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Edito - Bahreïn, à la recherche d'un nouvel équilibre 

La pandémie recule mais les difficultés restent pour certains pays du Golfe. Le Bahreïn a enregistré le déficit public le plus important de la région en 2020 à 18,3% du PIB et, selon le FMI, la situation restera compliquée cette année puisque le déficit devrait atteindre 9 %. Le gouvernement envisagerait donc de doubler sa TVA à 10 % comme l’Arabie Saoudite qui avait augmenté sa TVA de 5 à 15 % l’année dernière pour faire face à la crise.

Le royaume prélève une TVA depuis 2018, à la suite d’un accord régional entre les membres du CCEAG, mais ne prélève pas d’IR ni d’IS. Les hydrocarbures représentent 55% des recettes budgétaires (61,3% en 2019), en dépit de la diversification importante de son économie (89% du PIB est généré par les activités hors hydrocarbures).

Avec la crise, le plan d’équilibrage budgétaire de 2018 a volé en éclat et l’endettement public du pays a augmenté de 30 points à 133% du PIB ; alors qu’il était inférieur à 20 % en 2008. Compte tenu de la liquidité abondante sur les marchés internationaux et du plan d’aide de ses voisins (10 Md USD à taux zéro versé progressivement depuis 2018), Bahreïn a néanmoins réussi à se financer ces derniers mois.

Le ministère des Finances est conscient que cela ne durera pas. Si Manama veut retrouver l’équilibre budgétaire en 2024 comme promis, des efforts budgétaires importants devront être consentis. La hausse de la TVA est la première piste qui circule et pourrait s’inscrire dans le nouveau plan de redressement budgétaire sur lequel planche le ministère des finances.

Cela ne sera probablement pas suffisant. Il faudra peut-être regarder d’autres mesures. Au plan fiscal, Bahreïn a discrètement approuvé début juillet la proposition de l’OCDE d’un IS minimum mondial, mais qui semble difficilement applicable dans le pays tant le sujet de l’impôt est sensible. Il y a également la piste du nouveau champ de pétrole Khaleej Al Arabia découvert en 2018 et dont les réserves sont estimées à 80 Md de barils. Aucun signe ne permet toutefois de penser que le coût d’extraction sera commercialement viable. Le rééquilibrage financier du pays passera aussi sans doute par une redéfinition de son modèle, très dépendant du marché saoudien. Dans tous les cas, les annonces du gouvernement dans les prochains moins seront déterminantes.

Graphique de la semaine - Solde budgétaire (% du PIB)

solde

Lecture : Bahreïn enregistre un déficit budgétaire depuis 2014 et a atteint un pic en 2015 (-18,3%) qu'il a de nouveau atteint en 2020. 

