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Au 8 janvier 2021 et depuis le début de la mission de rapatriement Vande Barhat le 7 mai 2020, 3 300 000  personnes sont entrées en Inde par voie aérienne dont 1 090 000 transportées par Air India.

Dans le même temps, le groupe Air India a permis à 720 000 personnes de quitter le territoire. Sa part de marché s’établit toujours un peu au-dessus 50% pour les vols internationaux au départ d’Inde. Le nombre d’accords bilatéraux de type bubble est passé à 24 et les autorités aéronautiques indiennes autorisent de plus en plus les opérations de partage de code. Air France étudie actuellement la faisabilité de ce type d’échange avec Indigo et Vistara.

Le trafic domestique a cru de 20% en novembre pour atteindre 4360 mouvements d’avions quotidiens soient 70 % de ce qu’il était l’année dernière à la même époque. C’est ce qui a été autorisé par le gouvernement jusqu’à la fin du mois de février 2021. En novembre, le trafic passager domestique était de 66,4 millions ce qui ne représente que la moitié de la valeur à la même période l’an passé.

Parallèlement, les coefficients moyens d’occupation de sièges des avions ont augmenté pour passer de 62 à 69 % pour Air India et de 68 à 74 % pour Indigo en novembre.

Le trafic international est toujours très faible du fait des limitations imposées pour les visas. Les autorités aéronautiques indiennes suivent de très près l’évolution de la situation sanitaire, en Europe en particulier avec l’émergence de la variante anglaise du Covid. Elles se montrent très réactives et particulièrement prescriptives en mesures de confinement. Aussi, à ce stade aucun nouvel élément ne semble de nature à infléchir dans un futur proche leur ferme position sur les limitations du nombre de rotations hebdomadaires accordées aux compagnies étrangères dans le cadre des « bulles ». 

Le secrétaire à l'aviation civile Pradeep Singh Kharola qui s’exprimait le 7 janvier lors d'un séminaire en ligne organisé par la FICCI a néanmoins déclaré que le secteur de l'aviation civile intérieure devrait revenir à la normale dans les deux ou trois prochains mois.

Le trafic fret a moins souffert puisqu’il est au niveau de sa valeur à la même époque l’an passé. L’ensemble des acteurs du transport aérien s’est organisé pour répondre à la forte demande de transport qui débute pour l’exportation d’une partie des vaccins fabriqués par SII (Serum Institute of India) premier producteur au monde.

 

 Réforme de l’industrie aéronautique et défis à venir

 

La pandémie de COVID-19 a considérablement diminué le nombre de passagers transportés ainsi que les capacités de l’industrie aéronautique indienne accentuant souvent les difficultés financières.

Confronté à ces difficultés les compagnies demandent un allègement des ponctions fiscales pour réduire leurs coûts élevés et le poids de leur dette. Elles souhaitent notamment la baisse des taxes sur le carburant (ATF), qui représente 30 à 40 % du coût total d'une compagnie aérienne et dont les prix sont 45 à 50 % plus élevés en Inde que pour la moyenne des autres pays. L'industrie réclame également une aide permettant de diminuer les redevances aéroportuaires, les frais de stationnement et les redevances d'atterrissage et de navigation. Enfin, pour soutenir son plan ambitieux de développement du transport aérien le ministère de l'aviation civile (MoCA) maintient par directives une politique de fourchette tarifaire ce qui limite les capacités des transporteurs à pratiquer des tarifs plus élevés. Ce sont autant de sujets qu’il faudra traiter en 2021.

Malgré les difficultés conjoncturelles du secteur, le gouvernement devrait néanmoins réitérer  sa volonté d'améliorer la connectivité régionale par le biais de son programme de connectivité régionale UDAN (Ude Desh ka Aam Nagrik) et de rendre les vols abordables pour le grand public. Il continue à mettre l'accent sur la création et le développement des infrastructures et les budgets devraient se concentrer sur la modernisation de nombreux aéroports par le biais de partenariats public-privé (PPP). Ces budgets doivent aussi permettre de créer de nouveaux aéroports et d’accroître des capacités aéroportuaires existantes dans certains aéroports clés. Cela permettra de résoudre les contraintes d’infrastructures actuelles des compagnies aériennes et d'améliorer la connectivité avec les aéroports mal desservis/non desservis et donc de stimuler le tourisme qui va reprendre.

L'accent pourrait également être mis sur le secteur de la maintenance, de la réparation et de la révision (MRO). Conformément à l'orientation croissante du gouvernement vers les programmes Make in India et Atmanirbhar, le budget pourrait s'attacher à inciter le secteur de la maintenance, de la réparation et de la révision à maintenir les activités de maintenance, de réparation et de révision dans le pays. Un projet Safran pourrait s’inscrire dans cette vision.

