La pêche et l’aquaculture sont des secteurs majeurs de l’économie du pays (environ 27 Md USD) et ont un fort potentiel de croissance, l’Indonésie disposant de la 6e ZEE et étant le 2e producteur de poissons, de crustacés et d’algues. Alors que la pêche illégale et la surpêche mettent en péril le développement durable de la filière, le gouvernement met en place des programmes de gestion et de valorisation de la pêche. La France est un partenaire pour la gestion durable des ressources marines.

pêche

 

La pêche et l’aquaculture sont des piliers du développement maritime indonésien

L’Indonésie disposant de la 6e zone économique exclusive au monde (illustration 1), la pêche et l’aquaculture sont un secteur majeur de l’économie indonésienne, représentant environ 2,6% du PIB en 2018 (soit environ 27 Md USD) et 7 millions d’emplois (respectivement 2,7 M et 3,3 M pour la pêche et l’aquaculture, et 1 M pour la gestion et le commerce des produits de la mer) [1], soit environ 5% des emplois totaux du pays. D’après l’OCDE, les exportations du secteur représentent 4,4 Md USD en 2018 (2,5% des exportations totales du pays), faisant de l’Indonésie le 11e exportateur mondial (2,7% des exportations mondiales en valeur, illustration 2).

ZEE Indonésie

Illustration 1 : zone économique exclusive de l'Indonésie

(Source : Marine Regions · Indonesian Exclusive Economic Zone (EEZ))

 

exportations en 2018

Illustration 2 : exportations du secteur de la pêche et de l’aquaculture des 15 principaux pays en 2018

(Source : FAO, OCDE)

L’Indonésie est le deuxième producteur de poissons en termes de captures après la Chine (en 2018, 7% des captures mondiales contre 15%, illustration 3) [2], avec 7,5 M tonnes de poisson pêchées en 2019 (+3,6% en ga, illustration 4) [3]. La pêche répond en majorité à des besoins nationaux, le poisson contribuant à 52% des protéines animales de l’alimentation indonésienne, faisant de l’Indonésie le 8e pays le plus dépendant au poisson. La flotte de pêche indonésienne se compose de plus de 600 000 bateaux (dont 90% de moins de 10 tonnes et responsables de 50% des captures), certains petits bateaux n’étant d’ailleurs pas enregistrés. En raison de la crise, la demande pour les produits de la mer a diminué : l'indice mondial des prix du poisson a baissé de 8,3% en glissement annuel entre janvier et mai 2020 et les prix de certaines espèces en Indonésie ont chuté de 60%. A travers son plan de soutien, le gouvernement a aidé financièrement les pêcheurs et a soutenu le marché national (achat, stock et distribution de produits de la mer).

captures en 2018

Illustration 3 : captures de pêche des 10 principaux pays en 2018

(Source : FAO (2020), The State of World Fisheries and Aquaculture: Sustainability in Action)

 

production de poissons en Indonésie

Illustration 4 : évolution de la production de poissons (captures de pêche et aquaculture) en Indonésie

(Source : FAO FishStat)

L’aquaculture représentait en 2019 44% de la production de poissons du pays, l’Indonésie étant le 3e producteur de poissons en aquaculture après la Chine et l’Inde. Elle est en forte croissance (+12,4% de croissance annuelle entre 2009 et 2018), avec une production passant de 2,3 M tonnes en 2010 à 6 M tonnes en 2019, à la différence des captures de poissons qui croît plus lentement (de 5,4 M tonnes à 7,5 M tonnes sur la même période). Ainsi, le gouvernement considère le développement de l’aquaculture comme à très fort potentiel. D’après les projections de la FAO, d’ici 2030, l’Indonésie serait le 3e producteur mondial de poissons (pêche et aquaculture) avec 14,9 M tonnes, après la Chine et l’Inde, alors qu’elle est le 2e producteur en 2018 avec 12,6 M tonnes (illustration 5).

production de poissons en 2030

Illustration 5 : projections de la production de poisons pour les 10 principaux pays et l’Union européenne d’ici 2030

(Source : FAO (2020), The State of World Fisheries and Aquaculture: Sustainability in Action)

L’Indonésie est le deuxième plus gros producteur de crustacés en 2018 (illustration 6) avec 0,9 M tonnes (15% du marché mondial), après la Chine (1,7 M tonnes, 30% du marché mondial). En valeur, le produit principal est la crevette (exportation de 1,7 Md USD en 2018).

production de crustacés

Illustration 6 : production de crustacés des principaux producteurs entre 2003 et 2018

(Source : FAO (2020), The State of World Fisheries and Aquaculture: Sustainability in Action)

