Focus : secteur agricole et déforestation

 S’il est établi par la littérature scientifique que l’activité agricole au Brésil est l’une des causes de la déforestation, il est toutefois plus complexe d’expliquer sa dynamique car elle présente de multiples facettes. Tout d’abord la déforestation peut-être légale, tel que cela est prévu par le code forestier brésilien. Les propriétaires ruraux sont tenus de conserver une part de leur propriété rurale en végétation native[1] et peuvent déforester ou convertir la végétation native dans le respect de ce seuil. La puissante Bandaca ruralista rappelle d’ailleurs que ce cadre légal doit être conservé et que l’agronégoce n’a pas besoin de déforester pour assurer son développement, en condamnant la déforestation illégale. Elle renvoie la responsabilité à d’autres acteurs ainsi qu’aux techniques de production plus traditionnelles pratiquées par de petits producteurs, tels que le brûlis.

Ensuite, l’immensité des territoires représente un défi pour assurer des contrôles efficaces et les récents éléments évoqués par le vice-président Mourao indiquent qu’un ciblage de zones à risque sera désormais effectué. Certaines zones sont connues pour le phénomène d’accaparement de terres publiques non attribuées (« grilhagem »). Il est entretenu par une dynamique foncière qui conduit à mettre sur le marché des terres régularisées.

L’analyse de l’évolution d’occupation des sols sur la période 2015-2019 à l’aide de la base Mapbiomas fait ressortir que tous les biomes sont touchés. La pression de déforestation ou de conversion de végétation native est actuellement la plus forte dans la région du Matopiba (Cerrado) et dans le Sud (Pampa). Certains biomes sont déjà fortement déforestés comme la Mata Atlantica à l’est du pays ou plus de 60% de la surface est occupée par l’activité agricole. L’Amazonie, de loin le plus grand biome du pays est celui qui enregistre la plus grande surface déforestée.

Plusieurs projets de développement de filières de production agricole durable ont été déployés ou sont en cours de déploiement afin d’accompagner les territoires et les filières vers des modèles plus résilients et respectueux de l’environnement. Les équipes de l’ambassade de France au Brésil sont engagées et appuient certains de ces projets qui sont régulièrement relayés sur les réseaux sociaux.

 

 

Productions et commerce

 

 

Sérgio Souza élu nouveau président de la Bancada ruralista jusqu’à fin 2022

Le groupe parlementaire - qui regroupe 241 députés et 39 sénateurs et dont est issue l’actuelle ministre chargée de l’agriculture - a élu fin 2020 son nouveau président. Sérgio Souza a fixé comme priorités la régularisation foncière, le dispositif de licences environnementales ainsi que de la réglementation d’utilisation des produits phytosanitaires (lien).

Un nouveau cycle décennal pour le plan ABC – Agriculture bas carbone

Le décret 10.606 du 22 janvier 2021met en place un système intégré d’informations pour la consolidation d’une économie agricole de basses émissions de carbone et un comité technique de suivi. Il proroge jusqu’en 2030 le plan ABC lancé en 2010 et visant à atténuer les effets du changement climatique ainsi que réduire les émissions du secteur agricole (lien).

Plan national des fertilisants : mise en place d’un groupe de travail interministériel

L’objectif est de développer des initiatives de production domestique d’engrais et fertilisants. Le groupe de travail doit remettre ses propositions dans les 120 jours qui suivront sa première réunion (lien).

Des cartes illustrant le déplacement géographique des cultures et zones d’élevage au Brésil

Le Professeur Hervé Théry présente dans son carnet de notes en ligne Braises une analyse cartographique comparant les localisations de quelques cultures et cheptels en 1990 et 2018/19. Il ressort que le café et les oranges ont quitté Sao Paulo et y ont été remplacés par la canne à sucre et l'hévéa. Le soja et le maïs ont migré vers le nord, le riz vers le sud et le cacao de Bahia vers le Para. Les bovins avancent en Amazonie. Les porcs et les volailles commencent à se développer au Mato Grosso, notamment grâce aux ressources en maïs et soja, qu'il est plus rentable d'exporter sous forme de viande que de grains.

Impact du nouveau gouvernement Biden sur l'agrobusiness brésilien

Selon des analystes, l’annonce de Joe Biden en faveur de mesures visant à renforcer l'agenda climatique et environnemental pourrait signifier une augmentation de la pression sur l’agrobusiness brésilien. Ce dernier devra renforcer les mesures de lutte contre la déforestation. Par ailleurs, les deux pays sont en concurrence pour le plus grand client agricole du monde, la Chine. Jusqu’alors la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine avait profité aux exportations du Brésil. Les experts s’attendent à une relation plus apaisée entre les deux premières puissances, créant davantage de concurrence pour les produits brésiliens (lien).