Enfin, le long process de privatisation d’Air India devrait aboutir en début d’année. Il est possible qu’un nouveau paysage des transporteurs aéronautiques voie le jour dans le pays avec d’éventuelles fusions. Les principaux acteurs seraient alors Indigo, le groupe Tata Sons (Air asia India, Vistara et potentiellement Air India et Air India Express) et dans une moindre mesure les compagnies Spice jet et Go Air.

 

 Mesures nouvelles depuis la veille de novembre 2020

 

  • Le ministère indien de l'aviation civile (MoCA) a annoncé le 11 décembre 2020 que les passagers voyageant entre l'Inde et l'Éthiopie, le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie en vertu des accords de la bulle aérienne conclus par l'Inde avec ces pays sont désormais autorisés à "voyager également vers n'importe quel pays d'Afrique" (Economic Times/Times of India/New Indian Express, 11-déc-2020).
  • Le gouvernement tente d'encourager la privatisation des aéroports avec un nouveau plan. Le PMO (Prime Minister Office) et le ministère de l'aviation ont présidé des réunions à ce sujet en décembre et entamé des discussions concernant un nouveau plan plus ambitieux. Le gouvernement vise à privatiser 35 d'entre eux d'ici 2024. Il envisage de jumeler les aéroports déficitaires avec les aéroports rentables. La raison n'est pas seulement de renforcer les infrastructures régionales, mais aussi de supprimer les actifs déficitaires, qui ont été confiés à l'Autorité aéroportuaire de l'Inde.
  • Hardeep Singh Puri, ministre de l’aviation civile, a annoncé le 02 janvier 2021 que les services aériens entre l'Inde et le Royaume-Uni, suspendus le 23 décembre à la suite du développement d’une autre souche de Covid en Angleterre sont autorisés à reprendre à partir du 06 janvier 2021 et du 08 dans le sens retour. Les compagnies aériennes du Royaume-Uni et indiennes seront pour chaque nation autorisées à exploiter jusqu'à 15 fréquences par semaine entre l'Inde et le Royaume-Uni jusqu'au 23 janvier 2021 contre le double habituellement. Les modalités de cette reprise ont été chaotiques et à ce jour tous les passagers provenant de Grande-Bretagne, en plus d’être retestés Covid à leur arrivée, se voient imposer une quarantaine de 7 jours dans un hôtel.
  • Le 28 décembre, dans une forte poussée de représailles, l'Inde a demandé de manière informelle à toutes les compagnies aériennes de ne pas faire entrer de ressortissants chinois dans le pays. Cette mesure fait suite à la décision de la Chine d'empêcher les Indiens d'entrer dans leur pays. Alors que les vols entre l'Inde et la Chine sont actuellement suspendus, les ressortissants chinois autorisés à voyager selon les normes en vigueur pour les étrangers le font donc en volant d'abord vers un pays tiers avec lequel l'Inde a une bulle de voyage. Et de là, ils s'envolent vers l'Inde. Les compagnies étrangères attendent d’éventuelles communications officielles avant de réagir. Air France, pour sa part, ne transporte pas de Chinois à destination de la Chine à partir de l’Inde car cela ne correspond pas aux accords « bubble ».
  • Le 28 décembre, après une interdiction de voyager de neuf mois imposée en raison de la pandémie, le Sri Lanka a rouvert ses frontières aux visiteurs internationaux Les premiers arrivés ont été un groupe d'Ukrainiens dans une série de charters dans le cadre d'un projet pilote avant que le pays ne s'ouvre complètement aux voyageurs commerciaux.

 

Compagnies aériennes

 

