Actualités économiques Nigéria - Ghana semaine 12 du 22 au 28 mars 2021
Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.
Faits saillant
- Nigéria : Fitch maintient la notation souveraine du Nigéria à B avec perspectives stables ; le gouvernement fédéral annonce un prêt syndiqué pour les TPE-PME de 1 Md USD ; Abdul Samad Rabiu lance un fonds pour le développement « Annual Africa Fund » de 100 MUSD ; la banque digitale nigériane Kuda a réalisé une levée de fonds 25 MUSD ;
- Ghana : la dette publique s’élève à 76,1% du PIB fin 2020 ; récolte de 896 000 tonnes de cacao prévue pour la saison 2020/2021.
Le chiffre à retenir
Les banques africaines seraient exposées à hauteur de 218 Mds USD aux risques du changement climatique d'après Moody's.
Nigéria
Fitch maintient la notation souveraine du Nigéria à B avec perspectives stables.
L’agence Fitch Ratings a indiqué le 19 mars maintenir la notation souveraine du Nigéria à B avec perspective stable. Elle justifie cette décision par la taille importante de l’économie nigériane, le faible endettement public par rapport au PIB, le faible endettement public extérieur, un système financier relativement développé et un large marché de la dette domestique. Cette notation reste néanmoins contrainte par la faiblesse des recettes fiscales, la faiblesse de la gouvernance et des indicateurs de développement, la forte dépendance aux hydrocarbures et une faible croissance couplée d’un forte inflation. Fitch anticipe ansi une hausse moyenne des prix de 16% pour cette année et de 13,4% en 2022. Concernant les finances publiques, l’agence de notation prévoit une baisse du déficit public à 4% du PIB en 2021 contre 6,3% en 2020, permis par le rebond des prix du pétrole, au-delà des hypothèses inscrites dans le Budget 2021, et par la reprise économique de cette année, estimée à 2%. Toujours d’après l’agence de notation, la dette publique atteindrait 32,6% du PIB en 2022. Le principal problème du Nigéria quant à la soutenabilité de sa dette tient à la faiblesse des recettes fiscales. Les intérêts de la dette représenteraient 64% des revenus de l’Etat central en 2022.
Le gouvernement fédéral annonce un prêt syndiqué pour les TPE-PME de 1 Md USD.
Le Ministère de l’Industrie du Commerce et de l’Investissement via la Bank of Industry a garanti un prêt syndiqué de 1 Md USD en faveur des micros, petites et moyennes entreprises. Première victimes de la crise économique liée à la pandémie, ces entreprises vont pouvoir bénéficier de conditions privilégiées pour l’obtention, et le remboursement de prêts. D’après le Ministre Adeniyi Adebayo, cette initiative mise en œuvre en collaboration avec des partenaires internationaux (notamment la société américaine d’information économique Dun & Bradstreet) doit aider au redressement de l’économie et à la croissance durable. L’objectif pour le gouvernement est de préserver 1,3 million d’emplois menacés par la baisse d’activité. Ce renforcement va permettre à la Bank of Industry de prêter aux entreprises et indépendants : au total, ce sont 100 000 entreprises concernées au Nigéria qui pourront bénéficier de 50 000 NGN (130 USD) de prêt et 330 000 artisans qui pourront toucher 30 000 NGN (80 USD).
Abdul Samad Rabiu lance un fonds pour le développement « Annual Africa Fund » de 100 MUSD.
Le milliardaire nigérian Abdul Samad Rabiu, Président du conglomérat BUA, a créé le fonds Annual Africa Fund en faveur de l’éducation, de la santé et du développement. Pour son année de lancement, le fonds est doté de 100 MUSD à l’échelle africaine dont 50 MUSD destinés au Nigéria. L’objectif est de développer la recherche et l’éducation. Dans un premier temps, le fonds va financer des infrastructures et équipements dans six universités de six Etats différents : Ahmadu Bello University à Kaduna, l’Université de Maiduguri dans le Borno, l’Université du Nigéria à Enugu, l’Université de Bénin à Edo, l’Université d’Ilorin à Kwara et l’Université d’Ibadan à Oyo. Pour rappel, Abdul Samad Rabiu, originaire de Kano, a bâti sa fortune (estimée par Forbes à 5,5 Mds USD en 2021, 3ème du pays) dans le ciment, le sucre et l’immobilier grâce au conglomérat BUA qu’il a fondé en 1988. L’an dernier, sa fortune personnelle a augmenté de 77%, portée par l’action de BUA Cement PLC, cotée à la bourse de Lagos en janvier 2020 qui a doublé dans l’année. BUA a par ailleurs lancé un projet de raffinerie de 200 000 barils/jour (10 millions de tonnes par an), en partenariat avec la société française Axens.
La banque digitale nigériane Kuda a réalisé une levée de fonds 25 MUSD.
