Depuis le coup d’Etat du 1er février, la situation économique et sécuritaire n’a cessé de se dégrader. Les groupes armés ethniques (EAOs) et les forces civiles d’autodéfense (PDF) affrontent quotidiennement l’armée régulière (Tatmadaw). Afin d’apprécier l’impact de la violence sur l’activité économique, le Service économique de Rangoun a établi une cartographie des risques mise à jour en temps réel.

L’outil a été développé sur une base Google Maps et met en avant, avec une série de calques sélectionnables à la demande, les principaux points de passage aux frontières, les infrastructures (production et transport d’hydrocarbures, production d’électricité et d’eau potable, sites extractifs) ainsi que les zones de violence sur le dernier mois mais également en stock depuis le 1er février. Il est ainsi possible d’apprécier l’intensité du risque pour les activités économiques à l’échelle du canton (township).

Au 24/06/2021, on peut ainsi retenir que :
1. Les affrontements au Nord du pays (Etats Shan et Kachin) menacent les quatre principaux points de passage terrestres vers la Chine, premier partenaire commercial de la Birmanie (33% du total des volumes échangés). En particulier, la liaison via Muse (47% du commerce de la Birmanie par voie terrestre) est perturbée par les combats entre l’armée et l’Alliance du nord dans le canton de Kutkai. Dans le sud du pays, la frontière vers la Thaïlande à Myawaddy (2e liaison commerciale après Muse) a été brièvement fermée du fait d’accrochages à proximité entre l’armée et des groupes armés karens.

2. Le gazoduc Myanmar-China O&G Pipeline traverse la Birmanie d’ouest en est pour approvisionner la Chine du Sud (Yunnan) en gaz et pétrole venus du Moyen-Orient ou extraits du champ gazier de Shwe. Il est aujourd’hui menacé aussi bien par les combats dans la région Shan et que par des explosions à proximité ayant eu lieu dans la région de Mandalay.

3. Plusieurs infrastructures énergétiques existantes ou en projet situées dans le centre du pays sont proches de zones d’affrontement. Par exemple, sept stations hydroélectriques pourraient passer à moyen terme sous contrôle de la Kachin Independence Army (KIA) au Nord alors que trois parcs photovoltaïques en construction et une centrale au GNL pourraient pâtir de l’action des groupes civils d’autodéfense autour de Myingyan (Région de Mandalay).

4. Des sites extractifs de premier ordre se trouvent dans des zones d’instabilité, notamment les mines de jade de Hpakant (Etat Kachin), les mines de terres rares à Chipwe (Etat Kachin) ou celles de cuivre et charbon dans la région du Sagaing.

5. Enfin, le conflit semble s’étendre depuis juin à trois des principales villes du pays. C’est le cas de Mandalay (2e ville du pays) où des premiers affrontements ont eu lieu entre l’armée et la PDF le 22 juin mais aussi de Monywa (7e ville du pays) entourée par des combats dans sa périphérie et Myitkyina (8e ville du pays) qui se retrouve progressivement isolée du reste du pays du fait de prises de position de la KIA sur les routes y menant.

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