Le commerce bilatéral franco-canadien s’est établi à 6,2 Md € en 2020, en recul de 10% sur un an. Les exportations françaises ont diminué de 17%, une évolution comparable à la baisse des exportations françaises au niveau mondial. Cette baisse est notamment due à la réduction de plus de moitié des ventes de matériel de transport. Les importations en provenance du Canada étant stables à 3,1 Md€, la France a vu son excédent commercial se contracter, jusqu’à un quasi-équilibre des échanges.

1- La baisse des exportations vers le Canada est dans la moyenne au niveau mondial

Les exportations françaises vers le Canada se sont établies à 3,1 Md€ en 2020, contre 3,7 Md€ en 2019, soit une réduction de 16,9% comparable à la baisse de 16,3% des exportations françaises au niveau mondial. Cette diminution est notamment causée par l’effondrement des ventes de matériel de transport de 56,9%, passant de 736 M€ à 317 M€, en lien avec la baisse de 30% des exportations d’aéronefs et d’engins spatiaux (224 M€) dans le contexte de la baisse de la demande de transport aérien, ainsi que par la chute des exportations de véhicules automobiles, de 325 M€ à 11 M€ en raison de la fin de certains contrats. Les équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique ont également connu une forte diminution des exportations, de 17,7% à 594 M€, notamment en lien avec la baisse des ventes de machines industrielles et agricoles (-24% à 290 M€). D’autres secteurs industriels majeurs tels que les produits chimiques, parfums et cosmétiques (-6,8% à 346 M€), dopés par les bons résultats des produits chimiques organiques (+50% à 74 M€) mais plombés par les parfums (-18% à 168 M€), ou les produits textiles (-12% à 184 M€), malgré le maintien des ventes de maroquinerie (+2% à 61 M€), ont également connu une baisse de leurs ventes.

Seuls l’agroalimentaire et le secteur pharmaceutique se démarquent par leurs résultats positifs. Déjà premier poste d’exportation français au Canada en 2019, les produits des industries agroalimentaires ont conforté cette position en 2020 avec 770 M€ d’exportations, un chiffre relativement stable sur un an (+1%). Le vin demeure d’ailleurs le premier produit français exporté au Canada, à hauteur de 391 M€, au même niveau qu’en 2019. Si les autres boissons alcoolisées ont connu une baisse de leurs ventes (-6% à 76 M€), la croissance du secteur a été tirée par la hausse des exportations de produits laitiers et fromages (+8% à 62 M€) et des produits de confiserie (+11% à 37 M€), soient des marchés qui ont particulièrement bénéficié de l’entrée en vigueur du CETA. Le secteur pharmaceutique est l’autre grand gagnant : porté par le contexte de la pandémie, le secteur a vu ses ventes augmenter de 25% pour atteindre 330 M€, les préparations pharmaceutiques se hissant au 2e rang des produits français les plus exportés au Canada en 2020 après le vin.

Malgré cette baisse significative des exportations, le Canada ne recule que d’un rang, au 28e, au classement des pays débouchés pour les produits français. Avec une part de marché de 0,75%, le Canada se situe juste derrière les Emirats Arabes Unis et juste devant le Danemark. Au classement des régions françaises exportatrices, l’Ile-de-France (24% contre 20% en 2019) passe devant l’Auvergne-Rhône-Alpes (14% contre 22% en 2019), tandis que le Grand-Est conserve sa 3e marche sur le podium.

2- Les importations de produits canadiens surperforment en demeurant stables

Les importations françaises depuis le Canada ont atteint 3,1 Md € en 2020, soit un niveau stable par rapport à 2019 (-0,6%). Cette relative stabilité des importations de produits canadiens contraste avec la baisse globale de 13,4% des importations françaises au niveau mondial, en lien avec la baisse de la demande nationale due au contexte sanitaire.

Cette stabilité masque une évolution hétérogène entre les différents postes d’importation. Les matériels de transport ont connu une diminution de 22,7% des importations, à 657 M€, notamment suite à la baisse de 29% des achats d’aéronefs et engins spatiaux (599 M€) et malgré le doublement des achats de véhicules automobiles (42 M€). Le secteur conserve toutefois sa position de 1er poste d’importation en provenance du Canada, devant l’industrie extractive (+3% ; 553 M€), toujours soutenue principalement par les achats de minerais de fer (532 M€). Les achats de produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture ont augmenté de 84% pour atteindre 520 M€, en lien avec le doublement des importations de céréales, légumineuses et oléagineux, à 494 M€. Le secteur agricole grimpe ainsi à la 3e position des postes d’importation. Parmi les autres principaux postes d’importation, l’augmentation de 52%, à 200 M€, des achats de produits métallurgiques et métalliques, potentiellement à la recherche de nouveaux marchés en raison du protectionnisme américain sur l’acier et l’aluminium, est à relever. A noter, enfin, l’explosion des achats de combustibles nucléaires traités, passés de 9 M€ à 116 M€.

Grâce à la stabilité des importations dans le contexte global de réduction de la demande extérieur, le Canada a grimpé du 36e au 29e rang des pays fournisseurs de la France. Avec une part de marché de 0,6% des importations françaises, le Canada se situe juste derrière la Tunisie et devant la Norvège. Au niveau des régions, l’Ile-de-France prend la 1ère position des régions importatrices de produits canadiens, avec 20% du total, devant les Hauts-de-France (16%) et l’Occitanie (15%), en tête en 2019.

3- L’excédent commercial français s’est réduit jusqu’à un quasi-équilibre des échanges

Avec 6,2 Md€ d’échanges bilatéraux de biens, le Canada est notre 30e partenaire commercial. Le pays se situe juste derrière le Vietnam et la Tunisie, mais devant le Danemark et Hong Kong. La baisse de 10% de nos échanges représente la première depuis 2016. 

En conséquence de la réduction des exportations et de la stabilité des importations, l’excédent commercial français s’est significativement contracté pour atteindre un quasi-équilibre, à seulement 35 M€, contre 650 M€ en 2019. Au niveau des régions, le Grand-Est dispose du plus important excédent (260 M€) devant l’Auvergne-Rhône-Alpes (168 M€) et la Bourgogne-Franche-Comté (130 M€), tandis que les Hauts-de-France (-303 M€) et l’Occitanie (-208 M€) ont les plus forts déficits.

Au niveau sectoriel, la France présente généralement un excédent dans les secteurs de produits transformés, et de déficits dans les échanges de produits bruts. Ainsi, la France dispose de son principal excédent dans le secteur agroalimentaire (630 M€), devant les produits chimiques, parfums et cosmétiques (200 M€) et les équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique (182 M€), tandis qu’elle dispose de déficits dans les produits agricoles, les industries extractives et la sidérurgie. Le déficit dans le domaine des transports fait ainsi figure d’exception.

 

Conclusion: à n’en pas douter, la pandémie de Covid-19 a fortement impacté les échanges franco-canadiens, dont la composante en matériel de transport est significative en raison de l’existence d’industries aéronautiques dans les deux pays. La reprise graduelle de l’activité et l’existence du CETA devraient permettre de relancer leurs échanges en 2021.