Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : L’inflation ralentit au Nigéria pour le 7ème mois consécutif ; L’Afreximbank annonce un accord de 1,04 Mds USD avec la Compagnie Pétrolière Nationale du Nigéria (NNPC) ; La startup nigériane Helium Health rachète la qatarienne Meddy et s’implante au Moyen-Orient ; Le FMI émet plusieurs observations sur le e-Naira

- Ghana : Le projet de construction d’un port à Kéta estimé à 600 millions USD pour sa première phase ; Le gouvernement présente son projet de budget et de politique économique pour 2022

 

 

Le chiffre à retenir:

+4,03% C’est le résultat de la croissance au Nigeria au 3ème trimestre, en léger recul par rapport au trimestre précédent (+5%).

 

 

Nigéria

L’inflation ralentit au Nigéria pour le 7ème mois consécutif

Le taux d’inflation, au Nigéria, est en baisse en octobre 2021 et ce pour un 7e mois consécutif. Après une augmentation des prix de +16,63% en septembre 2021, ce taux n’est plus que de +15,99% en octobre. Depuis mars 2021 et une inflation record à +18,17%, celle-ci ralentit mois après mois. Elle reste toutefois supérieure à ce qu’elle était en octobre 2020, soit +14,23%.

Cette inflation est due en grande partie à la hausse des prix alimentaires. Ils ont en effet augmenté de +0,91% sur un mois glissant et de +18,34% par rapport au mois d’octobre 2020. Si l’inflation alimentaire ralentit également depuis le mois de mars 2021, elle reste la plus importante parmi les différents postes de dépenses des ménages. Ces statistiques masquent enfin des écarts importants entre les régions.

En outre, certains économistes considèrent ces données comme peu fiables. Le monde est confronté à une accélération de l’inflation, que ce soit en Europe ou en Chine, tandis que le taux d’inflation nigérian diminue. Cela est d’autant plus surprenant que le Naira a continué de se déprécier face au dollar depuis mars 2021, renchérissant le coût des importations dont dépend fortement la consommation au Nigeria.

Pour rappel, le budget 2021 avait été voté en décembre 2020 avec un taux d’inflation cible de 11,95%.

L’Afreximbank annonce un accord de 1,04 Mds USD avec la Compagnie Pétrolière Nationale du Nigéria (NNPC).

Après avoir rencontré le Président BUHARI en début de semaine, à Durban, en Afrique du Sud, le Président de la Banque Africaine d’Import/Export, Afreximbank, le professeur Benedict ORAMAH a donc annoncé la signature d’un accord avec la NNPC pour financer l’exploration pétrolière.

Le financement accordé à NNPC se monte à 1,04 Mds USD, accord basé sur la livraison de 35 000 barils / jour. Ce prêt vient sensiblement accroitre l’exposition au Nigeria de l’Afrexim Bank aujourd’hui à hauteur de 5,5 Mds USD.

Une telle annonce au lendemain de la clôture de la COP 26 pouvant faire l’objet de critiques, le Président de l’Afreximbank l’a justifiée en soulignant l’effet bénéfique du pétrole sur la croissance nigériane et sur les recettes gouvernementales. Il a également considéré que l’Afrique est plus une victime du changement climatique que responsable.

La startup nigériane Helium Health rachète la qatarienne Meddy et s’implante au Moyen-Orient

Helium Health,  entreprise du secteur de la e-santé, offrait, à sa fondation en 2016, des services de gestion de centres et registres médicaux. Elle s’est rapidement diversifiée depuis, pour devenir une plateforme de gestion intégrée complète pour les acteurs du secteur sanitaire.

Elle a récemment annoncé le rachat de la start-up Meddy, basée au Qatar, pour un montant non communiqué. Ce rachat s’accompagne de projets d’expansion au Moyen-Orient, en particulier dans les pays du Conseil de Coopération du Golfe, où il n’existe pas pour l’heure de plateforme regroupant tous les services de Helium Health : prise de rendez-vous, téléconsultation, gestion des ressources humaines, comptabilité, assurance… Helium Health souhaite ainsi tirer profit des investissements importants des pays du Golfe dans les infrastructures digitales (30 % des investissements en santé seront dans les infrastructures digitales entre 2023 et 2030).