Un réseau féminin d’agroécologie au Brésil à l’épreuve de la pandémie et qui a triplé ses ventes

Depuis le début de la pandémie de Covid-19 au Brésil, le Réseau Agroécologique de Femmes Agricultrices (RAMA), qui réunit environ 70 femmes de la zone forestière du Vale do Ribeira, au sud-est du pays, a triplé ses ventes. Une conférence organisée par Isabelle Hillenkamp, socio-économiste et chargée de recherche à l’IRD a présenté les conditions d’organisation dans ce type de réseau qui permet la résilience observée dans le contexte de la pandémie. Elle analyse également comment évoluent les rapports de genre et quelles sont les marges de manœuvre, mais aussi les risques, notamment de surcharge de travail (lien).

OGM : un jugement à venir en matière d’analyse des risques environnementaux.

Le Tirbunal suprême fédéral (STF) devrait inscrire à l'ordre du jour d’une prochaine session le procès de l'action directe en inconstitutionnalité (ADI) qui remet en cause certaines parties de la loi de 2005 sur la biosécurité. L'action est devant le STF depuis 15 ans. Le principal point remis en question par le Bureau du Procureur Général (PGR) fait référence à la compétence attribuée à la Commission technique nationale de biosécurité (CTNBio) de délibérer, en dernier ressort, sur les cas dans lesquels l'activité de production de produits transgéniques entraîne potentiellement ou effectivement une dégradation de l'environnement. Le PGR considère que cela enfreint le système national de protection de l'environnement (Sisnama) car la CTNBio n’en fait pas partie. Ainsi, la loi retirerait à l’agence de l’environnement (IBAMA) la compétence d'analyser les implications telles que la dissémination dans l’environnement de cultures OGM (lien).

Sécurité sanitaire

 

 

Nouveaux critères microbiologiques pour les produits alimentaires

Les critères microbiologiques s’appliquant à tous les aliments (RDC n°12 du 02/01/2001) ont été remplacés par l’IN 60 du 23 décembre 2019 qui est entrée en application le 26 décembre 2020. Cette nouvelle instruction, modifiée en décembre 2020 (RDC 459, du 21 décembre 2020) rassemble désormais toutes les normes microbiologiques sur les denrées alimentaires.  

Aménagements des règles d’enregistrement des produits importés

Dans un courrier circulaire N°12/21 en date du 1er février 2021, le MAPA précise que les produits animaux qui ne sont pas destinés à la consommation humaine mais qui sont donc considérés comme des produits techniques (plumes, cornes, onglons, poumons, trachées, poils, peaux, becs, sang fœtal, os, cartilages, etc.) sont dispensés à la fois de venir de pays autorisés et d’établissements autorisés et d’enregistrement d’étiquette par le MAPA, seule l’obligation de certificat sanitaire demeure. Certains produits comestibles, tout en devant venir de pays et d’établissements autorisés, sont exemptés d’obligation d’enregistrement d’étiquettes, à savoir : farines lactées, pollen apicole, propolis, apitoxine, et propolis. Pour ces produits, les enregistrements existants doivent être annulés et les étiquetages mis à jour avec la mention « Produto isento de registro » avant le 31 août 2021.

Lancement d’une consultation publique sur le fonctionnement des élevages de volailles

Le MAPA a mis en consultation publique ouverte jusqu’au 14 mars un projet d’instruction normative fixant les modalités de fonctionnement obligatoire des élevages de volailles et des centres d’emballage et de traitement d’œufs. Le texte qui aborde peu ou pas la question du logement des animaux et de la protection animale se concentre sur le bon fonctionnement des zones de manipulation des œufs après ramassage.

Suivi des conditions de santé animale des petits élevages ovins caprins du Nord-Est

Le MAPA en partenariat avec l’EMBRAPA a entamé un projet, financé par le FIDA,  dans le cadre du programme « AgroNordeste » sur la santé des petits ruminants. Ces troupeaux, en forte croissance dans la région, constituent une source importante de revenus des petits agriculteurs en zone semi-aride. Le projet consiste en une collecte de sang sur plus de 1000 ovins et 1000 caprins pour une étude épidémiologique de la présence de huit pathologies et la création d’une banque de données génétique.

Environnement

 

 

90% des brésiliens jugent la situation environnementale préoccupante en Amazonie et 94% la préservation de la forêt comme essentielle pour l’identité nationale

Ce résultat issu d’un sondage réalisé par l’institut KANTAR-IBOPE dans toutes les régions auprès de 2,6 millions de brésiliens entre les 11 et 19 août 2020. Les personnes ont été interrogées sur les incendies en Amazonie et la préservation de l'environnement. Pour 90% des personnes, la situation en Amazonie, avec la récente augmentation de la déforestation, est préoccupante. Plus de la moitié (55%) considèrent le scénario actuel comme très inquiétant et 60% indiquent que la forêt amazonienne est l'écosystème le plus menacé du pays. De plus 94% des sondés considèrent la préservation de la forêt comme essentielle pour l'identité nationale. Les leaders indigènes sont considérés de manière positive, avec 73% d'approbation, le taux le plus élevé parmi les groupes et entités qui défendent le mieux la forêt. Viennent ensuite les militaires, avec 69%. Plus des deux tiers des personnes interrogées sont contre la réduction des réserves indigènes dans la région. Le gouvernement et les exploitants forestiers sont jugés les principaux responsables du taux élevé de déforestation. Les agriculteurs et les mineurs sont également identifiés comme responsables de la destruction de la forêt. La perte de diversité est considérée comme la conséquence la plus grave de la déforestation, ainsi que le changement climatique et de régime des pluies au Brésil (lien).

