Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : l’économie nigériane a connu une récession de 1,92% en 2020 ; le gouvernement dévoile sa nouvelle stratégie d’endettement à moyen terme ; création d’une entreprise pour le financement des infrastructures ; Ecobank réalise un emprunt obligataire international record ; le gouvernement approuve un investissement de 23,4 MUSD pour la construction d’un parc technologique à Abuja ;

- Ghana : forte baisse des recettes touristiques en 2020 ; la ministre désignée pour les Télécommunications propose de taxer les services bancaires par téléphone mobile.

Le chiffre de la semaine:

75ème

C’est le rang qu’occupe le Ghana sur 180 pays dans le classement 2020 de Transparency International portant sur la perception de la corruption. Avec un score de 43/100 il se situe sensiblement au-dessus de la moyenne enregistrée en Afrique sub-saharienne (32/100).

 Source: Transparency International, Corruption Perceptions Index 2020

Nigéria

L’économie nigériane a connu une récession de 1,92% en 2020.

D’après le Bureau national des statistiques, le PIB nigérian aura progressé de 0,11% au quatrième trimestre 2020, en g.a, retrouvant ainsi la croissance après deux trimestres consécutifs de recul (-6,1% au deuxième trimestre puis -3,6% au troisième). Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2020, l’économie nigériane aura enregistré un repli de 1,92%. Avec une production de 1,56 millions de barils par jour en moyenne sur le dernier trimestre, le secteur pétrolier aura enregistré une chute de 19,76% en g.a et sur l’année, le secteur se sera contracté de 8,9%, après une croissance de 4,6% en 2019. Bien que le secteur non-pétrolier ait connu une croissance de 1,7% au quatrième trimestre 2020, il aura marqué un recul 1,25% sur l’année, après une croissance de 2,1% en 2019. Les secteurs des institutions financières hors assurance et de l’information et des communications ont bénéficié de la conjoncture sanitaire avec une croissance respective de 13,34% et 12,9% en 2020. L’agriculture aura également réussi à maintenir sa croissance en 2020, enregistrant une expansion de 2,17%. Pour rappel, le FMI anticipe une croissance de l’ordre de 1,5% en 2021.

Le gouvernement dévoile sa nouvelle stratégie d’endettement à moyen terme.

Le Debt Management Office (DMO) a validé le 10 février une nouvelle stratégie d’endettement à moyen terme qui couvre la période 2020-2023. Il s’agit du troisième programme d’endettement dit « à moyen terme » après ceux de 2012-2015 et 2016-2019. Cette nouvelle stratégie a été élaborée pour tenir compte de l’impact économique de la pandémie de la Covid-19 qui aura notamment diminué les recettes de l’Etat. Le Nigéria continuerait ainsi à se financer sur les marchés internationaux mais le DMO souhaite qu’une proportion plus élevée des nouveaux emprunts provienne de fonds nigérians. Pour les emprunts internationaux des financements concessionnels en provenance de bailleurs multilatéraux et bilatéraux seront privilégiés et pour les emprunts domestiques, des instruments financiers à long terme seront recherchés. Alors qu’un ratio de dette domestique/dette externe de 60/40 était visé dans la dernière stratégie, le DMO cible un seuil maximum d’emprunt domestique de 70% du total de l’endettement et un seuil minimum de dette externe de 30%. Un objectif de 40% maximum pour le ratio dette sur PIB pour 2023 a également été instauré, supérieur à la cible précédente de 25%, attestant de la fragilité croissante des recettes publiques. D’après le FMI, ce ratio atteignait 35% fin 2020.

Création d’une entreprise pour le financement des infrastructures.

Le président Muhammadu Buhari a annoncé la création d’une entreprise ayant pour mission principale le financement des infrastructures du pays. Cette société, Infraco, disposerait d’un capital initial de 2,6 Mds USD et aurait pour but d’atteindre 39,6 Mds USD afin de financer, en partenariat avec le secteur privé, des projets de construction de routes, de chemins de fer mais aussi d’infrastructures dans le domaine énergétique. Infraco serait financée par la Banque centrale du Nigéria, la Nigerian Sovereign Investment Authority et l’Africa Finance Corporation. Le Nigéria espère ainsi pallier progressivement à son déficit structurel en infrastructures. Pour rappel, le pays se classe 24ème sur 54 pays en Afrique dans le dernier classement Africa Infrastruture Development Index de la Banque africaine de développement.

Ecobank réalise un emprunt obligataire international record.

