Brèves de l'ASEAN semaine 03 (2021)

Faits saillants

Malaisie : extension géographique du confinement et nouveau plan de soutien à l’économie de 3,6 Mds USD

Le FMI accorde une nouvelle aide financière d’urgence à la Birmanie de 350 M USD

Indonésie : 21,7 Mds USD d’excédent commercial en 2020 après un déficit de 3,6 Mds USD en 2019

• La Banque asiatique de développement (BAsD) et la Banque européenne d’investissement (BEI) ont signé un nouveau partenariat pour la protection des océans le 15 janvier. Ce projet rentre dans le cadre des initiatives mises en place en Asie-Pacifique pour la promotion des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU ainsi que la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Le partenariat renforce la capacité des deux banques à soutenir des projets à fort impact, comme la durabilité des activités économiques liées aux océans, la réduction de la pollution plastique ou la mise en place de programmes d’assistance technique pour le développement de projets durables. Pour ce faire, il offre un cadre de travail visant à étendre la coopération inter-institutionnelle et les investissements dans l’économie bleue. Les océans sont une priorité de la stratégie 2030 de la BAsD qui a déjà lancé un plan d’actions pour les océans de 5 Mds USD en 2019. 

• La balance commerciale de l’Indonésie a enregistré un excédent de 21,7 Mds USD sur l’année 2020, là où elle enregistrait un déficit de 3,6 Mds USD sur l’année 2019. Les exportations ont atteint 163,3 Mds USD en 2020 (-2,5% en g.a.), tandis que les importations s’établissent à 141,6 Mds USD (-17,0%).
  
  
• La banque centrale maintient son taux directeur à 3,75% pour le troisième mois consécutif. Cette décision s’inscrit dans un contexte de prévisions d’inflation faible et de préservation de la stabilité extérieure.
  
  
• La dette extérieure indonésienne atteint 416,6 Mds USD à la fin du mois de novembre 2020 (+3,9% en g.a.). Elle se compose d’une dette publique (gouvernement et banque centrale) de 206,5 Mds USD et d’une dette privée de 210,1 Mds USD. Le ratio dette extérieure/PIB en novembre 2020 s’élevait à 39,1%, soit relativement stable par rapport au mois précédent (38,8%).
  
  
• La roupie indonésienne s’apprécie légèrement en ce début d’année. Au 20 janvier 2021, la roupie indonésienne s'est ainsi appréciée de 0,77% vis-à-vis du dollar US en moyenne par rapport à décembre 2020, ce qui s’explique par une hausse des flux de capitaux étrangers entrants, du fait d’une moindre incertitude sur les marchés mondiaux et de la perception positive des investisseurs à l'égard des perspectives économiques nationales. La banque centrale anticipe une poursuite de l’appréciation de la roupie dans les mois qui viennent.

• Une semaine après avoir imposé un confinement strict dans les principaux centres économiques, les autorités malaisiennes étendent cette mesure à l’ensemble du pays en dehors du Sarawak. La mesure entre en vigueur le 22 janvier pour au moins 2 semaines. Selon le ministre des Finances, le confinement affecte désormais la quasi-totalité du pays, pour un coût économique estimé à 600 M MYR (148 M USD) par jour.
  
  
• Face à la détérioration de la situation sanitaire et suite au durcissement des mesures de confinement, le Premier ministre a annoncé le 18 janvier un nouveau plan de soutien d’un montant estimé à 15 Mds MYR (3,6 Mds USD). Dans la ligne des plans précédents, il affiche 3 objectifs : lutte contre la pandémie (dont un plan de vaccination de 3 Mds MYR soit 742 M USD), assistance aux populations défavorisées et appui aux entreprises (essentiellement PME et micro-entreprises). Consistant pour l’essentiel en la prolongation ou la reconduction de mesures adoptées en 2020, il présente néanmoins deux nouveautés : (1) des mesures destinées à soutenir l’emploi précaire, voire informel, et (2) un mécanisme de garantie de l’Etat pour l’obtention de prêts destinés au financement de fonds de roulement des entreprises employant plus de 75 % de Malaisiens ; jusqu’à présent seules les sociétés détenues à plus de 50% par des Malaisiens étaient éligibles.
  
  
• Le comité de politique monétaire de la banque centrale malaisienne maintient son taux directeur à 1,75% lors de la première réunion de l’année. Selon la Banque, ce niveau est suffisant pour stimuler une économie qu’elle considère en phase de reprise, en dépit du renforcement des mesures sanitaires. Elle anticipe un retournement de conjoncture au 2ème trimestre, grâce à une reprise de la demande mondiale et de la consommation interne favorisées par la vaccination. Pour mémoire, la banque centrale a baissé son taux directeur de 125 points de base en 2020, sa dernière intervention remontant à juillet.