Source : données FMI

Brèves économiques 

Arabie saoudite 
  • Les exportations de l’Arabie saoudite ont augmenté de 80% en juillet 2021, en glissement annuel, passant de 13,6 à 24,5 Md USD, avec un effet de base majeur du fait de la forte baisse des cours en 2020. Les exportations de pétrole ont atteint 19 Md USD contre 9 Md USD en juillet 2020. En hausse de 18%, les exportations non-pétrolières ont représenté 23% du total. En variation mensuelle, les exportations de l’Arabie ont augmenté de 8,2%. En juillet 2021, les importations de marchandises de l’Arabie saoudite (12,2 Md USD) ont augmenté de 13% par rapport à juillet 2020. L’excédent commercial s’est établi à 12,3 Md USD. Premier partenaire commercial, la Chine a représenté en juillet près de 20% des exportations du Royaume et 22% de ses importations. Les deux clients suivants ont été la Corée (10% des exportations) et l’Inde (9%). Les deux fournisseurs après la Chine sont les États-Unis (10,6% des importations) et les Émirats arabes unis( 6,7%).
  • Selon les dernières données publiées par l'Autorité générale des statistiques et l'Organisation générale de l'assurance sociale (GOSI), 571 333 expatriés ont quitté le marché du travail saoudien au 2ème trimestre 2021 (en g.a.), tant dans le secteur privé que dans le secteur public, soit une diminution de 8,52 %. Parallèlement, le nombre de Saoudiens travaillant dans les secteurs public et privé a atteint 2 064 597 personnes à la fin du mois de juin 2021 (+123 951 Saoudiens sont entrés sur le marché du travail au cours du 2ème trimestre 2021, soit une augmentation annuelle de 6,4 %).
  • L'agence S&P a mis à jour son rapport de notation de crédit de l'Arabie saoudite en confirmant sa notation à « A- » avec une perspective stable. Dans son rapport publié lundi 27 septembre 2021, l'agence table sur un rebond de la croissance économique en 2021. Elle s'attend également à un retour à l’équilibre de la balance courante, à la réduction du déficit public en 2021 et un net rebond de l'activité économique réelle hors pétrole au deuxième trimestre 2021. L'agence a souligné les améliorations dans les secteurs de l'immobilier, de la fabrication, du commerce de gros et de détail, des restaurants et des hôtels. L'agence a également indiqué que l'Arabie saoudite est l'un des rares pays de la région à avoir mis en œuvre de solides réformes structurelles au niveau des finances publiques, ce qui a contribué à la croissance des recettes non pétrolières qui ont représenté environ la moitié des recettes totales en 2020.
  • Le prince héritier Mohammed Bin Salman a dévoilé une stratégie de 13,3 Md USD intitulée « The Arabian Highland » pour le développement des infrastructures dans la région de l’Asir. L’investissement sera concentré sur les projets susceptibles d’augmenter les dépenses touristiques. Un objectif de 10 millions de visiteurs nationaux et internationaux dans l’Asir d'ici 2030 a été fixé. La première phase du projet porte sur l’amélioration des capacités aéroportuaires de la région. 
Bahreïn 
  • Bahreïn envisage de doubler sa taxe sur la valeur ajoutée à 10 % à partir de janvier 2022 pour augmenter les recettes de l'État et réduire son déficit budgétaire qui devrait atteindre 9% du PIB en 2021 selon le FMI (après un déficit de 18% en 2020). Le Royaume prévoit d'atteindre son objectif de budget équilibré en 2024, initialement prévu pour 2022.
    Emirats arabes unis  
  • La cérémonie d'ouverture de l'Exposition universelle de Dubaï aura lieu ce jeudi 30 septembre. Retardée d'un an suite à la pandémie, l'Expo 2020, qui durera du 1er octobre 2021 au 31 mars 2022,  avait été attribué à Dubaï en 2013. Cet évènement, que le gouvernement estime être “The World's Greatest Show”, accueille 192  nations représentées par leurs pavillons et aspire à attirer 25 millions de visiteurs. Le thème de l'Expo « Connecter les esprits, Construire le futur » se scinde en trois sous-thèmes : la durabilité, la mobilité et l'opportunité, chacun situé sur un espace géographique dédié. Le Pavillon France se situe sur la partie « Mobilité ».
  • Les EAU ont procédé à un remaniement ministériel avec la nomination de six nouveaux ministres fédéraux. Parmi eux, Maktoum bin Mohammed Al Maktoum (vice-émir de Dubaï et fils de l'émir Mohammed bin Rashid Al Maktoum) a été nommé vice-Premier ministre et ministre des Finances à la suite du décès de Hamdan bin Rashid Al Maktoum en mars 2020 ; Mohammed al Hussaini (notamment CEO de Du) devient le nouveau ministre d'Etat aux Finances à la place d'Obaid Al Tayer (à ce poste depuis 2008) ; et l'actuelle Ministre d'Etat à la Sécurité alimentaire Mariam Al Mheiri ajoute à son portefeuille le Ministère du Changement climatique et de l'Environnement. 
  • La Banque centrale des EAU (CBUAE) débute la levée progressive du programme de soutien Targeted Economic Support Scheme (TESS) mis en place en mars 2020. Les mesures d’allégement réglementaires des banques (appliquant des exigences moins élevées en termes de fonds propres et liquidités) seront levées d’ici à la fin de l’année 2021, ainsi que les mesures de reports de prêts. Toutefois, la facilité de prêt à 0% sera maintenue jusqu’à la mi-2022. 
  • Le commerce extérieur hors-hydrocarbures de Dubaï a augmenté de 31% au S1 2021 (en glissement annuel) pour atteindre 722,3 Md AED (196,6 Md USD). Les exportations dubaïotes s’élèvent à 109,8 Md AED (30 Md USD ; +45%), tandis que les réexportations ont atteint 198,6 Md AED (54,1 Md USD ; +28,3%). Les importations ont atteint 414 Md AED (112,7 Md USD ; +29,3%). Le premier partenaire commercial de l’émirat demeure la Chine (12% du commerce total), suivie par l’Inde (9,3%) et les Etats-Unis (4,4%). 