  • La Direction générale de l'aviation civile (DGCA), a donné 5 janvier 2021 son approbation aux moteurs nouveaux Pratt & Whitney utilisés sur l'A320neo pour des opérations de déroutement prolongé (EDTO). Exploités principalement par les transporteurs IndiGo et GoAir, les moteurs ont été impliqués dans un certain nombre d'incidents en 2019 provoquant des arrêts de vol. La DGCA avait imposé des restrictions aux compagnies aériennes exploitant des A320neo sans les remplacements de moteurs. Les compagnies aériennes n'étaient pas autorisées à effectuer des vols à plus de 60 minutes d'un aéroport pour un atterrissage d'urgence.
  • Selon un rapport de Business Standard, IndiGo a remplacé tous les moteurs concernés sur ses avions. GoAir doit encore procéder au remplacement d'environ 16 moteurs. La fin de cette saga sera un soulagement bienvenu, en particulier pour IndiGo, qui est le plus grand exploitant mondial d'avions A320neo. La compagnie aérienne a été confrontée à ces problèmes, avec quatre incidents en une seule semaine en octobre 2019. En janvier 2020, IndiGo a subi le 22e incident impliquant le moteur Pratt & Whitney. La date limite de remplacement des moteurs a été repoussée au mois de mai 2020, puis à la fin du mois d'août, date à laquelle le ministre de l'aviation civile, Hardeep Singh Puri, a ordonné qu'aucun avion équipé de deux moteurs non modifiés ne soit utilisé pour les vols de passagers. Le problème des moteurs P&W est connu, et le fabricant s'est efforcé de le résoudre et d'installer des moteurs de remplacement pour ses clients. Néanmoins, son action n'a pas été assez rapide pour IndiGo, qui a passé une commande au motoriste concurrent CFM pour les futurs moteurs de sa flotte.
  • Tata Sons est actuellement en discussion avec Singapore Airlines (SIA) concernant une proposition d'offre pour Air India. Le groupe cherche à renoncer à une clause de non-concurrence et à s'associer avec le transporteur par l'intermédiaire de son entreprise existante Vistara. Le gouvernement serait intéressé à ce que Tata reprenne Air India et Air India Express en grande difficulté financière depuis 2007. Avec un soutien fort du groupe et de la SIA, la compagnie pourrait être remise sur les rails. Le secrétaire du Département indien de l'investissement et de la gestion des actifs publics (DIPAM), Tuhin Kanta Pandey, a déclaré qu’au terme du 14 décembre 2020 de multiples manifestations d'intérêt ont été reçues pour le désinvestissement stratégique d'Air India et que la transaction allait maintenant passer à la deuxième étape". Le processus peut encore prendre des mois en particulier pour régler les problèmes de reprise de la dette (1,2 Milliard d’euros) et de reprise de flotte et de personnels. Le premier choix des autorités qui s’orienterait vers le groupe Tata Sons devrait être connu fin janvier.
  • Le groupe AirAsia et le groupe TATA ont signé le 29 décembre 2020 un accord pour que le groupe Tata achète 490 millions d'actions d'AirAsia India au groupe AirAsia pour 37,7 millions de dollars. Cela permettra d'augmenter la participation du groupe dans AirAsia India de 32,67% à 83,67% A terme, Une fusion entre AirAsia India et Vistara est l'une des options envisagées par la société mère du conglomérat, Tata Sons.
  • L'aéroport Indore Devi Ahilyabai Holkar, a annoncé le 4 décembre 2020 que FlyBig a pris livraison de son premier avion, un ATR 72-500, le 04-Déc-2020). FlyBig a pour objectif de lancer des services reliant Indore à Bhopal, Ahmedabad et Raipur dès qu'elle aura reçu l'approbation de la Direction Générale de l'Aviation Civile indienne pour commencer ses opérations. La compagnie aérienne en démarrage prévoit d'exploiter une flotte de cinq avions d'ici la fin 2021.
  • La résurrection de la compagnie indienne Jet Airways  a l'air de se préciser. Le consortium Jalan-Kalrock, qui a gagné a annoncé que Jet Airways devrait reprendre ses vols domestiques et internationaux à partir de l'été 2021. Ce redécollage est encore subordonné à l'acceptation du NCLT (National Company Law Tribunal, le tribunal à vocation commerciale qui gère les adjudications concernant les compagnies indiennes) et des autorités de régulation du pays. Le consortium Jalan-Kalrock a été formé par l'homme d'affaires indien Murari Lal Jalan et la société d'investissement Kalrock Capital Management, basée à Londres. Murari Lal Jalan, avec sa firme principale MJ Developers, a d'abord débuté dans l'industrie du papier dans les années 80, puis s'est ouvert à diverses autres activités comme l'immobilier, l'industrie minière, la construction, le voyage et le tourisme notamment. Selon les plans du consortium, Jet Airways devrait pouvoir récupérer tous ses créneaux horaires autrefois utilisés, aussi bien sur le marché domestique dans un premier temps puis sur les liaisons internationales. Le consortium envisage de se réinstaller à Delhi, Mumbai et Bangalore, les trois anciens hubs de Jet Airways. Et, alors que les besoins en fret n'ont jamais été aussi importants avec le fait que l'Inde est un grand centre de fabrication de vaccins, le consortium envisage aussi de développer fortement la branche cargo de la compagnie en redémarrage.
  • Nepal Airlines a repris la liaison quotidienne Katmandou-Delhi le 17 décembre 2020, après une suspension temporaire depuis le 23 mars 2020. Le service est exploité dans le cadre de l'accord sur la bulle de transport aérien récemment conclu entre l'Inde et le Népal.
  • Vistara a prolongé les baisses de salaire pour le personnel jusqu'au 31 mars 2021 (Times of India, 31 décembre 2020) : 15 % pour le personnel supérieur ; 10 % pour le personnel de niveau moyen ; 5 % pour le personnel subalterne sélectionné.  La compagnie aérienne a appliqué les réductions de salaire du 1er juillet au 2020, en raison de l'impact du Covid sur ses opérations et ses revenus. La compagnie va par ailleurs débuter le 18 février 2021 des vols longs courriers vers l’Allemagne à raison de 2 rotations par semaine.
  • Ronojoy Dutta, PDG d'IndiGo, a déclaré le 09 décembre 2020 qu’il avait pour objectif de retrouver 100% de sa capacité internationale pré-pandémique d'ici la fin de l'année 2021.