Le Bulletin se compose des productions récentes du Service économique régional de Pékin au sujet de l’économie chinoise.

Vers un renflouement de Huarong par les autorités ?  

Depuis 2018, la structure de défaisance nationale Huarong Asset Management connaît une dégradation inquiétante de sa situation financière, résultant de plusieurs années de diversification risquée. Alors que l’entreprise procède à des cessions d’actifs depuis plusieurs mois, elle a annoncé en août un potentiel plan de recapitalisation, qui serait mené par le conglomérat d’Etat Citic. Dans un contexte où la garantie implicite de l’Etat envers les entreprises publiques est progressivement remise en cause, cette intervention publique témoigne de l’importance systémique de Huarong pour le système financier chinois. En définitive, les autorités cherchent à contenir les risques d’instabilité financière, ce dont témoignent également les renforcements récents de la réglementation financière applicable aux sociétés de gestion d’actifs, aux banques et aux assurances.

Inquiétudes autour de la situation du groupe Evergrande

Actualité au 30 septembre 2021

Quelles perspectives pour les Variable Interest Entity chinois ?

(Nota bene : la note traite les annonces, mesures et réglementations rendues publiques jusqu’à fin août 2021).

Depuis les années 2000, les VIE constituent les structures juridiques privilégiées par les entreprises chinoises souhaitant lever des fonds sur les marchés de capitaux internationaux, contournant ainsi la réglementation chinoise sur les investissements étrangers. Cependant, du fait des risques juridiques, réglementaires et financiers inhérents à ces véhicules,  ils font l’objet d’une attention accrue de la part des autorités de supervision financière en Chine et aux Etats-Unis. Dans le contexte plus global du «découplage financier » sino-américain et de la campagne de reprise en main des géants du numérique par le pouvoir chinois, des incertitudes pèsent sur l’avenir de ces structures, et en conséquence, celui des cotations des entreprises chinoises à l’étranger.

Semestre record pour le commerce extérieur chinois de biens

Après de bonnes performances en 2020, le commerce extérieur chinois bat des records au premier semestre 2021 (2 781,3 Md$  pour les échanges totaux ; l’excédent commercial atteint son plus haut niveau depuis cinq ans pour un premier semestre à 256,5 Md$). Malgré la poursuite des tensions diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis, les flux commerciaux entre les deux pays enregistrent une très forte croissance : les exportateurs chinois bénéficiant de la reprise américaine et la Chine semble s’efforcer de se rapprocher des engagements d’achats de produits américains qu’elle a pris dans le cadre du phase-1 deal. Les perspectives pour le reste de l’année 2021 restent incertaines ; les douanes ont déjà averti que le rythme de croissance devrait être plus modéré au second semestre. Elles dépendront largement de l’ampleur de la reprise aux Etats-Unis et en Europe.

Les échanges commerciaux français avec la Chine continuent d’augmenter 

Malgré des ventes aéronautiques qui peinent à retrouver leur niveau pré-covid, les exportations françaises de biens vers la Chine enregistrent de bonnes performances au premier semestre 2021, en particulier grâce au dynamisme de l’agroalimentaire, la maroquinerie, la chimie et la pharmacie. Nos importations en provenance de Chine continuent quant à elles leur progression, bien que les achats de masques soient quasiment revenus à leur niveau de 2019. Notre déficit commercial vis-à-vis de la Chine se résorbe par rapport à l’an dernier mais reste plus important qu’avant la crise sanitaire : 17,0 Md€ à comparer à 18,8 Md€ au S1 2020 et 14,5 Md€ au S1 2019. Notre exposition commerciale à la Chine progresse quant à elle, de 6,5 % des échanges totaux au S1 2019 à 8 % en 2021.

La souveraineté des données vue par la Chine

La Chine figure parmi les pays les plus restrictifs au monde pour les transferts transfrontaliers de données, avec près de 29 règlementations en place. Si l’obligation de stocker ses données en Chine a été introduite en 2017 par la loi de cybersécurité, force est de constater que sa mise en œuvre a jusqu’ici été inégale. La situation a sensiblement évolué en 2021, dans un contexte de reprise en main du secteur numérique en Chine. Plusieurs textes précisant ces obligations de localisation ont été publiés, à commencer par la loi sur la protection des données personnelles et la loi sur la sécurité des données. Ces mesures relèvent d’un protectionnisme numérique, qui favorise l’émergence d’un système de gestion « découplée » des données à l’échelle mondiale, alors même que l’économie numérique représente une part croissante de la richesse. De plus, le gouvernement chinois se montre proactif pour promouvoir à l’international son modèle de gouvernance des données basé sur le concept de « cybersouveraineté ».

