Le 22 septembre 2021, le ministère des Finances a publié ses nouvelles prévisions macroéconomiques. Par rapport à ses prévisions de juin dernier, le ministère a revu les perspectives de croissance à la baisse. En 2021, l’économie slovaque devrait croître seulement de 3,7 %, en baisse de 0,9 point par rapport au juin et la même tendance est observée en 2022. Ce ralentissement est dû à l’impact de la troisième vague de la pandémie et résulte également du déséquilibre entre l’offre et la demande.

En 2021, la croissance du PIB devrait atteindre 3,7 %. Le ministère souligne que la levée des restrictions après la deuxième vague s’est traduite par la hausse de la consommation des ménages au deuxième trimestre, l’économie slovaque rejoignant son son niveau d’avant-crise au troisième trimestre. 

La relance en 2021 sera atténuée par la troisième vague de Covid-19. Pour la surmonter, le ministère des Finance plaide pour l’adoption des mesures pandémiques moins strictes par rapport aux mesures appliquées pendant la deuxième vague. Néanmoins, la consommation des ménages devrait se contracter de 2 % au quatrième trimestre affectant les secteurs de l’hébergement et de la restauration, des loisirs et de la culture. Pour autant, l’industrie devrait demeurer résistante et solide. Ainsi, le PIB au quatrième trimestre ne devrait diminuer que de 0,1 %. En 2021, la consommation des ménages devrait s’établir à 0,2 % tandis que celle de l’administration publique progressera de 4,9 %. En revanche, les investissements se contracteront de 0,3 %. En 2021, le commerce extérieur connaîtra un rétablissement important même si les exportations seront freinées par la pénurie de composants qui affecte le secteur manufacturier. La demande globale pour les marchandises restant élevée, des tensions inflationnistes devraient être observées du fait d’une production moindre. Globalement, les exportations de biens et de services devraient progresser de 10,5 % et les importations de 10,9 %.

En 2022, le PIB devrait connaître une hausse de 4,2 %, en baisse de 0,8 point par rapport aux prévisions de juin. La croissance sera en particulier tirée par les investissements (+16,7 %) dans un contexte de recul de la pandémie selon le  ministère. L’incertitude devrait ainsi baisser et les entreprises devraient relancer  à nouveau leurs investissements. Par ailleurs, avec l’approche de la fin du cycle des fonds européens de la période 2014-2020, la consommation des fonds disponibles devrait fortement accélérer. A cela, s’ajouteront les nouvelles ressources tirées du Plan National de Relance et de Résilience (PNRR). La consommation des ménages devrait augmenter  de 2,4 % et celle de l’administration publique de 4,1 %. Concernant le commerce extérieur de biens et de services, les exportations augmenteront de 3,1 % et les importations de 3,9 %.

A moyen terme le  ministère des Finances anticipe le fort impact des fonds européens. En 2023, l’année de la date butoir de la consommation des fonds 2014-2020, la croissance devrait atteindre 5 % mais en 2024, l’économie slovaque devrait perdre son dynamisme pour atterrir à près de 0,7% de croissance.

Même si la troisième vague n’entraînera pas une hausse du nombre de chômeurs, il y aura 66 000 emplois de moins par rapport à 2019. La relance sur le marché du travail est donc reportée en  2022. Si le deuxième trimestre 2021 a connu une hausse des emplois de 18 000 postes par rapport au premier trimestre sur l’ensemble des secteurs économiques, l’arrivée de la troisième vague a interrompu l’évolution positive de cet été. Selon le ministère, avec le ralentissement de la croissance économique, l’emploi ne commencera à croître d’une manière plus significative qu’au deuxième trimestre 2022. Le rétablissement se poursuivra en 2023 grâce à la consommation accrue des fonds européens et aux ressources du PNRR. En 2021, l’emploi baissera de 0,8 % pour retrouver la croissance les années suivantes (0,8 %, 1 %, 0,4 %). Quant au taux de chômage, il culminera cette année à hauteur de 7 % (après 5,8 % en 2019 et 6,7 % en 2020) pour connaître une baisse progressive à partir de l’année prochaine (6,7 %, 5,7 %, 5,2 %).

Le salaire nominal sera en hausse de 5,4 % cette année. En 2021, le montant des salaires sera impacté par l'effet de base, bas en 2020 ainsi que par les vagues pandémiques. En 2022, la hausse des salaires devrait continuer (5,5 %) pour se prolonger aussi les années suivantes (5,1 % et 4,8 %).

En ce qui concerne l’inflation, d’après le ministère, les pressions inflationnistes se renforceront au deuxième semestre 2021. En 2021, cette pression inflationniste se traduira par un taux de 2,5 %. La hausse des prix des matériaux de construction a d’ores et déjà entrainé la hausse des loyers et des services. A cela s’additionnent l’augmentation du prix du pétrole et la montée de la demande mondiale pour les marchandises. En 2022, le taux devrait s’établir à près de 4,2 % pour baisser à 3,1 % en 2023 et à 1,5 % en 2024.

Le ministère des Finances a également rédigé dans le cadre de ces prévisions macroéconomiques des scénarios alternatifs : avec l'impact d’un confinement plus strict ou celui d’une moindre consommation des fonds européens.

Un nouveau confinement limiterait surtout la consommation des ménages. Pour autant, l’ampleur d’un tel confinement devrait être moins marquante que pendant la deuxième vague et son « impact » ne devrait être que des deux tiers de celui précédemment observé. Avec le  scénario qui prévoit le confinement en octobre et en novembre, le PIB croîtrait de 3,4 % en 2021, en baisse de 0,3 point par rapport au scénario de base.

S’agissant de la moindre consommation des fonds européens, le ministère rappelle que la Slovaquie doit consommer 11 Md € d’ici l’année 2024. Si la consommation n’est que de 70 % de la consommation prévue, la croissance en 2023 n’attendrait que 3,3 %, en baisse de 1,7 point par rapport au scénario de base.