Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Seuls trois Etats fédérés seraient en mesure de boucler leur budget sans les dotations de l’Etat fédéral ; En marge de l’assemblée générale des Nations unies, le Président Buhari évalue les besoins d’investissement du secteur électrique nigérian à 400 Md USD ; Huawei va construire au Nigéria le premier centre de données préfabriqué d’Afrique de l’Ouest ; Le Ministre nigérian du Pétrole souhaite revoir à la hausse ses quotas de production auprès de l’OPEP+.

 - Ghana :  Face à la hausse de l’inflation, la Banque centrale maintient son taux directeur à 13,5% ; Le volume des transactions d’argent sur mobile a dépassé celui de tous les autres modes de paiement, d’après la Banque du Ghana.

 

Le chiffre à retenir:

905 000 000 000 ₦C’est le coût, depuis le début de l’année, de la subvention sur l’essence. Le gouvernement fédéral s’est engagé à la supprimer en 2023 au plus tard.

 

Nigéria

Seuls trois Etats fédérés seraient en mesure de boucler leur budget sans les dotations de l’Etat fédéral

Le think-tank BudgIT a récemment publié son rapport annuel sur « l’état des Etats ». Il ressort que sur les trente-six Etats fédérés que compte le Nigéria, seuls trois d’entre-eux – Lagos, Rivers et Anambra – seraient en mesure de couvrir leurs dépenses courantes avec leurs recettes propres (y compris la TVA). A l’autre extrémité du classement, on trouve l’Etat de Bayelsa, dont les dépenses courantes sont plus de cinq fois supérieures aux recettes propres, suivi de Taraba et Bénoué.

La publication du rapport intervient alors que le mode de fonctionnement de la TVA est remis en cause par une décision de justice : l’Etat de Rivers, s’estimant lésé, conteste le droit de l’Etat fédéral à centraliser puis redistribuer les recettes issues de cet impôt. En cas de confirmation en appel, c’est tout le système de péréquation des dotations actuellement en vigueur qui pourrait être remis en cause, au détriment probable des Etats fédérés les moins prospères.

En marge de l’assemblée générale Nations unies, le Président Buhari évalue les besoins d’investissement du secteur électrique nigérian à 400 Md USD

Lors de son séjour à New-York, Muhammadu Buhari a indiqué que le Nigéria aurait besoin d’investir plus de 400 Md USD dans son système de production électrique – soit à peu près l’équivalent du PIB nigérian – afin de combler les lacunes des infrastructures actuelles tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre.

L’essentiel de cette somme serait absorbée par la construction de centrales électriques et l’amélioration du réseau de transport et de distribution d’électricité.

Le Président du Nigéria ne donne davantage de détails sur les modalités de décaissements de ce montant. Une chose est certaine, selon lui : afin de réussir sa transition énergétique, le Nigéria, qui s’est notamment engager à réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre sur dix ans dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, aura besoin du soutien des pays développés.

Huawei va construire au Nigéria le premier centre de données préfabriqué d’Afrique de l’Ouest

En partenariat avec Huawei, le fournisseur de solutions digitales nigérian Cloud Exchange, l’un des principaux d’Afrique de l’Ouest, lancera le premier centre de données préfabriqué d’Afrique de l’Ouest, baptisé Fusion DC. Poussé par la multiplication de ce type d’investissements au Nigéria (dont RackCentre en 2020 qui a annoncé un investissement de 100 M USD), ce partenariat offre l’avantage d’une construction très rapide : la solution modulaire préfabriquée de Huawei propose un temps de construction de sept mois, contre environ deux ans pour une construction traditionnelle au Nigéria.

Les capacités cumulées des centres de données en Afrique subsaharienne ont crû de 30 % par an entre 2015 et 2020, et pourraient quasiment doubler entre 2020 et 2024. Le Nigéria accueille le plus grand nombre d’internautes du continent – près de 90 millions de personnes, ce qui place le pays au dixième rang mondial.

Le Ministre nigérian du Pétrole souhaite revoir à la hausse ses quotas de production auprès de l’OPEP+

Le salon « Gastech 2021 », qui s’est tenu à Dubaï du 21 au 23 septembre, fut l’occasion pour le Ministre du Pétrole nigérian d’évoquer la question des quotas de production définis par l’alliance OPEP+.

Le Ministre a évoqué un potentiel maximal de 2,2 M de barils/jour, justifiant ainsi une demande de révision du quota, qui était en septembre de 1,614 M de barils/jour (1,23 en août et 1,32 en juillet selon l’OPEP). Une augmentation mensuelle de 17 000 barils/jour est par ailleurs déjà prévue par l’alliance pour compenser les baisses de production dues à la pandémie. Le Nigéria souhaite ainsi bénéficier d’une augmentation de son quota, comme ce fut le cas pour plusieurs pays, dont l’Arabie saoudite et la Russie, lors de la dernière réunion du Groupe en juillet.

Toutefois, la production réelle du Nigéria demeure bridée par des difficultés techniques et opérationnelles qui ne permettraient pas de dépasser les 2 M de barils/jour à la fin de l’année 2021. Pour rappel, la définition des quotas par le groupe de Vienne (OPEP + 10) s’est faite en partie sur la base des niveaux de production d’octobre 2018, alors que le Nigéria souffrait de tensions sécuritaires dans le Delta qui affectaient ses capacités.

 

Ghana

Face à la hausse de l’inflation, la Banque centrale maintient son taux directeur à 13,5%

Suite à la réunion de son comité de politique monétaire, la Banque du Ghana (BoG) a annoncé le maintien du taux directeur à 13,5% afin de lutter contre les pressions inflationnistes croissantes. C’est la troisième fois consécutive que la BoG laisse le taux de référence inchangé : il avait été réduit de 100 points de base en mai 2021 – il était alors à 14,5%.

Selon les derniers chiffres du Ghana Statistical Service (GSS), l'inflation a augmenté en août 2021, à 9,7% sur un an – le plus haut niveau enregistré en cinq mois, très proche de la limite supérieure de la cible la BoG (10%). L’inflation touche principalement les produits alimentaires, le logement et les transports, qui ensemble contribuent aux 4/5èmes de l’inflation.

La BoG prévoit que l'inflation restera dans la fourchette cible à moyen terme de 8±2%, sauf chocs imprévus. L’émission mi-septembre de 1,24 Md GHS d’obligations d’Etat à six ans – avec un rendement de 18,6% – a été intégralement souscrite, confirmant la confiance des investisseurs dans les projections d’inflation de la BoG.

Le volume des transactions d’argent sur mobile (Mobile Money)  a dépassé celui de tous les autres modes de paiement, d’après la Banque du Ghana

En 2020, le volume des transactions d’argent mobile – Mobile Money – s’est élevé à 571,8 Mds GHS (environ 80 Md EUR) au Ghana.

L’introduction de l’argent mobile, dit Momo (Mobile Money), au Ghana en 2009 a eu un impact significatif sur l’économie ghanéenne en fournissant un moyen d’épargne pour les personnes n’ayant pas accès aux banques et permettant les transactions financières en temps réel.

L’importance du Momo s’est encore accrue pendant la pandémie, à la faveur d’un coût d’accès au service très faible, voire gratuit. Si l’introduction de l’argent mobile constitue un progrès, de nombreux défis demeurent pour ce système dématérialisé : sécurisation des réseaux, lutte contre le blanchiment d’argent, mais aussi problèmes de réseau, parfois saturé.