Les échanges extérieurs de biens et services de la Suisse représentent environ 120 % du PIB, soit le double de la moyenne des pays de l’OCDE. Le solde commercial de la Suisse est structurellement excédentaire, tant pour le commerce de biens que pour les échanges de services. L’Union européenne reste le premier partenaire commercial de la Suisse, loin devant les États-Unis et la Chine.

Fortement dépendante des échanges avec l’étranger – le commerce extérieur étant l’un de ses principaux moteurs de croissance –, la Suisse enregistre des niveaux record d’exportations et d’importations de biens en 2022, essentiellement liés à la hausse des prix et au commerce de métaux précieux. Tiré par ses pôles d’excellence (chimie-pharmacie, horlogerie, instruments de précision, machines, électronique) et son rôle de premier plan dans le négoce et les flux mondiaux d’or (affinage/stockage), son excédent commercial se monte à 43 Mds CHF. L’Union européenne reste le 1er partenaire commercial de la Suisse, loin devant les États-Unis et la Chine.

I. Structurellement excédentaire, le solde commercial suisse des échanges de marchandises atteint 43 Mds CHF en 2022 malgré le ralentissement économique mondial

 Evolution des exportations et des importations suisses de marchandises

au cours des 10 dernières années (Mds CHF)

Graphique

Source : Douanes suisses (métaux précieux – dont or, pierres gemmes, objets d’art et antiquités inclus)

Dans un contexte d’assombrissement des perspectives économiques mondiales et sur fond de hausse des prix, le commerce extérieur suisse de biens a atteint un niveau historique en 2022, avec un volume total de 723 Mds CHF (90 % du PIB) en valeur nominale. Les exportations ont progressé de +15 % en glissement annuel et les importations de +10 %. Toutefois, en chiffres réels, les échanges de biens helvétiques ont stagné, l’accroissement des exportations se limitant à +0,1 % (contre +9,5 % en 2021) et celle des importations à +0,7 %.

Depuis 2013, les échanges de marchandises de la Suisse, tels que comptabilisés par les Douanes enregistrent un excédent structurel annuel avoisinant 35 Mds CHF en moyenne. En 2022, l’excédent commercial suisse des échanges de biens s’est élevé à 43 Mds CHF (5 % du PIB), en repli toutefois de -16 % par rapport à 2021.

Ce solde positif tient principalement aux performances exportatrices des industries pharmaceutiques et chimiques (excédent de 70 Mds CHF sur cette seule catégorie), et dans une moindre mesure de celles de l’horlogerie-bijouterie-joaillerie ainsi que des instruments de précision. La Suisse enregistre en revanche des déficits substantiels dans les produits énergétiques (facture de 13 Mds CHF), dont les importations ont doublé sur un an, reflet de la dépendance extérieure du pays au plan énergétique, et dans le commerce automobile (14 Mds CHF), la Suisse ne disposant pas de capacités de production ou d’assemblage en propre.  

 

II. Les exportations suisses se concentrent sur des secteurs à forte valeur ajoutée... 

Répartition sectorielle des exportations suisses en 2022

 

Graphique

Source : Douanes suisses (métaux précieux, pierres gemmes, objets d’art et antiquités inclus)

Les exportations de marchandises de la Suisse reflètent :

  • La force de ses industries chimique et pharmaceutique (134 Mds CHF d’exportations), de l’horlogerie, de la bijouterie-joaillerie et des instruments de précision (55 Mds CHF), ainsi que des machines, des appareils et de l’électronique (33 Mds CHF).  
  • Le rôle de la Suisse comme plateforme mondiale d’affinage et de stockage de pierres et métaux précieux (103 Mds CHF d’exportations), en particulier de l’or (aussi visible à l’import).

