Avec la fermeture des frontières canadiennes et l’arrêt quasi-total du trafic aérien, le secteur canadien de l’aéronautique a été le secteur le plus durement touché par la crise sanitaire. Cette industrie, fortement pourvoyeuse d’emplois (235 000), n’avait bénéficié de soutien spécifique du gouvernement fédéral. Deux plan d’aides à Air Canada de près de 5,9 Md CAD (3,9 Md €) et à Air Transat de près de 700 M CAD (470 M €) ont finalement été annoncés respectivement les 12 et 29 avril 2021.

Une situation difficile pour le secteur de l’aéronautique au Canada

Avec la fermeture des frontières et les confinements successifs, Les entreprises canadiennes du secteur aéronautique ont été durement touchées par la crise sanitaire et les mauvaises nouvelles pour le secteur se sont accumulées, impactant toute la chaîne d’approvisionnement ainsi que les aéroports : perte annuelle de 4,65 Md CAD (environ 3 Md €) en 2020 et suppression de 22 800 emplois pour Air Canada, près de 10 000 suppressions d’emplois pour l’albertaine Westjet, arrêt temporaire des vols vers le Mexique, les Caraïbes et de certains vols vers l’Est canadien, suppression de 300 emplois chez Airbus à Mirabel, survie en jeu de la québécoise AirTransat avec ses 557 M CAD (371 M €) de perte et 85% de réduction de personnel depuis le début de la pandémie et l’échec du projet de rachat par Air Canada[1], énième report de la date de reprise de ses vols au 21 juin 2021, suspendus depuis le 21 mars 2020, pour Porter Airlines etc. Les mesures fédérales d’entrée sur le sol canadien sont en effet parmi les plus sévères au monde (quatorzaine à effectuer à l’arrivée, et depuis peu, un test PCR est pratiqué à l’arrivée avec obligation d’attente des résultats pendant trois jours dans des hôtels référencés par le gouvernement et à la charge des voyageurs).

Depuis le début de la crise, les entreprises du secteur ont pu bénéficier des programmes et aides transverses mises en place au niveau fédéral[2], en particulier :

  1. La Subvention Salariale d’Urgence du Canada (SSUC) : subvention à hauteur de 75% de la masse salariale à destination des entreprises en difficulté. Après avoir suspendu temporairement des contrats de travail, les compagnies aériennes canadiennes Air Canada et Westjet avaient rappelé des employés mis à pied afin de pouvoir bénéficier de la subvention salariale (16 500 pour Air Canada et près de 10 000 pour Westjet). Toutefois, cette subvention n’a pas suffi pour Westjet qui n’emploie plus que 4 500 personnes environ. De même Airbus Canada qui assemble l’A220 à Mirabel au Québec a également utilisé la subvention salariale fédérale.
  2. Le Crédit d’Urgence pour les Grands Employeurs (CUGE)[3] : annoncé le 11 mai 2020, ce programme permet l’octroi de prêts de montants supérieurs à 60 M CAD (39 M €) aux firmes canadiennes réalisant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 300 M CAD (195 M €). Pour être éligibles à ce dispositif, les entreprises devront démontrer leurs efforts pour la protection des emplois et la poursuite des investissements. Ce programme ne s’adresse pas aux entreprises insolvables ou en restructuration ni à celles qui ont la capacité financière pour résister à la crise.

     

    En outre, le gouvernement fédéral canadien a mis en place deux mesures de soutien économique directement orientées vers le transport aérien :

    1. Renonciation à la collecte des loyers des aéroports, afin d’alléger les dépenses financières des exploitants d’aéroports. Cette mesure de soutien concerne l’ensemble des loyers de la période de mars à décembre 2020 inclus. L’allègement cumulé s’élève à 330 M CAD (215 M €).
    2. Octroi d’un montant de 17,3 M CAD (11,4 M €) aux gouvernements du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut pour qu’ils appuient les transports aériens dans le Nord. Ces fonds ont pour vocation d’assurer la continuité de l’approvisionnement en denrées, fournitures médicales et autres biens et services essentiels aux communautés éloignées et accessibles uniquement par avion. 

Malgré tout, le secteur reste dans une situation critique. L’annonce par le gouvernement d’un plan d’aide de près de 5,9 Md CAD (3,9 Md €)  à Air Canada et de près de 700 M CAD (470 M €) à Air Transat, par l'intermédiaire du Crédit d'urgence pour les grands employeurs (CUGE), a donc été perçue comme un soulagement pour une partie du secteur. L’Association des Industries Aérospatiales du Canada (AIAC) réclamait en effet un tel soutien depuis déjà plusieurs mois. Par ailleurs, Sunwings Airlines a déjà obtenu un prêt de 375 M CAD (250 M €) début février également via le CUGE. Westjet est toujours en discussion avec le gouvernement fédéral pour obtenir eux aussi des prêts, dans le cadre du CUGE.

Le plan d’aide à Air Canada vise à lui redonner des liquidités supplémentaires et se décompose en plusieurs volets de financement par instruments d'emprunts et de capitaux propres pour un montant maximal de 5,9 Md CAD (3,9 Md €) (détails en annexe). En contrepartie, le plus gros transporteur canadien devra rembourser les clients qui en font la demande pour les vols annulés depuis février 2020 à cause de la pandémie et reprendre la desserte de la quasi-totalité des destinations régionales. Ce plan s’ajoute aux 6,8 Md CAD (4,53 Md €) de liquidités qu’Air Canada a dû dégager pour traverser la pandémie.

Le même type de soutien vient d’être accordé à Air Transat après plusieurs semaines de discussions (détails en annexe). L’entreprise avait déjà préalablement bénéficié d’une aide de 120 M CAD (80,9 M €).


[1] A noter que depuis la vente avortée d’Air Transat à Air Canada, WestJet s’est dite intéressée par le rachat de Transat Airlines, même si le ministre l'Économie et de l'Innovation du Québec, Pierre Fitzgibbon, souhaite privilégier une solution québécoise.

[2] https://www.canada.ca/fr/ministere-finances/plan-intervention-economique.html#entreprises

[3] https://pm.gc.ca/fr/nouvelles/communiques/2020/05/11/premier-ministre-annonce-de-nouvelles-mesures-de-soutien-aux