• Les intentions d’investissements atteignent 13,0 Mds USD en 2020 selon l’Economic Development Board (EDB) qui mesure chaque année les promesses d’investissements étrangers en actifs immobilisés (fixed-asset investments) à Singapour. L’agence estime que ces projets devraient contribuer à créer à terme plus de 19 000 emplois. En 2019, l’EDB avait relevé 11,4 Mds USD de promesses d’investissements.
  
  
• Singapour est la deuxième ville pour les investissements transfrontaliers dans l’immobilier commercial en Asie en 2021, derrière Tokyo et devant Séoul et Shanghai d’après l’Asia Pacific Investor Intentions Survey. La Cité-état gagne deux places par rapport au classement de l’année dernière. D’après l’enquête réalisée auprès 492 investisseurs basés principalement en Asie-Pacifique, le secteur le plus prisé est celui de la logistique, soutenu par la croissance du e-commerce dans le contexte de la pandémie. Le rapport anticipe une hausse des loyers commerciaux à Singapour au cours des trois prochaines années du fait de sa position de hub régional en Asie du Sud-Est.
  
  
• La place financière de Singapour (SGX) ambitionne de devenir la première place asiatique en termes de cotation des sociétés d’acquisition à vocation spécifique (special purpose acquisition corporations - SPACs). Ce type de véhicules d’investissement rencontre un succès croissant et permet à une entité cotée en bourse d’acquérir une société non cotée qui bénéficie ainsi d’un moyen alternatif d’entrer en bourse en évitant des procédures longues et onéreuses. L’objectif de SGX serait notamment de faciliter une augmentation des investissements étrangers dans l’écosystème tech et start-up de Singapour, voire de l’Asie du Sud-Est alors que certaines des licornes de la région (Gojek, Grab, Tokopedia) envisagent des introductions en bourse.
  
  

• L’Autorité monétaire de Singapour (MAS) met en place de nouvelles régulations pour limiter les cyber-risques des entreprises. Après la récente cyber-attaque sur SolarWind, une entreprise américaine de logiciel utilisée par les administrations centrales et certaines entreprises américaines, les entreprises singapouriennes du secteur financier et des paiements en ligne devront évaluer leurs fournisseurs technologiques. La MAS cible de potentiels logiciels ou pratiques de sécurité qui pourraient ne pas être aux normes. Ces nouvelles règles s’appliquent aux banques, aux services de paiements ainsi qu’aux sociétés de courtage et d’assurance.

• Le Département américain du commerce (DOC) a décidé de ne pas imposer de mesures antidumping sur les pneus des véhicules de tourisme et des camions légers du Vietnam. Le DOC a annoncé sa décision à la suite d’une enquête antidumping préliminaire sur des produits venant du Vietnam, de la Corée du Sud, de Taïwan et de Thaïlande effectuée fin 2020. Contrairement au Vietnam, le rapport a déterminé que les exportateurs de ces pays ont fait du dumping sur les pneus exportés aux États-Unis à des taux allant de 14,2% à 38,1% pour la Corée du Sud, de 52,4% à 98,4% pour Taiwan et de 13,3% à 22,2% pour la Thaïlande. Les États-Unis ont importé pour près de 4 Mds USD de pneus de ces quatre pays en 2019, dont 469,6 M USD du Vietnam.
  
  

• Le fonds national vietnamien, le State Capital Investment corporation (SCIC), va venir en aide à Vietnam Airlines au travers d’une augmentation de capital de 346 M USD et d’un plan de sauvetage. Décidé par le gouvernement et l’assemblée nationale, cette manœuvre a pour but de soutenir financièrement l’entreprise qui accuse des pertes de 517 M USD en 2020, après un bénéfice de 145 M USD en 2019.
  
  

• La compagnie Foxconn, fournisseur majeur d’Apple, annonce la construction d’une usine de production d’ordinateurs portables et de tablettes dans le parc industriel de Quang Châu, dans la province de Băc Giang pour un investissement total de 270 M USD. Le projet, mis en œuvre par l’entreprise Fukang Technology, aura une capacité de production de 8 millions d'unités par an.
  
  
• Le port en eau profonde de Gemalink, dans la province de Ba-Ria Vung Tau, a été mis en service le 19 janvier 2021. Porté par le groupe vietnamien Gemadept et le français CMA-CGM, ce projet représente un investissement de 330 M USD. Il s’agit de l’un des 19 plus grands ports en eau profonde au monde.