III. … qui représentent également les principaux postes d’importation du pays

 

Répartition sectorielle des importations suisses en 2022

Graphique

Source : Douanes suisses (métaux précieux, pierres gemmes, objets d’art et antiquités inclus)

Les importations de marchandises de la Suisse reflètent :

  • Les consommations intermédiaires de ses industries, notamment de la chimie et de la pharmacie (65 Mds CHF d’importations) ainsi que la taille de ce marché en Suisse ;
  • L’absence d’une industrie automobile produisant des voitures complètes (19 Mds CHF d’importations de véhicules).

Globalement, ce constat illustre la forte intégration de la Suisse dans les chaînes de valeur mondiale.

IV. L'Union européenne est, de loin, le principal partenaire commercial de la Suisse 

Principaux partenaires commerciaux de la Suisse à l’export et à l’import en 2022

Tableau

L’Union européenne représente, de loin, le 1er partenaire commercial de la Suisse : elle est à l’origine de 50 % de ses importations (170 Mds CHF) et capte 41 % de ses exportations (156 Mds CHF) de marchandises. Au niveau national, l’Allemagne reste le principal partenaire du pays, même si les États-Unis ont confirmé leur place de 1er marché à l’export acquise en 2021, détrônant l’Allemagne qui occupait le haut du podium depuis 70 années consécutives. En 2022, la France a légèrement gagné des parts de marché en Suisse, dépassant à nouveau celles de la Chine. Elle constitue ainsi le 4ème fournisseur de la Suisse (elle était encore 3ème en 2019 derrière l’Allemagne et l’Italie), et conserve son rang de 5ème client de la Confédération.

V. Une politique commerciale structurée par la convention AELE et les accords avec l'UE

Attachée à la défense du multilatéralisme commercial, membre fondateur de l’Association européenne de libre-échange (AELE), la Suisse dispose d’un réseau de 33 accords de libre-échange avec 43 partenaires, auxquels s’ajoutent la Convention AELE de 2001 et l’accord de libre-échange avec l’Union européenne de 1972, qui s’insère lui-même dans un ensemble de plus de 130 accords sectoriels UE-Suisse. La plupart de ces accords sont conclus dans le cadre de l’AELE, mais la Confédération a aussi la possibilité de signer des accords en propre, comme elle l’a par exemple fait avec les Iles Féroé (1995), le Japon (2009) et la Chine (2014). 

Des négociations sont en cours, à différents degrés d’avancement, avec l’Inde, les pays du Mercosur, la Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie, la Moldavie et le Kosovo. La conclusion d’un accord AELE-Mercosur avait été annoncée en août 2019, mais la situation s’est depuis enlisée, peu ou prou pour les mêmes raisons expliquant le blocage de l’accord UE-Mercosur. Les discussions avec l’union douanière entre la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan ont été suspendues après l’annexion de la Crimée en 2014. Une renégociation de l’accord avec la Chine - la Suisse étant le seul pays en Europe à disposer d’un ALE avec ce pays - est parfois évoquée, mais le refus de Pékin d’inscrire des provisions sur la protection des droits de l’homme fait obstacle à l’approbation, indispensable, du peuple suisse. Sur la période récente, l’accent est davantage mis sur l’Inde.

Le gouvernement suisse a longtemps souhaité conclure un accord commercial avec les États-Unis, un scénario aujourd’hui plus que compromis en raison des profondes réticences de l’administration Biden et de la question bloquante de l’agriculture ; le système suisse étant particulièrement protectionniste.

Dans le cadre de la stratégie « Mind the gap » du Conseil fédéral pour assurer la continuité des relations commerciales bilatérales après le Brexit et les intensifier dans certains domaines, la Suisse et le Royaume-Uni ont signé un ALE en février 2019, lui-même largement issu de la reprise des principaux accords commerciaux UE-Suisse. Des discussions ont été ouvertes en mai 2023 pour étendre son champ d’application.

En mars 2021, le peuple suisse a accepté de justesse l’accord de partenariat économique entre l’AELE et l’Indonésie par référendum à 52 % des voix, avec l’opposition de toute la Suisse romande (sauf le Valais) et des milieux environnementaux et agricoles, principalement en raison de controverses sur l’huile de palme.