Comme dans la plupart des pays, la situation sanitaire a entraîné un recul des échanges commerciaux canadiens en 2020, malgré une reprise progressive en fin d’année. Ce ralentissement a en outre provoqué l’aggravation du déficit de la balance des biens du Canada, qui s’est établi à 19,5 Md CAD (13,1 Md EUR) en 2020. Le Canada reste par ailleurs largement dépendant des échanges avec les Etats-Unis, qui représentent la moitié des importations et les trois-quarts des exportations du pays.

1- Un volume d’échanges en net recul qui creuse le déficit commercial

Selon les données des douanes canadiennes reprises par Statistiques Canada, le déficit canadien pour le commerce de marchandises s’est établi à 19,5 Md CAD (13,2 Md EUR) pour l’année 2020, soit plus du double observé pour l’année 2019 (9 Md CAD/6,1 Md EUR). Cette augmentation substantielle du déficit de la balance des biens s’inscrit dans un contexte général de contraction des échanges commerciaux canadiens, avec une baisse des exportations de biens de 11,8% (522,4 Md CAD/351,6 Md EUR) et des importations de biens de 10% (541,8 Md CAD/364,7 Md EUR en 2020) sur un an. Si le recul du commerce canadien, dans la lignée du ralentissement de l’économie mondial, est significatif, il est moins important que lors de la précédente crise financière mondiale (chute respective des exportations et des importations de 25% et 15,8% entre 2008 et 2009), avec notamment un rebond rapide des échanges au cours de la seconde moitié de l’année 2020 (cf. Annexe 1).

La balance des services canadienne a également été affectée par le ralentissement des échanges internationauxdans des proportions encore plus importantes liées à l’effondrement du tourisme et au ralentissement des services de transport. Les exportations de services ont en effet connu une baisse de 17,7%  en glissement annuel (g.a), tandis que les importations ont connu une baisse de 24%, permettant le redressement de la balance des services, qui reste toutefois déficitaire (7,6 Md CAD/5,1 Md EUR, soit une réduction de 64,5% sur un an). Le reste de cette note traitera uniquement du commerce de marchandises.

 

2- Les secteurs de l’énergie et des transports dominent les échanges canadiens

Le ralentissement des échanges commerciaux canadiens a été inégalement observé dans les différents secteurs de l’économie. Les produits énergétiques restent le premier poste d’exportations canadiennes (cf. Annexe 2) mais ont connu une baisse significative au cours de l’année 2020 (88,9 Md CAD/59,8 Md EUR, -28,6% en g.a), en lien avec la contraction de la demande mondiale et la baisse des cours (cf. Annexe 8). Autre secteur dynamique à l’export, l’industrie automobile a également connu un net recul en 2020 (65,8 Md CAD/44,3 Md EUR, -23% en g.a). Les résultats à l’export ont été relativement stables dans les autres secteurs majeurs du commerce canadien : biens de consommation (69,3 Md CAD/46,6 Md EUR,  +1% en g.a), produits métalliques et minéraux non-métallurgiques (60,3 Md CAD/40,6 Md EUR, -2,4% en g.a) et produits issus de l’exploitation forestière (42,6 Md CAD/28,7 Md EUR, - 0,5%), malgré les tensions commerciales avec les Etats-Unis entourant ces deux dernières catégories.

Parallèlement à l’export, les importations ont également connu des évolutions contrastées. Une baisse substantielle des importations a également été observée dans les secteurs de l’automobile (87,5 Md CAD/58,9 Md EUR en 2020, -24% en g.a), confirmant la forte imbrication du Canada dans les chaines de valeur, notamment nord-américaine, et de l’énergie (22,9 Md CAD/15,4 Md EUR, -38,8% en g.a). Les importations de biens de consommation (125,8 Md CAD/84,7 Md EUR, +1,2% en g.a) et d’équipements électriques et électroniques (68,2 Md CAD/45,9 Md EUR, +5,7% en g.a) sont restées relativement stables et sont toujours parmi les premiers postes d’importations de l’économie canadienne (avec l’industrie automobile, cf. Annexe 3), tandis que les importations de machines industrielles et d’équipements (60,6 Md CAD/40,8 Md EUR) ont connu une légère baisse au cours de l’année 2020 (-12,8% en g.a).

