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Zoom de la semaine : Campagnes vaccinales en Eurasie

Alors que la Chine, les Etats-Unis et la plupart des pays d’Europe voient désormais les taux de vaccination de leurs populations dépasser les 50%, les pays de l’espace post-soviétique ont pris un important retard. Ceci est d’autant plus étonnant que la Russie était parmi les premiers pays à annoncer la création d’un vaccin contre la Covid-19, dès l’été 2020.

1/ Russie : malgré un démarrage précoce, la campagne vaccinale n’atteint pas ses objectifs. La Russie a été l’un des premiers pays à lancer sa campagne de vaccination, dès décembre 2020. Celle-ci a débuté avec le vaccin Sputnik-V auquel se sont progressivement ajoutés trois autres vaccins locaux : EpiVakKorona, KoviVak et Sputnik Light. Le ministère de la Santé annonçait alors l’objectif ambitieux de vacciner 60% de la population adulte – 68 millions de personnes – au cours du premier semestre 2021, dont 20 millions dès le premier trimestre selon la Vice-première ministre T. Golikova.

La campagne de vaccination reposait toutefois, dans un premier temps, uniquement sur l’incitation avec le déploiement de centres de vaccination gratuite, alors que selon une étude d’octobre 2020, 73% des sondés n’étaient pas prêts à se faire vacciner contre la Covid-19. A ce manque d’appétence de la population s’ajoutent des problèmes de pénuries de vaccins relevées dans plusieurs régions jusqu’en juin, alors qu’une partie des doses produites est mise au service de la diplomatie vaccinale russe. Constatant le faible rythme de la vaccination, le ministère de la Santé a revu ses ambitions à la baisse en mars à 30 millions de vaccinés avant le 15 juin 2021 et fixé l’objectif de vacciner 60% de la population d’ici août 2021.

Avec 7,2 millions de personnes vaccinées au 1er avril et 23,4 millions au 1er juillet, les résultats sont nettement inférieurs aux objectifs initiaux et même à l’objectif fixé en mars avec seulement 18,6 millions de vaccinés au 15 juin.

2/ L’accélération estivale ne permet pas de combler le retard.  Dans ce contexte, alors que la Russie fait face à une troisième vague de contaminations liée au variant delta, plusieurs régions font le choix de passer à une approche coercitive de la vaccination. La ville de Moscou a notamment annoncé le 15 juin que les entreprises du secteur des services et les administrations devaient avoir au moins 60% de leur personnel vacciné d’ici au 15 août 2020, décision ensuite reprise dans plusieurs régions. Un système de QR codes pour accéder à certains lieux (restauration, divertissement, hôtellerie) est même mis en place à Moscou mais vite retiré.

Ces mesures ont entraîné une augmentation du rythme de la vaccination à partir de la fin juin 2021. Avec plus de 600 000 doses injectées par jour en moyenne en juillet et août, plus de 40 millions de doses sont injectées au cours de l’été, soit plus que pendant les six premiers mois de la campagne de vaccination. Le rythme commence toutefois à ralentir avec moins de 400 000 injections par jour en moyenne au cours de la dernière semaine d’août alors que plusieurs mesures coercitives ont été levées. Au 1er septembre, 37,5 M de personnes étaient vaccinées, soit 25,7% de la population, chiffre très en deçà des 60% visés par le gouvernement. Si la campagne de vaccination se poursuit au rythme actuel, il semble même peu probable que cet objectif soit atteint en 2021.

3/ Des situations comparables dans le reste de l’espace post-soviétique.  Ce retard dans la vaccination semble partagé par l’ensemble des pays de l’espace post-soviétique.

Le Kazakhstan, dont la campagne de vaccination a débuté le 1er février 2021, n’atteindra pas la cible 10 millions de vaccinés en septembre prévue dans son plan d’immunisation (55% de la population). Seulement 5,5 millions de Kazakhstanais étaient vaccinés au 1er septembre 2021 (30% de la population). Comme la Russie, le Kazakhstan a rendu obligatoire la vaccination des représentants de certaines professions au cours de l’été 2021. Cela a permis une augmentation du nombre d’injections quotidiennes mais l’objectif du plan d’immunisation semble difficilement atteignable en 2021 au rythme actuel, inférieur à 100 000 injections quotidiennes.

En Ukraine, confrontée initialement à des difficultés de livraisons, la campagne de vaccination lancée en février 2021 progresse lentement. Au 1er septembre, 3,9 M de personnes étaient vaccinées, soit près de 9% de la population. L’objectif, annoncé en avril par le ministère de la Santé, de vacciner 75% de la population adulte avant la fin de l’année semble ainsi inatteignable.

La campagne de vaccination, débutée en avril en Ouzbékistan, s’est accélérée au cours de l’été, notamment grâce aux livraisons de vaccins Moderna et à l’obligation de vaccination pour de nombreuses catégories de travailleurs. Elle est toutefois freinée par de retards de livraison des vaccins russes et chinois concernant notamment les secondes doses. Dans ce contexte, au 28 août, seulement 1,2 millions de personnes – 3,7% de la population – sont pleinement vaccinées, alors que 9,5 millions n’ont pu recevoir qu’une seule dose – 28,3% de la population –, très loin de l’objectif annoncé fin 2020 par l’agence sanitaire ouzbèke de vacciner 60% de la population avant juin 2021. Cet objectif ne sera probablement pas atteint en 2021.

Taux de vaccination au 1er septembre 2021

 

Vaccination complète

 Au moins une dose

Arménie

3,3%

6,0%

Biélorussie

14,1%

17,2%

Kazakhstan

29,4%

36,0%

Kirghizstan

7,1%

10,7%

Moldavie

21,6%

21,6%

Ouzbékistan

3,7%

28,3%

Russie

25,8%

30,5%

Tadjikistan

8,6%

21,6%

Ukraine

8,8%

12,3%