Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria :  L’Etat de Lagos concentre 81 % des annonces d’investissements au troisième trimestre 2021 ; COP26 : le Président Buhari s’engage à la neutralité carbone pour 2060 ; Controverse sur la largeur des rails au parlement ; L’Etat fédéral menace de poursuites les banques qui financeraient directement les Etats fédérés.

- Ghana : La Banque africaine de développement octroie un prêt de 75 M USD au Fond ghanéen d’investissement dans les infrastructures (GIIF) ; Le Ghana adhère à l'Acte de Genève de l'Arrangement de Lisbonne en matière de propriété intellectuelle.

 

 

Le chiffre à retenir:

1981 : Lors d’une conférence qu’il donnait à Abuja, le Directeur de la Banque mondiale a récemment fait remarquer qu’en 2020, le revenu réel par habitant du Nigéria est repassé sous son niveau de… 1981. Il s’établissait alors à 2180$.

 

 

Nigéria

L’Etat de Lagos concentre 81 % des annonces d’investissements au troisième trimestre 2021

Avec près de 7,3 Md USD, l’Etat de Lagos est la première destination des intentions d’investissement au Nigéria au troisième trimestre 2021 (81 %). Il se classe loin devant Rivers (0,3 Md USD) et Oyo (0,23 Md USD). Le montant total des annonces d’investissements au Nigéria s’élève ainsi à 9 Md USD pour le troisième trimestre 2021 (soit cinq fois plus qu’au deuxième trimestre). Lagos accueille d’ailleurs les trois plus importantes annonces d’inves-tissements du trimestre (NNPC, Egbin Power Plc. et MTN).

Le secteur manufacturier est de loin le premier récipiendaire (3,76 Md USD, soit 42 %), comme lors des deux premiers trimestres, suivi par l’électricité (25 %) et les technologies de l’information (23 %). Près de la moitié des annonces sont des investissements nationaux ce trimestre, la Corée du Sud étant la première source étrangère (22 %).

Toutefois, il convient de souligner que l’écart est systématiquement très important entre les investissements annoncés et ceux réellement réalisés : en 2020, sur 16,74 Md USD annoncés, seuls 2,39 Md USD se sont concrétisés.

COP26 : le Président Buhari s’engage à la neutralité carbone pour 2060

Lors de la COP26 démarrée à Glasgow le 31 octobre, le Président Buhari a déclaré vouloir atteindre la neutralité carbone en 2060. Selon les autorités, il faudra investir plus de 400 Md USD pour atteindre cet objectif, dont 310 Md USD pour la production et la distribution d’électricité verte et 75 Md USD dans la construction et la rénovation de bâtiments.

Le Président Buhari a également fait le lien le réchauffement climatique certains des difficultés actuelles que traverse le pays : la désertification dans les Etats du nord, les inondations dans le centre du pays, la pollution et l’érosion au sud sont autant de facteurs d’instabilité pour le Nigéria.

Les solutions proposées par le Président passent par une transition énergétique assurée par le gaz. Jusqu’en 2040, il doit permettre aux projets solaires, il doit permettre de réduire progressivement la part du pétrole tout en permettant le déploiement de l’éolien et de l’hydroélectrique.

Ainsi, chaque année, ce sont 7GW de capacité de production d’électricité verte qui doivent voir le jour. D’après l’USAID en 2014, le Nigéria émettait 1,01% des émissions mondiales de CO2, alors qu’il représentait 2,45% de la population totale.

Controverse sur la largeur des rails au parlement

Le choix, annoncé par le Ministre des Transports Chibuike Ameachi, en matière de largeurs de voies pour les lignes ferroviaires en projet a fait l’objet de débats houleux au parlement. En cause : le choix de privilégier un écartement ferroviaire standard pour les rails de la nouvelle liaison internationale Kano-Maradi (Niger), tandis que les projets intérieurs seront pourvus d’une voie étroite. Plusieurs députés craignent en effet que cela reviennent à marginaliser les provinces du Nigéria, obligeant le fret ferroviaire international à s’arrêter dans les grands centres urbains avant d’être transbordé, faute de compatibilité technique entre les lignes intérieures et transnationales. Cette différence de traitement contribue en outre à renforcer les antagonismes entre représentants de différentes régions – alors que la ligne Port-Harcourt-Maiduguri – qui n’est pas encore financée – devra se « contenter » d’une voie étroite.

L’Etat fédéral menace de poursuites les banques qui financeraient directement les Etats fédérés

Les banques commerciales risquent des poursuites en prêtant de l’argent au Etats fédérés ou à d’autres entités publiques locales : c’est ce qu’a rappelé cette semaine Victor Muruako, Président de la Fiscal Responsibility Commission, l’organe fédéral chargé de la répression des fraudes et du contrôle de gestion en matière de finances publiques.

 Jusqu’à présent, l’institution se contentait de rappeler leurs obligations aux contrevenants. « Cette époque est désormais révolue », selon le dirigeant, et ils pourraient désormais être présentés devant la Commission pour les crimes économiques et financiers. Quatorze banques contrevenantes ont été identifiées à ce jour.

Les banques nigérianes sont désormais très exposées au secteur public (4 Md EUR fin 2020, soit +18% en un an) et les autorités craignent que la stabilité du secteur ne s’en trouve menacée, si un Etat venait à éprouver des difficultés pour faire au service de sa dette.

 

Ghana

La Banque africaine de dévelop-pement octroie un prêt de 75 M USD au Fond ghanéen d’investissement dans les infra-structures (GIIF)

Après un prêt de 600 millions de dollars accordé au Ghana en juillet dernier pour des projets d’infrastructures, la BAD a consenti à un nouveau prêt commercial de 75 M USD pour le GIIF. Ce dernier devra lui permettre de financer plusieurs projets d’infrastructure essentiels, et ainsi contribuer à résorber le déficit de financement des infrastructures estimé à plusieurs milliards de dollars.

Le GIIF, créé en 2014 et détenu par l’Etat, dispose 325 M USD de capitaux propres et a mandat pour investir, développer et gérer les infrastructures dans le pays. Depuis 2016, le GIIF a engagé plus de 88% de ses fonds propres dans des projets d’infrastructure dans les secteurs des transports, de l’énergie durable et du logement abordable notamment. Il a également réussi à mobiliser plus d’1 Md USD de capitaux provenant de sources nationales et internationales. L’AFD avait octroyé en 2020 une ligne de crédit de 85 M EUR au GIIF.

Le Ghana adhère à l'Acte de Genève de l'Arrangement de Lisbonne en matière de propriété intellectuelle

Le Ghana a déposé le 3 novembre 2021 son instrument d'adhésion à l'Acte de Genève de l'Arrangement de Lisbonne concernant les appellations d'origine et les indications géographiques. L’Acte de Genève entrera en vigueur le 3 février 2022 pour le Ghana.

Cette adhésion permettra au Ghana de protéger ses indications géographiques, tels les paniers Bolgatanga, l’huile de palme rouge « Dzormi » ou encore le beurre du karité et le cacao ghanéens.

L’Acte de Genève, entré en vigueur en 2020 et couvrant dorénavant 35 pays dont le Ghana, offre aux producteurs de produits de qualité liés à l’origine un accès plus rapide et moins coûteux à la protection internationale des appellations distinctives de leurs produits.

Il constitue avec l’Arrangement de Lisbonne l’ensemble du  « système de Lisbonne » pour l’enregistrement international et la protection des appellations d’origine et des indications géographiques.