L’Indonésie dispose d’un des plus riches écosystèmes marins en termes de coraux, de mangroves et de biodiversité. Néanmoins, de nombreuses menaces pèsent sur cet environnement marin, comme la surpêche ou la pollution plastique. Pour y remédier, le gouvernement met en œuvre plusieurs programmes, comme la réduction des déchets ou la protection et la restauration des écosystèmes fragiles. La France est un partenaire de l’Indonésie pour contribuer à la préservation de l’environnement marin.

environnement marin

De nombreux risques pèsent sur la riche biodiversité marine indonésienne

L’Indonésie compte de très riches écosystèmes marins, avec environ 10% des coraux mondiaux (2,4 M ha) et 20% des mangroves mondiales (3,3 M ha), ainsi que de nombreuses prairies sous-marines, représentant d’importants puits de carbone (3,4 Md de tonnes de carbone stockées dans les mangroves et les prairies[1]) et abritant une des plus importantes biodiversités au monde[2]. Le pays compte 23 M ha d’aires marines protégées dans lesquelles les activités humaines sont réglementées, la pêche y étant notamment régulée pour renforcer la durabilité des stocks, tout en préservant les traditions des communautés locales (à des fins d’éco-tourisme par exemple). L’Indonésie dispose également de 7 parcs nationaux marins dans lesquels les activités sont fortement réglementées pour la protection de l’environnement marin. Néanmoins, ces zones de protection ne représentent qu’environ 3% de la zone économique exclusive indonésienne.

Ce patrimoine marin est largement menacé par les activités humaines responsables des captures de poissons, de la dégradation de la qualité de l’eau, du changement climatique ou de la déforestation côtière (aquaculture, plantations, développement urbain). Des études montrent que 55% des mangroves sont dégradées, 40% des prairies sous-marines originelles auraient disparu et les coraux font face à un risque de blanchissement irrémédiable en cas d’augmentation de la température de l’eau ; un tiers des coraux sont en mauvais état d’après l’Institut des Sciences indonésien (LIPI). Or les mangroves et les coraux, au-delà de la riche biodiversité qu’ils représentent, protègent les zones côtières (estimation de protection de plus de 600 M USD de dommages annuels[3]) et soutiennent l’économie (les coraux généreraient des revenus de 2,9 Md USD d’après les Nations Unies (PNUE) pour la pêche et 3,1 Md USD pour le tourisme). La pollution plastique (dont l’Indonésie était le deuxième émetteur mondial en 2010[4], avec des émissions annuelles de 200 à 550 000 tonnes d’après des estimations récentes de la Banque mondiale) fait peser des risques sur la biodiversité marine et la pêche. En raison de la crise covid-19, les déchets plastiques et médicaux ont augmenté, avec des risques environnementaux accrus. La pêche intensive (légale et illégale) conduit à l’exploitation non-durable des stocks de poissons et à une pression sur la biodiversité (captures non-intentionnelles, filets abandonnés, dégradation des fonds marins), Enfin, les activités industrielles (pollution chimique par l’industrie textile, pollution des rivières par l’exploitation des mines d’or et de charbon, pollution en mer par l’industrie de transformation du nickel, fuites de pétrole et de gaz, projets de construction côtière…) contribuent à la dégradation de l’environnement marin, tout comme le tourisme de masse et ses externalités négatives (rejet des hôtels en mer, construction côtière, dégradation des fonds marins).

Les perspectives indonésiennes de protection de l’environnement marin

Conscient que la pollution plastique met en péril l’ensemble des activités et du patrimoine marin, le gouvernement a publié en 2017 son plan national de lutte contre la pollution plastique marine 2017-2025 afin de réduire la pollution plastique marine de 70% d’ici 2025. Ce plan repose sur 5 piliers : changement des comportements, lutte contre la pollution d’origine terrestre, lutte contre la pollution d’origine marine, forte réduction de production et d’usage de plastique et amélioration des mécanismes de financements et de la mise en œuvre des dispositions réglementaires. Le gouvernement et plusieurs collectivités locales ont ainsi entrepris plusieurs mesures : taxe nationale depuis 2020 sur plusieurs produits en plastique (dont sacs et bouteilles) et limitation de distribution de produits en plastique à usage unique (38 villes et 2 provinces avec de telles mesures, dont Bali et Jakarta), valorisation des démarches de recyclage (taux actuel d’environ 10%), sensibilisation de la population, réduction des déchets par les producteurs (feuille de route nationale pour la réduction de la production de déchets de 30% d’ici 2029, avec à cette date l’interdiction des pailles en plastique, des sacs en plastique à usage unique et de plusieurs produits en polystyrène), promotion de projets waste-to-energy.

Le gouvernement mène également des programmes de protection et de réhabilitation du patrimoine marin. Il a pour cela établi des zonages maritimes selon les différents usages aux niveaux national et locaux, dont il doit renforcer l’intégration entre les différentes juridictions. Il prévoit de porter la superficie des aires marines protégées à 30 M ha d’ici 2030 ainsi que de renforcer leur surveillance et leur gestion, de restaurer les mangroves endommagées (150 000 ha en 2021 et 600 000 ha d’ici 2024), de renforcer la lutte contre la pêche illégale et de rendre plus durable l’exploitation des ressources marines (aquaculture notamment). Membre de l’International Coral Reef Initiative (ICRI), l’Indonésie met également en œuvre des programmes de protection et de restauration des coraux.

La participation de la France à la protection de l’environnement marin

Plusieurs projets et programmes de recherche financés ou menés par la France permettent de contribuer à la protection de l’environnement, en coopération avec les autorités indonésiennes ou la société civile. Ainsi, l’Agence Française de Développement (AFD) a financé plusieurs projets en faveur de la gestion durable des ressources marines, de la replantation de mangroves et du suivi des déchets en mer. La biodiversité marine et l’atténuation de la pollution plastique sont un axe prioritaire pour les activités de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) en Indonésie.

Le Trésor a lancé un appel à projet FASEP (international dont Indonésie) pour des solutions innovantes pour la décarbonation des services essentiels, y compris sur des thématiques comme l’assainissement et de la gestion des déchets qui peuvent avoir un impact sur l’environnement marin et pour lesquelles des solutions vertes et innovantes portées par des entreprises françaises pourront être valorisées.


[1] Alongi et al (2016), Indonesia’s blue carbon: a globally significant and vulnerable sink for seagrass and mangrove carbon

[2] World Bank (2021), Oceans for Prosperity: Reforms for a Blue Economy in Indonesia

[3] Beck et al (2018), The global flood protection savings provided by coral reefs, Nature Communications

[4] Jambeck et al (2015), Plastic waste inputs from land into the ocean