Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria :  Lancement de la eNaira : ouverture de plus de 200.000 comptes en moins de 24 heures, malgré quelques dys-fonctionnements ; La Banque mondiale fait part de ses divergence sur la méthode en matière de politique monétaire ; La Banque Centrale du Nigéria lance un nouveau programme d’aide au secteur privé ; L’AFD finance la transition énergétique à hauteur de 60 M EUR.

- Ghana :  Le Ghana se classe au 6ème rang des pays africains les plus attractifs en matière d’investissements ; Le cédi continue de se déprécier et devrait terminer l’année à 6,05 GHC pour 1 USD.

 

 

Le chiffre à retenir:

8 280 000 000 ₦ : 8.28 Md NGN …soit 17,3 M EUR : c’est le coût quotidien qu’atteint désormais la subvention à l’essence, soit près de 6 Md EUR par an à ce rythme. Le gouvernement a repoussé sa sup-pression à l’été 2022.

 

Nigéria

Lancement de la eNaira : ouverture de plus de 200.000 comptes en moins de 24 heures, malgré quelques dysfonctionnements

Le Président Buhari a officiellement lancé la eNaira ce lundi 25 octobre, faisant du Nigéria le premier pays africain à se doter d’une monnaie numérique émise par la banque centrale. Moins de vingt-quatre heures après cette annonce, plus de 200.000 porte-monnaie virtuels avaient déjà été créés. Malgré ce succès indéniable, plusieurs dysfonctionnements ont été constatés par les utilisateurs, conduisant à une « disparition » mystérieuse de l’application sur le Google Play Store, peut-être en attendant des améliorations. D’autres craignent que ce vide soit comblé par des applications frauduleuses.

Les caractéristiques de la eNaira, qui la rendent infalsifiable et traçable, doivent lui permettre d’être utilisée dans des transactions sans tiers de confiance : en d’autres termes, les Nigérians devraient bientôt pouvoir payer et épargner en monnaie virtuelle, sans recourir à une banque de détail classique. Les propriétés de la cryptomonnaie peuvent également permettre aux autorités de suivre et contrôler l’usage de la monnaie.

La Banque mondiale fait part de ses divergence sur la méthode en matière de politique monétaire

Shubham Chaudhuri, Directeur-pays de la Banque mondiale au Nigéria, a exprimé des divergences de vues sur la politique monétaire menée par la banque centrale, en particulier au regard de l’objectif de stabilisation des prix. Reconnaissant que les autorités monétaires du pays se sont retrouvées sous forte pression alors que les prix des matières premières chutaient et que les incertitudes sur l’activité étaient à leur paroxysme, il a toutefois estimé que la méthode choisie par les autorités n’étaient la plus à même de parvenir au but recherché. « Mieux vaut permettre à la monnaie de s’ajuster face aux pressions plutôt que d’essayer de tout verrouiller », a-t-il déclaré en substance, sans quoi la pression s’accumulera et des corrections majeures deviendront inévitables. Selon lui, la Banque centrale nigériane doit également prendre en compte les questions pratiques liées à l’accès aux change, élément-clé pour le retour de la confiance des investisseurs dans l’économie nigériane.

La Banque Centrale du Nigéria lance une nouveau programme d’aide au secteur privé

En réponse à la baisse de la Naira, le gouverneur de la Banque Centrale du Nigéria (CBN) Godwin Emefiele a annoncé la mise en place d’un instrument financier appelé « The 100 for 100 PPP ». L’objectif de ce nouvel instrument est de fonctionner par cycles : aider 100 entreprises pendant 100 jours, puis 100 autres au cours des 100 jours suivants, et ainsi de suite. In fine, cette initiative doit aider à renforcer la production locale et la productivité. Le Département « Développement et finance » de la CBN espère que cette aide, versée directement aux entreprises en partenariat avec les banques commerciales du pays, permettra de relancer la production locale, diminuer les importations, relancer les exportations hors pétrole et ainsi renforcer les réserves de change.

