Investissements directs étrangers en ASEAN en 2020
Sur fonds de crise sanitaire, les flux d’IDE entrants en ASEAN ont reculé de 25% en 2020 selon la CNUCED, une contraction moindre qu’à l’échelle mondiale (-35%). On constate par ailleurs que les flux français dans la région ont chuté de 104%, résultant en un recul d’environ 7% du stock investi dans la région. Comme les années précédentes, Singapour attire plus des deux tiers des IDE en tant que hub régional, tandis que la répartition sectorielle reste dominée par la finance et l’industrie.
I. Fléchissement de 25% des flux mondiaux d’IDE vers l’ASEAN en 2020 …
Selon le dernier rapport de la CNUCED sur les investissements directs, l’année 2020 s’est soldée par un repli de 25% des flux d’IDE entrants en ASEAN, à 137 Mds USD. À titre de comparaison, la baisse accusée est de -35% à l’échelle mondiale, une chute qui détone avec les deux années qui ont précédé : 2019 avait marqué un niveau record des flux entrants d’IDE, à 182 Mds USD (+24% vs 2018). En 2020, de nombreux facteurs ont pesé sur le climat des affaires et les choix d’investissements, parmi eux, les mesures de confinement, les ruptures des chaînes d’approvisionnement, la baisse des ventes des entreprises et les vagues épidémiques successives.
En dépit du repli affiché, la zone ASEAN n’en est pas moins restée attractive, comme le montre l’augmentation de sa part dans les flux d’IDE mondiaux, de 11,9 à 13,7% (cf. Annexes 1 et 2). En outre, la part des IDE intra-région a augmenté de 12 à 17%, preuve si l’en est que la région pourrait bénéficier de sa plus forte intégration à l’avenir, illustrée par la signature récente de l’ALE régional RCEP en novembre 2020.
II. … mais un repli bien plus important des flux d’IDE français (-104%)
Dans le contexte de crise sanitaire durant l'année 2020, les flux d’IDE français à destination des pays de l’ASEAN ont été comparativement bien plus affectés, atteignant des niveaux quasi-nuls voire négatifs dans la plupart des pays, et totalisant -216 M USD (cf. Annexes 3 et 5, source Banque de France), alors qu’ils atteignaient un niveau record une année plus tôt (+5,0 Mds USD, après +628 M EUR en 2018).
Cette baisse des flux est d’autant plus marquante que les flux français ont augmenté de 33% globalement. Les principales sorties nettes d’IDE dans la région ont concerné l’Indonésie (-73 M USD), la Malaisie (-63 M USD) et les Philippines (-62 M USD) tandis que la Birmanie a enregistré les plus importantes entrées d’IDE, mais pour un montant de seulement 10 M USD. La majorité des flux (70%) sont constituées d’opérations intra-groupes, et non de dividendes réinvestis et/ou d’augmentations de capital, ce qui s’explique en partie par la baisse des chiffres d’affaires.
S’ils ne sont pas visibles au travers des flux, certains projets d’investissement ont bien pu aboutir en 2020, à l’instar de l’ouverture du siège régional de TotalEnergies à Singapour ou encore l’ouverture d’une filiale d’Europ Assistance (Generali) en Thaïlande en janvier 2020. En octobre 2020, le groupe SUEZ a également signé un contrat aux Philippines pour la conception et la construction d’une station d’épuration à Manille.
Dans le sens inverse, les flux d’IDE en France en provenance d’ASEAN ont également été négatifs, atteignant -1,3 Md USD, après +1,2 Md USD en 2019.
III. … résultant en un recul de 7% du stock d’IDE français dans la région
Le stock d’ID français en ASEAN s’est ainsi établi à 19,8 Mds USD fin 2020 (-7,1% par rapport à 2019), un niveau restant supérieur à celui de 2018 (16,7 Mds USD). Les investissements français en ASEAN ont représenté 1,4 % du stock total d’ID français dans le monde en 2020 (cf. Annexe 4). À titre de comparaison, le stock total d’IDE en ASEAN (2 913 Mds USD selon la CNUCED), a représenté 7% du stock d’IDE dans le monde, témoignant de la marge de progression de la France pour accroître sa présence économique dans la région.
Singapour continue d’attirer la majorité des IDE, avec plus des deux tiers du stock (soit 13,1 Mds USD, en baisse de 5,5%, cf. Annexes 5, 6, 7 et 8), loin devant l’Indonésie (1,7 Md USD, -12,9%), la Thaïlande (1,6 Md USD, -9,5%), et la Malaisie (1,3 Md USD, -11,6%) – des montants probablement minorés par la qualité de hub régional de Singapour, les entreprises françaises ayant propension à s’implanter dans la cité-Etat, compte tenu des mesures incitatives déployées par les autorités et de l’environnement des affaires extrêmement favorable.
La pandémie et les difficultés économiques qu’elle engendre, notamment avec les quasi interdictions de voyage dans la région, ont cependant fortement compliqué la position des sièges régionaux, qui pourraient choisir temporairement de se relocaliser vers leurs principaux marchés en Asie. Une baisse du nombre de Français à Singapour est également possible à terme, selon l’évolution de la situation sanitaire et la politique de réouverture choisie par Singapour.
Dans le sens opposé, le stock d’IDE en provenance d’ASEAN en France s’élève à 3,1 Mds USD, soit six fois moins que ce que la France investit dans la région, et en baisse de 31% en 2020 (après +36% en 2019).
IV. La répartition sectorielle reste dominée par les secteurs de la finance et de l’industrie.
L’analyse de la répartition sectorielle des flux d’ID français entre 2012 et 2020 révèle une prépondérance des services de finance & assurance (30% en moyenne, cf. Annexe 9), de l’industrie manufacturière (26%) et des activités scientifiques et techniques (24%, allant des services juridiques à l’informatique). Cette répartition est cohérente avec la présence des grands français dans la région, notamment dans :
- le secteur agroalimentaire (Bel, Danone)
- dans les secteurs pharmaceutique et de la chimie (Servier, Air Liquide, Novacap)
- dans l’énergie (TotalEnergies, Engie, EDF)
- dans la finance (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, AXA).
Si l’investissement français est fortement axé sur l’industrie manufacturière et les industries extractives en Indonésie et en Malaisie, elle est plus équilibrée entre industries et services à Singapour (Annexe 10) et en Thaïlande. Les Philippines concentrent principalement des IDE dans la construction (Vinci, Bouygues) tandis que les pays moins développés (Vietnam, Cambodge, Laos) attirent des IDE dans les services (financiers notamment).
Selon Business France, les employeurs originaires de l’ASEAN en France opèrent principalement dans l’hôtellerie (Dorchester Collection, Brunei, 1 000 employés), l’agro-alimentaire (Thai Union Group, Thaïlande, 800 employés), l’immobilier et la logistique (Capitaland, Singapour, 600 employés) et la chimie (PTT, Thaïlande, 550 employés).
Annexes