Cette acquisition permettra aussi de fournir plus de services de télémédecine sur le continent africain, où Helium Health est présente dans six pays. Les équipes de l’enteprise nigériane, qui ont notamment participé aux sommets BIG et Ambition Africa à Paris en octobre dernier, accueilleront les deux principaux cadres de Meddy d’ici peu. Ils seront chargés du développement dans les pays du CCG.

Meddy présentait en novembre 2021 un niveau de financement de 1,9 M USD, contre 12,2 M USD pour Helium.  

Le FMI émet plusieurs observations sur le e-Naira

Le lancement à grande échelle de la Monnaie Digitale de la Banque Centrale (CBDC) nigériane suscite un fort intérêt à l’international, compte tenu de la taille et de la complexité de l’économie du pays.

 A ce titre, le FMI a émis plusieurs observations sur le e-Naira dont il ressort un large soutien à cette initiative. Le FMI reprend les avantages d’un passif numérique en termes d’inclusion financière (alors que 36% des Nigérians ne possèdent pas de compte en banque), de facilitation des transferts internationaux et de réduction de la part d’économie informelle, grâce à sa tracabilité.

Le FMI souligne toutefois les dangers inhérents à cette monnaie digitale. Outre les risques cybersécuritaires, le FMI pointe les possibles menaces que fait peser le e-Naira sur la stabilité du système financier nigérian, en privant les banques commerciales d’une partie de leurs dépôts. Menace d’autant plus importante, que le FMI estime qu’à terme 90% de la population nigériane pourrait utiliser cette monnaie digitale.

De son côté, la Banque Centrale, en instaurant des plafonds quotidiens de retrait progressifs selon le niveau de sécurité des comptes (20 000 NGN, soit environ 43 EUR avec une authentification minimale), entend atténuer les risques. De plus le lien entre National Identification Number (NIN) et le portefeuille numérique doit à terme permettre une sécurité optimale.

 

Ghana

Le projet de construction d’un port à Kéta estimé à 600 millions USD pour sa première phase

Le Ministère des transports a présenté les résultats des études de faisabilité d’un projet qui nécessitera 600M USD d’investissement et pour lequel le Ghana cherche des investisseurs. Ces études ont été commandées par l’Autorité Ghanéenne des Ports et Docks (GPHA), autorité de régulation, mais également opérateur du  port de Téma. Elles ont été réalisées par un consortium mené par l’entreprise allemande Sellhorn Ingenieurgesellschaft qui a conclu à la viabilité économique et financière du projet. Il nécessitera néanmoins d’importants investissements : 600M USD dès la première phase.

A terme, le port de Kéta comprendra un terminal portuaire généraliste (containers, vrac et chantiers navals), une zone industrielle, une ville nouvelle ainsi que des liaisons autoroutières et ferroviaires.

Ce projet, qui nécessite un réaménagement du trait de côte dans le lagon de Kéta, pose cependant des problèmes écologiques. La nécessité d’un 3e port commercial au Ghana selon la GPHA, justifie la recherche d’investisseurs privés pour une mise en concession, le gouvernement ne souhaitant pas investir.

Le gouvernement présente son projet de budget et de politique économique pour 2022.

Le 17 novembre 2021, le Ministre des Finances, M Ken OFORI-ATTA, a présenté au Parlement, le projet de budget pour 2022. Cette annonce a été l’opportunité pour le gouvernement de revenir sur sa politique économique en 2021 et notamment sur les quatre principaux problèmes que sont le chômage chez les jeunes, l’augmentation du coût de la vie, la faiblesse des revenus et enfin l’importance de la dette publique.

Dans cette optique, le Ministres des Finances a notamment présenté, malgré la réticence des experts à créer de nouvelles taxes, un impôt sur les transactions électroniques. Un taux de 1,75% sera imposé sur les payements via mobile et les transferts bancaires. Cet impôt doit notamment servir à réduire la part du secteur informel qui échappe aujourd’hui à l’Etat. Afin de ne pas réduire l’inclusion financière, les transactions inférieures à 100GHC ne seront pas taxées.

Face au problème du chômage chez les jeunes, et tout en ayant avoué l’incapacité de l’Etat à résoudre ce problème de manière efficace, le gouvernement annonce la création du programme YouStart. L’objectif de ce programme est de créer un million d’emplois par an, subventionné à hauteur de 1 Mds GHC par le gouvernement et de 2 Mds GHC par le secteur privé. Ce programme doit faciliter la création d’entreprises par un système de prêts.