Kuda est une banque digitale qui propose des services bancaires complets accessibles (gestion de compte courant, épargne, virement, carte de débit…) à tous les détenteurs de téléphone mobile. Elle vise les particuliers et bientôt les PME. Forte de sa licence de banque digitale auprès de la Banque centrale du Nigéria, Kuda est la première banque nigériane totalement digitale, à l’instar de ses homologues européens Revolut ou N26. Lancée en septembre 2019 par Babs Ogundeyi et Musty Mustapha, elle compte déjà 650 000 clients et a traité 2,2 Mds USD de transactions en février 2021, contre 5,2 MUSD en février 2020. Kuda a tissé des partenariats avec GTBank, Access Bank et Zenith Bank, lui permettant de disposer de 10 000 guichets où retirer et déposer des sommes en liquide. Cette opération de série A (levée visant à orienter les startups vers une masse critique et l’industrialisation des processus) a été dirigée par le fonds de capital-risque américain Vala Ventures, fondée par Peter Thiel, cofondateur de PayPal. Les fonds levés serviront à accélérer leur croissance au Nigeria en améliorant leurs services et technologie. Cette opération intervient quelques mois après la levée de 10 MUSD en seed-stage (premier tour de table avec des investisseurs permettant de définir et de valider le concept vis-à-vis du marché) en novembre dernier.
Ghana
La dette publique s’élève à 76,1% du PIB fin 2020.
Le ministère des Finances a présenté la situation de l’endettement public à la fin de l’année 2020. L'encours de la dette s'élevait à 291,6 Mds GHS (50,8 Mds USD), soit 76,1 % du PIB, en décembre 2020 contre 62,4% fin 2019. Le ministère attribue cette augmentation aux emprunts nécessaires au financement des programmes d'aide mis en place à la suite de la pandémie de COVID-19 ainsi qu’à la dépréciation du cédi face au dollar américain (de 3,9 % en 2020) qui renchérit le coût du service de la dette externe. Celle-ci atteint 141,8 Mds GHS (24,7 Mds USD), soit 37 % du PIB. En 2020, l’État ghanéen a contracté 26 nouveaux prêts bancaires libellés en devise étrangère pour un engagement total de 1,84 Md USD, en plus de l’émission d’euro-obligations de 3 Mds USD réalisée en février 2020. La dette externe est majoritairement libellée en dollar américain (à hauteur de 70 %), suivie de celles libellées en euro (17,3 %) et en yuan (3,8 %). La dette publique domestique s’élève à 149,8 Mds GHS (26,1 Mds USD), soit 39,1 % du PIB. Elle est largement détenue par les banques commerciales ghanéennes (29,9 %) et la Banque centrale (22,4 %). La part de cette dernière a doublé après le programme de financement du budget de l’État pour 10 Mds GHS en 2020 (1,7 Md USD). Cette augmentation de l’encours de la dette devrait entrainer une forte hausse de la charge de la dette : en 2021 les intérêts représenteraient une dépense de 35,9 Mds GHS (8,3% du PIB) correspondant à 49,5% des recettes de l’État (+12,5 pdp en 2 ans), dont 79,1% d’intérêts sur la dette domestique. La charge de la dette comptait pour 24,6 Mds GHS en 2020 (6,4% du PIB) et 19,6 Mds GHS en 2019 (5,7% du PIB).
Récolte de 896 000 tonnes de cacao prévue pour la saison 2020/2021.
A l’occasion de la présentation du budget pour l’année 2021, le gouvernement ghanéen a présenté les résultats du COCOBOD, l’agence chargée de la supervision de cette filière agricole majeure au Ghana. Le COCOBOD achète le cacao à un prix qu’il fixe l’année précédente, aux agriculteurs ghanéens par le biais d’entreprises agréées (Licensed Buying Companies - LBC) avant leur revente à l’international. Lors de la saison 2019/2020, le COCOBOD a ainsi acheté 775 488 tonnes de cacao. Cette récolte était en forte baisse par rapport aux années précédentes, le Ghana ayant produit 812 000 tonnes de cacao sur la saison 2018/2019, 905 000 tonnes en 2017/2018 et 969 000 tonnes en 2016/2017. Outre la baisse de rentabilité des sols, le virus de l'œdème des pousses du cacaoyer (Cacao swollen shoot virus) avait causé d’importants dommages aux récoltes. Pour la saison 2020/2021, le Ghana prévoit une forte augmentation des récoltes à 896 000 tonnes, ce qui constituerait une hausse de 15,5% par rapport à la saison précédente. À la fin du mois de février 2021, le COCOBOD avait déjà acheté à 771 461 tonnes de cacao. Alors que les agriculteurs étaient rémunérés à hauteur de 8 240 GHS/tonne (1 446 USD, contre un prix moyen de 2 341 USD sur les marchés internationaux en 2019 d’après l’organisation Internationale du Cacao), le prix payé au producteur est de 10 560 GHS/tonne en 2020 (1838 USD, contre un prix moyen de 2 370 USD sur les marchés internationaux en 2019). Les producteurs pourraient avoir anticipé cette hausse de 28,1% en réservant une partie de leurs récoltes à la revente sur la saison 2020/2021 selon le ministère des Finances, expliquant ainsi cette forte hausse sur un an. Pour acheter le cacao aux producteurs, le COCOBOD se finance par des emprunts bancaires syndiqués. Pour la campagne agricole 2019/2020, 1,3 Md USD a été levé par l’agence pour un remboursement intégral en juin 2020. Pour la saison 2020/2021, le même montant a été obtenu en septembre 2020 auprès de 28 banques internationales, parmi lesquelles la Société Générale et le Crédit Agricole, dont le remboursement est prévu de février à août 2021