Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants : 
- Nigéria :  les échanges commerciaux reculent de 10,3% en 2020 ; la Banque centrale rémunérera les envois de fonds de la diaspora à hauteur de cinq nairas par dollar ; lancement des travaux de réhabilitation de 1 443 km de ligne ferroviaire entre Port Harcourt et Maiduguri, pour un coût de 3 Mds USD ; la startup de paiements en ligne Flutterwave valorisée à 1 Md USD après une levée de fonds de 170 MUSD ; 
- Ghana : la Banque du Ghana a vendu 200 MUSD de devises étrangères à terme en janvier et février 2021 ; discours sur l’état de la Nation du Président Nana Akufo-Addo.
 
Le chiffre à retenir :

0,93 USD

C’est le prix moyen d’un trajet dans un bus de ville au Nigéria en janvier 2021, en hausse de 74,75% par rapport à janvier 2020.

Nigéria

Les échanges commerciaux reculent de 10,3% en 2020.

D’après les données du Bureau national des statistiques (NBS), les échanges commerciaux entre le Nigéria et ses partenaires ont connu une baisse de 10,3% entre 2019 et 2020 passant de 95,4 Mds USD à 85,5 Mds USD. D’une part, les exportations ont reculé de 34,7% ne représentant plus que 33 Mds USD soit leur plus faible niveau depuis 2016. Cette contraction s’explique principalement par la baisse des ventes de pétrole brut (-35,7%) qui représentent 75,4% des exportations, conséquence directe de la baisse des cours suite à la pandémie de la Covid-19. Les ventes nigérianes à l’étranger ont pour principales destinations l’Inde (15% des exportations), l’Espagne (10,9%) et les Pays-Bas (8,5%). D’autre part, les importations ont progressé de 17,3% pour atteindre 52,5 Mds USD. Les principaux fournisseurs du Nigéria restent la Chine (28,8% des exportations), les Etats-Unis (9,1%) et l’Inde (7,9%). La part de marché française se situe à 1,95%, stable par rapport à 2019 (2,01%). Néanmoins, la France a perdu deux places et est désormais le neuvième fournisseur du Nigéria. Le profil des importations est bien plus diversifié que celui des exportations : les achats de machines arrivent en tête avec 36,6% des parts suivis par les importations de produits chimiques (18,1%) et d’hydrocarbures (15,3%), dont notamment du pétrole raffiné. La hausse des importations et la baisse des exportations a donné lieu à un déficit de la balance commerciale (-19,5 Mds USD) pour la première fois depuis 2016.

La Banque centrale rémunérera les envois de fonds de la diaspora à hauteur de cinq nairas par dollar.

La Banque centrale du Nigéria (CBN) a mis en place un système nommé «Naira 4 Dollar Scheme» pour les envois de fonds de la diaspora, offrant à leurs destinataires passant par l’intermédiaire d’opérateurs officiels, cinq nairas (0,013 USD) pour chaque dollar reçu. Lancé le 8 mars, ce système sera en place pour deux mois,  jusqu’au 8 mai 2021. La CBN espère ainsi faciliter et encourager les envois de fonds de la diaspora nigériane, l’une des principales sources de devises étrangères. A noter que les réserves de change ont connu un recul important ces derniers mois passant de 36,5 Mds USD fin janvier à 34,9 Mds USD début mars. Il s’agit également d’une tentative de la CBN de concurrencer le marché parallèle et d'autres moyens non officiels de réception de devises. En 2019, les Nigérians à l'étranger ont transféré un montant record de 3,3 Mds USD via les canaux officiels, le plus élevé des cinq dernières années. En 2020, l’envoi de fonds a été fortement touché par la pandémie de la Covid-19 frappannt les pays d’accueil de la diaspora. C’est ainsi que sur les neuf premiers mois de 2020 les envois de fonds de la diaspora, tous canaux confondus, ont totalisé 12,5 Mds USD alors qu’ils avaient représenté 17,5 Mds USD sur cette même période en 2019. D’après les estimations de la Banque mondiale, les envois de la diaspora nigériane représentent en moyenne 21 Mds USD par an.

Lancement des travaux de réhabilitation de 1 443 km de ligne ferroviaire entre Port Harcourt et Maiduguri, pour un coût de 3 Mds USD.

L’entreprise China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC) a démarré le chantier de réhabilitation du chemin de fer de Port Harcourt (Rivers, Sud-Sud) à Maiduguri (Borno, Nord-Est) pour un coût de 3 Mds USD. Financé à 15% par l’Etat nigérian et à 85% par un prêt de l’Exim Bank de Chine, la ligne sera connectée au futur port en eaux profondes de Bonny, également construit par CCECC et financé par la Chine. La restauration du « corridor oriental » long de 1 443 km initialement construit au début des années 1960 puis abandonné, doit permettre de dynamiser cette région enclavée et impactée par l’insécurité. En effet, la connexion avec le port de Bonny va permettre le transport de fret et la revitalisation du commerce jusqu’ici dépendant des infrastructures routières saturées et en mauvais état. Ce projet illustre à nouveau la volonté du Nigéria de faire du transport ferroviaire un des piliers de la croissance économique : les lignes Abuja-Kaduna et Lagos-Ibadan ayant été récemment achevées grâce à l’aide chinoise pour des coûts respectifs de 876 M USD et 1,53 Md USD.

La startup de paiements en ligne Flutterwave valorisée à 1 Md USD après une levée de fonds de 170 MUSD.

