SITUATION SANITAIRE (COVID-19)

Depuis la levée de l’état d’alerte le 9 mai, les Espagnols sont autorisés à sortir de leur région et le couvre-feu n’est plus de mise, sauf aux Baléares (23h), dans la région de Valence et en Catalogne (minuit). Malgré la décrue (incidence de 144 pour 100 000 sur 14j au 19 mai), le gouvernement invite à un optimisme prudent, avant l’ouverture prochaine de la saison estivale.

Au Portugal, l’incidence est la plus faible de l’UE (50 pour 100 000 sur 14j). Comme en Espagne, plus de 30% de la population a reçu au moins une dose vaccinale. Le 17 mai, le Portugal a rouvert aux touristes de l’UE, des pays associés à l’espace Schengen et du Royaume-Uni, dès lors que l’incidence du pays d’origine est inférieure à 500/100 000 sur 14j.

ACTUALITÉS AGRICOLES

Politiques agricoles

Le Portugal a été le premier pays à remettre son Plan de relance et de résilience à la Commission européenne, le 22 avril. Son volet agricole prévoit notamment 93 M€ pour l’innovation et le développement technologique, 47 M € pour le réseau d’irrigation associé au barrage de Crato, et 17 M€ pour moderniser les infrastructures d’irrigation en Algarve.

L’enjeu de la relance post-Covid est majeur pour l’Espagne, qui a connu la plus importante chute de PIB de tous les pays avancés en 2020 (-11%). Le Plan de relance espagnol comprend 102 réformes et 110 investissements, financés sur la base des 70 Md€ sous forme de subventions uniquement dans un premier temps et prévus pour le pays entre 2021 et 2023. La transformation environnementale et digitale du secteur agroalimentaire et de la pêche figure parmi les 30 composantes du plan, avec une enveloppe de 1,051 Md€ (1,5% des 70 Md€). Ces fonds serviront à encourager l’utilisation durable des sols agricoles, la digitalisation, l’économie circulaire, la modernisation de l’irrigation et des serres.

Déclinaison de la future PAC en Espagne : fin des rencontres bilatérales entre le ministre et les régions. Le ministère prépare la Conférence sectorielle agricole de juin, censée approuver le projet de Plan stratégique national. La négociation porte sur de nombreux sujets techniques, très sensibles pour l’Andalousie, première région espagnole bénéficiaire des aides PAC : nombre de régions de production, suppression des droits historiques, rythme de la convergence, définition de l’agriculteur véritable, place de l’agriculture biologique, amplitude de la redistribution, éco-régimes.

Les agriculteurs portugais lancent un appel à la mobilisation le 14 juin contre les prix bas et la future PAC. La Confédération nationale de l’agriculture (CNA) déplore que les agriculteurs parviennent à peine à couvrir leurs coûts de productions et entend alerter sur la réforme de la PAC, qui selon elle, favorise la dérégulation du marché.

 

Fruits et légumes

La baisse de l’offre de fruits à noyaux à la suite des épisodes de gel en France et en Italie pourrait améliorer la rémunération des producteurs espagnols. Les premières récoltes de fruits à noyaux ont commencé dans la région de Valence, où l’on attend une excellente qualité en termes de calibre, avec des volumes au rendez-vous. Ces prévisions valenciennes contrastent avec les pertes de production attendues dans d’autres régions du pays en raison du gel du mois de mars (50% de pertes en Aragon et en Catalogne, jusqu’à 60% pour les abricots de la région de Murcie). Les professionnels espagnols estiment que la récolte 2021 devrait dans tous les cas être de qualité et bénéficier d’une moindre concurrence européenne, donc de prix plus fermes.

Lancement de la campagne de la cerise dans le Jerte (Estrémadure). Une récolte porteuse d’espoir, tant en volume qu’en qualité, a démarré dans la Vallée du Jerte. L’Estrémadure, avec ces 9 903 ha de cerisiers, représente 30% de la SAU de cerisiers du pays et une production moyenne de 41 000 t, soit 37% de la production espagnole de cerises.

60 €/ha pour les producteurs portugais touchés par les épisodes de pluie et de grêle survenus en avril. Les vergers de cerises, pêches, abricots, prunes, ainsi que les vignes ont été particulièrement touchés. Le soutien ne peut excéder 60 €/ha et le montant maximum global de l’aide est plafonné à 30 000 € par exploitation.

 

Vin

Consommation en panne et stock élevés. En mars, les stocks espagnols de vins (49,3 Mhl), bien qu’en légère baisse, affichent 4,5 Mhl de plus qu’en mars 2020 et la consommation intérieure demeure faible (9,1 Mhl). Seules les exportations évoluent positivement : +23% en volume et +10% en valeur en Février 2021. Au vu de ces données, les professionnels espagnols demandent des mesures exceptionnelles destinées à alléger le marché.

