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Zoom de la semaine : les investissements directs étrangers en Russie en 2020.

La Banque de Russie a récemment publié les données complètes sur les investissements directs étrangers (IDE) en Russie pour l’année 2020 [1].

1/En 2020, année de crise, les flux nets d’investissements directs entrants en Russie se sont établis à un très bas niveau. Ils ont ainsi atteint sur l’ensemble de l’année 8,7 Md USD  contre 32 Md USD en 2019, un flux proche des bas niveaux déjà atteints en 2015 (6,8 Md USD) et 2018 (8,8 Md USD). Sur plus longue période, l’on observe une césure très nette entre les périodes pré et post sanctions internationales : le flux annuel moyen d’IDE nets entrants ressort à 20 Md USD entre 2014 et 2020, contre 55 Md USD entre 2007 et 2013.

2/La France a maintenu en 2020 son rang de deuxième investisseur étranger en flux en Russie, hors juridictions à fiscalité attractive. Les flux nets d’IDE français en Russie ont atteint 1,4 Md USD (après 2 Md USD en 2019) maintenant la France au second rang des investisseurs en Russie selon ce critère, hors juridictions à fiscalité attractive, derrière le Royaume-Uni (9,1 Md USD après 4,7 Md USD en 2019). Les flux nets d’IDE en provenance d’Allemagne et d’Italie ont été négatifs (désinvestissements nets) à respectivement -1,5 Md USD (+0,2 Md USD en 2019) et -0,3 Md USD (+0,3 Md USD en 2019). Les flux en provenance des Etats-Unis, reviennent en territoire positif en 2020 à 0,4 Md USD (-0,1 Md USD en 2019). A noter, au sein des juridictions à fiscalité attractive, l’important flux enregistré en provenance de Hong-Kong (2,3 Md USD après 2,7 Md USD en 2019).

3/Au plan sectoriel, les flux d’IDE entrants ont été essentiellement dirigés vers le secteur extractif et de la distribution de gros et de détail. En 2020, ces secteurs ont reçu respectivement 8,2 Md USD et 4,4 Md USD d’investissements étrangers. A contrario, des désinvestissements significatifs ont été enregistrés dans l’industrie manufacturière (-2,1 Md USD dont -2,8 Md USD dans le secteur des industries chimiques et pharmaceutiques) et le secteur financier (-1,6 Md USD).

4/Le stock total d’IDE en Russie est valorisé fin 2020 à 447 Md USD[2]. Le montant accumulé d’investissements étrangers en Russie ressort ainsi en recul de 9,4% par rapport à 2019. Hors zones à fiscalité attractive, la France demeure le deuxième investisseur étranger en Russie (19,4 Md USD) après le Royaume-Uni (32,3 Md USD) et devant l’Allemagne (18,1 Md USD)[3]. A noter le faible stock d’IDE de la Chine (y compris Hong-Kong) en Russie, à 4,6 Md USD. Des sources alternatives, comme par exemple l’American Enterprise Institute (AEI[4]) renvoient la photographie d’une présence chinoise en Russie beaucoup plus significative. Les investissements cumulés chinois en Russie s’élèveraient ainsi selon cette source à environ 34 Md USD sur la période 2006-2020.

5/ S’agissant des IDE sortants de Russie, leur stock est valorisé fin 2020 à 380 Md USD, en baisse de 7% par rapport à 2019. Les flux nets d’investissement russes vers le reste du monde se sont établis à 5,3 Md USD en 2020 contre 22 Md USD en 2019. Ces flux ont été majoritairement orientés vers les pays hors zone CEI (4,5 Md USD). Au sein de ces pays, en mettant ici également à part les juridictions à fiscalité attractive, les principaux récipiendaires ont été l’Allemagne (2 Md USD après 1,4 Md en 2019) et le Royaume-Uni (2 Md USD après 2,5 Md USD en 2019). Les flux à destination de la France et de l’Italie sont ressortis à respectivement 0,1 Md USD (après 0,3 Md USD en 2019) et 0,1 Md USD (stable par rapport à 2019)


[1]Pour mémoire, le concept d’investissements directs renvoie aux «investissements internationaux par lesquels des entités résidentes d'une économie acquièrent ou détiennent le contrôle ou une influence importante sur la gestion d’une entreprise résidente d'une économie tierce. Par convention, on considère qu'il y a investissement direct lorsque l’entité investisseuse acquiert ou détient au moins 10% du capital ou des droits de vote de l’entreprise investie. Une fois la relation d’investissement direct constituée, l’ensemble des relations financières transfrontières (prêts, emprunts, crédits commerciaux, investissements en capital, bénéfices réinvestis) entre l’investisseur, les sociétés qu’il contrôle, l’entreprise investie et les sociétés qu’elle contrôle sont également considérées comme des investissements directs et comptabilisées comme tels ». Voir : https://www.banque-france.fr/statistiques/balance-des-paiements-et-statistiques-bancaires-internationales/les-investissements-directs

[2] Les données de stocks reportés dans ce texte sont calculées selon le «principe directionnel». Il consiste à analyser les flux en fonction du centre de décision économique : les prêts entre sociétés appartenant à un même groupe international ne sont pas classés en fonction du sens du prêt, mais d’après la résidence de la tête de groupe. Cette méthode se distingue des statistiques traditionnelles (principe créances-engagements), dans laquelle les prêts et les emprunts entre sociétés sœurs d’un même groupe international sont enregistrés, à l’instar des autres flux financiers de balance des paiements, comme des créances et des engagements vis-à-vis des non-résidents. Cette méthode ne change pas le solde net des IDE mais fait diminuer significativement tant les IDE sortants que les IDE entrants. Voir :https://www.banque-france.fr/sites/default/files/media/2019/07/04/bdp-methodologie_072015.pdf

[3] La décomposition géographique des stocks d’investissement directs est effectuée selon le principe du pays d’investissement immédiat – et non d’origine. En d’autres termes, à titre d’exemple, un investissement direct français transitant par les Pays-Bas n’apparaitra pas dans le stock d’IDE français en Russie mais dans le stock d’IDE des Pays-Bas.

[4] L’AEI met à jour depuis 2005 un China Global Investment Tracker qui fournit des données détaillées sur les investissements et les financements de projets chinois à travers le monde. Voir : https://www.aei.org/china-global-investment-tracker/