SITUATION SANITAIRE (COVID-19)

La pression sanitaire continue de baisser. En Espagne, l’incidence est tombée à 65 cas/100 000 hab. sur 14 jours au 27/09. De nombreuses régions assouplissent les jauges et autres restrictions. En Andalousie, les églises peuvent revenir à une jauge de 100% et les processions peuvent de nouveau être organisées à Séville. Le stade Santiago Bernabeu, du Real Madrid, vient de rouvrir au public. Un match a pu s’y jouer devant 20 000 spectateurs, 560 jours après le début de la pandémie.

Le Portugal affiche l’un des taux de vaccination les plus élevés au monde, avec près de 85% de sa population complètement vaccinée et 88% avec une dose. Le taux d’incidence continue de baisser pour atteindre 137 cas/100 000 hab. sur 14 jours au 23/09 et le nombre d’hospitalisations diminue également. Grâce au succès de la campagne de vaccination et l’atteinte de la cible des 85% complément vaccinés, le gouvernement a annoncé le 23 septembre la levée quasi-totale des restrictions sanitaires à partir du 1er octobre.

ACTUALITÉS AGRICOLES

Éruption du volcan de La Palma

Plusieurs centaines de plantations de banane détruites. L’éruption en cours du volcan Cumbre Vieja sur l’île de La Palma (Canaries), l’évacuation de plus 6 000 personnes, et l’ampleur des dégâts occasionnés continuent de mobiliser l’actualité espagnole. Entre 300 et 400 exploitations agricoles auraient été détruites par le passage de la lave, pour la plupart de la filière banane, très développée sur l’île (50% du PIB et 30% des emplois, avec 5 300 planteurs produisant 150 000 t de « platano », soit plus du tiers de la production totale de bananes de l’archipel des Canaries). Sur les plantations épargnées par la lave, la récolte semble compromise faute d’irrigation (le réseau ayant été détruit par les coulées en amont) ou/et d’accès aux parcelles. Le risque volcanique n’étant pas prévu dans le système espagnol d’assurance agricole, le président du gouvernement Pedro Sánchez a annoncé que l’État viendrait en aide aux agriculteurs sinistrés.

 

Politiques agricoles

Plan stratégique national (PSN) de la future PAC : des négociations espagnoles difficiles. Le ministère de l’Agriculture (MAPA) fait face à un calendrier très serré. Il multiplie les réunions avec les Communautés autonomes dans l’espoir de clore les sujets techniques fin septembre, emporter un accord politique avec les régions en octobre, et transmettre le projet de PSN à la Commission fin décembre après le feu vert de l’autorité environnementale. Mais les débats restent tendus entre Madrid et les régions. Sur les écorégimes, les régions du Nord (Galice, Asturies, Cantabrie, Pays Basque) considèrent que la proposition du ministère ne répond pas à leurs attentes. Les professionnels se sentent écartés de la négociation nationale. Ils sont eux-aussi très préoccupés par l’application des futurs écorégimes, mais également par la hausse importante des coûts de l'énergie, l'augmentation générale du coût des transports internationaux et la gestion des assurances agricoles.

PSN portugais : des négociations retardées et des premières annonces contestées. Initialement prévue en juillet, la présentation d’une première version du PSN a été reportée à fin septembre. Le délai restreint pour les négociations, avant transmission du projet national en fin d’année à la Commission, suscite des inquiétudes chez les parties prenantes. Des premières orientations ont été annoncées en juillet par le ministère de l’Agriculture : (i) augmentation en 2022 des paiements au titre du régime des petites exploitations de 150 € à 1 000 € et extension du paiement redistributif de 120 € aux 10 premiers ha ; (ii) poursuite de la convergence des paiements directs en vue d'un paiement uniforme en 2026 ; (iii) maintien des paiements spécifiques pour les secteurs en difficulté (lait, riz, petits ruminants, tomate et vache laitière). Pour la mise en œuvre de ces mesures, le renforcement des paiements directs sera maintenu à 85 M€, via un transfert du 2ème au 1er pilier. Suite à ces premières annonces, 15 associations environnementales ont publié une tribune dénonçant une « une agriculture du passé qui engage l'avenir » et appelant le secteur à faire une vraie transition écologique.

