Petite économie très ouverte portée par son industrie manufacturière et sa place financière, le Liechtenstein se démarque par (i) un PIB/habitant très élevé, notamment grâce à une population active équivalente à sa population résidente ; (ii) un plein-emploi structurel ; et (iii) des finances publiques particulièrement saines. Toutefois, alors que la principauté s’était rapidement remise de la crise du Covid-19, les répercussions de la guerre en Ukraine assombrissent les perspectives pour 2022.

Le pays est largement dépendant à la fois de l’Union européenne, pour ses débouchés, et de la Suisse avec qui il partage une union douanière et sa monnaie. 

I. Le Liechtenstein génère le PIB/habitant le 2ème plus élevé au monde

Avec un PIB de 6,6 Mds CHF pour une population de 39 000 habitants en 2019, le Liechtenstein (6ème plus petit pays au monde par sa superficie), génère un PIB/habitant de 171 000 CHF selon la Banque mondiale, soit le 2ème plus élevé au monde après Monaco et le double de celui de la Suisse.

Si le secteur tertiaire est le 1er contributeur au PIB (57 %), l’industrie y occupe aussi une place très importante en comparaison internationale (43 % - soit la plus grande part parmi l’ensemble des pays européens), tandis que le secteur primaire reste très modeste (<1 %). Le tissu productif du Liechtenstein est constitué d’un grand nombre de très petites entreprises : 88 % des 5 000 entreprises qui y sont établies comptent moins de 10 salariés. Ses entreprises bénéficient d’un libre-accès à la fois au marché européen (en tant que membre de l’EEE) et au marché helvétique (union douanière et monétaire avec la Suisse – le franc suisse étant la monnaie nationale du Liechtenstein, pour qui la BNS joue le rôle de banque centrale).  

II. L’économie est soutenue par une industrie diversifiée et tournée vers l’export 

L’économie liechtensteinoise se distingue par un haut niveau d’industrialisation. L’industrie manufacturière est essentiellement tournée vers l’export (Suisse, Allemagne, Etats-Unis) et spécialisée dans la production de biens à forte valeur ajoutée sur des segments de niches, comme les machines-outils, les instruments de précision et d’optique, l’électronique, les produits pharmaceutiques ou encore les produits dentaires. Les plus grandes entreprises de la principauté sont actives dans (i) les outils pour professionnels de la construction (Hilti) ; (ii) les équipements automobiles (ThyssenKrupp Presta) ; (iii) l’agro-alimentaire (Hilcona) ; et (iv) les systèmes de chauffage/ventilation (Hoval). Le secteur tertiaire est en fait largement orienté vers les services à l’industrie (services financiers et d’assurance, conseil juridique et fiscal, audit, commerce).

L’innovation constitue l’un des principaux facteurs du succès de l’économie du Liechtenstein. Les dépenses de R&D, qui atteignent 5,7 % du PIB (contre 2,5 % en moyenne dans l’OCDE), y sont majoritairement pourvues par le secteur privé. Le nombre total d’entreprises du pays a presque doublé en vingt ans.

 III. La place financière de Vaduz représente près d'un quart du PIB du pays

Reflétant l’importance de la place financière de Vaduz, le secteur bancaire et financier est à l’origine de 22 % du PIB de la principauté et emploie 17 % de la main-d’œuvre. Il regroupe une diversité d’acteurs : banques, compagnies d’assurances, gestionnaires d’actifs, fonds, fiduciaires, fintechs. Les banques liechtensteinoises sont spécialisées dans les activités de banque privée (365 Mds CHF d’actifs sous gestion en 2020).

La place se distingue notamment par le poids représenté par le fonds d’investissement LGT (286 Mds CHF d’actifs sous gestion), directement rattaché à la maison princière, qui agit peu ou prou comme un fonds souverain.

Les établissements bancaires locaux figurent parmi les mieux capitalisées d’Europe : le ratio Common Equity Tier1 des fonds propres du secteur bancaire atteignait ainsi 21,8 % des actifs pondérés du risque fin 2020.

