Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : Le Sénat se prononce en faveur de près de 5 Md USD d’emprunts auprès de bailleurs internationaux ; L’inflation en baisse au mois d’août sur un an glissant ; Fitch Ratings revoit la note de l’Etat de Lagos à la hausse, qui passe à AAA ; Le Conseil exécutif fédéral du Nigéria approuve le déploiement de la 5G.

 - Ghana :  Rebond de la croissance au deuxième trimestre, stimulée par le secteur des services ; Malgré les inquiétudes sur la viabilité de la dette, Moody’s et S&P maintiennent la note du Ghana respectivement à B3 et B-.

 

Le chiffre à retenir:

42% : C’est la part des internautes nigérians déclarant avoir au moins une fois fait usage d’une cryptomonnaie, d’après un sondage Statista/GCS – contre 8% des Américains et 5% des Français.

 

Nigéria

Le Sénat se prononce en faveur de près de 5 Md USD d’emprunts auprès de bailleurs internationaux

S’adressant au Sénat dans une lettre lue en séance mardi, le Président Buhari a demandé aux parlementaires d’approuver plusieurs emprunts externes, pour un montant total approchant les 5 Md USD (4,05 Md USD et 710 M EUR, soit environ 2,2 Md NGN), auquel il faut encore ajouter un « élément don » de près de 125 M EUR.

Cet addendum au plan d’emprunt externe 2018-2020 doit permettre de financer des « projets critiques », selon le Président du Nigéria, dont une voie de chemin de fer devant relier l’Etat de Kano au Niger, et d’autres financés par l’Agence française de développement. Parmi les autres bailleurs du pays figurent notamment la Banque mondiale et le Fonds international pour le développement de l’agriculture.

L’inflation en baisse au mois d’août sur un an glissant

L’inflation sur un an glissant est en baisse depuis cinq mois d’affilée. D’après les chiffres du Bureau national des statistiques (NBS), elle s’établissait en août à 17,01%.

Au total, sur l’année 2021, le FMI anticipe une hausse des prix d’au moins 16% – proche du pic d’inflation de 2016, plus-haut de quinze ans. Ce chiffre global masque cependant de fortes disparités en fonction des catégories de biens et services considérés. Ainsi, au cours des six premiers mois de l’année, le prix des denrées alimentaires a augmenté plus rapidement encore que l’indice général des prix (+21% sur un an glissant en juillet, avec une augmentation d’1% par mois en moyenne sur les six premiers mois de l’année). L’inflation, tous produits confondus, touche les urbains davantage que les ruraux (+18% contre +16,8% respectivement).

Fitch Ratings revoit la note de l’Etat de Lagos à la hausse, qui passe à AAA

L’agence de notation Fitch a annoncé en début de semaine la réévaluation de la note de l’Etat de Lagos, qui passe de AA+ à AAA, la plus haute note possible dans son barème.

Cela fait suite aux bonnes performances de gestion de cette administration, notamment en matière de la dette. D’après l’agence, la bonne santé financière de l’Etat repose avant tout sur sa capacité à générer des revenus autonomes. L’an dernier 70% des 620 Md NGN (1,51 Md USD) de recettes publiques ont été générés en interne, ce qui fait de Lagos un des rares Etats du Nigéria à ne pas dépendre en majorité de l’allocation fédérale pour son budget. Les autorités ont également mené plusieurs initiatives visant à réduire son endettement à court terme au profit d’un endettement à moyen et à long terme, ce qui a permis de faire baisser le taux d’intérêt moyen de 18 à 12% et ainsi de disposer de davantage de marges de manœuvres.

Pour rappel, en 2020 l’Etat de Lagos représentait un quart du PIB national – soit l’équivalent des économies du Sénégal, du Ghana et de la Côte d’Ivoire réunies.

Le Conseil exécutif fédéral du Nigéria approuve le déploiement de la 5G

Après une première expérimentation de trois mois en novembre 2019 dans le cadre d’un partenariat MTN-Huawei-ZTE-Ericsson, le Nigéria confirme désormais son intention de déployer le nouveau réseau 5G à l’échelle nationale. Le Conseil exécutif fédéral a donné son aval pour un déploiement commercial de la 5G. Il revient donc à présent à la Commission des communications du Nigéria d’attribuer les fréquences de télécommunication nécessaires au déploiement effectif de cette nouvelle technologie. Le ministre des Communications et de l’Economie digitale Isa Pantami a salué le lancement de la stratégie de déploiement 2021-2025.

Si elle peut à terme renforcer la diversification de l’économie nigériane, la technologie 5G doit également répondre aux enjeux d’exclusion d’une partie de la population. En 2020, la couverture 4G du pays ne touchait que 37 % de la population, et en 2021, seul 48 % de la population a accès à l’internet mobile, alors que 25 millions de nigérians ne sont pas couverts par les réseaux mobiles.

 

Ghana

Rebond de la croissance au deuxième trimestre, stimulée par le secteur des services

Le PIB a progressé de 3,9% au deuxième trimestre par rapport à la même période l’année précédent, ce qui dénote une accélération de la croissance, qui n’était que de 3,1% au premier trimestre.

Cette dernière a principalement été tirée – pour moitié – par le secteur des services. L’industrie et l’agriculture ont pour leur part contribué à hauteur de 29% et 21% respectivement. Cette performance du secteur des services – 11% de croissance – est notamment imputée à la réouverture officielle des hôtels et restaurants. Le sous-secteur de l’hôtellerie voit ainsi une expansion de 18,7% de ses activités, contre une contraction de 10,7% du secteur au trimestre précédent.

Si la deuxième économie d’Afrique de l’Ouest montre des signes encourageants de reprise, les chiffres restent en-deçà de la cible d’une croissance du PIB de 5% en 2021. L’atteinte de cet objectif dépendra notamment du déploiement de la politique de vaccination, afin de contenir la propagation de Covid-19.

Malgré les inquiétudes sur la viabilité de la dette, Moody’s et S&P maintiennent la note du Ghana respectivement à B3 et B-

Les deux agences de notation confirment ainsi la solvabilité et les bonnes perspectives économiques du pays à moyen terme. Leur décision a été notamment motivée par l’amélioration des anticipations de croissance, la résilience des exportations et l’accès continu aux marchés de capitaux.

Moody’s et S&P soulignent également que l’économie ghanéenne se remet des effets de la pandémie plus rapidement que ses pairs. Les efforts du gouvernement, notamment à travers le programme Covid Alleviation and Revitalisation of Enterprises Support (CARES) de 100 Md GHS, mis en œuvre pour soutenir les entreprises lors de la pandémie puis d’accélérer le développement du pays, sont salués.

Néanmoins, la situation d’endettement du Ghana reste préoccupante : le ratio de dette publique rapportée au PIB, qui était de 62,8% en 2019, atteint désormais presque 80% en 2021. Le risque de surendettement du Ghana est toujours considéré comme élevé par le FMI et la Banque mondiale, d'autant plus que la charge de la dette représente plus de 36% des recettes fiscales.