La régulation de l’économie numérique

Le « développement sain, réglementé et durable de l’économie des plateformes » est un concept visant à répondre aux « risques » et « lacunes » inhérents à l’économie numérique, au développement jusqu’alors permissif et non-régulé. Encouragée dès novembre 2020 dans les directives anti-monopoles, la construction d’un système de gouvernance « sain » est préconisée dans le 14e plan quinquennal (mars 2021), mais surtout promue par Xi Jinping lors d’une réunion de la Commission centrale pour les Affaires économiques et financières du 15 mars 2021 consacrée à ce thème. Encouragée dès novembre 2020 dans les directives anti-monopoles, la construction d’un système de gouvernance « sain » est préconisée dans le 14e plan quinquennal (mars 2021), mais surtout promue par Xi Jinping lors d’une réunion de la Commission centrale pour les Affaires économiques et financières du 15 mars 2021 consacrée à ce thème. Ces injonctions au plus haut niveau se sont rapidement traduites par une inflation règlementaire , caractérisée par (1) des lois structurantes (lois sur la sécurité des données et sur la protection des données personnelles, nouvelles directives anti-monopoles) ; (2) de nombreuses régulations techniques destinées à résoudre les excès propres à l’économie numérique ; ainsi que (3) des campagnes de « rectification » en urgence menées par les autorités de régulation contre certains groupes emblématiques (réunion de mises en demeure, audits de cybersécurité, sanctions financières, retrait d’applications…), dont les victimes les plus visibles ont été Ant Group, Alibaba et Didi.

Transport aérien : nouvelles menaces pour la continuité des liaisons aériennes tout-cargo et passagers

Les nouvelles règles sanitaires mises en place depuis août dans les aéroports chinois rendent difficile et dans certains cas impossible l’exploitation des vols cargos vers la Chine. De nouvelles aggravations sont à craindre également pour les vols de passagers et la connectivité aérienne France-Chine.

Déchets importés – vers le développement d’une économie circulaire

Longtemps en tête des importations mondiales de déchets, la Chine a décidé d’y mettre un terme dès 2018 et a de nouveau renforcé sa réglementation en janvier de cette année. L’impact économique de ce changement de politique est notable, avec notamment une réorganisation forcée de la chaîne mondiale des déchets. Sur le plan domestique, la Chine se concentre désormais sur la mise en place d’une filière de collecte/tri/recyclage, tout en continuant à laisser rentrer quelques déchets choisis et à lutter contre les trafics et déversements illégaux de déchets, révélateurs de la persistance d’un secteur informel. 

Vers la fin des investissements chinois dans des centrales à charbon le long des Nouvelles routes de la soie ?

(Nota Bene : il convient de souligner que la présente note est antérieure au discours du président Xi Jinping à l’Assemblée Générale des Nations Unies (AGNU) du 22 septembre 2021, dans lequel il annonçait que la Chine « ne [construirait] plus de nouveaux projets de centrales à charbon à l’étranger ».)

Fin juin, la plus grande banque chinoise, ICBC, abandonnait le financement d’un projet colossal de centrale à charbon de 2,8 GW et 3 Mds USD au Zimbabwe. De tels exemples se sont multipliés ces dernières années en parallèle de l’émergence d’un discours sur le «verdissement» des Nouvelles routes de la soie.

Prospective : le secteur porcin chinois en 2021 et 2022

La production de porc de la Chine diminuera de 5 % en raison des stocks limités de porcelets et des profits plus faibles. La part de la production de porcs chez les éleveurs à grande échelle augmentera. Ceux-ci sont mieux en mesure de gérer les fluctuations des coûts alimentaires et doivent continuer à récupérer les investissements effectués en 2020 et 202[1].

Le marché des grumes de chêne en Chine

Alors que la filière bois française s’inquiète de l’exportation croissante des grumes de chênes vers la Chine, l’étude du marché des grumes de bois en Chine indique que l’appétit chinois pour le chêne étranger devrait rester fort. En effet, les forêts naturelles chinoises de chêne sont interdites de coupe afin d’atteindre les objectifs nationaux de développement durable.

Des dégâts limités sur les cultures et l’élevage au Henan en dépit de la crue

Le jeudi 22 juillet, alors qu’il commençait à pleuvoir doucement dans la province du Henan, tout d’un coup, des averses et pluies diluviennes sont tombées dans la plupart des villes et villages du Henan entraînant crues et inondations. Si les conséquences ont été dramatiques dans certaines villes avec de gros dégâts de propriété et des morts, les dégâts dans les campagnes sont finalement plus limités qu’initialement redouté.