• La Banque de Thaïlande (BoT) a annoncé une révision à venir de ses prévisions de croissance pour 2021, en raison de la nouvelle vague épidémique en Thaïlande. Cette révision à la baisse pourrait atteindre entre 1 et 4 points de pourcentage selon la gravité de la situation. La BoT a déjà abaissé en décembre ses prévisions pour 2021 de 3,6% à 3,2%. Selon le scénario le plus favorable, la baisse des prévisions serait comprise entre 1 et 1,5 point de croissance, soit un taux de croissance du PIB sur l’année ramené entre 1,7 et 2,2%.
  
  
• Les ventes d’automobiles sur le marché domestique ont augmenté de 11,3% en décembre 2020 par rapport à décembre 2019, après une première hausse de 2,7% en novembre. Selon la Fédération des industries thaïlandaises, les ventes d’automobiles sur le marché domestique sont cependant en baisse de 21,4% sur l’ensemble de l’année 2020. Elles pourraient baisser à nouveau de 5,3% en 2021 à 750 000 véhicules. La production totale s’est élevée à 1,4 million de véhicules en 2020, avec une baisse de 30% des exportations.
  
  
• La consommation d’énergie en Thaïlande en 2020 a diminué de 5,8% en raison des mesures de restriction de l’activité, selon le Bureau de la politique et de la planification énergétique (EPPO). La consommation de pétrole raffiné a diminué de 11,5%, celle de gaz naturel de 8,2%, et celle de carburant jet de 61%. La consommation d’électricité est en baisse de 2,9%. Les émissions de CO2 sont également en baisse de 11%. Pour 2021, EPPO envisage une contraction de 0,2%, si la Thaïlande ne connait qu’une vague de Covid-19 cette année, et de 1,9% en cas de vagues successives.
  
  

• Les exportations de riz se sont élevées à 5,8 millions de tonnes en 2020, au plus bas depuis 20 ans, pour une valeur totale comprise entre 110 et 120 Mds THB (entre 3,7 et 4 Mds USD). Selon l’Association des exportateurs de riz, elles pourraient s’élever à 6,5 millions de tonnes en 2021, pour une production totale de 18 millions de tonnes. La Thaïlande souffre de la concurrence des riz indiens et vietnamiens, moins chers, facteur renforcé par l’appréciation du baht thaïlandais.

• En réponse à la crise du Covid-19, les Philippines ont obtenu 13,4 Mds USD de subventions et prêts étrangers depuis mars 2020. Avec un total de 4 Mds USD de prêts et 8 M USD de subventions, la Banque asiatique de développement (BAsD) est le premier prêteur de l'archipel, devant la Banque mondiale (2,3 Mds USD) et la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB) (750 M USD). Le pays s'emploie aujourd'hui à lever 1,5 Md USD auprès de prêteurs étrangers et de son marché domestique afin de financer sa campagne de vaccination.
  
  
• Les Philippines et la Chine ont signé un accord de coopération technique et économique afin de soutenir la mise en œuvre de projets d'infrastructures et de développement. Dans le cadre de cet accord, la Chine a octroyé à l'archipel une subvention de 500 M RMB (77 M USD) qui vise à financer des projets de subsistance, c’est-à-dire créateurs d’emplois, ainsi que des études de faisabilité. Au total, ce nouvel accord porte les subventions du gouvernement chinois aux Philippines à 3,3 Mds RMB (497 M USD).
  
  
• Le ministère de l'Agriculture (DA) a donné son feu vert afin de tripler les importations de porcs et faire face à une diminution de l’offre nationale. Le prix du porc à la ferme a augmenté de 10 à 15%, tandis que le prix du jambon et de la poitrine a augmenté de 80% en glissement annuel selon la Fédération des éleveurs de porcs des Philippines.

• Les trois aéroports internationaux du Cambodge ont accueilli 2,1 millions de passagers en 2020, soit une baisse de 79% par rapport à 2019. L’aéroport international de Phnom Penh a enregistré un trafic de 1,3 million de passagers (-76%), celui de Siem Reap 618 663 (-83%) et celui de Sihanoukville 214 969 (-86%). Le trafic de fret a baissé de 31% (49 983 t). Selon le ministère du Tourisme, de janvier à novembre 2020, 1,2 million de touristes étrangers avaient visité le Cambodge (-78% par rapport à 2019).
  
  
• Le Cambodge a lancé le 18 janvier sa Stratégie de diplomatie économique 2021-2023 qui doit contribuer à diversifier les sources de croissance économique et les partenaires commerciaux. Cette stratégie vise à renforcer l'efficacité de la diplomatie économique, contribuer au renforcement de la croissance du pays, réduire la dépendance à l'aide étrangère et promouvoir les intérêts du Cambodge dans la région et dans le monde en se concentrant sur 4 objectifs principaux : promouvoir le commerce international, attirer les IDE, renforcer le tourisme et favoriser les échanges culturels, y compris en matière de gastronomie.
  
