L’industrie agroalimentaire canadienne est un secteur d’activité important pour le pays (près de 3% du PIB du Canada et 12 % de ses exportations), qui entend accroître sa présence à l’international. Pour ce faire, le Canada devra encore lever les freins réglementaires, logistiques ou liés aux investissements qui entravent toujours son développement. Ceci constitue une opportunité pour les entreprises françaises, encore peu présentes sur le marché et toujours très concentrées au Québec.

1/ Tour d'horizon de l'organisation de l'industrie

Une industrie manufacturière motrice

L’industrie agroalimentaire est la deuxième industrie de transformation au Canada en valeur de production[i]. En 2019, les ventes d’aliments transformés et de boissons ont atteint 117,8 Md CAD, soit 17% des ventes totales du secteur de la fabrication. Les quelque 7 800 établissements de transformation d’aliments et de boissons emploient 290 000  personnes (18 % des employés du secteur manufacturier), ce qui en fait le plus important employeur du secteur de la transformation. Ces établissements sont majoritairement des PME puisque 91 % d’entre eux ont moins de 100 employés. Le secteur canadien de l’agroalimentaire présente néanmoins quelques géants internationaux, souvent des distributeurs, comme McCain, Saputo, Maple Leaf, Agropur ou Métro, Loblaws, Sobeys.

Une relative spécialisation des provinces par filière
 

L’industrie agroalimentaire joue un rôle important dans la quasi-totalité des provinces canadiennes, même si l’Ontario et le Québec se démarquent en réunissant 62 % des ventes. Ces deux provinces, avec le Manitoba et l’Alberta, présentent une spécialisation dans la filière viande ; la production de boissons constitue le plus grand sous-secteur en Colombie-Britannique ; la mouture des céréales et des oléagineux est le plus grand sous-secteur alimentaire en Saskatchewan, tandis que la préparation et l’emballage de produits de la mer prédominent au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve (provinces maritimes).

Le commerce international de produits agroalimentaires
 

Même si l’industrie agroalimentaire canadienne fournit 70 % des aliments et boissons transformés offerts au Canada, ce pays est également un important importateur et exportateur de produits alimentaires transformés. Les exportations de boissons et d’aliments transformés ont atteint une valeur record de 40,7 Md CAD (27,5 M€) en 2020, soit deux tiers de la valeur de la production. Le Canada exporte ses produits alimentaires sur 3 principaux marchés : les États-Unis (72 %), la Chine (8 %) et le Japon (6 %). Le Canada fait partie des 10 plus gros exportateurs de produits agroalimentaires depuis 10 ans[ii]. Avec près de 36,7 Md CAD (24,7 M€) d’aliments transformés et de boissons importés, le Canada est aussi un importateur important de produits agroalimentaires (boissons et produits maraîchers principalement).

2/ Des défis à relever pour développer l'industrie agroalimentaire au Canada
 
Exploiter le plein potentiel du secteur
 

Le potentiel de développement de l’industrie agroalimentaire canadienne demeure important, en raison notamment de sous-investissements chroniques dans l’innovation.[iii] En 2017, le Conseil consultatif en matière de croissance économique du ministre des Finances avait désigné ce secteur comme un possible relais de croissance pour tout le pays et avait proposé les objectifs suivants : une augmentation par rapport à 2017 de 27 % des ventes nationales de produits agroalimentaires et de 32 % des exportations de produits agroalimentaire d’ici 2025, pour qu’ils atteignent respectivement 140 Md CAD (94,3 M€) et 85 Md CAD (57,3 M€).  Le Conseil consultatif de la politique alimentaire du Canada a finalement été constitué en mai 2021, après la nomination officielle des membres du conseil par la Ministre de l’agriculture, Marie-Claude Bibeau.

Les obstacles au développement du secteur agroalimentaire canadien
 

Plusieurs obstacles ralentissent encore le plein développement du secteur. Les professionnels demandent en particulier un cadre réglementaire plus souple et plus clair afin que celui-ci ne soit plus un frein à la compétitivité et à l’innovation. Quelques secteurs comme les grains, l’aquaculture et les nouvelles technologies pâtissent particulièrement de réglementations complexes. Le réseau de transports, en particulier routier et maritime, est aussi un enjeu important. En effet, de nombreux points de congestion ralentissement le transport des marchandises. Par exemple, entre 2013 et 2015, l’inefficacité des transports a entraîné des pertes aux producteurs de grains évaluées à 6,5 Md CAD (4,4 M€) selon les professionnels. Enfin, gagner en compétitivité et en innovation passera par une augmentation des investissements en R&D, qui ont reculé de 24 % entre 2008 et 2016 dans le secteur agroalimentaire. Les États-Unis et la France consacrent chacun 0,6 % de leurs ventes aux dépenses en R&D, alors que le Canada n’y consacre que 0,2 %. De plus, le Canada doit développer la mise en réseau des nombreux centres de recherches en lien avec l’industrie agroalimentaire, qui gagneraient à travailler davantage ensemble.

3/ Les entreprises françaises de l'agroalimentaire au Canada

Panorama des entreprises françaises de l'agroalimentaire au Canada

Plus d’une vingtaine d’entreprises françaises de l’industrie agroalimentaire ont étendu leurs activités au Canada. On y trouve des leaders mondiaux de leurs domaines comme Roquette (légumineuses), Royal Canin (aliments pour animaux), Lactalis et Bel (produits laitiers), Bridor (boulangerie), Pernod Ricard, Moët-Hennessy (boissons), ou encore Famille Michaud (miel). D’autres entreprises de tailles plus modestes investissent aussi ce marché comme Boulangerie Ange, les 3 brasseurs ou Ladurée. Plus de la moitié de ces entreprises ont choisi de s’implanter au Québec, qui présente l’avantage de la langue, mais également un écosystème propice au développement de l’agroalimentaire. On retrouve néanmoins des entreprises françaises en Colombie-Britannique, au Manitoba, en Nouvelle-Ecosse, en Ontario et en Saskatchewan.

Un attrait important pour le Québec et la région montréalaise

Les entreprises françaises sont particulièrement présentes au Québec, où ce secteur représente 8 % du PIB du Québec et 12 % des emplois[iv], et dans la région du Grand Montréal, qui constitue le 1er centre de transformation alimentaire au Québec. On y retrouve en particulier les entreprises françaises Danone, Lactalis, Bel, Savencia, Sodexo, Bridor, Bonduelle ou encore Fleury Michon. Le Grand Montréal et ses environs hébergent en effet une diversité de centres de recherche et de transferts technologiques couvrant de nombreux sous-secteurs de la transformation alimentaire, comme le Cintech agroalimentaire, l’Institut de Recherche et de Développement en Agroenvironnement ou encore le Conseil de la Transformation Alimentaire du Québec. La région bénéficie également d’un bassin de main d’œuvre hautement qualifiée important grâce à ses presque 15 000 étudiants inscrits à des programmes reliés à la transformation alimentaire.