Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le Président Buhari présente au Parlement les orientations budgétaires de l’année 2022 ; Le trafic aérien augmente au deuxième trimestre, mais reste encore loin des niveaux d’avant la pandémie ; Les transactions par carte bancaire ont augmenté de 45 % par rapport à l’année dernière.

 - Ghana :  Les prix des fèves de cacao sont les plus élevés d’Afrique de l’Ouest ; Les difficultés du secteur privé conduisent à l’augmentation des prêts non performants.

 

 

Le chiffre à retenir:

2,4% : C’est la prévision de croissance révisée du PIB nigérian pour l’année 2021, telle récemment publiée par la Banque mondiale (1,8% précédemment). Elle s’aligne ce faisant sur les anticipations du FMI.

 

Nigéria

Le Président Buhari présente au Parlement les orientations budgétaires de l’année 2022

Dans son adresse jeudi face aux parlementaires, réunis lors d’une session conjointe du Sénat et de la Chambre des Représentants, le Président Buhari a commencé par rappeler les grands défis budgétaires de l’année en cours : d’une part, la « rallonge » de près de 1000 Md NGN (environ 2 Md USD), nécessaire pour financer les dépassements en matière de santé et de sécurité ; d’autre part, les recettes fiscales inférieures de 34% au prévisionnel sur les sept premiers mois de l’année, en raison notamment de la performance moindre qu’attendue du secteur pétrolier, et du coût croissant de la subvention au carburant.

Il s’est ensuite livré au traditionnel exercice de présentation des orientations budgétaires pour 2022, dernière année complète de la mandature. Au global, le budget du gouvernement fédéral devrait atteindre 16 390 Md NGN (34,5 Md EUR au cours actuel) en 2022 – après 14 570 Md NGN (rallonge comprise, soit 30,7 Md EUR) en 2021. Compte tenu de l’inflation, il s’agirait cependant d’une baisse du budget de l’Etat en termes réels.

Les forces armées et les dépenses de sécurité en général, ainsi que les infrastructures, figurent parmi les priorités du Président – lequel n’a toutefois pas révélé les chiffres de l’investissement public. Il s’est par ailleurs engagé à améliorer l’efficacité de la collecte fiscale, en réformant le système d’imposition et son administration.

Le gouvernement anticipe en outre une nette amélioration de la conjoncture, puisqu’il envisage une croissance en hausse (4,2% retenus pour 2022, contre 2,4% prévu par le FMI en 2021) et une inflation en baisse (13%, soit une baisse de 3 points par rapport à 2021). En définitive, le déficit public représenterait l’équivalent de 3,4% du PIB en 2022 – près de 2 points de moins qu’en 2021.

Le trafic aérien augmente au deuxième trimestre, mais reste encore loin des niveaux d’avant la pandémie

Le National Bureau of Statistics a publié les résultats du trafic aérien au Nigéria pour le deuxième trimestre 2021.

Au plan intérieur, le nombre de passagers sur les vols domestiques en hausse de près de 8% par rapport au premier trimestre : on comptait 1,375 million de voyageurs enregistrés à l’arrivée, contre 1,274 million de passagers au Q1 2021. Lorsque l’on compare avec les chiffres du premier trimestre 2020 (1,596 million de voyageurs comptabilisés) on constate toutefois une sous-performance de l’ordre 16%.

Du côté des passagers internationaux, on comptabilise 220 000 arrivées au deuxième trimestre 2021 contre 213 000 au premier trimestre (+3%). Les vols internationaux sont encore très en-dessous des niveaux d’avant crise, lorsque 420 000 passagers étaient enregistrés au Q1 2020.

Lagos est l’aéroport le plus fréquenté, selon l’Autorité aéroportuaire du Nigéria (FAAN), avec 31,5% des flux domestiques et 74% des flux internationaux. Suivent Abuja, avec 37% des flux domestiques et 24% des flux internationaux, Port Harcourt (7% du trafic domestique) et Kano (4%).

Les transactions par carte bancaire ont augmenté de 45 % par rapport à l’année dernière

La valeur des transactions par carte (terminaux électroniques) a dépassé les 4 000 Mds de Naira (près de 8,45 Mds EUR) durant les huit premiers mois de l’année 2021, soit une augmentation de 45 % par rapport à la même période en 2020, selon le système de règlement interbancaire du Nigéria. Elle a plus de doublé (+108 %) par rapport aux transactions sur la même période en 2019. L’augmentation en volume est encore plus conséquente (+61,8 % avec 619 millions de transactions de janvier à août 2021).

Cette évolution significative suggère une préférence croissante pour les transactions électroniques, compte tenu notamment des volumes de billets de plus en plus importants (en raison de l’inflation et de la dépréciation) nécessaires aux transactions du quotidien. L’augmentation du nombre de transactions est également poussée par la multiplication des kiosques de proximité ou s’effectuent plusieurs types de transactions (dépôt, retrait, recharge de compte téléphonique, etc.) De plus en plus présents, ils permettent aux usagers, parmi lesquels de plus en plus d’étudiants, d’éviter les longues files d’attentes, moyennant de faibles frais de transaction négociés entre le propriétaire du kiosque et les banques elles-mêmes.

S’ils constituent une source de risques pour leurs propriétaires (attaques, cambriolages), les kiosques s’inscriraient, selon Nairametrics Research, dans une baisse tendancielle du recours à la monnaie fiduciaire au Nigéria.

 

Ghana

Au Ghana, les prix des fèves de cacao sont les plus élevés d’Afrique de l’Ouest

L’autorité de régulation de la filière cacao ghanéenne (COCOBOD) a annoncé les prix d’achat des fèves de cacao au producteur pour la campagne 2021-2022.

Le Ghana maintient les prix annoncés en début de campagne, soit 10,31 GHS/kg. La Côte d’Ivoire a annoncé pour sa part une baisse des prix à 825 FCFA/ kg (8,81 GHS/ kg), prenant acte de la chute des prix mondiaux. Ces annonces confirment que les deux pays, qui avaient réussi à se concerter sur leurs politiques de prix l’année dernière, ont du mal à tenir une ligne commune.

Les autorités ghanéennes justifient ce maintien des prix par l’engagement du gouvernement à défendre les intérêts des producteurs de cacao, notamment le différentiel de revenu décent de 400 USD par tonne imposé aux opérateurs et la mise en place d’un régime de pension pour les producteurs de cacao à partir de la saison prochaine.

Les difficultés du secteur privé conduisent à l’augmentation des prêts non performants

Dans un récent rapport, la Banque du Ghana souligne une tendance à la hausse des prêts non performants (PNP) dans les actifs des banques commerciales.

Un prêt est considéré comme « non performant » si des éléments indiquent que son rem-boursement par l’emprunteur est improbable, ou si plus de 90 jours se sont écoulés sans que les versements prévus n’aient été effectués.

Les PNP des banques commerciales ont augmenté en août 2021 et constituent désormais 17,3% de l’encours, soit une hausse de 2,6 points de pourcentage par rapport à janvier 2021. Malgré une croissance dynamique (+3,5% sur les deux premiers trimestres de 2021), les entreprises sont aux prises avec des problèmes de trésorerie et honorent leurs obligations de prêts avec difficulté.

Cette dégradation peut être imputée, d’une part, aux défis économiques généraux découlant de la pandémie et, d’autre part, aux prêts du secteur privé contractés auprès des banques pour des projets gouvernementaux qui n'ont toujours pas été payés.

Pour rappel, le taux d’intérêt moyen des banques commerciales est de 20,5%, ce qui participe également aux difficultés de remboursement des entreprises.