 

3- Le commerce canadien reste fortement dépendant des Etats-Unis et de l’Ontario

Bien qu’ayant connu un fléchissement important au cours de l’année 2020, le commerce extérieur canadien demeure fortement dépendant au voisin américain (cf. Annexes 4 et 5). Les exportations vers les Etats-Unis ont représenté 73,5% des exportations canadiennes (383,8 Md CAD/258,3 Md EUR), tandis que 48,8% des importations du pays provenaient des Etats-Unis (264,1 Md CAD/177,8 Md EUR), des chiffres en légère baisse par rapport à 2019 (75,4% des exportations et 50,7% des importations). La balance commerciale canadienne demeure largement excédentaire vis-à-vis des Etats-Unis, à hauteur de 119,7 Md CAD (80,6 Md EUR), et ce malgré une baisse de 15,4% par rapport à 2019 : la baisse des exportations (-14,1%), notamment dans les industries énergétique (-29,6%) et automobile (-23,8%), surpassant celle des importations (-13,5%). A noter que le secteur des machines industrielles est ainsi le seul dans lequel le Canada importe plus des Etats-Unis qu’il n’y exporte en 2020.

Le commerce avec le reste du monde s’est contracté dans une moindre mesure (-5% d’exportations, -6,4% d’importations) tandis que la balance commerciale hors Etats-Unis demeure largement déficitaire, à hauteur de 140 Md CAD (94,2 Md EUR, -7,5% en g.a). Les échanges avec le Mexique, autre partenaire nord-américain avec qui il entretient cette fois un déficit commercial structurel, ont été particulièrement affectés (-16,4% d’exportations, -19,2% d’importations), tandis que les échanges avec la Chine, 2e partenaire commercial, ont connu une hausse liée à la reprise chinoise (+8% d’exportations, +2% d’importations).  Les exportations avec le Royaume-Uni, 3e marché à l’export, se sont également maintenus. Concernant l’Union Européenne, les principaux partenaires du Canada sont l’Allemagne (6e), l’Italie (8e) et la France (9e).

L’Ontario, le Québec et l’Alberta sont les régions les plus dynamiques du Canada dans les échanges commerciaux. La province de l’Ontario est la fois le premier exportateur et le premier importateur du pays, représentant à elle seule plus d’un tiers (39,1%) des exportations canadiennes, porté par l’industrie automobile, et près des deux tiers (62,5%) des importations (cf. Annexes 6 et 7). Le Québec représente 17,6% des exportations, avec un appareil exportateur diversifié,  et 14% des importations du pays. Enfin l’Alberta se démarque en tant que 2e province exportatrice et par sa balance commerciale largement excédentaire (68,1 Md CAD/45,9 Md EUR) liée aux importantes exportations de l’industrie énergétique, malgré un recul important en 2020 (-22%). Sur la côte Ouest, les échanges de la Colombie-Britannique représentent 8,4% des exportations et 9,8% des importations) et sont davantage orientés vers le continent asiatique : 16,3% des exportations sont à destination de la Chine, contre seulement 1,5% en Ontario.

 

Conclusion : malgré une volonté de diversification affichée par les pouvoirs publics, le Canada reste significativement dépendant des échanges avec les Etats-Unis, a fortiori pour ses débouchés à l’export. L’entrée en vigueur de l’accord Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM) en juillet 2020 renforce encore les liens commerciaux entre le Canada et les Etats-Unis, tandis que le plan de relance de 1900 milliards de dollars annoncé par le président Biden devrait partiellement bénéficier au commerce extérieur canadien, déjà dans une dynamique positive sur la fin 2020 et le début de l’année 2021.