Résumé : En 2020, sous l’effet conjugué de la crise et des restrictions à l’importation décidées par les autorités sri lankaises, nos échanges bilatéraux de marchandises avec le Sri Lanka ont accusé une baisse de 18,5% par rapport à 2019, totalisant 365,9 M EUR. Nos exportations ont enregistré un recul de 46,8%, ce qui s’est traduit par une hausse de notre déficit bilatéral qui s’est élevé à 242,9 M EUR. En 2021, l’assouplissement progressif des restrictions à l’importation et le retour de la croissance permettent d’entrevoir un léger rebond de nos échanges bilatéraux.

 I)     Aperçu global des échanges commerciaux bilatéraux

En 2020, le commerce bilatéral de marchandises entre la France et Sri Lanka a enregistré une forte contraction, totalisant 365,9 M EUR, en baisse de 18,5% par rapport à 2019 qui résulte des perturbations induites par la pandémie. Conséquence de ce recul, en 2020, dans la région Asie du Sud, Sri Lanka n’était plus que le 5ème client de la France en 2020 (4ème en 2019), derrière par ordre décroissant, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh et le Bhoutan et notre 4ème fournisseur.

Notre commerce bilatéral, reflète nos avantages comparatifs respectifs : prédominance de l’habillement et des produits des plantations agricoles du côté sri-lankais ; biens d’équipement liés aux grands contrats et produits pharmaceutiques du côté français, ce qui expliquent les variations erratiques de nos exportations. Depuis 10 ans, la France n’a pas tiré avantage de la croissance économique à Sri Lanka et de la forte augmentation de ses importations (+95,1% entre 2009 et 2019). Ainsi, depuis 2009, les exportations françaises n’ont jamais dépassé les 220 M USD, hormis en 2014 et 2015 du fait de livraisons d’Airbus. En 2020, la France a accusé un déficit commercial bilatéral de 242,9 M EUR, ce qui constitue une détérioration par rapport à l’année précédente (-217,7 M EUR en 2019). Il s’agit du plus important déficit commercial de la France avec Sri Lanka au cours des dix dernières années. Le dernier excédent commercial de la France avec Sri Lanka date de 2015 (578,8 M EUR) et était conjoncturel car lié à une livraison d’aéronefs. Les exportations françaises sont en baisse continue depuis 2017 (-63,2% entre 2017 et 2020).

 II)     Une poursuite de la baisse des exportations, généralisée à l’ensemble des secteurs

Après une année 2019 qui avait vu une baisse des exportations françaises vers Sri Lanka de -7,2%, nos ventes de biens vers l’île ont connu un nouveau recul en 2020, mais beaucoup plus prononcé (-46,8%), s’établissant à 61,5 M EUR (contre 115,6 M EUR en 2019). Tous les types de produits exportés affichent une chute plus ou moins substantielle. Cela s’explique par la crise économique engendrée par la pandémie du COVID-19 ainsi que par les fortes restrictions sur les importations de produits étrangers vers Sri Lanka instaurées par les autorités à partir de la mi-mars 2020.