 

Plan de relance et de résilience

Gestion hydrique - Barrage de Pisao. Le barrage de Pisao, l’un des plus importants investissements à venir dans le Haut-Alentejo, a été officiellement présenté par les autorités portugaises cet été. Inscrit dans le PRR (120M€), le projet bénéficiera à 110 000 habitants et 15 municipalités de l’Alentejo. Si le principal objectif est de garantir la disponibilité d'eau pour une consommation urbaine dans cette région touchée par des carences hydriques, le barrage doit aussi permettre de reconfigurer l'activité agricole et de créer de nouvelles opportunités économiques, notamment dans les secteurs de l'agriculture, du tourisme et de l'énergie.

 

Environnement-biodiversité

Désastre écologique dans la plus grande lagune espagnole d’eau salée : les agriculteurs pointés du doigt. Depuis le 16 août, près de 4 tonnes de poissons se sont échouées sur les rives de la « Mar menor » (lagune d'eau salée de 17 000 ha située au sud-est de la région de Murcie). Alors que les chercheurs sont divisés sur les causes de ce désastre, nombreux sont ceux qui pointent du doigt l’épandage de fertilisants par les agriculteurs de cette zone, qui contribuerait à l’eutrophisation de cet écosystème. Face à la mobilisation des associations environnementales, la Ministre pour la transition écologique a annoncé une enveloppe de 300 M€ d’aides pour la modernisation des infrastructures de canalisation, et la création d’une « ceinture verte » de 390 ha où sera interdite l’utilisation de tout fertilisant.

 

Fruits et légumes

Agrumes espagnols : une « petite » campagne 2021/22 en perspective  (6,7 Mt). Selon les prévisions du MAPA, la récolte espagnole d’agrumes en 2021/22 devrait s’établir à 6,705 Mt, en recul de 4,8% par rapport à la campagne antérieure. Ce sont les clémentines (1,06 Mt) et surtout les citrons (1,01 Mt) qui devraient connaître la plus forte baisse, tandis que les pomelos devraient au contraire voir leurs volumes augmenter (84 000 t). Les oranges constitueraient plus de la moitié des agrumes récoltés, pour un volume (3,5 Mt) stable par rapport à 2020/21. Les professionnels de la région de Valence, principale région de production, impute cette baisse globale aux dégâts provoqués par la cochenille sudafricaine d’une part, et aux intempéries (grêle, pluies torrentielles) d’autre part. Ils estiment que les marchés n’auront aucun mal à absorber de tels volumes. Ils prévoient un maintien de l’embellie des prix enregistrée lors des 2 campagnes antérieures sous l’effet de la hausse de la demande dans le contexte de la crise Covid, tant sur le marché intérieur qu’à l’export. Ils redoutent cependant des tensions en matière de rentabilité des exploitations, en raison de la hausse des coûts de production, liée notamment au manque de solutions efficaces contre les maladies et ravageurs, les producteurs étant contraints de multiplier le nombre de traitements à l’hectare.

De bonnes prévisions pour la campagne fruitière portugaise. Selon les prévisions agricoles de l’INE fin juillet, la production de pommes et de poires devrait augmenter respectivement de 15% et 40% en 2021, atteignant des niveaux de productivité supérieurs à la moyenne des 5 dernières années. Pour les pêches, une hausse de 20% du rendement unitaire est attendue par rapport à 2020. Dans le secteur des amandes, sous l’effet de l'entrée en pleine production de nouveaux vergers, la productivité devrait également progresser de 20% pour atteindre 0,7 t/ha, soit le niveau le plus élevé des 2 dernières décennies. Enfin, la production de cerises devrait tripler en 2021, avec un rendement unitaire supérieur à 3,7 t/ha, malgré quelques difficultés dans les variétés les plus précoces. Ces bons résultats résultent en partie des conditions météorologiques favorables du mois juillet.

 

Vin

Vendanges espagnoles : nouvelle révision à la baisse des prévisions de production de vin. Conséquence de la sécheresse, de la grêle et du gel, le MAPA prévoit une campagne 2021-22 encore plus faible qu’annoncé par les coopératives en août, entre 38 et 39 Mhl (vin et moûts), soit 16 à 18% (7,5 à 8,5 Mhl) qu’en 2020-21. Toutefois, les stocks de début de campagne (37,6 Mhl de vin) restent supérieurs à la moyenne des 5 dernières années (32,9 Mhl). La filière espagnole mise sur le maintien de la reprise des volumes commercialisés sur le marché intérieur et à l’export, constatée depuis le printemps à la faveur de l’allègement des restrictions sanitaires en Espagne et du rebond de la demande mondiale. Dans cette conjoncture bien plus favorable que celle de la campagne précédente, les vignerons estiment que le prix du raisin n’a pas suffisamment augmenté. En effet, les bodegas, dont la priorité est d’essayer de compenser une partie des pertes d’activité subies en 2020 et de la hausse actuelle des coûts de production industrielle, restent extrêmement prudentes à ce stade.