  
• La valeur des exportations de bicyclettes du Cambodge s’est élevée à 527 M USD en 2020, en hausse de 27% par rapport à 2019, malgré la crise sanitaire. Le Royaume est ainsi devenu le 1er exportateur de vélos au sein de l'ASEAN et le 5ème au niveau mondial. En sens inverse, la valeur des bicyclettes importées au Cambodge n’a totalisé que 8,4 M USD en 2020 (-19,3% par rapport à 2019).
  
  
• Le Poivre de Kâmpôt a été enregistré en tant que première indication géographique au titre de l’Acte de Genève de l’Arrangement de Lisbonne​​​ de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle. Le Cambodge devient ainsi le premier pays déposant à enregistrer une IG au titre de ce traité. Le système de Lisbonne avec le nouvel Acte de Genève, entré en vigueur en 2020, permet la protection des appellations d’origine et des indications géographiques dans plus de 30 pays par le biais d’une procédure d’enregistrement unique et d’une cotisation. La protection accordée​ au poivre de Kâmpôt contribuera également à rehausser la réputation du produit cambodgien et à diversifier ses marchés.

• La baisse du PIB  est estimée à -0,6% en 2020 (1ère année de récession depuis plus de 20 ans) selon le Lao Economic Monitor, tous les secteurs ayant subi les effets négatifs de la crise. Le déficit budgétaire 2020 devrait atteindre à 7,6% du PIB et la dette publique 69% du PIB tandis que les paiements au titre du service de la dette ont atteint 1,2 Md USD en 2020. La baisse du kip et la hausse des prix agricoles alimentent les pressions inflationnistes. Selon le scénario de référence, la croissance devrait cependant rebondir à 4,9% en 2021. La croissance à moyen terme devrait progressivement se redresser grâce aux investissements dans les infrastructures et à la reprise progressive des services, des exportations et de la consommation privée.
  
  
• Electricité du Laos (EDL) et la société chinoise China Yushen Electric Power Cable Co. ont signé un accord de joint-venture pour la construction d’une usine de composants électriques dans le district de Naxaithong, au nord de Vientiane. EDL détiendra une participation de 10% dans cette co-entreprise.
  
  
• La Chambre nationale de commerce et d'industrie du Laos a lancé un centre d’aide aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME) avec la coopération de la société allemande pour la coopération internationale (GIZ), afin de fournir des services de conseil et de formation à ces entreprises dans le contexte de la crise provoquée par le Covid.

• Le FMI accorde une nouvelle aide financière d’urgence à la Birmanie de 350 M USD. Le comité exécutif du FMI a approuvé le 12 janvier 2021 le versement d’une aide financière de 350 M USD dans le cadre d’un prêt RCF/RFI. L’objectif est de répondre aux besoins de financement de la balance des paiements alors que la Birmanie met en œuvre depuis avril 2020 un plan de soutien d’urgence (« CERP ») et prépare un programme de réforme pour son économie (« MERRP »). Au total, le soutien du FMI à la Birmanie s’élève à 700 M USD depuis le début de la pandémie.
  
  
• La signature d’un power purchase agreement (PPA) officialise la livraison d’une centrale au GNL à Rangoun par une joint-venture thaï-japonaise. L’opérateur public birman d’électricité EPGE a signé un contrat d’achat d’électricité d’une durée de 25 ans avec TTCL, une JV thaï-japonaise. Cette étape permet le lancement de la construction à Rangoun d’une centrale au GNL de 388 MW pour un montant de 685 M USD qui devrait être opérationnelle en 2025. Est par ailleurs prévue la construction à venir d’un gazoduc, d’un terminal portuaire pour le GNL, d’une usine de regazéification et de lignes de transmission de 230 KV.
  
  
• Les exportations birmanes chutent de 24% au premier trimestre de l’année fiscale 2020/21. Le ministère du Commerce birman fait état d’une chute de près d’un quart des exportations birmanes sur les 3 premiers mois de l’année fiscale (octobre-décembre). Sur la période, la Birmanie a exporté 7,6 Mds USD de biens contre 10 Mds USD en 2019/2020. Cette baisse porte en particulier sur les deux principaux produits à l’exportation, les biens agroalimentaires (-28%) et textiles (- 25%), qui pâtissent du regain de la pandémie en Birmanie depuis septembre 2020. Pour faire face aux conséquences sociales des difficultés du secteur textile, la délégation de l’UE a annoncé cette semaine le doublement des capacités de son fonds d’urgence, Myan Ku, pour atteindre 12 M USD au total.