Alors que la Tunisie est souvent considérée comme le seul succès du Printemps arabe, ayant permis d’organiser des élections libres et de rétablir la liberté d’expression, 10 ans plus tard, la grande majorité des Tunisiens sont déçus du bilan socio-économique de la Révolution et constatent une dégradation de la situation économique.

Le 14 janvier 2011, le président tunisien Ben Ali prenait la fuite face à l’ampleur des émeutes déclenchées par l’immolation d’un jeune tunisien de 26 ans un mois plus tôt, un événement qui allait provoquer une vague de soulèvements à travers le monde arabe. Alors que la Tunisie est souvent considérée comme le seul succès du Printemps arabe, ayant permis d’organiser des élections libres et de rétablir la liberté d’expression, 10 ans plus tard, la grande majorité des Tunisiens sont déçus du bilan socio-économique de la Révolution et constatent une dégradation de la situation économique. Si la Tunisie peut se targuer d’une augmentation du PIB/habitant et d’un recul significatif de la pauvreté et des inégalités de revenus depuis 10 ans, le chômage reste élevé et la succession des gouvernements n’a pas su répondre au défi des inégalités territoriales qui se reflètent à la fois au niveau de l’emploi, de la pauvreté et de l’accès aux services publics et aux infrastructures de base (santé, éducation, énergie et eau). La Révolution n’a pas non plus permis de mettre fin à l’économie de rente et à la corruption qui continuent d’handicaper l’économie tunisienne. La crise sanitaire risque de fragiliser davantage la Tunisie, en provoquant une récession sans précédent qui pourrait compromettre les quelques progrès réalisés en termes de réduction du chômage et de la pauvreté, qui est passée de 14% de la population avant la pandémie à 21% fin décembre. Témoins de la dégradation de la situation sociale, les manifestations pour la hausse des salaires et l’emploi se sont multipliées ces derniers mois et la crise a enclenché une vague migratoire sans précédent en 2020.