Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : les actifs des caisses de retraite en hausse de 20,3% en 2020 ; l’impact économique des violences estimé à 132,6 Mds USD en 2019 ; le président Buhari approuve la réduction de 30 % des droits d'importation sur les véhicules ; l’AFEX mobilise 50 MUSD pour les PME agricoles ;

- Ghana : le gouvernement prévoit d’ouvrir de nouveaux droits aux licences de télécommunications actuelles, en adoptant un régime de licences unifiées pour les opérateurs télécoms ; la Banque du Ghana a publié un document présentant ses ambitions pour la régulation du financement participatif.

Le chiffre de la semaine:

600 000

c’est le nombre de doses de vaccins AstraZeneca contre le Covid-19 reçus par le Ghana dans le cadre de l’initiative Covax, dont il est le premier pays en Afrique à recevoir une livraison.

Nigéria

Les actifs des caisses de retraite en hausse de 20,3% en 2020.

D’après les données de la Commission national des retraites, les actifs des caisses de pension ont atteint 12 292 Mds NGN (soit 32,4 Mds USD) fin décembre 2020. Cela représente une progression de 20,3% en nairas par rapport à fin 2019 lorsque ce même montant était de 10 218 Mds NGN. Les titres d’Etat sont toujours majoritaires représentant deux tiers du total (21,5 Mds USD), dont notamment les bons qui ont connu une hausse de 27,6% et pèsent désormais pour 55,6%. Arrivent ensuite les placements bancaires avec 4 Mds USD soit 13,7% du total suite à une progression de 45%. En croissance de 52,7%, les obligations du secteur privé se classent en troisième position avec 2,1 Mds USD. A noter le recul des bons du Trésor, deuxième poste en 2019, qui ont connu une chute de 66,6% et ne représentent plus que 1,7 Mds USD. Cela s’explique par la décision de la banque Centrale en octobre 2019 d’exclure l’accès aux opérations d’open market aux acteurs non-bancaires nationaux dont notamment les gestionnaires de fonds de pension. Institué en 2004 lors du vote de la Pension Reform Act, le Contributory Pension Scheme permet de collecter mensuellement en moyenne 58,3 Mds NGN (154 M USD) de cotisations retraite, provenant de près de 9 millions de contributeurs.

L’impact économique des violences estimé à 132,6 Mds USD en 2019.

D’après les estimations de l’Institute for Economics and Peace dans son rapport The economic value of Peace 2021, les dépenses et les effets économiques liés à la prévention, la contention et la gestion des violences auraient représenté 132,6 Mds en 2019 au Nigéria. Ce chiffre est en hausse de 7,7% par rapport à 2019 quand il avait été estimé à 123,13 Mds USD par cette même institution.  Le Nigéria est ainsi le pays en Afrique subsaharienne où cet impact est le plus élevé.  Il représente à lui tout seul près d’un tiers (29,3%) de l’impact total dans la région qui est estimé à 453,1 Mds USD en 2019, en légère hausse par rapport à 2018 (+0,2%). A noter, que l’impact annuel des violences au Nigéria a fortement progressé depuis 2007 lorsqu’il se situait à 69,39 Mds (soit +91,1%). Il s’agirait de la troisième progression la plus importante en Afrique subsaharienne derrière celles connues par le Mozambique (+91,9%) et le Niger (+106,3%). Par ailleurs, le directeur de la NNPC, la compagnie pétrolière nationale, a déclaré cette semaine que les vols et les actes de vandalisme représentent un coût de 200 000 barils de pétrole produits en moins par jour. Pour rappel, la production pétrolière du Nigéria est de 1,56 millions de barils par jour.

Le président Buhari approuve la réduction de 30 % des droits d'importation sur les véhicules.

Le Président Buhari a annoncé la réduction des taxes d’importation pour les véhicules entrant au Nigéria à 5% contre 35% jusqu’à présent. Les tracteurs agricoles vont connaître la même baisse, tandis que les taxes des véhicules pour le transport de marchandises passent de 35% à 10%. Les moteurs et pièces détachées d’avions peuvent désormais être importés hors taxe. Ces taxes s’appliquent indifféremment sur les véhicules neufs et d’occasion. L’objectif est de freiner l’inflation alimentaire (atteignant 20,6% en janvier) elle-même sous la pression de la hausse du prix des transports. Ces mesures doivent rendre le transport au Nigéria plus abordable alors que le secteur de l’automobile représentait 1,52 Md USD en 2019, dont 1,3 Md USD d’importations en majorité en provenance des Etats-Unis (51% de part de marché) et seulement 220 MUSD de production locale. Pour rappel, depuis 2009, une seule entreprise produit des véhicules 100% nigérians : Innoson Vehicle Manufacturing avec 10 000 unités par an. Cette mesure va entraîner une baisse de leur compétitivité, ainsi que celle des véhicules assemblés dans le pays. En 2014, de nouvelles lois fiscales avaient augmenté sensiblement les taxes à l’importation pour les véhicules complets (35% s’ajoutant aux 35% existants, soit 70% au total), des entreprises étrangères avaient alors ouvert des chaînes d’assemblage au Nigéria : Nissan, Kia, Hyundai, Honda, Volkswagen et Ford. En 2019, Renault a aussi développé un partenariat avec le groupe Coscharis pour de l’assemblage de véhicules à Lagos.

