Un centre administratif en pleine croissance.

Abuja est la capitale politique du Nigéria, située au centre du pays dans le territoire de la capitale fédérale (FCT). Il s'agit d'une ville construite ex-nihilo dans les années 1980, qui succède à Lagos comme capitale du pays le 12 décembre 1991, entrainant la délocalisation de l’ensemble des ministères et représentations diplomatiques. Selon les Nations unies, la population de la ville a augmenté de 140% entre 2000 et 2010, soit le plus fort taux de croissance au monde sur la période. La population d’Abuja est estimée à 3,5 M d’habitants. Cette croissance a conduit à l'émergence de villes satellites, telles que les zones urbaines de Karu, Suleja, Gwagwalada, Lugbe et Kuje. Selon NBS en 2015, une large moitié (57,2%) de la population d’Abuja a moins de 25 ans et le FCT affiche un taux de fertilité de 4,6 enfants par femme, contre 5,8 pour la moyenne nationale.

La ville d’Abuja est constituée de 5 districts centraux (Asokoro, Central Business, Garki, Maitama, Wuse). Suite au changement de capitale en 1991, Abuja compte parmi les villes au monde avec le plus de représentations diplomatiques, bien que certains pays comme la France conservent un consulat à Lagos. L'administration du FCT est dirigée par un ministre nommé par le Président de la République fédérale, assisté d’un secrétaire permanent, fonctionnaire de carrière. Depuis 2015, ministre du FCT est Mohammed Bello. Par ailleurs, Abuja abrite trois des quatre principales institutions (Commission, Parlement et Cour de justice) de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) ainsi que le siège régional de l'OPEP. La ville n’est pas pour autant devenu un centre intellectuel, puisqu’elle ne compte pas d’université fédérale majeure (contrairement à Ibadan, Lagos ou Kano) ni de grande université privée.

Une contribution à l’économie déterminée par son statut de capitale et par une population aisée.

Abuja, de par son statut de capitale, affiche une certaine attractivité économique : d’après NBS en 2020, elle se place comme 2ème État récipiendaire de flux de capitaux étrangers du pays, avec 12,5% (1,2 Mds USD) des flux, derrière l’État de Lagos, qui absorbe 86,5% du total. Selon le dernier classement du Conseil national de la compétitivité du Nigéria, le FCT doit cette attractivité aux flux de migration interne et à la qualité de ses infrastructures. L'aéroport international Nnamdi Azikiwe représente ainsi près d’1/3 du flux aériens de passagers domestiques (chiffres 2018), et environ 23% du flux de passagers internationaux au Nigéria. Les compagnies aériennes étrangères opérant sur Abuja sont Air France, British Airways, EgyptAir, Ethiopian, Lufthansa, China Southern Airlines, Turkish et Emirates. Abuja est également sur la route de la future ligne de train Lagos-Kano, dont la portion Abuja-Kaduna est déjà opérationnelle. De plus, le FCT a mis en place un système de métro léger depuis Abuja pour rejoindre l’aéroport. Participant à la qualité des infrastructures et services, le niveau d’électrification semble être au-dessus de la moyenne nationale. La société de distribution d'électricité d'Abuja (AEDC) qui fournit quatre États dont le FCT, indique que ce dernier est la zone la plus rentable avec des pertes de seulement 20% et un taux d'efficacité de la collecte d’électricité de 94%. Enfin, dans le domaine de la gestion des déchets, le FCT a lancé un projet de système intégré de gestion des déchets solides (ISWM) en 2015.