Des projets de chemins de fer transportant notamment des produits agricoles bénéficieront d’un « label vert » de la CBI

Trois nouveaux chemins de fer en projet ou déjà en construction - Ferrogrão, Ferrovia de Integração Oeste-Leste (Fiol) et Ferrovia de Integração do Centro-Oeste (Fico) – devraient permettre aux futurs concessionnaires de vendre des crédits carbone sur le marché grâce à leur labellisation par la Climate Bonds Initiative (CBI). Si le principe d’octroi de ce label a été donné par le CBI, il reste toutefois aux autorités brésiliennes la charge de mener à terme l’ensemble de la procédure d'obtention du label, puis à la CBI de confirmer officiellement l’octroi de ce dernier (lien).

Lancement du programme « Adopte un parc »

Ce programme cherche à lever des fonds privés pour cofinancer, à hauteur de 50 Réaux ou 10€ par hectare, l’entretien d’aires protégées fédérales, à commencer par celles d’Amazonie. L’« adoption » dure un an renouvelable cinq fois. L’entreprise Carrefour a été la première à annoncer son soutien, à hauteur de 4 millions de Réaux/610 K€ (pour « adopter » une réserve extractiviste en Amazonie, dans l’Etat du Rondônia). A ce jour, 5 entreprises auraient fait part de leur intérêt pour soutenir ce programme. Le président de la République et le ministre chargé de l’environnement ont encouragé d’autres entreprises à y prendre part.

Annonce du plan Amazonie 2021-22 par le vice-président Mourao

L’opération « Verde Brasil 2 », qui a mobilisé des militaires en Amazonie à des fins de protection de la forêt prendra fin le 30 avril 2021. Le nouveau plan Amazonie va s’y substituer. Il priorisera les contrôles dans 11 municipalités où la probabilité de fraudes est la plus importante. (lien).

Entreprises et Club Agro

 

 

L’industriel de la viande Marfrig a signé un accord financier pour finaliser une chaîne d’approvisionnement zéro déforestation en Amazonie et dans le Cerrado

L’accord porte sur un “prêt vert” de 30 M USD sur 10 ans octroyé par le fonds néerlandais &GreenFund. Un plan d’action prévoit l’inclusion des fournisseurs directs, le développement de traçabilité du bétail et la gestion des risques de déforestation. Il est prévu détendre la démarche aux fournisseurs indirects (lien).

Zéro-déforestation : l’industriel français du poulet LDC demande des engagements

La demande adressée aux fournisseurs de LDC consiste à apporter des éléments détaillés de traçabilité du soja importé et d’exclure le soja qui proviendrait de parcelles nouvellement déforestéees ou converties après le 1er janvier 2020, en particulier dans le Cerrado (lien).

AB INBEV prévoit d’investir 370 M de Réaux dans la production de bière pur malt

Il s’agit de la construction d’une unité de production dans la ville de Ponta Grossa (Paraná) (lien).

Samaria Rações investit 25 M de Réaux en 2021 dans son unité base à Maracanaú (CE).

Divers achats sont prévus : silos, nouvelles lignes de production, agrandissements de hangars.

 

JBS prévoit 25 M de Réaux pour la construction de trois noyaux de production d’œufs

L’investissement est prévu dans la commune de Protásio Alves dans l’Etat du Rio Grande do Sul (lien).

Lar Cooperativa Agroindustrial investir 350 M de Réaux

Il s’agit d’installation de réception et de séchage du maïs, dans le complexe industriel de Medianeira (Etat du Parana) (lien)

Les bénéfices de Carrefour au Brésil doublent en 2020

Il faut remonter aux années 1990 pour retrouver des taux de croissance de ce type chez les distributeurs au Brésil. Selon un bilan publié par Carrefour Brésil, sa recette a augmenté de 20% en 2020, pour atteindre 74,7 Mds BRL et le revenu net a plus que doublé, passant de 1,3 Md BRL à 2,8 Mds BRL. En volume, la croissance est moins importante en raison de l'inflation des prix des aliments (18% en 2020) (lien).

 

Auteur : Service Économique Régional de Brasília

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[1] En Amazonie légale (Etats d’Acre, Amapá, Amazonas, Mato Grosso, Pará, Rondônia, Roraima, Tocantins et partie de l’Etat du Maranhão) dans les zones de forêt 80%, dans les zones de Cerrado 35% et 20% ailleurs. En dehors de l’Amazonie légale 20%.