Vendanges portugaises : des volumes en légère hausse et une production de bonne qualité. Alors que les vendances ont déjà commencé, les prévisions indiquent que la récolte 2021/2022 sera plus juteuse que la précédente. La récolte devrait produire 6,5 Mhl (+1%), malgré une instabilité météorologique observée tout au long du cycle végétatif de la vigne. Cette légère hausse de la production est portée principalement par les régions du Douro, de Porto (+20%) et des Terras de Cister (+35 %), les plus touchées par la baisse de production lors de la campagne précédente. En revanche, de fortes baisses sont prévues pour les Açores (-25%), le Minho (-15%) et Lisbonne (-15%). Outre la quantité, la recolte devrait être constituée de vins de bonne qualité d’après l’Institut du Vin et de la Vigne (IVV).

Augmentation des capacités de production de vin de Porto. Le conseil interprofessionnel de l'Institut des Vins du Douro et de Porto (IVDP) a annoncé fin juillet qu'un total de 104 000 barils (de 550 litres) de moûts seront transformés en vin de Porto lors de la prochaine récolte (+2 000 par rapport à 2020). L'association Avadouriense estime toutefois cette progression très insuffisante au regard des besoins et des possibilités de la région, qui nécessiterait selon elle une capacité de 120 000 barils.

 

Lait et produits laitiers

Un prix du lait à la production au Portugal le plus faible de l’UE. Les producteurs de lait portugais perçoivent, en moyenne, le prix du lait à la production le plus faible d'Europe (29,9 c€/kg), soit 6 c€ de moins que la moyenne européenne. Fin août, plusieurs centaines de producteurs se sont réunis dans le district de Braga pour dénoncer les prix jugés insoutenables reçus par le secteur pour son activité. Alors que la situation des producteurs s’est aggravée suite à l'augmentation des coûts de production, notamment le coût des aliments pour animaux (+30 % depuis début 2021), l'Association des producteurs de lait du Portugal (Aprolep) attend des réponses concrètes des autorités et des distributeurs. Le gouvernement a annoncé début septembre la création d’un sous-comité spécifique sur le secteur, qui doit élaborer un rapport et des propositions d’intervention d’ici la fin d’année.

COMMERCE EXTÉRIEUR

Chine : des inspecteurs chinois ont retiré l’autorisation d’exporter à plusieurs abattoirs espagnols. L’Association espagnole des éleveurs de porcs (ANPROGAPOR) a confirmé que, lors d’une visite dans le pays courant août, des inspecteurs chinois ont déréférencé 5 abattoirs espagnols, tous de taille importante (The Pink Pig [Groupe Jorge], Carnes Selectas [Campofrío], Guissona, Mafresa, Basella), qui ont depuis perdu l'accès au marché chinois. Les motifs avancés par les inspecteurs sont multiples (documentation non conforme, etc.). Selon les professionnels espagnols, la Chine chercherait surtout à ralentir ses importations de viandes de porc pour tenter de stabiliser son marché intérieur.

Royaume-Uni : l’Espagne a nettement amélioré son excédent commercial en 2020. La valeur des exportations espagnoles de produits agroalimentaires au R-U a augmenté l’an passé de près 4% par rapport à 2019, pour atteindre 4,2 Md€, dépassant la barre de 4 Md€ pour la troisième année consécutive. Le secteur le plus dynamique fut celui des fruits et légumes (2 Md€). A l’inverse, les importations en Espagne de produits britanniques ont reculé de 29% (moins de 900 M€). L’excédent commercial de l’Espagne avec le R-U a ainsi dépassé 3,3 Md€, soit une hausse de 19% par rapport à 2019.

États-Unis : pour la première fois, l’olive de table espagnole cède son leadership à sa concurrente marocaine. Les exportations espagnoles d’olive de table noire continuent de se dégrader sur le marché américain : 5 921 t sur le premier semestre 2021, soit une chute de 6% par rapport à la même période en 2020, et de 69% par rapport à 2016, dernière année avant l’application des surtaxes douanières imposées par l’administration Trump, pendant laquelle l’Espagne avait expédié 19 000 t d’olive de table noire au premier semestre. De son côté, le Maroc a vu ses ventes outre-Atlantique bondir de 110% sur la période (6 418 t), dépassant pour la première fois l’Espagne sur ce marché.