Mesures exceptionnelles en Espagne : financement non encore tranché, à deux mois de la nouvelle campagne. Le ministère évalue à près de 100 M€ le coût des mesures exceptionnelles à déployer pour réguler les stocks en 2021/22 suite à la crise Covid. Cependant, les régions et les acteurs de la filière ne sont d’accord ni sur les mesures à financer en priorité, ni sur l’opportunité de financer ces mesures sur le Programme National d’Appui vitivinicole 2022.

Un soutien exceptionnel de 8 M€ pour le secteur vitivinicole portugais a été annoncé par la ministre de l’Agriculture, pour environ 750 producteurs. Elle a également exprimé l’intention du gouvernement de mettre en place au cours de l’été un soutien dans le cadre du Programme de développement rural 2020 pour augmenter la capacité de stockage du vin, avec un taux de soutien non remboursable de 45% et un investissement éligible pouvant aller jusqu’à 200 000 €.

 

Travailleurs saisonniers

Nouveau guide de bonnes pratiques sanitaires Covid-19 sur les exploitations espagnoles. Les ministres de l’Agriculture et de la Santé, en concertation avec les régions, ont renforcé les recommandations concernant les conditions de travail en milieu agricole face au Covid. Entre juin 2020 et le 25 avril 2021, 15 004 cas de Covid ainsi que 725 foyers épidémiques ont été enregistrés dans le secteur agricole, soit 31% des cas et 12,4% des foyers liés au monde du travail. Dans un guide de bonnes pratiques sont détaillées les mesures à prendre pour prévenir les contaminations, limiter la circulation du virus, informer et protéger les travailleurs, ou encore aménager les conditions de travail et de transport.

Le Portugal traverse une période de tensions liée à l’immigration, très marquée dans le secteur agricole. Des milliers d’immigrés travaillent dans le secteur de l’agriculture au Portugal, majoritairement originaires du Népal et de l’Inde, suivis de la Bulgarie, de la Thaïlande et de l’Allemagne. 32 enquêtes sont en cours dans plusieurs municipalités de l’Alentejo pour crimes de traite d’êtres humains, aide à l’immigration illégale et augmentation du travail illégal. Depuis 2018, 11 suspects et accusés ont été arrêtés, 387 personnes et 14 entreprises, et 134 victimes de traite à des fins d’exploitation ont été signalées.

Le Gouvernement portugais a déployé de nombreuses mesures. Un cordon sanitaire a été créé autour des freguesias (quartiers) de Sao Teotonia et Almograve, dans la municipalité d’Odemira, en raison de l’incidence élevée des cas de Covid-19, en particulier chez les travailleurs agricoles immigrés. Leurs conditions de vie et de travail ont été pointées du doigt alors que le Sommet Social de Porto, point d’orgue de la Présidence portugaise, se tenait les 7 et 8 mai. La ministre de l’Agriculture a qualifié la situation «d’inadmissible ».

Par ailleurs, depuis le 30 avril, les exploitations agricoles portugaises qui emploient dix travailleurs ou plus sont tenues d’effectuer un recensement quotidien de leurs travailleurs, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 (identification complète, résidence, identification fiscale, identification de sécurité sociale et contact téléphonique de l’employé).

Enfin, un accord pour l’octroi de licences pour le logement sur les exploitations agricoles a été signé entre le ministère de l’Agriculture et la profession, et le Gouvernement prévoit des aides à l’investissement pour l’hébergement des travailleurs agricoles.

 

Grande distribution

Le leader espagnol de la grande distribution, Mercadona, soutient les produits portugais. Récemment implanté au Portugal, Mercadona a signé un protocole de collaboration avec la Confédération des producteurs portugais (CAP) visant à valoriser les produits issus de l’agriculture du pays. En 2021, Mercadona investit de 400 M€ dans son activité au Portugal où elle compte 20 supermarchés (deux fois plus qu’à fin 2019).

COMMERCE EXTÉRIEUR

Nouvel excédent commercial record pour l’agroalimentaire espagnol : 17,8 Md€ en 2020. Les exportations agroalimentaires ont atteint 53,1 Md€ l'an dernier (4,3 % de plus qu'en 2019), pour  35,3 Md€ d’importations. Cela s’inscrit dans la tendance de ces dix dernières années, durant lesquelles la balance commerciale du pays a augmenté de 6,3%. Ainsi, l’Espagne est le pays avec la plus forte augmentation des exportations de l’UE.

