Structure de la dette publique en AEOI

Ce nouveau numéro de notre Lettre mensuelle régionale est consacré à la dette publique dans les pays de la région Afrique de l’Est Océan Indien. Jérôme Baconin étant malheureusement hospitalisé, j’introduis cette lettre mensuelle à sa place, tout en espérant qu’il se remette au plus vite.

Le sujet de la dette publique a suscité des polémiques dans l’espace public, en Afrique de l’Est comme ailleurs. Au Kenya, où après avoir enflammé les réseaux sociaux au printemps, il a fait l’objet de déclarations du Gouverneur de la CBK puis du Parlement, s’inquiétant de l’évolution insoutenable de cette dette. La question de la dette est en effet hautement politique : elle est intrinsèque au développement d’un pays en termes d’infrastructures publiques et attachée à des enjeux de souveraineté lorsqu’elle est en majorité externe (ce qui est le cas de 11/15 pays). Dans certains pays, la charge de la dette représente une part importante des recettes (au détriment des dépenses sociales), ou des exports (ce qui pose la question de sa vulnérabilité aux variations de change et aux devises). Le FMI a ainsi classé 2 pays de la zone en surendettement, 5 en risque élevé et le reste en risque modéré, ceux qui étaient encore en risque faible ayant vu leur situation se détériorer pendant la crise sanitaire (Ouganda, Rwanda, Tanzanie). La crise a mis en avant les fragilités de ces dettes, même si l’initiative de suspension des intérêts de la dette (ISSD) a temporairement allégé les contraintes de trésorerie. L’Ethiopie a choisi d’avoir recours au  Common Framework, au risque de voir sa notation dégradée, et sera peut-être suivie par d’autres pays. Avec plus de recul historique, l’initiative PPTE, dont ont bénéficié 9 pays de la zone il y a vingt ans, a permis de faire baisser durablement les ratios de dette, mais les trajectoires à la hausse continuent d’inquiéter, posant la question du modèle de financement de ces Etats.