Le secteur agricole portugais améliore sa balance commerciale en 2020. Selon le rapport de juillet 2021 de l’INE, les exportations de produits agricoles et agroalimentaires ont augmenté en 2020 (+5,8% par rapport à 2019), à l’inverse des exportations globales de biens (-10,2%). Les importations ont quant à elles diminué  (-1,8%), améliorant donc la balance commerciale (diminution du déficit de 429,7 M€). L’INE considère que ces bons résultats commerciaux démontrent la résilience du secteur.

Mobilisation de militants allemands contre l’agriculture intensive dans l’Alentejo et l’Algrave (sud du Portugal). Les promoteurs de la campagne demandent aux consommateurs allemands de boycotter les produits issus de ces cultures jugées super-intensives, particulièrement les serres de baies et d’avocats. Le manifeste de la campagne allemande souligne la présence de 40 000 travailleurs immigrés dans l'Alentejo vivant dans des conditions « inhumaines » (sic). Les producteurs portugais regrettent l'initiative et craignent un impact négatif sur les ventes.

Vin portugais :  exportations en hausse (+19,3 % en valeur, +14,5% en volume) au S1 2021 en glissement annuel. Elles atteigent  436 M€ et représentent une augmentation de 9,2% par rapport au S1 2019. Selon l’association ViniPortugal, le prix moyen a augmenté de 4,2% au cours de la même période. Les États-Unis et le Brésil sont les principaux marchés en hausse (+22,2% et +42,3% respectivement). La France reste la principale destination d’exportation (56,7 M€, +14,5%), suivi des États-Unis (54,7 M€) et du Royaume-Uni (33,0 M€, +12,8 %).

PÊCHE MARITIME ET AQUACULTURE

Projet espagnol de recherche visant à lutter contre les captures accidentelles. L’Institut océanographique espagnol vient de lancer un projet de recherche, cofinancé par le Secrétariat général des pêches et le FEAMP, visant à évaluer l'efficacité de nouveaux dispositifs pouvant être utilisés dans la pêche au chalut.  Le projet comprend des tests de dispositifs visant à réduire les captures accidentelles de dauphins dans les filets grâce à l’utilisation de plusieurs caméras sous-marines permettant d'observer le comportement des poissons à l'intérieur des filets.

Aides destinées à la recherche dans le secteur aquacole. Le MAPA a publié au Bulletin officiel du 13 septembre un appel à projets en recherche et développement, doté d’une enveloppe d’aides de 2,3 M€, afin de renforcer la compétitivité du secteur aquacole. Ces aides, dont pourront bénéficier les instituts, centres de recherche et universités publiques spécialisées dans le domaine de l'aquaculture, seront cofinancées par l'Etat central et le FEAMP.

Signature d’un nouvel accord bilatéral sur la pêche entre le Portugal et l’Espagne fin juin 2021. Le Portugal et l'Espagne ont signé un nouvel accord de pêche qui régit l'accès à leurs eaux respectives continentales au-delà des 12 miles et dans les zones frontalières à l'intérieur des 12 miles. L'accord bilatéral existe depuis 1986, après l'adhésion des deux pays à la Communauté économique européenne.

Nouvelles limites de capture de sardines imposées par le gouvernement portugais. Les nouvelles mesures imposent pour 2021 une limite globale de débarquement de 27 000 t de sardines capturées par senne coulissante. À la demande du Portugal et de l'Espagne, le Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM) a validé la nouvelle règle d'exploitation, suite à la dernière évaluation de l’état de la ressource.

81 nouveaux projets d'aquaculture dans le cadre du programme « Mar 2020 ». Le montant total des investissements s’élève à 103 M€, dont 41 M€ financés par des soutiens publics. Les projets sont principalement situés dans l’Algarve (39), suivi des régions Centre (16) et de Lisbonne (12). Ils devraient permettrent l’accroissement de la productivité et la diversification de certaines filières du secteur (algues, sole, turbot, bar, dorade, truite et bivalves). D’autre part, 44 projets de recherche et d'innovation sont en cours de développement, avec une enveloppe de 26,5 M€.