Les exportations françaises sont dominées par les ventes de produits pharmaceutiques (25,6% du total), qui avec 15,8 M EUR affichent une légère baisse (-4,3% en g.a). La catégorie des « équipements mécaniques, matériel électrique et électronique », deuxième poste à l’exportation, s’effondre de -55,7% sur un an (14,8 M EUR ; 24,1% des exports). Au sein de cette catégorie, 2,9 M EUR concernent les machines pour l’industrie agroalimentaire (en raison d’un prêt du Trésor dans le domaine de l’industrie laitière), 2 M EUR pour les moteurs et turbines (hors transport) et 1 M EUR en machines pour les industries textiles. La catégorie « Produits chimiques, parfums et cosmétiques » a représenté 10,5 M EUR (-20,6%) soit 17% des exportations (3ème poste), dont la majorité est constituée de produits chimiques. Les ventes des « produits des industries agroalimentaires », 4ème poste à l’exportation, ont été de 6,2 M EUR (-33,8% en g.a ; 10,1% du total), incluant le vin (0,9 M EUR). Les produits métallurgiques et métalliques se placent en 5ème position avec 4,1 M EUR (-76,1% en g.a ; 6,6 % du total). Cette forte baisse s’explique par la fin de grands contrats réalisés par Suez et Véolia qui comprenaient la livraison de tuyaux en fonte pour l’adduction d’eau. Concernant les importations de véhicules individuels, elles s’affichent en chute de -72,6%, à 1,15 M EUR, celles-ci étant interdites à Sri Lanka depuis la mi-mars 2020. La catégorie « Aéronefs et engins spatiaux » est devenu négligeable l’an dernier (0,33 M EUR) alors qu’elle représentait 20,6 M EUR en 2018.

La part de marché de la France dans les importations sri lankaises a sensiblement baissé passant de 1,1% en 2019 à 0,7% d’après la Banque centrale sri lankaise (CBSL). La France se classe au 26ème rang des fournisseurs (21ème rang en 2019) loin derrière la Chine (22,3% de part de marché) et l’Inde (19,2%). La France ne se classe qu’au 5ème rang des fournisseurs européens, derrière l’Allemagne (2%), l’Italie (1,7%), le Royaume-Uni (1,3%) et la Suisse (0,8%).

 III)     Une baisse des importations, concentrées sur les produits traditionnels

Les importations françaises de biens sri lankais, impactées par la crise, ont diminué en 2020, atteignant 304,4 M EUR (-8,7% comparé à 2019). Elles restent largement dominées par la catégorie « Textiles, habillement, cuir et chaussures » qui représente à elle seule plus de la moitié (57,3%) du total des importations françaises depuis ce pays avec 174,3 M EUR et qui a baissé de 6,8% en 2020. Les achats de produits agroalimentaires, agricoles et de la pêche constituent la seconde catégorie de produits importés par la France. Ils ont augmenté de +7,3% (à 60,2 M EUR, dont 26,1 M pour les produits de la pêche et 4,8 M pour le thé & café) l’an dernier. Enfin, les produits en caoutchouc et pneumatiques se sont placés en troisième position avec 27,9 M EUR (-15,7%). La catégorie des « équipements mécaniques, matériel électrique et électronique » chute de -10,3% sur un an (14,5 M EUR). Quant aux achats « d’articles de joaillerie et bijouterie », ils se sont effondrés (5,9 M EUR, -67%). Les exportations sri-lankaises vers la France ont bénéficié de la poursuite de la facilité SPG+, accordée par l’Union Européenne en mai 2017. Celle-ci permet une suppression des droits de douanes de l’UE sur 66% des lignes tarifaires pour les produits sri lankais exportés vers l’UE.

La part de marché de la France dans les exportations sri lankaises est de 1,8% (soit 184 M EUR) d’après la CBSL. La France se classe au 13ème rang, loin derrière les Etats-Unis (24,9%) et le Royaume-Uni (9%), les deux premiers clients. Elle se classe au 6ème rang des clients européens, derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne (5,7%), l’Italie (4,5%), la Belgique/Luxembourg[1] (3%) et les Pays-Bas (2,9%). Toutefois, les statistiques sri-lankaises des exportations de Sri Lanka vers la France sont fortement inférieures à celles des douanes françaises. Cela s’explique par « l’effet Rotterdam », une grande partie des exportations sri lankaises vers la France transitant par des ports d’autres pays européens.

En 2021, l’assouplissement de l’embargo sur les importations et la reprise économique devraient permettre un rebond de notre commerce bilatéral. Ainsi, sur les deux premiers mois de l’année 2021, nos échanges bilatéraux ont cru de +7,3%.



[1] Les deux pays ont été classés par la CBSL comme un ensemble commun au niveau statistique.