Lumière Turquoise est la publication bimestrielle du SER d'Ankara

Après un assez fort démarrage de l’activité économique en Turquie au cours des premiers mois de l’année, la situation est dorénavant plus contrastée : si le secteur industriel enregistre un bon niveau d’activité (hors secteurs aéronautique et surtout automobile en lien avec la crise des composants électroniques ayant engendré des fermetures d’usines), les secteurs de la distribution (très forte baisse de la fréquentation depuis la mise en place de nouvelles mesures de restriction des déplacements début avril) et du tourisme (p. 12) sont en souffrance.
 
Le confinement total qui vient d’entrer en vigueur jusqu’au 17 mai accentue cette tendance de ralentissement de l’activité se traduisant par une forte baisse des indicateurs de confiance économique et une diminution marquée du crédit depuis le resserrement de la politique monétaire de la fin d’année. Sous la pression et compte-tenu de l’impact social de la crise et de la dégradation du niveau de vie en Turquie (p. 4) dans un contexte d’accélération de l’inflation (+16,2% en mars), un nouveau paquet de soutien à l’économie a été annoncé par les autorités. Celui-ci intègre notamment la remise en place d’un dispositif de chômage partiel jusqu’à fin juin, l’extension de la période d’interdiction des licenciements jusqu’à l’été et un ensemble d’aides financières aux petites entreprises. Dans un contexte de hausse des dépenses, les autorités ont également décidé du relèvement de l’impôt sur les sociétés de 20% à 25% en 2021 (il devrait redescendre à 23% l’an prochain).
Les incertitudes sur l’évolution de la crise sanitaire et sur le cap monétaire suivi, ainsi que les tensions avec les Etats-Unis (reconnaissance du génocide arménien, S-400) ou la Russie (Canal d’Istanbul, Ukraine) alimentent la nervosité des marchés et pèsent sur la valeur de la livre turque (p. 2).
 
En Géorgie, suite à l’accord politique signé le 19 avril entre le parti du Rêve géorgien au pouvoir et l’opposition sous l’égide du Conseil européen, les perspectives s’éclaircissent en vue d’une levée des blocages politiques. Pour autant, le pays maintient une doctrine de rigueur budgétaire sur 2021 pour compenser les mesures de soutien à l’économie prises face à la crise sanitaire. La mise en oeuvre de la plupart des nouveaux projets publics en dehors des infrastructures prioritaires, notamment routières, devrait ainsi être repoussée à 2022. Le rebond économique reste conditionné à une reprise de l’activité touristique encore balbutiante, limitée par le maintien d’un certain nombre de restrictions sanitaires.
 
En Azerbaïdjan, le dynamisme du secteur non pétrolier, grâce à la levée de la plupart des restrictions sanitaires, a permis de limiter la récession à 1,3% du PIB au 1er trimestre 2021. La remontée progressive du cours des hydrocarbures et la mise en service du corridor gazier Sud vers le marché européen ont également permis à l’Etat de dégager des marges de manoeuvre budgétaires, générant un léger excédent budgétaire. Dans le même temps, l’Etat poursuit ses efforts de modernisation des grandes entreprises publiques à travers l’Azerbaidjan Investment Holding (p. 8) et prépare des plans d’aménagement en amont des chantiers de reconstruction des territoires adjacents au Haut-Karabagh.
 
Au Turkménistan, la dégradation des comptes publics et le calendrier de remboursement des prêts contractés arrivant à échéance à très court terme (1,35 Md USD en 2021 et 1,1 Md USD en 2022) poussent le FMI à s’émanciper des données économiques officielles jugées trop optimistes. Dans le même temps, la baisse des transferts de fonds des travailleurs turkmènes en Turquie et la hausse des importations en provenance d’Iran continuent de créer une pression à la baisse sur la monnaie nationale, qui perd la moitié de sa valeur sur le marché parallèle par rapport à l’année précédente.