L’AFD finance la transition éner-gétique à hauteur de 60 M EUR

La conférence des investisseurs du programme SUNREF dédié aux énergies renouvelables (EnR) fut l’occasion d’annoncer la mise à disposition par l’AFD de 60 M EUR de lignes de crédit pour ce secteur. Distribuer en partenariat avec les banques de détail « Access Bank » et « United Bank for Africa », ces fonds viendront financer des projets et entreprises qui doivent encore être sélectionnés.

Le programme SUNREF, développé par l’AFD et hébergé par la Manufacturers’ Association of Nigeria (équivalent nigérian du MEDEF), accorde des crédits (jusqu’à 10 M USD et cinq ans de maturité) à faibles taux pouvant le cas échéant s’accompagner d’un don équivalent à 10 % du prêt une fois le projet achevé. Suivant des critères financiers clairement définis, ces projets doivent suivre des objectifs d’efficacité énergétique et développer les EnR au Nigéria. Les smart-grids, alliant plusieurs modes de production d’énergie verte (solaire, hydraulique, géothermie, etc.), répondent par exemple à ces critères.

En plus des financements, SUNREF offre des services d’assistance technique aux projets sélectionnés, afin que les entreprises soutenues puissent mieux structurer leurs investissements dans les EnR et tirer profit des opportunités offertes par la finance verte. Pour rappel, d’après la Banque Mondiale, le taux d’électrification du Nigéria est de 56,3 %, et le réseau national ne distribue que 5 GW pour une demande d’environ 50 GW. 80 M de personnes n’ont ainsi toujours pas accès à l’électricité.

 

Ghana

La prime de risque des obligations d’Etat atteint son niveau le plus élevé depuis le début de la pandémie

A l’approche de la présentation du budget 2022 au mois de novembre, cerains investisseurs craignent que le Ghana ne soit pas en mesure d’assurer le service de sa dette. La prime que les investisseurs exigent pour détenir la dette en devise du pays plutôt que des bons du Trésor américain a augmenté de 139 points de base en octobre, pour atteindre 905 points de base, son niveau le plus élevé depuis mai 2020.

A titre de comparaison, le « spread » souverain moyen des marchés émergents a augmenté de 4 points de base au cours de la même période.

Les recettes de l’Etat ghanéen ont été 12% inférieures aux attentes au cours des sept premiers mois de l’année, et la croissance économique risque d’être inférieure à l’objectif de 5% pour 2021, rendant plus difficile le financement du déficit budgétaire du Ghana.

L’écart de rendement entre les obligations 2030 garanties partiellement par le FMI et les titres 2029 non garantis a fortement augmenté, ce qui suggère que les investisseurs se positionnent en fonction de l’éventualité d’un défaut de paiement. Pour certains économistes, compte tenu des taux actuels, le pays pourrait rencontrer des difficultés à refinancer sa dette existante sur le marché des euro-obligations.

Le Ghana a conclu pour l’intégration de son nouveau système d’adresse numérique dans Google Maps

Dès fin 2021, Google intégrera le système d’adresses numériques du Ghana dans son service de cartographie en ligne, marquant un nouveau pas vers un système homogène et défini d’adresses postales et numériques.

Le système national d’adresses numériques (National Digital Address System) a été lancé en octobre 2017 pour résoudre le problème de localisation dans le pays et de renforcer les services de liaisons postales.

Baptisé GhanaPostGPS, il s’agit d’un système d’adressage qui divise le Ghana en grilles de carrés de cinq mètres de côté, et attribue à chacun d’eux une adresse unique.

Grâce à ce système, une adresse permanente a été attribuée à chaque terrain et propriété. L’intégration des adresses GPS dans la cartographie Google Maps permettra aux ghanéens de s’approprier plus rapidement ce nouveau système.