En effet en juillet 2021, le Nigéria avait déjà importé pour 5,4 Mds USD de produits alimentaires. À un tel rythme, le montant total devrait dépasser les 10 Mds USD à la fin de l’année. Ce chiffre illustre le manque de diversité de l’économie et sa forte dépendance vis-à-vis des prix du pétrole.

Ibom Air commande 10 Airbus lors du salon aéronautique de Dubaï

Le gouverneur de l’Etat d’Akwa Ibom, Udom Emmanuel, a annoncé au salon aéronautique de Dubaï avoir fait l’acquisition de 10 Airbus A220-300 à livrer en 2023 et 2024. Le montant de la commande s’élèverait à 905 M USD Ces appareils produits au Canada (héritiers du Bombardier CSeries) sont équipés de moteurs Pratt & Whitney PurePower PW1500G et ont une capacité comprise entre 130 et 160 places.

 Ibom Air, lancée en juin 2019, est la seule compagnie détenue par un Etat fédéré du Nigéria. Elle possède aujourd’hui 7 avions (5 Bombardier CRJ900 et 2 Airbus A220 en wet-leasing). Ces dix nouveaux appareils doivent répondre à sa croissance rapide et à sa volonté de devenir une compagnie régionale en proposant des vols vers Dakar, Freetown, Abidjan, Accra ou encore Douala, Malabo, Libreville et Kinshasa depuis la capitale de l’Etat, Uyo.

Investissement de 41,2 Mds NGN pour la « Révolution Brune »

Afin de diminuer la dépendance du pays aux importations de blé, le gouverneur de la banque centrale du Nigéria (CBN), Godwin Emefiele, a annoncé un investissement de 41,2 Mds NGN (100 M USD) pour lancer la « Révolution Brune » (« Brown Revolution »). Annoncé au début du mois, ce programme vise à réduire de 2 Mds USD le montant des importations annuelles de blé (deuxième contributeur aux importations alimentaires du pays). Le Nigéria ne produit actuellement qu’environ 1 % de ses besoins en blé (63 000 t), troisième céréale pourtant la plus consommée dans le pays après le maïs et le riz.

Cette mesure entre dans le cadre du « Anchor Borrowers’ Programme » lancé en 2015, et qui vise à faciliter l’accès des agriculteurs aux financements pour renforcer l’autonomie alimentaire. Jusqu’à présent, la CBN a déboursé 864 Mds NGN (2,1 Mds USD) ayant bénéficié à 4,1 M d’agriculteurs.

Par ailleurs, le Nigéria observe actuellement un dynamisme important du secteur avec le rachat partiel en cours de HFMP, 5e minotier du pays, par Flour Mills of Nigeria, leader du secteur et désormais actionnaire majoritaire de HFMP.

 

Ghana

La banque centrale du Ghana relève son taux d'intérêt directeur pour la première fois depuis 2015.

La Banque Centrale a annoncé ce lundi 22 novembre, une augmentation inattendue de son taux d’intérêt directeur de 100 points de base pour le porter à 14,5 %. Cette décision intervient après un taux d’inflation record en octobre, à 11% en glissement annuel, dépassant, pour le deuxième mois consécutif, la limite supérieure de la fourchette cible (6 à 10%).

Le Ghana enregistre cette année, parmi les pires performances financières du continent, que ce soit sur sa monnaie ou sur ses obligations émises en dollar. Elles s’expliquent à la fois par le poids de la dette publique ghanéenne – qui représente 77,8% du PIB en septembre 2021 selon le gouvernement – ainsi que par l’anticipation par les marchés d’un durcissement de la politique monétaire américaine en raison des pressions inflationnistes. En octobre 2021, le gouvernement ghanéen enregistre un spread de 886 points de base par rapport à l’indice marchés émergents JP Morgan, contre seulement 578 points pour le continent Africain.

Suite à cette annonce, le rendement des obligations en dollars, arrivant à terme en 2026, a augmenté de 0,34 point, passant à 10,83%, tandis que le cedi ghanéen a continué de se dévaluer face au dollar, à 6,1 GHS / 1 USD

Selon PwC, le financement du déficit budgétaire par des emprunts nationaux pourrait nuire à la croissance du secteur privé.

D’après le budget 2022 présenté au Parlement la semaine dernière, le gouvernement cherche à financer son déficit budgétaire estimé à 7,4% du PIB par des emprunts nationaux. Si ce choix permettra de limiter la dévaluation du Cédi par rapport au dollar,  le cabinet d’audit PwC estime qu’il aura un impact négatif sur le secteur privé.

En effet, en plus de priver les entreprises d’une partie de ces fonds domestiques, ce choix, par la menace qu’il fait peser sur la croissance économique du pays, risque d’amener à une dégradation de la note financière du pays. Deux agences, Moody’s et Standard & Poor ont déjà annoncé diminuer la note souveraine du Ghana.

Le Comité de politique monétaire de la Banque du Ghana a déjà souligné cette semaine, le ralentissement de la croissance des prêts au secteur privé par les banques commerciales. Celles-ci ont en effet, une préférence pour les prêts au gouvernement. La hausse du recours du gouvernement aux emprunts sur le marché intérieur provoquerait donc un effet d’éviction du secteur privé, alors même que ces entreprises ont besoin de liquidités suite à la crise de la Covid-19.