Koweït 
  • Une étude gouvernementale a recommandé la création d'une nouvelle banque publique sous le nom de « Banque de développement », chargée d'accorder des prêts aux entreprises et aux institutions à la tête de projets de développement dans le pays. Cette recommandation résulte du retard dans l'achèvement des projets, pour diverses raisons, notamment administratives, techniques, législatives et financières, qui entravent leur mise en œuvre. Les chiffres au cours du dernier exercice (2019-2020) indiquent que 60% des projets ont été livrés au-delà de leurs dates prévues, alors que 39 % des projets se déroulent selon les plans et les délais fixés.
  • Selon un rapport publié par la Gulf Bank sur l'immobilier résidentiel au Koweït, le ratio prix des logements/revenus au Koweït est de 16,5, soit près de 3 fois les prix moyens à Dubaï et à Abu Dhabi, et bien plus élevés que les prix moyens à Riyad ou à Londres. Le rapport a indiqué que le prix moyen du logement à Koweït City est considéré comme le plus élevé parmi les pays du CCEAG, ce qui en fait l'un des l'un des pays les plus difficiles pour devenir propriétaire. 75% des citoyens koweïtiens sont âgés de moins de 40 ans, ce qui stimule la demande de biens immobiliers résidentiels. 
  • Selon un rapport publié par la Société arabe pour l'investissement et la garantie de crédit à l'exportation, l’an 2020 a vu la mise en œuvre de neuf projets d'investissement étranger au Koweït pour un coût de 210 M USD. Le rapport indiquait que le nombre de projet d'investissement au Koweït avec des capitaux étrangers de 2003 à fin 2020 s'élevait à 226 dans divers secteurs pour une valeur de 12,5 Md USD. Les projets immobiliers sont en tête avec 3,1 Md USD, soit 26,5 % de la valeur totale. Selon le rapport, les Émirats arabes unis se classent au premier rang des dix principaux pays investisseurs au Koweït avec la mise en œuvre de 60 projets pour un des investissements à hauteur de 2,9 Md USD. La France a mis en œuvre sept projets d'un montant de 2,15 Md USD. 
Oman 
  • Selon le Centre national pour les statistiques et l’information (NCSI), le PIB du Sultanat d’Oman a progressé de +10,1% au premier semestre 2021 en g.a., à 15,3 Md OMR (39,8 Md USD), tiré notamment par la hausse du PIB hors hydrocarbures (+11,1% en g.a). Le PIB hydrocarbures a augmenté pour sa part de +8,7% sur la même période. 
  • D’après le groupe public Minerals Development Oman (MDO), l’exploitation commerciale des carrières de gabbro situées à Liwa, dans le nord du pays, devrait débuter au mois d’octobre 2021. La capacité de production du site pourrait atteindre 2,4 millions de tonnes par an dans un premier temps, extensible à 5 millions de tonnes à terme.
  • Oman Reinsurance Company (OmanRe) envisage de lever 10 M OMR (26 M USD) sur les marchés dans le cadre d’une introduction en bourse (IPO) prévue en octobre 2021. Cette IPO devrait porter le capital de l’entreprise à 40 M OMR (104 M USD).
Qatar  
  • Une mission de dirigeants d’entreprises de haut niveau s’est rendue au Qatar dimanche 26 septembre 2021, co-organisée par le MEDEF International, l’Ambassade du Qatar en France et le Service économique de Doha. Co-présidée par M. Guillaume Pepy (président du Conseil France – Qatar du MEDEFi) et M. Patrick Pouyanné (PDG de Total Energies), elle a réuni les dirigeants de onze entreprises d’horizons variés (Crédit Agricole, Egis, Engie, Gaussin, Keolis, Sénalia, Suez, Technip Energies, Thales, Total Energies, Vinci Construction Grands Projets). La délégation a ainsi été reçue au Diwan par SE Khalid Bin Khalifa Al Thani dans sa double qualité de Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur, le Ministre de l’Energie Saad Al-Kaabi, le Ministre du Commerce et de l’Industrie également en charge par intérim des finances Al-Kuwari, le Ministre des Municipalités et de l’Environnement Al-Subaie ainsi que la Secrétaire d’Etat au numérique Reem Al-Mansoori.  Les chefs d’entreprises ont également pu échanger avec le PDG du Comité Suprême en charge de l’organisation de la Coupe du Monde, Hassan Al-Thawadi, ainsi qu’avec le Président du Conseil d’Administration de la Qatar Chamber Khalifa Bin Jassim Al-Thani, et ont visité la Qatar Free Zone.
  • La compagnie aérienne nationale Qatar Airways a publié ses résultats pour l’année fiscale 2020/21, faisant état de 4,1 Md USD de pertes nettes (contre 1,9 Md USD l’an passé, +112%). Le résultat d’exploitation du groupe affiche une perte de 228 M USD (montant réduit de 7% par rapport à l’année fiscale précédente). L’excédent brut d’exploitation de Qatar Airways se monte à 1,6 Md USD (contre 1,4 l’an passé). La compagnie a également annoncé avoir reçu 3 Md USD d’aides publiques pour surmonter la crise Covid.
  • La balance commerciale de marchandises a affiché un excédent de 5,3 Md USD en août 2021, soit un résultat en hausse de +177% en glissement annuel. Les exportations totales ont augmenté de +94% sur la même période (7,5 Md USD). Les importations ont, elles, augmenté de +14% (2,2 Md USD). Sur les huit premiers mois de l’année, la balance commerciale affiche un excédent de 34,4 Md USD, soit un résultat en hausse de 101% en glissement annuel.

Clause de non-responsabilité : Les Brèves économiques de la péninsule arabique, réalisées à partir d’informations recueillies en source ouverte, sont à but strictement informatif. Le SER décline toute responsabilité quant à l’utilisation qui pourrait être faite des informations qu’elles contiennent.