Entretien avec M. François-Henri Cloarec, Chef du Service économique de Tbilissi

Quel est le rôle du Service économique de Tbilissi (et sa particularité au sein du SER d’Ankara) et quel est le rôle du chef du SE de Tbilissi?

Le SE de Tbilissi, rattaché au Service économique régional d’Ankara, est chargé d’évaluer la situation économique des pays de sa zone de compétence, la Géorgie et l’Arménie*, ainsi que d’y promouvoir la France. Il assure le suivi des Prêts du Trésor, soutient les intérêts des entreprises françaises dans des projets de grande envergure et, en l’absence de Business France sur le territoire, est le relais de la prospection à l’international de ces dernières. En outre, le chef du SE veille à maintenir de solides liens diplomatiques et économiques à la fois avec les autorités gouvernementales géorgiennes (ministères, banque centrale…), les bailleurs de fonds internationaux qui apportent leur expertise dans de nombreux domaines (protection sociale, foncier, agricole, infrastructures), ou encore avec les réseaux d’affaires privés, comme le MEDEF France-Géorgie.

Quels sont les dossiers particulièrement suivis en Géorgie, en matière économique et financière ? Quels sont les projets en cours pour le SE ?

Les répercussions de la Covid-19 sur l’économie géorgienne sont particulièrement suivies : le pays ayant été fortement touché en 2020 par la crise sanitaire avec la mise à l’arrêt de son secteur touristique contribuant jusque-là au PIB à hauteur de 10% (23% des emplois), ainsi que par une contraction de la demande intérieure et des revenus de transfert. Pour autant, le gouvernement a su mettre en place un plan de soutien à l’économie tout en conservant une certaine rigueur budgétaire, le plafond de dette publique étant par ailleurs limité constitutionnellement. Le pays peut compter en outre sur un soutien toujours affirmé des bailleurs qui lui permettent de maintenir une partie de ses projets d’investissements notamment dans les infrastructures. Dans ce contexte, l’économie devrait rebondir en 2021 avec 5% de croissance après que le PIB a chuté d’autant en 2020. D’ailleurs, la reprise de l’activité économique post-pandémie et notamment les investissements qui seront nécessaires dans le domaine des infrastructures, des transports, de l’eau, de l’énergie et bien évidemment de la santé, en lien avec les bailleurs de fonds internationaux est un sujet d’importance majeure qui générera des opportunités à saisir.

Le SE suit aussi en ce moment le développement de remontées mécaniques de sports d’hiver dans la ville de Mestia en Svanétie, ainsi qu’un projet de de transport urbain par câble à Tchiatoura, qui devrait être inauguré début 2021, dont les constructions ont bénéficié de Prêts du Trésor. La Direction Générale du Trésor finance également une étude de faisabilité (FASEP) pour le traitement des eaux pluviales de la ville de Tbilissi.

Enfin, le SE est aussi attentif aux opportunités que représente la Géorgie dans ses axes de développement prioritaires qui peuvent mettre en avant le savoir-faire français, en particulier la modernisation de l’agriculture, le renforcement des activités de montagne ou encore l’incitation à la création de startup innovantes.

Comment décrire les relations économiques entre la France et la Géorgie ?

Les importations de la Géorgie en provenance de la France, qui s’élèvent à 153 M EUR en 2019 ont pu rester stables en 2020 (152M EUR) malgré les mesures de restrictions sanitaires. Elles sont principalement composées de biens de consommation. En revanche, les exportations de la Géorgie vers la France demeurent faibles, ce qui entraîne un solde bilatéral structurellement excédentaire.Si la Géorgie est le pays drainant la majeure partie des investissements d’entreprises françaises à destination du Caucase, ces dernières demeurent encore assez faiblement présentes dans le pays. C’est donc là tout l’intérêt du SE que de créer des opportunités en s’appuyant d’une part sur sa connaissance des spécificités du marché et d’autre part sur sa proximité avec les acteurs locaux.

L’AFD arrivée en 2016 en Géorgie poursuit le développement de ses activités, en partenariat avec les autres institutions financières internationales. D’abord active sur les prêts de politique publique (développement rural, assainissement, protection sociale…), l’Agence ambitionne de renforcer son action dans le financement de projets et notamment dans les infrastructures.

Pour finir, le point le plus visible de la relation bilatérale entre la France et la Géorgie est le dialogue multisectoriel Dimitri-Amilakhvari, le SE ayant la responsabilité d’en organiser le volet économique. En raison du contexte sanitaire, le prochain sommet devant initialement être tenu en 2020 a d'ailleurs été reporté à 2021.

 

* Le Chef du SE de Tbilissi est compétent sur l'Arménie, laquelle est rattachée au Service économique régional de Moscou.