Petite économie très ouverte portée par son industrie manufacturière -qui affiche la part la plus élevée d’Europe en termes de part de PIB- et sa place financière, le Liechtenstein bénéficie d’une situation économique et financière très prospère.

Le pays, largement dépendant à la fois de l’Union européenne, pour ses débouchés, et de la Suisse avec qui il partage une union douanière et sa monnaie, se démarque par (i) un PIB/habitant parmi les plus élevés au monde, (ii) une population active supérieure à la taille de sa population résidente, reflet d’une situation de plein-emploi structurel ; et (iii) des finances publiques particulièrement saines. Toutefois, la principauté reste sensible aux chocs conjoncturels internationaux, la demande intérieure n’offrant qu'une capacité marginale de résilience par rapport aux grands pays. Le ralentissement actuel de la zone euro, et en premier lieu de l’Allemagne, dégrade ainsi quelque peu les perspectives de court terme de la Principauté du Liechtenstein.

I. Le Liechtenstein affiche le 2ème PIB/habitant le plus élevé du monde

Selon l’office statistique du Liechtenstein, en 2022 (dernière année disponible), avec un PIB nominal de 7 Mds CHF pour une population de 39 700 habitants, le Liechtenstein (6ème plus petit pays au monde par sa superficie), génère un PIB/personne de 177 000 CHF, soit le 2ème plus élevé au monde après Monaco et le double de celui de la Suisse. Si le secteur tertiaire est le 1er contributeur au PIB (55 %), l’industrie y occupe aussi une place très importante en comparaison internationale (40 % - soit la plus grande part parmi l’ensemble des pays européens), tandis que le secteur primaire reste (assez logiquement) marginal (<1 %). Le tissu productif du Liechtenstein est constitué d’un grand nombre de très petites entreprises : 88 % des 5 400 entreprises qui y sont établies comptent moins de 10 salariés. Ses entreprises bénéficient d’un libre accès à la fois au marché européen (en tant que membre de l’EEE) et au marché helvétique (union douanière et monétaire avec la Suisse – le franc suisse étant la monnaie nationale du Liechtenstein, pour qui la BNS joue le rôle de Banque centrale).

II. L’économie est portée par une industrie diversifiée et tournée vers l’export 

L’économie liechtensteinoise se distingue par un très haut niveau d’industrialisation. L’industrie manufacturière est essentiellement tournée vers l’export (Suisse, Allemagne, États-Unis) et spécialisée dans la production de biens à forte valeur ajoutée sur des segments de niches, comme les machines-outils, les instruments de précision et d’optique, l’électronique, les produits pharmaceutiques ou encore les produits dentaires. Parmi les plus grandes entreprises de la principauté, on retrouve notamment (i) Hilti, spécialisée dans les outils pour professionnels de la construction ; (ii) ThyssenKrupp Presta, active dans les équipements automobiles ; (iii) Hilcona, œuvrant dans l’agroalimentaire et fournissant une large part des plats surgelés consommés en France ; (iv) Hoval, experte en systèmes de chauffage/ventilation ou encore (v) Ivolcar (dentisterie et technologie dentaire). Le secteur tertiaire (55 % du PIB) est largement orienté vers les services à l’industrie (services financiers et d’assurance, conseil juridique et fiscal, audit, commerce). L’innovation constitue l’un des principaux facteurs du succès de l’économie du Liechtenstein. Les dépenses de R&D, qui atteignent 6,5 % du PIB (contre 2,5 % en moyenne dans l’OCDE), y sont majoritairement pourvues par le secteur privé. Le nombre total d’entreprises du pays a presque doublé en vingt ans.  