Hausse des exportations espagnoles de fruits et légumes et de produits porcins. La balance commerciale espagnole est tirée par les exportations de la filière porcine vers la Chine (85% des ventes vers ce pays) qui ont augmenté de 72%, pour atteindre 3,732 Md€ en 2020. Sur la scène européenne, l’Espagne est également en tête des exportations de fruits et légumes avec 16,459 Md€ en 2020, ce qui représente 92% des exportations du secteur. Ainsi, les filières fruits et légumes et porcine ont vu leurs exportations augmenter en 2020 (respectivement 5% et 22%) quand, par ailleurs, les exportations de vin et d’huile d’olive ont plutôt montré une tendance à la baisse: -3% et -6% respectivement. particulièrement dynamiques (+38,5%), avec 15,5 M€. A noter également, la croissance des exportations sur les marchés allemand (+21,2%) et belge (+ 16,2%). En revanche, les marchés angolais et japonais ont enregistré des baisses de -31,9% et -13,5%, respectivement.

Au Portugal, malgré la pandémie, les exportations de produits agricoles ont augmenté de 5% en 2020. Sur l'ensemble du secteur agroalimentaire, les exportations ont augmenté de 2,5%, tandis que les importations ont diminué de 4,8% par rapport à 2019. Depuis le début 2021, l’industrie agroalimentaire maintient sa trajectoire positive, avec une croissance cumulée (janvier-février 2021) des exportations de 2,6% et une baisse de 6,1% des importations. La ministre a précisé que pendant la pandémie, 12 marchés ont été ouverts pour 21 produits portugais.

Les exportations portugaises de vin augmentent de 13% au premier trimestre 2021, dépassant les 200 M€ en mars. Parmi les pays tiers, les exportations de vins portugais vers le Brésil sont particulièrement dynamiques (+38,5%), avec 15,5 M€. A noter également, la croissance des exportations sur les marchés allemand (+21,2%) et belge (+ 16,2%). En revanche, les marchés angolais et japonais ont enregistré des baisses de -31,9% et -13,5%, respectivement.

Royaume-Uni : les exportations de fruits et légumes espagnols rebondissent en valeur après 2 mois de Brexit, mais baissent en volume. Entre janvier et février, les exportations en volume ont baissé de 7%, jusqu’à 302 190 t, notamment à cause des problèmes logistiques aux frontières et du Covid-19. Parallèlement, les coûts administratifs ont augmenté, mais le retrait de l’obligation du certificat sanitaire devrait fluidifier les échanges à l’avenir. Malgré les volumes en baisse et les questions administratives, la valeur des ventes de fruits et légumes espagnols au Royaume-Uni en janvier et février a atteint 427M€, par rapport aux 404M€ sur ces mêmes mois en 2020.

États-Unis : l’Espagne perd son titre de 1er fournisseur d’huile d’olive. Sur la campagne 2019/2020, les exportations d’huile d’olive vers les États-Unis ont chuté de 34%, jusqu’à à peine plus de 100 000 t. C’est l’Italie qui prend désormais la place de premier fournisseur aux États-Unis, après une croissance de 6,5% de ses exportations outre-Atlantique. Sur la même période, les huiles tunisiennes et portugaises ont connu des croissances impressionnantes, arrivant aux 3ème et 4ème places des origines importées, derrière les huiles espagnoles. Ce déclassement espagnol est perçu par de nombreux observateurs comme une conséquence des sanctions douanières américaines imposées en octobre 2019. 

Mercosur : l’Espagne et le Portugal demandent à Bruxelles de débloquer l’accord. Appuyant le Premier ministre portugais Antonio Costa, qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE et pousse à la ratification de l’accord, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a envoyé une lettre en ce sens à la Présidente de la Commission européenne. Il considère que la présidence portugaise est le moment idéal pour avancer sur les derniers détails afin de permettre la signature de l’accord, et que ce serait une grave erreur de laisser passer cette opportunité.

PÊCHE MARITIME ET AQUACULTURE

La pêche de la sardine a repris le 17 mai au Portugal, après près de 7 mois d’arrêt. Elle sera limitée à 10 000 tonnes, une limite qui devrait être révisée en juin. La pêche de la sardine était interdite depuis le 10 octobre 2020 dans les eaux nationales, après que la limite de capture de ce poisson a été atteinte pour l’année, compte tenu de l’accord avec l’Espagne dans le plan pluriannuel de gestion et de préservation des sardines 2018-2023.

Sardine : l'Espagne et le Portugal proposent un plan de gestion. Les Secrétaires Généraux en charge des pêches des deux pays se sont réunis afin de présenter à la Commission un nouveau plan de gestion de la pêche à la sardine pour la période 2021-26, incluant une nouvelle règle d'exploitation qui, de manière progressive, contribuera à l'augmentation des captures, en fonction des niveaux de biomasse identifiés, et à la reconstitution complète de la population de sardines ibériques.

Cétacés : l'Espagne, la France et le Portugal lancent un projet visant à mettre en place une stratégie coordonnée pour évaluer, surveiller et atténuer les impacts de la pêche sur les cétacés. Cette initiative, coordonnée par le Conseil national de la recherche espagnol (CSIC), visera à renforcer la collaboration et le travail scientifique entre ces trois pays afin de réduire les captures accidentelles de cétacés.