La totalité des indicateurs macro-économiques sont dans le rouge et continuent à se dégrader fortement en 2020 dû aux effets de la pandémie et dans une moindre mesure aux conséquences des inondations historiques de ces derniers mois et la récente arrivée des réfugiés éthiopiens. Cette dégradation pourrait se poursuivre, quoiqu’à un rythme moins soutenu, en 2021, le programme d’ajustement du FMI, que le gouvernement soudanais tente de mettre en place depuis juillet dernier, ne devant porter pleinement ses fruits que d’ici deux ans si l’ensemble des mesures préconisées sont mises en œuvre ans les délais impartis.

Les Services du FMI estiment que le taux d’inflation au Soudan pour 2020 devrait atteindre un pic historique de 141,6%, en nette augmentation par rapport aux 51% de 2019 et 63,3% de 2018. Déjà, en glissement annuel, l’inflation s’élevait, selon la Banque Centrale du Soudan, à 230% fin octobre 2020. La prévision pour 2021 vise 129,7% et devrait être fortement corrélée, sinon à la suppression, du moins à la baisse progressive des subventions, notamment de l’électricité.

Une récente mission du FMI estimait que,  malgré ces difficultés sur le taux de change, les perspectives de croissance (entre – 3.5 et – 5%) étaient beaucoup moins mauvaises que prévu  (- 8.4 %), la récolte agricole était bonne, l’inflation commençait à se stabiliser. Le taux de change de la Banque Centrale comparé à celui du marché parallèle est surévalué d’environ 336% (le taux de change officiel de la livre soudanaise est actuellement de 55 SDG/$ contre en moyenne 240  SDG/$ sur le marché parallèle).

Sur le plan budgétaire, un nouveau budget rectificatif a été adopté en aout dernier dans le cadre du programme FMI. Le solde budgétaire resterait toujours négatif et devrait atteindre -6,9% contre -10,9% l’an dernier. Cette différence provient en grande partie par la baisse des dépenses publiques, qui ne représentent plus que 13,7 du PIB contre 18,8% l’an dernier. La levée des subventions sur les hydrocarbures (essence et diésel), devrait ainsi permis en grande partie cette baisse substantielle. Cependant, en 2021, le solde budgétaire serait toujours négatif et représenterait -3,5% du PIB.

La stabilisation de l’économie soudanaise et le renforcement des réserves en devises (d’au moins 3 mois d’importation) nécessiterait un financement très important et soutenu pendant une période d’au moins 2 ans, de l’ordre de 5,4 Md$. Si les autorités n’arrivent pas à mobiliser la communauté internationale pour obtenir un financement externe suffisant alors même que le Soudan n’honore plus sa dette estimée à environ 60 Mds$ (soit 260% du PIB), celles-ci devraient poursuivre la monétisation du déficit, ce qui alimenterait automatiquement l’hyperinflation. /.

 

Rafael Santos

   

Principales variables macro-économiques

 

2019

2020

2021 (p)

PIB (Mds $)

33,6

32,6

32,5

PIB/Habitant ($)

772

735

714

Croissance du PIB (%)

-2,5

-8,4

0,8

Inflation (moyenne annuelle en %)

51,0

141,6

129,7

Solde public/PIB (%)

-10,9

-6,8

-4,3

Intérêts de la dette pub. / recettes bud. (%)*

0,02

0,00

0,00

Dette publique / PIB (%)

201,6

259,4

250

Dette extérieure totale (Mds $)*

56,3

57,5

58,8

Dette extérieure totale / PIB (%)*

198,9

253,1

245,6

Notation OCDE

7

Notation Fitch/Moody’s/S&P

NA

NA

NA

Source: WEO octobre 2020, *SMP septembre 2020