Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le Président BUHARI en visite à Paris dans le cadre du Forum sur la Paix ; Le Nigéria souhaite se tourner vers les obligations vertes pour financer le développement de ses infrastructures ; MTN et Airtel obtiennent le droit de fournir des services de banque par téléphone ; Le Nigéria souhaite diminuer ses exportations de gaz liquéfié pour prévenir les pénuries et baisser les prix.

- Ghana : La hausse de la contrebande d’or incite le Ghana à réexaminer la taxe à l’exportation ; L'inflation au Ghana dépasse à nouveau la cible, notamment du fait de la hausse des prix des produits non alimentaires.

 

 

Le chiffre à retenir:

1,37 million : C’est le nombre de barils de pétrole produits chaque jour au Nigéria au cours du mois d’octobre, soit 15.8% de moins que quota fixé par l’OPEP+.

 

 

Nigéria

Le Président BUHARI en visite à Paris dans le cadre du Forum sur la Paix

Le Président Muhammadu BUHARI est arrivé ce mardi 9 novembre à Paris dans le cadre du Forum de Paris sur la Paix qui a lieu du 11 au 13 novembre. En marge de cet événement international, il a pu rencontrer son homologue français lors d’un déjeuner à l’Elysée. Les deux présidents ont notamment évoqué les pistes pour renforcer les liens économiques entre les deux pays.

Le Président BUHARI s’est également rendu au Nigeria International Partnership Forum, organisé à Paris le 10 novembre. Dans son discours à la communauté d’affaires franco-nigériane, il a défendu son bilan économique, et tenu à souligner les opportunités offertes par son pays pour les investisseurs. Il a de plus fait part de la volonté de son Gouvernement de développer le modèle des partenariats public-privé (PPP) afin de financer sa politique d’infrastructures.

Le Ministre du Commerce extérieur Franck RIESTER, dans son discours d’ouverture de l’événement, a pour sa part rappelé le dynamisme de la relation économique franco-nigériane, incarnée notamment par le Conseil d’affaires France-Nigéra.

Le Nigéria, premier partenaire commercial de la France en Afrique, accueille près de 100 entreprises françaises et près de 20% du stock d’IDE dans la région.

Le Nigéria souhaite se tourner vers les obligations vertes pour financer le développement de ses infra-structures

Après l’Autorité nigériane des marchés finances (SEC) début novembre, c’est au tour de l’Agence de gestion de la dette (DMO) d’exprimer l’intérêt du Nigéria pour les obligations vertes. La directrice générale du DMO, Patience ONIHA, a fait part de son souhait d’engager l’Etat de manière plus active sur ce type de produits financiers, afin d’accompagner sa politique de développement des infrastructures. Si le calendrier reste encore incertain, l’Etat fédéral pourrait intégrer ce marché dès l’année prochaine.

Ce nouveau marché, baptisé « FMDQ [ndr : du nom de la bourse nigériane] Green Exchange », fait suite à l’annonce d’un nouveau partenariat entre les bourses nigériane et luxembourgeoise (LuxSE), qui se donne pour objectif de faciliter l’accès aux capitaux étrangers pour les entreprises et institutions financières nigérianes grâce à un référencement sur les deux marchés.

Pour rappel, le Président Muhammadu BUHARI a estimé à 1 500 milliards de dollars en 10 ans, la somme qu’il faudrait au Nigéria pour rattraper son retard en termes d’infrastructures.

MTN et Airtel obtiennent le droit de fournir des services de banque par téléphone

MTN et Airtel, premier et troisième opérateurs de téléphonie mobile respectivement, ont reçu l’accord de principe de la Banque centrale nigériane (CBN) pour fournir des services bancaires par téléphone (Mobile Money, MoMo). Ces services seront destinés en priorité aux zones rurales et non-bancarisées, en lien avec l’objectif d’inclusion financière de la CBN.