L’AFEX mobilise 50 MUSD pour les PME agricoles.

AFEX Commodities Exchange Limited a annoncé le lancement d’un fonds de 50 MUSD pour les PME agricoles. A l’instar de la bourse publique « Nigerian Commodity Exchange », AFEX fondée en 2014 est une société privée et licenciée de bourse de matières premières au Nigéria. Ce fonds « Agri-PME » de 50 MUSD devrait permettre de faciliter le financement entre les prêteurs et les emprunteurs du secteur agricole Il s’accompagne d’un système de récépissés d’entrepôt, premier système doté d’une technologie de pointe en Afrique. Ce système permet aux agriculteurs de déposer des marchandises stockables en échange d’un récépissé adossé aux prix des produits de base (Warehouse receipt). Les récépissés d'entrepôt peuvent être ensuite transférés des produits de base à un actif financier et inscrits dans le portefeuille de l'emprunteur sur la plate-forme de négociation AFEX. Ils créeront une structure de financement et remédieront au sous-financement du secteur agricole nigérian en évitant le risque prix. Ce système de garanties est un outil de gestion de la volatilité des prix. Il permet de fournir un fonds de roulement à faible risque aux acteurs du secteur agricole et une infrastructure de gestion des garanties pour accroître la confiance du marché tant pour les prêteurs que pour les emprunteurs. L’AFEX a ainsi pour ambition de faciliter le financement du secteur agricole  avec un objectif de 5 Mds USD d’investissements dans le secteur d’ici 5 ans.

Ghana

Le gouvernement ghanéen prévoit d’ouvrir de nouveaux droits aux licences de télécommunications actuelles, en adoptant un régime de licences unifiées pour les opérateurs télécoms.

Les licences de télécommunications qui permettent aux opérateurs télécoms actifs au Ghana, MTN, Vodafone, Airtel-Tigo et Glo, sont actuellement cantonnées à un spectre spécifique de fréquences, ne permettant aux opérateurs que d’assurer des service pour une technologie particulière, 2G, 3G ou 4G. Avec l’élargissement de la portée des licences attribuées, comme le prévoit le futur gouvernement ghanéen, les opérateurs pourront utiliser toutes les technologies disponibles sur leur spectre (2G, 3G, 4G) et rendre accessible des services de télécommunications à moindre frais. Cette mesure devrait permettre une mise en place plus large de la 4G au Ghana et assurer une plus grande utilisation grâce à la baisse des coûts. Cette annonce a été faite par le ministre désignée pour les télécommunications Mme Ursula Owusu-Ekuful lors de son audition devant le Parlement ghanéen en vue de sa nomination. Elle a, à cette occasion, abordé le rachat en cours d’Airtel-Tigo par le gouvernement ghanéen. Annoncé en octobre 2020, cette décision faisait suite à l’annonce du groupe de télécom indien Bharti Airtel de se retirer du capital d’Airtel-Tigo au Ghana. Le gouvernement ghanéen a annoncé son intention d’acquérir l’ensemble des actions de la société, détenue par la société luxembourgeoise Millicom Internatinoal Cellular à hauteur de 50,05% et par Bharti Airtel à 49,95%. Interrogée sur l’état d’avancement de cette opération, Mme Ursula Owusu-Ekuful a précisé qu’elle était toujours en cours tout en assurant que les emplois concernés ne seraient pas affectés. Depuis le rapprochement entre Airtel et Tigo en 2017, Airtel-Tigo est le 3ème opérateur de télécommunications au Ghana derrière MTN, le principal acteur, et Vodafone Ghana, détenu par sa filiale mère britannique et par l’Etat ghanéen à hauteur de 30% des parts. Le nigérian Glo est le 4ème opérateur du marché.

La Banque du Ghana a publié un document présentant ses ambitions pour la régulation du financement participatif.

L’essor des services bancaires par téléphone mobile au Ghana a permis et initié le développement du financement participatif, remplaçant progressivement les tontines traditionnelles jusqu'ici en vigueur. Sous le nom de « susu » ou « ntoboa », ces collectes de fonds informelles mais largement codifiées permettent aux ghanéens de bénéficier à tour de rôle d’un financement participatif octroyé par le groupe auquel ils participent. La Banque du Ghana souhaite développer la formalisation de ces pratiques au travers des institutions financières du pays. Elle distingue quatre modèles différents de financement participatif : le financement par don ; le financement participatif par récompense, où les financeurs bénéficient d’une récompense, comme l’accès au produit qui sera commercialisé ; le financement par action et le financement par endettement. La Banque du Ghana va assimiler les deux premiers modes de financement participatif à des services financiers. Encadrés comme tels, ces services pourront être proposés par les banques commerciales ghanéennes.  Les modes de financement par actions et par endettement seront régulés par le Commission des valeurs mobilières ghanéennes (la Ghana Securities and Exchange Commission). Cette nouvelle politique permettra d’encadrer ce nouveau mode de financement du développement économique ghanéen, alors même que le secteur privé souffre d’un accès au crédit déficient. Il permettra aussi aux autorités ghanéennes d’assurer une meilleure lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux.

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