Cette note présente les enjeux du financement du secteur de l'énergie au Vietnam, dans un contexte marqué par des besoins en investissements historiquement élevés, une diminution des ressources concessionnelles pour le développement, la montée en puissance des énergies renouvelables et la réduction à terme du financement des projets charbon.

  • Le développement du secteur de l’énergie au Vietnam repose historiquement sur le soutien public des investissements des entreprises d’Etat Electricité du Vietnam (EVN) pour le secteur électrique et PetroVietnam (PVN) pour le secteur gazier. Le financement privé domestique du secteur électrique en l’absence de soutien public reste marginal.
  • Afin de répondre à la demande en énergie sans cesse croissante, le gouvernement estime que les investissements dans le secteur énergétique s’élèveront à 130 mds USD sur la décennie 2020-2030, soit près de 13 mds $US par an, sur fond de diversification du mix énergétique et de respect des engagements pris pour lutter contre le changement climatique dans le cadre de l’Accord de Paris.
  • Les besoins de financement sont largement supérieurs à ce qui avait été investi jusqu’ici. Le modèle historique de financement du secteur énergétique par le secteur public est aujourd’hui difficilement soutenable, en raison de la volonté du gouvernement de maintenir l’endettement public en deçà de 65% du PIB, de la diminution des ressources concessionnelles des bailleurs internationaux et de la privatisation progressive du secteur de l’énergie.
  • Le développement des énergies renouvelables (solaire et éolien) au Vietnam est financé par le secteur privé domestique en raison d’une insuffisante attractivité des contrats de rachat d’électricité (Power Purchase Agreement –PPA). Si les investissements étrangers dans les renouvelables augmentent en dépit les incertitudes règlementaires, l’implication des grandes banques commerciales internationales dans le secteur reste limitée. Des structures de financement innovantes commencent à émerger pour contourner l’insuffisante « bankabilité » des contrats d’achats.
  • Le dynamisme apparent des énergies conventionnelles masque un resserrement durable des contraintes de financement du secteur. Le soutien des projets thermiques au Vietnam repose toujours sur d’importants investissements étrangers publics et privés. La Chine est  le principal moteur financier des grands projets de centrale à charbon récemment achevés ou en cours de construction dans le pays, suivie par le Japon et la Corée du Sud.
  • Le financement de projets thermiques entre néanmoins en contradiction avec les engagements « Climat » du Vietnam pris dans le cadre de l’Accord de Paris. Le retrait annoncé des banques commerciales internationales du financement de projets charbons à l’horizon 2030 compliquera durablement le soutien au secteur. Si le charbon devrait rester malgré tout un pilier important du mix énergétique vietnamien à l’horizon 2045, le financement de cette source d’énergie est appelé à se tarir au vu des contraintes structurelles auxquelles ce type de projet fait désormais face.