La principauté a été retirée de la liste noire des paradis fiscaux de l’OCDE en 2009 après avoir reconnu la norme relative à la coopération fiscale internationale et s’être engagée, au travers de plusieurs accords bilatéraux, à assurer une meilleure transparence de ses activités bancaires. Elle a ensuite été sortie de la liste grise de l’UE en 2018 (ndr : le taux unique de l’impôt sur les sociétés demeure néanmoins l’un des plus bas des pays développés, avec un taux moyen de 12,5 %). 

IV. Une situation structurelle de plein-emploi

Le pays se distingue par une population active équivalente à la population résidente, qui se traduit par un chômage exclusivement frictionnel. En baisse continue depuis 2015, le taux de chômage a atteint un plus-bas historique de 1,5 % en 2019, avant de remonter très légèrement en 2020 sous l’effet de la crise Covid, puis de retomber à 1,6 % en 2021. En mai 2022, le taux de chômage atteignait seulement 1,3 %. Autre particularité liechtensteinoise, le nombre d’offres de postes y est égal à plus du double du nombre de personnes sans emploi enregistrées auprès des autorités. Le salaire mensuel médian brut se monte à 6 675 CHF en 2018.

Les travailleurs étrangers, qui représentent logiquement plus de 70 % de la main d’œuvre du pays, sont principalement originaires de Suisse (57 % d’entre eux) et d’Autriche (39 %), et en majorité frontaliers.

V. Des finances publiques particulièrement saines

Les finances publiques du Liechtenstein sont particulièrement solides : le pays affiche une dette nette négative (i.e., ses actifs sont supérieurs à ses passifs), enregistre régulièrement un excédent budgétaire et a ainsi pu accumuler une « réserve » budgétaire. Sa solvabilité est notée AAA par l’agence Standard’s & Poor depuis 1996, classant désormais la principauté parmi les 12 derniers pays au monde à disposer de la notation souveraine maximale. Le ratio des dépenses publiques atteint seulement 21 % du PIB. En 2020, les dépenses des administrations publiques étaient principalement affectées à la sécurité sociale (34 %) et à l’éducation (16 %). Le programme de soutien budgétaire pour faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19 (mécanisme de soutien à l’activité, subventions et prêts garantis) s’était limité à 1 % du PIB.

 VI. Dans un pays très sensible aux chocs mondiaux, les répercussions de la guerre en Ukraine menacent toutefois la reprise enregistrée après la crise du Covid-19

Assez volatile car très dépendante de l’international et des chocs extérieurs, l’économie liechtensteinoise avait enregistré une récession de près de -6 % du PIB en 2020 avant de très fortement rebondir à +13 % en 2021 selon le think tank Liechtenstein Institut. Le pays avait renoué avec son niveau d’avant-crise dès le 1er trimestre 2021, grâce (i) à l’effet « stabilisateur » de sa composition sectorielle (le secteur financier et l’agro-alimentaire n’ayant presque pas été affectés par la crise) ; (ii) à la limitation de la contraction de l’activité dans le secteur de la construction ; et (iii) au maintien de l’emploi industriel par le biais du chômage partiel.

Logiquement, le Liechtenstein voit depuis plusieurs mois sa conjoncture s’assombrir : si l’utilisation du franc suisse limite les tensions inflationnistes, l’activité est en revanche pénalisée par la situation tendue sur les marchés de l'énergie et des matières premières, les goulets d'étranglement persistants dans les chaînes de valeur mondiales ainsi que les difficultés de l’Allemagne (de loin son 1erpartenaire après la Suisse).

Dans le sillage de la guerre en Ukraine, la principauté pourrait faire face à des « effets de second tour » en cas de net ralentissement de la demande externe, en raison de sa forte propension à exporter et de sa concentration sur la production de biens d'investissement. Au 1er trimestre 2022, les exportations des entreprises liechtensteinoises ont ainsi accusé un repli de -12 % en glissement annuel. Les projections actuelles anticipent une croissance de 2 % en 2022 et de 1,5 % en 2023.