La fintech Flutterwave a levé 170 MUSD, ce qui lui permet d’être valorisée à plus d’ 1 Md USD et d’accéder ainsi au statut de nouvelle « licorne » africaine. Flutterwave est une société de paiements numériques fondée par les nigérians Olugbenga Agboola et Iyinoluwa Aboyeji. La société a traité plus de 140 millions de transactions pour une valeur de 9 Mds USD pour des clients tels que Jumia, Facebook ou Uber.  Cette levée de fonds de série C (investissement visant à positionner la société comme numéro un sur son marché et accélérer son expansion à l’international) a été dirigée par les fonds d’investissements américains Avenir Growth Capital et Tiger Global. Ce tour de table intervient après une première levée de 20 MUSD en 2018 et une autre de 35 MUSD en 2020 (plus importante levée de fonds au Nigéria de l’année). Lancée en 2016 entre Lagos et San Francisco, la fintech a ainsi réussi à obtenir 225 MUSD de financement depuis sa création. Ces fonds nouvellement levés serviront notamment à étendre leurs services en Afrique du Nord (Maroc, Tunisie et Egypte) et à déployer un service Flutterwave Mobile, qui permettra aux petits commerçants de convertir un téléphone portable en point de vente.  Flutterwave devient ainsi la troisième fintech ayant atteint une valorisation à plus d’un millard de dollars après la nigériane Interswitch et l’égyptienne Fawry.

Ghana

La Banque du Ghana a vendu 200 MUSD de devises étrangères à terme en janvier et février 2021.

Lors des deux premiers mois de l'année, la Banque du Ghana a vendu un total de 200 MUSD sur le marché des changes à terme. Les offres soumises par les banques commerciales ghanéennes lors de ces enchères se sont élevées à 419,4 MUSD, dont 267,25 MUSD au mois de janvier et 152,15 MUSD au mois de février. Lors de la première des deux ventes de devises étrangères prévues au mois de mars, les banques ne se sont portées acquéreuses que 33,75 MUSD sur les 50 MUSD mis en vente, à des taux compris entre 5,69 GHS/USD et 5,745 GHS/USD. Afin de réduire les incertitudes quant à la disponibilité de devises étrangères, la Banque du Ghana avait annoncé l’injection de 775 MUSD sur le marché des changes en 2021 pour soutenir le cédi face au dollar. Ce programme de vente de devises étrangères à terme prévoit la vente de 50 MUSD toutes les deux semaines au premier trimestre, soit un total de 300 MUSD, avant une réduction de ce montant à 25 MUSD toutes les deux semaines. La Banque du Ghana avait introduit ce mécanisme transparent de vente de devises étrangères en octobre 2019, avec la mise en vente au dernier trimestre 2019 de 125 MUSD, puis de 715 MUSD en 2020, permettant ainsi de réduire les incertitudes quant à la disponibilité de devises étrangères. Alors qu’en 2019, la monnaie ghanéenne avait perdu 14,8% de sa valeur face au dollar, la dépréciation du cédi n’était que de 3,9% face au dollar en 2020 grâce en partie à ces interventions, soit la meilleure performance du cédi face au dollar depuis 2004, lorsqu’il n’avait enregistré qu’une baisse de 2,5%.

Discours sur l’état de la Nation du Président Nana Akufo-Addo.

A l’occasion du discours sur l’état de la Nation suite à son investiture pour un second mandat en janvier 2020, le Président Nana Akufo-Addo a présenté certaines des grandes lignes de son programme économique, ne manquant pas de revenir sur le bilan de son premier mandat. Il est, à cette occasion, revenu sur les grands défis économiques auxquel est confronté le Ghana : déséquilibre du secteur énergétique, croissance après le ralentissement entrainé par la crise  liée à la Covid-19, nécessité de réduire la part de l’économie informelle, productivité du secteur agricole et industrialisation du pays à l’aune de la mise en place de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine. Après la réception d’une livraison de 600 000 doses de vaccins dans le cadre de la facilitée Covax, le Ghana a vacciné 262 335 personnes au 9 mars 2021. Fort de ces bons résultats notamment, le président a annoncé une prévision de croissance économique de 5% en 2021, contre une prévision de croissance du FMI de 4,2% et de 1,4% par la Banque mondiale. Il a par ailleurs annoncé que le gouvernement demanderait une seconde fois l’approbation du Parlement pour l’introduction à la bourse de Londres du fonds minier ghanéen, après une première validation par ce dernier en août 2020. Alors que l’opération avait suscité une forte opposition politique et la démission du Procureur spécial contre la corruption en novembre 2020, le gouvernement avait finalement décidé de reporter cette transaction. Pour permettre cette introduction en bourse, l’Etat ghanéen avait chargé en 2018 un fonds public, le Minerals Income Investment Fund (MIIF) de récolter et redistribuer les redevances de l’Etat dans le secteur aurifère. Ces redevances représentaient 2,2% des recettes fiscales de l’Etat en 2019 (1 Md GHS, soit 170 MUSD). Le MIIF a, par la suite, créé la société Agyapa, enregistrée à Jersey, afin de l’abonder de ces redevances. Une fois introduite à la Bourse de Londres, la société Agyapa devait redistribuer ces redevances minières aux actionnaires et permettre à l’Etat ghanéen de lever un capital compris entre 400 et 500 MUSD en échange de ces recettes futures.

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