Cet accord acte l’entrée d’opérateurs étrangers sur le marché du MoMo (MTN est sud-africain, Airtel indien), alors que depuis 2020 seuls des acteurs nationaux (Glo et 9Mobile) bénéficiaient de cette licence. Les services MoMo Payment Service (MTN) et Smartcash (Airtel) devraient ainsi être disponibles d’ici six mois. Des cartes de débit prépayées utilisables pour les transactions en ligne seront ainsi proposées, sans nécessité de disposer d’un compte bancaire traditionnel. Alors que plus du tiers de la population nigériane demeure exclue du système bancaire, l’introduction de cette technologie revêt de forts enjeux économiques et sociaux.

Le Nigéria souhaite diminuer ses exportations de gaz liquéfié pour prévenir les pénuries et baisser les prix

Sur un an, la hausse de la demande et la chute de la naira ont entrainé une hausse de 114 % des prix du gaz domestique, passés de 304 NGN/kg en octobre 2020 à 650 NGN/kilo début novembre 2021. Pour faire face, le directeur de l’entreprise NLNG, Philip MSHELBILA, a déclaré cette semaine vouloir réduire les exportations afin de se concentrer sur le marché domestique et de proposer sur le marché intérieur 450 000 tonnes de gaz liquéfié chaque année, contre 250 000 actuellement.

D’autres mesures en ce sens ont également été annoncées, telles que la mise à disposition d’un méthanier et la création de nouveaux terminaux à Lagos afin de diversifier les bases d’approvisionnement en gaz, aujourd’hui concentrées autour Bonny Island (Etat de Rivers). Le Septième train, installation nouvelle de liquéfaction du gaz qui devrait être opérationnel en 2024, permettra d’augmenter les capacités de liquéfaction à l’échelle nationale de 22 à 30 millions de tonnes par an.

Pour rappel, le Nigéria dispose d’importantes réserves prouvées : environ 5,3 Md de mètres cubes, ce qui le classe au 10ème rang mondial et au premier rang d’Afrique, devant l'Algérie et l'Egypte.

 

Ghana

La hausse de la contrebande d’or incite le Ghana à réexaminer la taxe à l’exportation

Suite à l’augmentation de la contrebande d’or, le gouvernement envisage la suppression de la taxe sur les exportations des petits producteurs. Afin de limiter les pertes de revenus liées à la diminution de la production d’or pendant la pandémie de Covid-19, une taxe de 3% à l’exportation, pour les petits producteurs, a été mise en œuvre en mai 2020.

Néanmoins, ses effets semblent avoir été contre-productifs : avant son entrée en vigueur, le Ghana exportait en moyenne 5 tonnes d’or par mois en provenance de ces mines. Depuis l’application de la taxe, une baisse importante du volume d’exportation a été observée, tombé à moins d’une tonne par mois, selon la Precious Minerals Marketing Company. Premier producteur d’or africain, le Ghana cherche également à transformer son or localement, afin de maximiser ses revenus miniers. La Royal Ghana Gold Refinery, première raffinerie d'État, devrait commencer à fonctionner en décembre 2021, avec une capacité de traitement de 400 kg par jour.

L'inflation au Ghana dépasse à nouveau la cible, notamment du fait de la hausse des prix des produits non alimentaires

D’après le Service des statistiques du Ghana (GSS), l'inflation sur un an glissant accélère : elle est passée de 10,6 % en septembre à 11 % en octobre. Le taux d'inflation au Ghana dépasse la cible de 8±2% fixée par Banque centrale, et ce pour le deuxième mois consécutif. Le taux d’intérêt directeur, en baisse depuis 2017, pourrait donc être revu par le Comité de politique monétaire qui se réunira le 22 novembre prochain.

La hausse des prix est particulièrement marquée pour les postes logement, eau, électricité et gaz qui augmentent de 20,6 % et pour celui des transports qui augmentent de 14,9 % en un an. La hausse des prix du pétrole, qui ont atteint cette année leur plus haut niveau depuis 2014, ainsi que la pénurie d'engrais, limitant la production alimentaire, pourraient accentuer cet épisode inflationniste dans les prochains mois.