Le budget de Hong Kong 2021 -2022
Paul Chan, Secrétaire aux Finances a détaillé le budget de Hong Kong pour l’année fiscale 2021-22 devant le Conseil législatif, le 24 février. Les prévisions officielles de croissance sont comprises entre 3,5% et 5,5% en 2021. Il affiche une baisse des dépenses de 11,3% par rapport à l’exercice précédent, et prévoit des mesures de soutien à l’économie moins importantes que l’année précédente. Le déficit budgétaire pour l’année 2021-22 devrait s’élever à 13,2 Mds USD, soit 3,6% du PIB hongkongais.
Le PIB de Hong Kong a chuté de -6,1% en 2020, le plus important recul jamais enregistré par l’économie hongkongaise, après une contraction de 1,2% en 2019. La crise épidémique, qui a succédé à la crise politique et sociale de 2019 à également conduit à une forte détérioration du marché de l’emploi avec un taux de chômage atteignant les 7%, son plus haut niveau historique depuis 17 ans. Le gouvernement table sur un rebond en 2021, fondé sur l’espoir du contrôle de la pandémie, avec une croissance estimée entre 3,5 et 5,5%. L’inflation devrait, elle, rester à un niveau modéré à 1,6% 2021. L’exercice budgétaire 2020-2021 se solde par un déficit de 33,5 Mds USD suite aux mesures de soutien à l’économie mises en place pour pallier l’impact de la pandémie. Les réserves fiscales hongkongaises ont été ponctionnées, mais restent élevées à 117,3 Mds USD (mars 2021), contre 130 Mds USD en 2020.
La RAS prévoit un 2ème exercice déficitaire en 2021-2022, après un cycle ininterrompu d’excédents budgétaires qui avait duré 15 ans, jusqu’à l’exercice fiscal 2020-21. Les prévisions de dépenses 2021-2022 reculent de -11,3% à 94,6 Mds USD, pour des recettes en hausse de +8,8% à 76,8 Mds USD. Le déficit 2021-22 devrait atteindre 13,2 Mds USD (3,6% du PIB). Le gouvernement prévoit des budgets déficitaires jusqu’en 2025-26, ce qui réduirait les réserves fiscales à 98,3 Mds USD (-34,8% par rapport à 2019-2020). La trajectoire de réduction des déficits au cours des quatre prochains exercices marque la volonté du gouvernement hongkongais de ne pas laisser un déficit structurel s’installer, mais trahit aussi sa réticence à augmenter les recettes fiscales et à changer le modèle « libéral » de Hong Kong.
Deux mesures visent à accroitre les recettes budgétaires et une réflexion sur la fiscalité devrait être lancée. La taxe d’enregistrement des voitures augmentera, de 15%, et celle d’immatriculation de 30%. Par ailleurs,pour la première fois depuis 1993, la taxe sur les transactions financières en bourse (Stamp Duty) augmentera de 0,1% à 0,13% ce qui devrait générer une recette fiscale supplémentaire d’un milliard USD, portant ce poste à 12 Mds USD. Cette mesure a été sanctionnée par les marchés mais la nécessité de revoir la fiscalité à Hong Kong est soulignée par les économistes et le FMI depuis des années afin de corriger la trop forte dépendance du territoire aux taxes adossées à la bulle immobilière.
Le gouvernement a fait le choix de réduire les dépenses par rapport à 2020 (-11,3 %) en raison de son déficit, mais elles progressent toutefois de 19,7% par rapport à 2019-2020. 58% des dépenses sont concentrées sur l’éducation, la santé et le social. Des économies seront réalisées par les administrations pour -1% de leurs dépenses et les embauches de fonctionnaires sont gelées.
15,6 Mds USD seront alloués au soutien à l’économie, les annonces étant accueillies avec scepticisme, face à l’ampleur du décrochage de nombreux secteurs (PME, restauration, hôtellerie, commerce de détail, tourisme). Les entreprises bénéficieront d’un plan de soutien de 1,23 Mds USD et plusieurs mesures de 2020 sont prolongées. 100 M USD sont affectés à un plan de soutien au tourisme, les modalités futures de réouverture des frontières aux visiteurs n’étant toutefois pas traitées. Plusieurs mesures seront déployées à destination des ménages : des bons d’achat d’une valeur de 5 000 HKD pour un budget de 4,7 Mds USD ; des prêts à 1% garantis par le gouvernement pour les personnes sans emploi (plafond de 10 400 USD ; ½ mois d’allocations supplémentaires pour les bénéficiaires de minima sociaux (coût de 310 M USD) au lieu d’un mois en 2020 ; 30 000 CDD de 12 mois dans le secteur public (858 M USD) ; reconduction de la réduction de l’impôt sur le revenu pour les ménages mais à la baisse.
Le secrétaire aux Finances a annoncé à cette occasion les axes de développement prioritaires pour Hong Kong :
- Dans le secteur financier, Hong Kong souhaite étendre le programme de connexion boursière avec la Chine à de nouveaux produits (ETF) et ouvrir la connexion obligataire aux flux acheteurs du continent vers la RAS. Des allègements fiscaux seront mis en place pour attirer les acteurs du capital-investissement et les gestionnaires d’actifs. La Finance verte reste un axe prioritaire et des émissions vertes seront réalisées pour un total de 22,8 Mds USD au cours des 5 prochaines années.
- Le fret aérien sera soutenu, avec l’agrandissement de l’aéroport et de sa zone de fret ainsi que le développement du multimodal.
- Le secteur de l’innovation sera soutenu avec un abondement de 1,25 Mds en deux ans du fonds «Innovation et technologie», l’ouverture d’un centre universitaire et de recherche frontalier avec la Chine, et le renfort de l’enseignement scientifique scolaire et professionnel.
- La priorité au logement est réaffirmée malgré les faibles performances des dernières années avec la construction de 101 400 logements sociaux annoncée d’ici 5 ans et de 90 000 logements privés. Afin d’améliorer la qualité de vie, 65 M USD sont affectés aux parcs et jardins, 39 M USD aux terrains de sport. Un plan véhicule électrique est prévu en mars avec l’arrêt envisagé des nouvelles immatriculations de véhicules à moteur thermique d’ici 2035. 130 M USD seront consacrés au développement du recyclage des déchets.