 III. La place financière de Vaduz représente plus d’un dixième du PIB du pays

Reflétant l’importance de la place financière de Vaduz, le secteur bancaire et financier est à l’origine de 11 % du PIB de la Principauté et emploie 17 % de la main-d’œuvre. Il regroupe une diversité d’acteurs : banques, compagnies d’assurances, gestionnaires d’actifs, fonds d’investissement, fiduciaires, fintechs. Les banques liechtensteinoises sont spécialisées dans les activités de banque privée (411.4 Mds CHF d’actifs sous gestion en 2022). La place se distingue notamment par le poids représenté par le fonds d’investissement LGT (316 Mds CHF d’actifs sous gestion), directement rattaché à la maison princière, qui agit peu ou prou comme un fonds souverain. Les établissements bancaires locaux figurent parmi les mieux capitalisés d’Europe : le ratio Common Equity Tier1 des fonds propres du secteur bancaire atteignait ainsi 19,6% des actifs pondérés du risque fin 2020. La principauté a été retirée de la liste noire des paradis fiscaux de l’OCDE en 2009 après avoir reconnu la norme relative à la coopération fiscale internationale et s’être engagée, au travers de plusieurs accords bilatéraux, à assurer une meilleure transparence de ses activités bancaires. Elle a ensuite été sortie de la liste grise de l’UE des Etats et territoires non coopératifs en matière fiscale en 2018 (ndr : le taux unique de l’impôt sur les sociétés demeure néanmoins l’un des plus bas des pays développés, avec un taux moyen de 12,5%).

IV. Une situation structurelle de plein-emploi

Le pays se distingue par une population active supérieure (43 000 salariés) à la population résidente (39 700), qui se traduit par un chômage exclusivement frictionnel. En 2023, le taux de chômage a atteint seulement 1,4 %. Autre particularité liechtensteinoise, le nombre d’offres de postes y est égal à plus du triple du nombre de personnes sans emploi enregistrées auprès des autorités. Le salaire mensuel médian brut se monte à 7 042 CHF en 2022 selon l’office statistique du pays. Les travailleurs étrangers, qui représentent (logiquement) plus de 70 % de la main-d’œuvre du pays, sont principalement originaires de Suisse (60 % d’entre eux) et d’Autriche (36 %), et sont en majorité frontaliers (24 000 travailleurs frontaliers).

V. Des finances publiques particulièrement saines

Les finances publiques du Liechtenstein sont particulièrement solides : le pays affiche une dette nette négative (i.e., ses actifs sont supérieurs à ses passifs), enregistre régulièrement un excédent budgétaire et a ainsi pu accumuler une « réserve » budgétaire. Sa solvabilité est notée AAA par Standard’s & Poor depuis 1996, classant désormais la Principauté parmi les 11 derniers pays au monde à disposer de la notation souveraine maximale. Le ratio des dépenses publiques atteint seulement 22,6 % du PIB. En 2022, les dépenses des administrations publiques étaient principalement affectées à la Sécurité sociale (22 %) et à l’éducation (20 %). Le programme de soutien budgétaire pour faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19 (mécanisme de soutien à l’activité, subventions et prêts garantis) s’était limité à 2 % du PIB.

 VI. Dans un pays très sensible aux chocs mondiaux, les répercussions de la guerre en Ukraine menacent toutefois la reprise enregistrée après la crise du Covid-19

Assez volatile, car très dépendante de l’international et des chocs extérieurs, l’économie liechtensteinoise avait enregistré une récession de près de -6 % du PIB en 2020 avant de très fortement rebondir à +17,2 % en 2022. Le pays avait renoué avec son niveau d’avant-crise dès le 1er trimestre 2021, grâce (i) à l’effet « stabilisateur » de sa composition sectorielle (le secteur financier et l’agroalimentaire n’ayant presque pas été affectés par la crise) ; (ii) à la limitation de la contraction de l’activité dans le secteur de la construction ; et (iii) au maintien de l’emploi industriel par le biais du chômage partiel. Toutefois, la principauté reste très sensible aux chocs conjoncturels internationaux, la demande intérieure n’offrant qu'une capacité de résilience marginale eu égard à la petitesse de la population résidente. Le ralentissement en cours de la zone euro, et en premier lieu de l’Allemagne, conjugué à la fragmentation des chaînes de valeur, pèse ainsi sur les perspectives de court terme du Liechtenstein.

 

Ces dernières années, le Liechtenstein s’est évertué à renforcer son cadre des affaires et améliorer sa transparence financière. C’est dans ce contexte que la Principauté a officiellement déposé sa demande d’adhésion au FMI en mai 2023, assortie d’une quote-part de 100 M DTS.