Lumière Turquoise est la publication bimestrielle du SER d'Ankara

En ce début d’année 2021, la Turquie oscille entre espoirs et incertitudes. L’activité économique a fortement redémarré au second semestre de l’année 2020, les déficits publics ralentissent, l’investissement productif reprend et une prise de conscience sur la nécessité de mener une politique économique plus orthodoxe semble se confirmer. La nouvelle équipe de gouvernance économique a une image positive et a pris un ensemble de mesures en matière de conduite de la politique monétaire de nature à regagner la confiance des marchés (p. 2) et à alléger la pression sur la balance des paiements (p. 3) et le change. L’enjeu, pour l’économie turque, est de créer les conditions qui permettront le retour des capitaux de qualité à long terme alors que les comptes courants resteront sous pression en 2021 (incertitudes sur la reprise du tourisme et des exportations notamment) et que des échéances importantes de dettes extérieures sont attendues à la fin du premier trimestre.

Si la Turquie ne devrait pas avoir de difficulté à se refinancer à court terme (mais à un coût certainement élevé), une stratégie de «petits pas», alors que les stimuli budgétaires et monétaires sont fortement réduits, sera insuffisante pour permettre à l’économie d’améliorer durablement ses comptes publics et d’approcher son potentiel de croissance dans un contexte d’inquiétudes sur l’état du tissu économique en sortie de crise ainsi que sur la situation très dégradée du marché de l’emploi. Or, les réformes judiciaires et économiques annoncées pour améliorer l’environnement des affaires et améliorer la compétitivité (p. 6) se font toujours attendre.

Sur le front international, le Président Erdoǧan a déclaré vouloir « ouvrir une nouvelle page avec les États-Unis et l’Europe sur les différents vécus avec ces pays ». Certes, la Turquie a échappé, à ce stade, à de lourdes sanctions européennes et américaines, mais la route n’est pas encore complètement dégagée avec notamment le procès Halkbank qui débutera le 1er mars 2021 ou le nouveau Conseil Européen du mois de mars qui évaluera la situation en Méditerranée orientale.

En Azerbaïdjan, la reconstruction des territoires reconquis à l’issue de la guerre dans le Haut Karabach sera un chantier prioritaire pour les autorités en 2021 (p. 10), lesquelles devront mobiliser des financements importants. Le pays pourra néanmoins bénéficier d’une croissance des ventes de gaz naturel avec la mise en service du corridor gazier Sud vers le marché européen. Dans le même temps, le gouvernement entend poursuivre le processus de réforme du modèle économique azerbaïdjanais, mis à mal en 2020 par l’effondrement du cours du pétrole brut et les restrictions sanitaires.

Les élections parlementaires de novembre ont permis la reconduction du parti Rêve Géorgien tout à la fois conforté par les urnes et contesté par une opposition qui continue de dénoncer des fraudes massives. Pour autant, la Géorgie entamera l’année 2021 dans une situation économique difficile : les restrictions sanitaires successives et le contexte mondial ont mis à terre l’économie touristique. Les priorités du gouvernement, reconduit quasiment à l’identique, seront pour 2021 le maintien des investissements dans les infrastructures et la poursuite des réformes structurelles. Si le soutien des bailleurs internationaux est pour l’instant acquis, les défis à relever sont néanmoins importants pour permettre au pays de continuer à apparaître comme le bon élève du sud Caucase.