Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : L’accord sino-nigérian d’échanges de devises n’a pas eu les effets escomptés ; Les transferts de la diaspora en forte baisse au premier trimestre ; La fintech Prospa lève 3,8 M USD en pré-amorçage ; Le Nigéria importe pour 600 Md NGN de véhicules au premier semestre 2021.

 - Ghana :  Les recettes fiscales du secteur informel ghanéen enregistrent une baisse record ; La production de cacao atteint un plus-haut historique de 1,1 million de tonnes de fèves de cacao.

 

Le chiffre à retenir:

5810 Md₦ : C’est le déficit commercial enregistré au Nigéria au premier semestre. En 2019 à la même période, avait enregistré un excédent de 1420 Md₦.

 

Nigéria

L’accord sino-nigérian d’échanges de devises n’a pas eu les effets escomptés

En 2018, les banques centrales chinoise et nigériane signaient un accord bilatéral d’échange de devises (Bilateral Currency Swap). Conclu pour une durée initiale de trois ans, le texte établissait la convertibilité directe (sans passer par d’autres devises) des deux monnaies au taux officiel pour un volume donné de transactions (l’équivalent de 2,4 Md USD). Les deux pays espéraient ainsi tout à la fois encourager les échanges entre eux, prévenir l’appréciation du Yuan et limiter la demande de dollars au Nigéria. Il s’agissait alors du troisième accord de ce genre conclu par la Chine sur le continent, après l’Afrique du Sud et l’Egypte.

Trois ans plus tard, le bilan s’avère cependant peu concluant. Les échanges entre les deux pays ont bien augmenté sur la période, la part de marché de la Chine passant même de 25% en 2018 à 29% au premier trimestre 2021 ; tandis que le pays est désormais destinataire de près de 6% des exportations nigérianes (pas d’exportations directes avant 2020). Pour autant, les principaux objectifs ne semblent pas avoir été atteints : la plupart des commerçants passent toujours par la monnaie américaine lorsqu’ils souhaitent obtenir des Yuan. La Naira s’est fortement déprécié vis-à-vis du Yuan, puisque qu’elle s’échange désormais autour de 63 pour 1, loin des 48 pour 1 prévus aux termes de l’accord. Ce dernier n’a d’ailleurs jamais pu être appliqué dans sa pleine mesure, les volumes de transaction réalisées à l’aide du mécanisme créé en 2018 ne représentant qu’une fraction du plafond initialement défini – ce que certains attribuent à une procédure trop bureaucratique, réduisant son attractivité. A ce jour, l’accord n’a pas encore été renouvelé pour trois années supplé-mentaires.

Les transferts de la diaspora en forte baisse au premier trimestre

Les transferts d’argent depuis l’étranger (remittances) ont chuté de 24% au premier trimestre 2021, par rapport à la même période l’année précédente. Ils atteignent 4,2 Md USD, soit une baisse en valeur absolue de 1,4 Md USD. L’année 2020 avait déjà enregistré une chute notable de ce type de transferts par rapport à 2019 (16,9 Md USD contre 23,4 Md USD respectivement). La situation a de quoi inquiéter, alors que les transferts d’agent jouent un rôle très important dans les grands équilibres de l’économie nigériane – qu’il s’agisse du revenu disponible des ménages ou de la position extérieure du pays. Paradoxalement, cette baisse enregistrée par la statistique d’Etat pourrait s’expliquer par la stricte politique de change en vigueur, obligeant les Nigérians résidant à l’étranger à passer par des canaux non-officiels, et donc non-comptabilisés, pour envoyer de l’argent à leurs proches restés au pays.

La fintech Prospa lève 3,8 M USD en pré-amorçage

Après avoir fait partie en mars des dix startups africaines participant au programme d’hiver de YCombinator, la fintech nigériane Prospa a levé 3,8 M USD de fonds de pré-amorçage auprès de bailleurs étrangers et d’autres fondateurs de startups du même secteur. Les fonds de capital risque Global Founders Capital et Liquid 2 Ventures comptent parmi les investisseurs, ainsi que des cadres de Facebook. Il s’agit de la plus importantes levées de fonds de l’année dans cette catégorie en Afrique subsaharienne, et la deuxième en Afrique après celle de l’égyptienne Telda (5 M USD).