En sa qualité de centre politique, Abuja capte une population plus instruite et globalement plus aisée que le reste du pays, ce qui en fait un centre de consommation important au Nigéria. La proportion de foyers situés dans le quintile le plus aisé (sur 5 déterminés par l’étude MICS (NBS, UNICEF 2017)) est de 40,3% à Abuja, contre 5 à 5,6% dans les Etats du Nord-Est, et le quintile le plus pauvre y est presque absent à 1,1%. De même selon l’étude de Renaissance Capital (2013), le revenu moyen par habitant y serait le plus élevé du pays, à près de 4 000 USD, avec la plus faible part de revenu en proportion consacrée à l’alimentation, mais la plus élevée en valeur (1 000 USD par personne et par an). Cette population, qu’on pourrait donc assimiler à une classe moyenne, affiche des taux d’équipements supérieurs au reste du pays, bien que systématiquement en deçà de Lagos. Ainsi selon l’étude MICS, 69,3% des foyers possèdent une télévision (47% pour la moyenne nationale), 41,7% un réfrigérateur (contre 21,7%) et 82,1% un téléphone portable (contre 74,4%). Par ailleurs, plus de la moitié des foyers nigérians auraient l’électricité à la maison, proportion qui atteint 77,9% à Abuja. Donnée intéressante, seul le taux d’équipement en voiture dépasse à Abuja celui de Lagos, avec 23,8% des foyers équipés (11,1% au Nigéria).

Abuja développe les activités d’une ville nouvelle, portée par l’immobilier et la construction.

Le secteur immobilier concentre selon la Chambre de commerce et d’industrie d’Abuja (ACCI) les plus gros investissements reçus par le FCT. Il est composé en divers sous-secteurs : logements résidentiels, hôtellerie, bureaux, shopping Malls et marchés publics. Abuja et sa périphérie comptent un très grand nombre de quartiers résidentiels, certains avec plus d’un millier de maisons disponibles tandis que les prix à la location restent très élevés, en raison du coût important des terrains et des infrastructures. D’après l’édition 2020 du classement Mercer, Abuja est ainsi la 11ème ville (68ème au niveau mondial) la plus chère d’Afrique pour les expatriés. Parmi les acteurs les plus importants du parc immobilier résidentiel, on dénombre EFAB Estates, Brains & Hammers, Sahara Estates, CITEC Estates ou encore Urban Shelters, tous nigérians. Les immeubles de bureaux représentent une part importante du secteur, et le statut de capitale renforce cette répartition, puisque la majorité des corps professionnels se voient attribuer des terrains sur lesquels ils construisent leurs bureaux. Les centres commerciaux enfin seraient plus de 200 à Abuja selon la Chambre de commerce. Le Jabi Lake Mall, inauguré en 2016, est l’un des plus grands centres commerciaux du pays, tandis que de nouveaux Malls ont ouvert sur la route de l’aéroport ou à Apo.

Soutenant l’immobilier, le secteur de la construction est à la fois l’un des plus gros employeurs de la ville (hors secteur public) et celui qui recense le plus de grands groupes installés à Abuja : Bouygues Constructions (France), Julius Berger (Allemagne) ainsi que les nigérians Dantata & Sawoe et Setraco. A l’instar de la présence française à Abuja, les quelques sociétés ayant leur siège dans la capitale sont ainsi celles qui dépendent fortement de la commande publique : Bouygues Construction, Thalès et Ringardas (acquis en 2015 par Rubis Energie) et depuis peu, Airbus. La présence de revenus élevés à Abuja favorise par ailleurs le développement du secteur de la distribution, avec la présence d’acteurs continentaux comme le néerlandais Spar, les sud-africains Shoprite ou Game (détenu à majorité par l’américain Wallmart), comme celle de supermarchés tenus par la diaspora libanaise (4U, Sahad Stores, Dunes) et d’acteurs nigérians comme Grand Square. Le secteur du tourisme professionnel enfin, dynamisé par la présence du gouvernement, des institutions et la tenue de nombreuses conférences, se développait jusqu’à l’apparition de la Covid-19. Les groupes internationaux présents sont le Sheraton, le Hilton (propriété du milliardaire nigérian Tony Elumelu, réputé pour être l’un des plus rentables de la chaine), et depuis mai 2018 le Fraser. Plusieurs hôtels proposaient des centres de conférence qui accueillaient les divers sommets nationaux et régionaux.