La filiale nigériane de la banque panafricaine Ecobank a réalisé un emprunt obligataire de 300 MUSD à la bourse de Londres (LSE) par le biais d’un véhicule de financement néerlandais. Cette opération a pour objectif de financer le commerce international au Nigéria. Selon la banque Renaissance Capital, cet emprunt a été souscrit 3,7 fois alors que l’opération est la première sortie d’une banque africaine sur le marché des capitaux en 2021. Le taux de 7,15% est le plus bas jamais enregistré pour une banque dans le pays. Les investisseurs sont localisés en Afrique à 57%, à 27% au Royaume-Uni et 17% en Europe. Le groupe qui détient 1300 agences dans 36 pays a fait le choix depuis 2018 de ne pas verser de dividendes aux actionnaires malgré des résultats en croissance, préférant consolider sa structure. En 2020, le groupe a terminé l’année sur un résultat comptable positif de 149,5 MUSD.

Le gouvernement approuve un investissement de 23,4 MUSD pour la construction d’un parc technologique à Abuja.

Le gouvernement Fédéral investira 8,9 Mds NGN (23,4 MUSD) pour la construction d’un parc TIC à Abuja. Selon le ministre des Communications et de l’économie digitale, Dr. Isa Ali Pantami, cet investissement a été approuvé par le Conseil exécutif fédéral du 10 février 2021 et sera soutenu par l’agence nationale de l’innovation nouvellement créée : le National Digital Innovation and Entrepreneurship Centre (NDIEC). Construit sur un terrain de 4 200 mètres carrés, il sera le projet phare de la politique nationale en matière de TIC et recherche et développement. Ce parc deviendrait alors le point de convergence des hubs technologiques (pôle d’innovation actif) publics et privés du pays. Le projet a l’ambition de fournir un environnement favorable au développement de technologies innovantes, notamment via un incubateur et une plateforme de mentorat pour les entrepreneurs. Le parc accueillera par ailleurs un Centre national d’exposition des TIC et un Musée des TIC afin de présenter les innovations technologiques aux nigérians. Il s’agit de la première initiative de création d’un hub à visée nationale, pour un pays qui en compte 90 individuels à travers le pays, sur les 643 africains. Si Lagos est le centre névralgique de l’écosystème numérique nigérian, Abuja héberge de nombreux pôles d’innovation de renom tels que Ventures Platform ou Enspire Hub. Des initiatives privées se multiplient dans le secteur, à titre d’exemple la fondation du milliardaire Tony Elumelu qui s’est engagée fin 2014 à financer un programme de 100 MUSD pour accompagner 10 000 entrepreneurs du continent sur 10 ans.

Ghana

Forte baisse des recettes touristiques en 2020.

D’après l’Autorité ghanéenne du tourisme, les recettes issues des activités touristiques ont diminué de deux tiers en 2020, passant de 3,31 Mds USD en 2019 à 1,04 Md USD l’année précédente (-68,6%). La diminution sans précédent des voyageurs internationaux au Ghana est responsable du faible taux de remplissage des hôtels et de la baisse d’activité des restaurants dans le pays. Les arrivées par l’aéroport international de Kotoka se sont réduites à 355 108 personnes en 2020, contre 1,13 millions en 2019, suite à la fermeture des frontières aériennes pendant six mois l'année dernière dans le cadre des mesures visant à contenir la propagation de la Covid-19. Les entrées par les frontières terrestres sont complétement fermées depuis mars 2020, alors qu’elles permettent en temps normal l’entrée de 10% des touristes internationaux. Au cours du deuxième trimestre 2020, le Ghana n’a enregistré que 4 583 visiteurs. En 2019, « l’année du retour » avait permis une forte activité pour le secteur touristique. Cette campagne menée par le Président Nana Akufo-Addo visait à faire du Ghana, sur l’année 2019 en particulier, une destination touristique pour la diaspora africaine en Amérique du nord et en Europe, permettant d’attirer de nombreux visiteurs américains. Avec 3,31 Mds USD, le secteur avait ainsi connu une croissance de 18%.

La ministre désignée pour les Télécommunications propose de taxer les services bancaires par téléphone mobile.

Lors de son audition devant le Parlement afin d’être nommée ministre pour les Télécommunications et le numérique, Ursula Owusu-Ekuful a annoncé que les frais de transaction bancaire par téléphone mobile prélevés par les opérateurs pourraient faire l’objet d’une taxe spécifique. La forte réduction qu’ont connue les recettes fiscales permises par les télécommunications justifierait cette mesure, alors même que les transactions par téléphone mobile sont en plein essor au Ghana. En janvier 2021, 345 millions de transactions ont été réalisées par téléphone mobile, pour un montant de 81,3 Mds GHS (environ 11,6 Md EUR). Elles auraient permis aux opérateurs de collecter 124,5 M GHS de frais (17,7 M EUR). Mme Owusu-Ekuful a proposé de taxer ces frais à hauteur de 10%. La société sud-africaine MTN détient 98% de part de marché des transactions en valeur avec 15,1 millions d’usagers inscrits au 31 décembre 2019, permettant à l’entreprise de réaliser un chiffre d’affaires de 1 Md GHS en 2019 (142 MEUR).

 

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