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Zoom de la semaine : situation économique et financière du Kazakhstan

D’une superficie égale à cinq fois la France, avec une population de 18 M d’habitants, le Kazakhstan est la première économie d’Asie centrale, concentrant plus de 50% du PIB de la région, soit 165 Mds USD en 2020, pour un PIB par habitant d’environ 8 750 USD.

1/Une économie tirée par les hydrocarbures touchée par la crise.

En dépit des politiques de diversifications affichées, l’économie kazakhstanaise repose encore essentiellement sur l’extraction d’hydrocarbures. Le secteur pétro-gazier du Kazakhstan représente environ 17% du PIB et environ deux tiers des exportations. Le pays dispose de 2% des réserves mondiales de pétrole (12ème rang mondial). Le Kazakhstan est en outre le premier producteur mondial d’uranium et dispose d’importantes réserves de fer, manganèse, chrome, charbon et potassium.

Une croissance annuelle du PIB de l’ordre de 4% a été atteinte entre 2017 et 2019, notamment grâce à l’augmentation de la production d’hydrocarbures et à la hausse de leurs cours. L’économie kazakhstanaise est donc aujourd’hui touchée par la crise à la fois du fait des restrictions liées à l’épidémie de Covid-19 mais aussi par la baisse des cours des hydrocarbures et des volumes de production dans le cadre de l’accord OPEP+.

Au 4 mai 2021, environ de 330 000 de cas de Covid-19 ont été officiellement détectés au Kazakhstan et environ 2 000 nouveaux cas étaient annoncés quotidiennement. Le pays compte par ailleurs officiellement 3 762 décès liés au Covid-19 mais ce chiffre apparaît nettement sous-évalué, alors que 30 029 décès supplémentaires ont été enregistrés en 2020 par rapport à 2019, soit une hausse de 20,7%. Une campagne de vaccination a débuté avec pour objectif de vacciner 10 M de personnes d’ici à l’automne 2021.

Selon le FMI et le gouvernement, le PIB kazakhstanais a reculé de 2,6% en 2020, sur fond de baisse des ventes de détail de 7,3% et de la production industrielle de 0,7%.

Concernant le commerce extérieur, en 2020, les exportations et les importations ont diminué de respectivement 19,1% et 4,1%. Le solde de la balance commerciale reste largement excédentaire (près de 8,9 Mds USD) mais réduit de moitié par rapport à 2019. Les exportations kazakhstanaises, composées à environ deux tiers d’hydrocarbures, sont très largement orientées vers l’Union européenne (UE), à hauteur de 39,1% en 2020. Concernant les importations, l’Union économique eurasiatique maintient globalement sa domination sur le marché kazakhstanais (37,3% des importations kazakhstanaises).

Le compte courant, déficitaire depuis plusieurs années (-7,3 Mds USD soit environ -3,9% du PIB en 2019), se résorbe légèrement en 2020 (- 6,3 Mds USD soit environ 3,8% du PIB prévisionnel). La dette externe, l’une des plus importantes parmi les pays de la CEI, s’élevait à environ 160,9 Mds USD au 1er octobre 2020 soit près de 91,4% du PIB.

A noter, les flux d’IDE entrants nets ont atteint 2,6 Mds USD au cours des trois premiers trimestres 2020 et devrait se maintenir à un niveau proche de celui de 2019 (2,9 Md USD).

Après cette année de récession le cycle de croissance devrait reprendre à partir de 2021 avec une croissance prévue à 3,2% selon le FMI. Selon le Ministre de l’économie la croissance du PIB aurait atteint -1,6% au 1er trimestre 2021 en g.a. Les ventes de détails baissaient de 1,2% tandis que la production industrielle augmentait de 0,1%.

2/ Des mesures de soutien budgétaire et monétaire pour répondre au défi.  

Les autorités ont répondu à la crise par la mise en œuvre d'un plan anti-crise estimé à environ 4,9% du PIB par le FMI, dont 2,1% du PIB de ressources budgétaires et 2,8% hors budgétaires. Ce plan comprend notamment des mesures sociales : une aide extraordinaire aux Kazakhstanais ayant perdu leurs revenus suite à l’instauration de l’état d’urgence, une revalorisation de 10% de toutes les retraites et prestations sociales et un renforcement du programme « Feuille de route pour l’emploi » ambitionnant de créer 250 000 emplois dans des projets d’infrastructures. D’autre part, des dispositifs de soutien aux PME et au secteur agricole ont été mis en place avec l’octroi massif de prêts subventionnés.

Par ailleurs, la Banque nationale est notamment intervenue à hauteur d’environ 1,5 Md USD en mars. De plus, en raison notamment des transferts massifs du Fonds national vers le budget (cf. infra), la Banque centrale a procédé à la vente de devises étrangères détenues par le Fonds national à hauteur de 8,2 Mds USD entre mars et décembre 2020. 

En matière de politique monétaire, la Banque centrale a dans un premier temps augmenté son taux directeur le 10 mars de 275 pdb à 12% suite à la chute des cours des hydrocarbures, avant de l’abaisser de 250 pdb à 9,5% le 3 avril 2020, puis de 50 pdb à 9% le 20 juillet 2020. Ces mesures semblent avoir porté leurs fruits du côté de la devise nationale qui ne s’est dépréciée que de 9,2% par rapport au dollar au cours de l’année 2020. L’inflation a toutefois accéléré à 7,5% en décembre 2020 en g.a., au-dessus du corridor cible de la Banque centrale de 4 à 6% pour 2020. La hausse des prix ralentit désormais s’établissait à 7% en avril 2021 en g.a.

3/ Le Kazakhstan d’importantes réserves et de marges de manœuvre.  

Si le déficit public consolidé s’est creusé à - 6,8% en 2020 selon le FMI suite à la mise en place d’une politique contra cyclique, le niveau d’endettement reste assez bas et soutenable avec une dette publique totale – directe et garantie – estimée à 48 Mds USD en septembre 2020, soit environ 27% du PIB. Le déficit consolidé devrait retomber à 2,7% en 2021 selon le FMI. L’augmentation des dépenses en 2020 a été essentiellement financée par une augmentation de 5,4 Mds USD des transferts du Fonds national vers le budget, s’ajoutant aux 7,4 Mds USD de transferts initialement prévus. Ces transferts massifs expliquent la baisse des réserves du Fonds national de 4,9% le 1er janvier 2021 en g.a. Au 1er avril 2021, les encours de ce fonds sont estimés à environ 57,1 Mds USD (un tiers du PIB) et les réserves de changes de la Banque centrale atteignent 33,5 Mds USD, soit environ 9 mois d’importations.

En outre, face à la crise, le pays a pu compter sur l’appui des institutions financières internationales. En juin 2020, la Banque asiatique de développement et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures ont approuvé des prêts budgétaires en faveur du Kazakhstan de respectivement 1 Md USD et 662 M USD.

Point d’attention, la diversification de l’économie kazakhstanaise n’est pas soutenue par un secteur bancaire sous dimensionné qui remplit peu son rôle de financement de l’économie. Si en février 2021, les crédits à l’économie réelle étaient en hausse de 11,9 % en g.a., le portefeuille total de crédits bancaires représentait seulement 20,5% du PIB en mars 2021. Le niveau de prêts non performants relativement faible affiché par la Banque centrale au 1er mars, 6,9%, est à considérer avec beaucoup de précautions.