La culture des algues a de son côté connu une très forte croissance (3,9 M tonnes en 2010 contre 11,3 M tonnes en 2015) et représente en 2019 une production de 9,9 M tonnes (illustration 7). L’Indonésie est le deuxième producteur d’algues au monde, avec en 2018 29% de la production mondiale d’algues, après la Chine (57%) et devant la Corée (5%).

production d'algues

Illustration 7 : évolution de la production d’algues en Indonésie

(Source : FAO FishStat)

Plusieurs risques pèsent sur la durabilité du secteur et sa croissance

En 2017, près de la moitié des captures résultaient de surexploitation des stocks de poissons, notamment en raison de la pêche illégale et de la surpêche, induisant des risques pour la croissance durable du secteur. Pour améliorer la gestion durable des stocks, le gouvernement s’est en premier lieu attaqué à la pêche illégale étrangère, avec entre 2014 et 2018 la destruction de plus de 500 bateaux de pêche étrangers : ces actions ont contribué à faire reculer la pêche illégale étrangère de 90% et réduit la pression sur les stocks de poissons de 25 à 40%. Cependant, d’après la Banque mondiale, la pêche légale reste mal régulée (faute de données de recensement, de coordination entre les autorités et avec les communautés de pêcheurs, de réglementation adéquate pour la protection et le renouvellement des stocks, et de contrôle). En 2017, l’Indonésie était classée 22ème sur 28 pays (représentant 80% des captures mondiales) pour l’efficacité de la gestion des pêches [4]. La Banque mondiale estime que l’amélioration de la gestion des pêcheries générerait plus de 3 Md USD de recettes annuelles supplémentaires d’ici 10 ans par rapport à un scénario de maintien des pratiques actuelles. Le gouvernement travaille ainsi à la valorisation des captures (par exemple au renforcement de la traçabilité avec des carnets de bord de pêche électroniques ou le développement des infrastructures portuaires), à la collecte de données sur les captures et les stocks (programme One Data Initiative), à l’amélioration de son programme de gestion et de coordination des pêches entre les différentes juridictions, à l'amélioration de la surveillance pour lutter contre la pêche illégale et à la protection des espaces marins pour contribuer à la gestion durable maritime (23 M ha d’aires marines protégées, avec un objectif de 30 M ha en 2030).

Le développement de la pêche est limité par les faiblesses de la chaîne logistique du froid. Il s’agit d’un axe important pour la conservation du poisson et l’augmentation des exportations. Le renforcement de telles infrastructures et la modernisation des ports de pêche est une priorité pour l’Indonésie.

La pollution plastique représente également un risque pour la qualité du poisson. L’Indonésie est en effet le second pollueur aux plastiques des océans, avec des émissions annuelles de 200 000 à 550 000 tonnes de déchets marins d’après des estimations de la Banque Mondiale et du gouvernement. Les microplastiques ingérés par les poissons sont un risque pour la survie du poisson, mais également pour la santé humaine.

La coopération existante entre la France et l’Indonésie est amenée à être renforcée

La France compte parmi les partenaires de l’Indonésie pour l’amélioration de la durabilité de la pêche. L’Agence Française de Développement (AFD) a ainsi financé en 2013 un projet de gestion durable des ressources halieutiques et de lutte contre la pêche illégale (INDESO), réalisé par CLS Argos, pour le compte du Ministère des affaires marines et des pêches. L'AFD travaille également à apporter son soutien pour le développement d'éco-ports de pêche et la recherche océanographique, contribuant ainsi à la recherche pour une gestion durable des ressources marines. Le Trésor français et l’AFD financent un programme de renforcement des capacités de météorologie marine dont pourront bénéficier les activités maritimes comme la pêche. Enfin, l’entreprise CLS est très active en Indonésie pour l’équipement de bateaux en balises et la fourniture de services satellitaires, contribuant à la surveillance pour la lutte contre la pêche illégale.

Plusieurs projets en lien avec différentes thématiques du secteur de la pêche et de l’aquaculture sont en préparation par les autorités indonésiennes, notamment le Ministère des affaires marines et des pêches. Certains de ces projets pourront intéresser le Trésor, l'AFD et les entreprises françaises.


[1] World Bank (2021), Oceans for Prosperity: Reforms for a Blue Economy in Indonesia

[2] FAO (2020), The State of World Fisheries and Aquaculture: Sustainability in Action

[3] FAO FishStat

[4] Melnychuk et al (2017), Fisheries management impacts on target species status, PNAS (https://doi.org/10.1073/pnas.1609915114)