Lancée en octobre 2019 à Lagos, Prospa combine les services d’une néo-banque avec des logiciels de gestion destinés aux micro- et petites entreprises. Elle accompagnerait actuellement plusieurs dizaines de milliers d’entre-elles, et connaîtrait une croissance de 35 % par mois, d’après Frederik Obasi, l’un de ses dirigeants. Ses fondateurs comptent utiliser ce nouveau capital pour développer la stratégie d’acquisition de clientèle de l’entreprise et recruter de nouveaux talents. Le Nigéria compte plus 40 millions de microentreprises et PME, qui représentent 50 % du PIB et 80 % de l’emploi du pays.

Le Nigéria a importé pour 600 Md NGN de véhicules au premier semestre 2021

D’après les données de l’Institut national des statistiques (NBS), les importations de véhicules au Nigéria sont en forte hausse au premier semestre. Elles atteignent 601,5 Md NGN (1,46 Md USD), soit une progression de +15% par rapport à la même période l’année précédente. Cette hausse peut s’expliquer par la baisse des droits de douane décidée en janvier : la taxe à l’importation de véhicules de transport est en effet passée de 35% à 10%, afin de faciliter l’accès au marché de l’occasion dans un contexte de crise économique. Pour rappel, les automobiles importées, pour l’essentiel d’occasion, repré-sentent 86% du marché, une majorité de ces véhicules provenant des Etats-Unis (51%). En 2014, lors de la mise en place de lois fiscales à l’importation, plusieurs grands groupes automobiles avaient ouvert des chaînes d’assemblage locales. A partir de 2019, Renault a aussi développé un partenariat avec le groupe Coscharis pour assembler des véhicules à Lagos. Une seule entreprise produit des véhicules 100% nigérians : Innoson Vehicle Manufacturing avec 10 000 unités par an. En 2020, les importations de véhicules ont atteint 1090 Md NGN (2,65 Md USD) sur l’année, soit 4,4% du total des importations.

 

 

Ghana

Les recettes fiscales du secteur informel ghanéen enregistrent une baisse record

Malgré un secteur informel en pleine croissance, ils rapportent de moins en moins à l’Etat ; d’après l’Autorité fiscale du Ghana (Ghana Revenue Authority, GRA). Pour rappel, l’emploi informel peut se définir comme un ensemble d’entreprises non constituées en sociétés appartenant à des ménages qui ne sont pas enregistrées selon les formes spécifiques de la législation nationale ; l’enregistrement peut se référer, par exemple, à l’inscription prévue par les obligations fiscales , des cotisations de sécurité sociale et autres dispositions administratives. Au Ghana, plusieurs formes d’impôts ciblent spécifiquement l’emploi informel, ce dernier étant largement majoritaire (89% de l’emploi au niveau national et 83% dans les zones urbaines), à l’image de la taxe sur le revenu des véhicules (VIT) ou encore le timbre fiscal. Pourtant, les revenus générés par ces deux taxes ont baissé en pourcentage des recettes provenant des travailleurs indépendants : alors qu’en 2015, la VIT représentait 10,5% du total, elle n’en représente plus que 7,3% en 2020. La baisse des revenus du timbre fiscal est moins importante : de 1,4% en 2017 à 1,3% en 2020. Alors que les recettes fiscales rapportées au PIB stagnent autour de 13% au Ghana – contre 19% en moyenne en Afrique sub-saharienne – le gouvernement est actuellement en train de mettre en œuvre des réformes destinées à élargir la base fiscale.

La production de cacao atteint un plus-haut historique de 1,1 million de tonnes de fèves de cacao

Le COCOBOD, l’autorité de régulation de la filière cacao ghanéenne, a annoncé avoir enregistré ce chiffre record pour la campagne agricole 2020-2021. Selon le directeur général de l'agence, Joseph Aidoo, il s'agit d'une augmentation d'environ 45 % par rapport à la production de 2019-2020, ce qui en fait la production la plus importante jamais enregistrée depuis le million de tonnes atteint lors de la campagne agricole 2009-2010.

Cette hausse de la production peut notamment être attribuée à la politique de différentiel de revenu décent (DRD), mise en œuvre depuis l’année dernière par le Ghana et la Côte d’Ivoire et qui permet d’augmenter les revenus des fermiers producteurs de cacao. Le Ghana est le 2ème producteur de fèves de cacao au monde après la Côte d’Ivoire : ils représentent à eux deux près de 70% de l’approvisionnement mondial. Le COCOBOD a entamé les processus de signature d’un crédit syndiqué de 1,5 Md USD destiné à la prochaine récolte de cacao pour 2021-2022, alors que le crédit pour l’année précédente était de 1,3 Md USD.